Carol II

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Carol II de Roumanie

Charles II
Carol II
Illustration.
Le roi Charles II de Roumanie
Titre
4e roi de Roumanie

(10 ans, 2 mois et 29 jours)
Président du Conseil Gheorghe Mironescu
Iuliu Maniu
Gheorghe Mironescu
Nicolae Iorga
Alexandru Vaida-Voievod
Iuliu Maniu
Alexandru Vaida-Voievod
Ion Duca
Constantin Angelescu
Gheorghe Tătărăscu
Octavian Goga
Miron Cristea
Armand Călinescu
Gheorghe Argeșanu
Constantin Argetoianu
Gheorghe Tătărăscu
Ion Gigurtu
Ion Antonescu
Prédécesseur Michel Ier
Successeur Michel Ier
Prince héritier de Roumanie

(11 ans, 2 mois et 18 jours)
Monarque Ferdinand Ier
Prédécesseur Ferdinand
Successeur Michel
Biographie
Titre complet Roi de Roumanie, prince de Hohenzollern
Hymne royal Trăiască Regele
Dynastie Maison de Hohenzollern
Nom de naissance Carol de Hohenzollern-Sigmaringen
Date de naissance
Lieu de naissance Sinaïa (Roumanie)
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Estoril (Portugal)
Père Ferdinand Ier
Mère Marie d'Édimbourg
Conjoint 1) Ioana Valentina Lambrino
2) Hélène de Grèce
3) Elena Lupescu
Enfants Carol Lambrino
Michel Ier
Héritier Michel, grand-duc d'Alba Iulia

Carol II
Monarques de Roumanie

Charles II (en roumain : Carol al II-lea), né le à Sinaia et mort le à Estoril au Portugal, est roi de Roumanie de 1930 à 1940. Il est le fils de Ferdinand Ier et de Marie d'Édimbourg.

Biographie

Le prince héritier Charles dans les années 1920.

Né en Roumanie mais élevé entre Londres, Berlin, Paris et Nice, il reçoit une éducation internationale (ses ennemis jurés, les légionnaires diront cosmopolite) et, bien qu'étant un Hohenzollern-Sigmaringen, s'exprime de préférence en anglais et en français. Il voyage beaucoup, s'adonne aux fêtes, développe une addiction pour le jeu de hasard, se passionne pour les chevaux, les voitures et les aéroplanes et, contre la volonté de son père, le roi Ferdinand Ier, épouse, le , une roturière : Ioana Valentina dite Zizi Lambrino (1898-1953), fille d'un officier d'état-major, connue pendant la Première Guerre mondiale. Le mariage, annulé en 1919, voit toutefois un enfant, Mircea, naître de cette union en 1920[1].

Le 10 mars 1921, le jeune prince épouse Hélène de Grèce (18961982), fille du roi Constantin Ier de Grèce. Marié par raison d'État, Charles noue une liaison avec une Roumaine de confession juive, Elena Lupescu (19021977). En 1925, la vie privée relativement dissolue de Charles incite Ferdinand Ier à nommer son petit-fils Michel, le fils aîné de Charles, comme héritier de la couronne. La Roumanie est alors une monarchie parlementaire et ce changement reçoit l'approbation du parti national libéral, au pouvoir en Roumanie et hostile à Charles perçu comme trop proche de leurs adversaires politiques du Parti national paysan. Charles s'installe à Nice, en France sous le nom de Carol Caraiman. Il y mène grand train et lance, par médecins interposés, la rumeur qu'il serait priapique, afin d'attirer davantage de maîtresses potentielles. Il dilapide une partie de sa fortune à Monaco[2].

À la mort de Ferdinand Ier en 1927, une régence s'installe, le jeune roi Michel Ier de Roumanie étant âgé de six ans. Cette situation incite Charles, dont les finances commencent à baisser, à tenter à nouveau sa chance en Roumanie. En juin 1930, Charles obtient du Parti national paysan au pouvoir l'abrogation de l'acte d'abdication et son avènement au trône de Roumanie sous le nom de Charles II. Trouvant le parlementarisme roumain peu efficace face à la montée des extrémismes (Garde de fer) et face à la crise économique, il cherche dès lors à mettre en place un régime politique plus personnel, sur les modèles yougoslave (Alexandre Ier) et bulgare (Boris III).

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Membres de la « Garde de fer » fasciste abattus en 1938 et 1939 par la gendarmerie sous la dictature carliste : la banderole proclame « ainsi finissent les assassins traîtres à leur pays », les fascistes étant considérés comme des « agents de l'Allemagne », tout comme les communistes étaient traités en « agents de l'URSS ».

Jouant sur les divisions parlementaires et sur l'antagonisme des extrémismes de gauche et de droite, Charles heurte les partis démocratiques qui craignent son autoritarisme, l'Église qui lui reproche son style de vie et son épicurisme affiché et les « légionnaires » de la Garde de Fer qui le tiennent pour un parasite étranger de la nation roumaine (Corneliu Codreanu ; cette expression sera utilisée aussi par les communistes)[3].

En 1938, après une crise politique sans précédent dans le royaume, due à l'effondrement de la Petite Entente suite aux Accords de Munich, Charles II impose un régime autoritaire appelé « dictature carliste », en modifiant profondément la constitution parlementaire de 1923. Il se dote de pouvoirs étendus, réplique par les armes aux assassinats de la Garde de fer et reste fidèle à la politique étrangère de la Roumanie, alliée de la France et de la Grande-Bretagne, tout en cherchant l'apaisement avec l'Allemagne et l'URSS. Respectueux des traités liant Bucarest et Varsovie, Charles II ouvre ses frontières au gouvernement polonais et aux rescapés de son armée après l'invasion germano-soviétique de septembre 1939, utilisant le Service maritime roumain pour transporter les forces polonaises à Alexandrie où elles intègrent les troupes britanniques. Cette politique fait dire à Hitler : « la Roumanie est comme les États-Unis : elle est officiellement neutre, mais en réalité elle nous livre une guerre froide »[4].

En juin 1940, la France qui, avec la Grande-Bretagne, avait garanti les frontières roumaines le s'effondre, et Charles se voit privé du même coup du soutien militaire français et britannique. Il n'a d'autres choix que de céder à l'ultimatum soviétique du et au diktat de Vienne du  : la Roumanie doit abandonner aux alliés du Troisième Reich la Bessarabie et la Bucovine septentrionale, cédées à l'URSS, la Dobrogée méridionale à la Bulgarie et la Transylvanie septentrionale à la Hongrie. Les Légionnaires et une partie de l'opinion le considèrent comme responsable de ce démembrement de la « Grande Roumanie » et un coup d'État le contraint de confier la présidence du Conseil au général Ion Antonescu, proche des extrémistes de droite, en septembre 1940. Auto-proclamé « Conducator » (« guide », terme qui sera aussi utilisé par Nicolae Ceaușescu) et « Pétain roumain », Antonescu impose l'abdication du roi au profit de Michel, ainsi que son exil. Les légionnaires mitraillent son train à la frontière yougoslave.

Réfugié au Portugal, Charles épouse finalement Elena Lupescu en juin 1947. Malade, il meurt en 1953 à Estoril. Des légendes entourent sa vie et sa mort : il aurait toute une descendance non-reconnue, il aurait enterré un trésor à Nice, dans le parc qui porte aujourd'hui son nom, il serait mort surpris par la marée montante à Estoril, il aurait été assassiné par d'anciens légionnaires, ou par des agents communistes, il serait mort lors d'un orgasme, ou d'ébriété... Dans la littérature historique anglo-saxonne et française[5], un point de vue anti-roumain assez répandu en fait un fasciste favorable à la Garde de Fer (selon ce point de vue, c'est d'ailleurs toute la société roumaine elle-même qui serait fasciste et antisémite)[2]. Le personnage, contrasté, demeure un sujet de choix pour la littérature historique.

Généalogie

Charles II de Roumanie appartient à la lignée de Hohenzollern-Sigmaringen issue de la quatrième branche, elle-même issue de la première branche de la Maison de Hohenzollern. Cette lignée appartient à la branche souabe de la dynastie de Hohenzollern. Charles II de Roumanie a pour ascendant Burchard Ier de Zollern.

Références

  1. Paul de Hohenzollern, Carol II Roi de Roumanie, Denoël, 1990, (ISBN 2207237397 et 978-2207237397).
  2. a et b Lilly Marcou, Le roi trahi, Carol II de Roumanie, Pygmalion, 2002.
  3. Matthieu Boisdron, La Roumanie des années trente. De l'avènement de Carol II au démembrement du royaume (1930-1940), éditions Anovi, 2007. Une recension de ce titre est disponible sur Histobiblio.com.
  4. Grigore Gafencu, Préliminaires de la guerre à l’est : de l’accord de Moscou (21.08.1939) aux hostilités de Russie (22.06.1941). Egloff, Fribourg/Suisse 1944.
  5. Y compris dans les articles WP en anglais.

Bibliographie

  • Lilly Marcou, Le roi trahi, Carol II de Roumanie, Pygmalion, 2002.
  • Matthieu Boisdron, La Roumanie des années trente. De l'avènement de Carol II au démembrement du royaume (1930-1940), éditions Anovi, 2007.
  • Paul de Hohenzollern, Carol II Roi de Roumanie, Denoël, 1990, (ISBN 978-2207237397)