Charles-François Lebrun

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Charles-François Lebrun
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Robert Lefevre, Charles-François Lebrun duc de Plaisance (1807), conservé au musée de Coutances
Naissance
La Bouchelière
Décès (à 85 ans)
Sainte-Mesme
Nationalité Drapeau de la France France
Profession
Consul, prince-architrésorier de l’Empire
Autres activités

Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, né à La Bouchelière, petit village tout proche de Saint-Sauveur-Lendelin dans le diocèse de Coutances (Manche), le et mort à Sainte-Mesme (Yvelines), le , inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 5), a été troisième consul et prince-architrésorier du Premier Empire.

Biographie

Jeunesse et période précédant la Révolution

Quatrième fils de Paul Lebrun, petit propriétaire exploitant (pour qui il achètera en 1777 la charge de secrétaire du roi) et de Louise Le Cronier, Charles-François est éduqué comme ses sept autres frères par un abbé et une parente leur donnant une instruction rudimentaire, avant de l’envoyer au collège de Coutances, puis au Collège des Grassin, composante de l'ancienne Université de Paris qui accueille principalement des jeunes gens du diocèse. Il y apprend le latin, le grec, l’italien, l’espagnol et l’anglais, langues qu’il parle couramment à l’âge de 20 ans. Il poursuit ensuite des études de philosophie au collège de Navarre, autre composante de l'Université de Paris. Découvrant Montesquieu, il souhaite ardemment étudier la constitution du royaume de Grande-Bretagne. Pour cela, il part dans un long périple le menant en Belgique, en Hollande et arrive enfin en Angleterre en 1762. Il assiste régulièrement aux séances du Parlement et apprend à apprécier ce système qu’il aurait aimé pouvoir adapter à la France.

De retour en France, il entreprend des études de droit auprès du professeur Lorry, qui le présente au premier président du parlement de Paris, René Nicolas de Maupeou, par qui il est engagé comme précepteur pour son fils.

Durant cette période il traduit l'Iliade d’Homère, plus tard il traduit aussi l'Odyssée[1].

Maupeou nommé en 1768 chancelier, Lebrun en profite pour jouer un rôle dans la Chancellerie à tel point que l’on dit : « Que serait Maupeou sans Lebrun ? » Grâce à la bienveillance de Maupeou, Lebrun est nommé dès 1765 censeur du Roi, poste donnant droit à un revenu fort avantageux. Il achète la charge de Payeur des rentes trois ans plus tard (encore une fois grâce à Maupeou, qui lui octroie un prêt). De 1771 à 1774 lors du lancement d’un programme de réforme soutenu par le roi, Lebrun croit qu’il pourrait jouer un rôle important et faire évoluer la monarchie française vers un régime à l’anglaise, mais la disgrâce de Maupeou, venant avec la mort de Louis XV, entraînant celle de Lebrun, mais aussi l’arrêt de la réforme, il ne peut réussir dans ce projet qui aurait certainement retardé l’explosion de 1789. Bien que suivant son protecteur dans sa disgrâce, Lebrun conserve ses revenus et se lance dans l’écriture après un mariage avec une fille de la bourgeoisie, Anne Delagoutte dont il a un fils, Anne Charles Lebrun. Il publie peu après une traduction du Tasse : La Jérusalem délivrée. La légende veut que ce livre ait fait partie des lectures de Bonaparte encore à Brienne. En 1779, il achète le château de Grillon[2], près de Dourdan, ancienne demeure de Jean-François Regnard. Il s’y retire souvent loin de l’agitation parisienne, pour vivre selon les principes de Rousseau. Il faut attendre le gouvernement de Necker pour que l’on refasse un peu appel à lui mais seulement en tant que conseiller et sûrement par amitié de la part de Necker.

De la Révolution au 18 brumaire

En 1789, peu avant la Révolution, il publie La voix du Citoyen, livre que certains qualifient de prémonitoire sur la suite des événements. Le 25 mars 1789, il est élu député du bailliage de Dourdan par le tiers état, aux États généraux. À cette occasion, il renonce à ses privilèges « pécuniaires et onéreux pour le tiers état ». Le 5 mai, il prête Serment du jeu de paume. Il s’investit beaucoup dans la fonction de député, à tel point qu’il est nommé membre du comité des contributions de la Constituante et est le rapporteur ainsi que le rédacteur de nombreux projets de loi. Il fait en sorte de n’adhérer à aucun club et par conséquent de rester indépendant. Ceci lui vaut l’amitié de nombreux députés modérés, à tel point qu’il est proposé à la présidence de l’assemblée, mais il est battu de justesse par l’abbé Montesquiou.

Suite à la dissolution de la Constituante, le , et à l’impossibilité pour ses députés de se représenter pour un mandat de député, il retourne dans son département, la Seine-et-Oise, dont il devient président du directoire. L’année 1792 marque un tournant, avec l’assassinat du maire d’Étampes, puis le pillage des appartements du roi par la foule le .

Suite à une intervention à la tribune de l’assemblée, le faisant taxer de « fougueux modéré » ou d’« aristocrate forcené » par les Jacobins, il sent la tension monter et préfère démissionner de son poste de directeur et se retire une nouvelle fois à Dourdan le 7 août. La prise des Tuileries le , le choque particulièrement, lui qui reste royaliste.

Vers la fin août, il est désigné, par la population de Dourdan qui continue de l’estimer, pour faire partie du collège électoral chargé d’élire les députés de Seine-et-Oise à la Convention.

Poussé par ses compatriotes, il accepte de se présenter, ce qui déclenchera une nouvelle cabale contre lui.

Il sera arrêté à deux reprises durant la Terreur :

  • le 15 fructidor an I, en tant que suspect il est enfermé aux récollets de Versailles. Il sera libéré grâce au représentant Joseph-Augustin Crassous qui, suite à une mission en Seine-et-Oise, est intrigué et étudie son dossier, et finalement ordonne sa remise en liberté. Lebrun rentre dans son château de Grillon près de Dourdan le 27 pluviôse An II.
  • le 26 prairial An II, alors qu’il fait une demande pour un certificat de civisme, il est renvoyé en prison aux récollets et, ironie de l’histoire, sur ordre de Crassous. Lebrun craint pour sa tête mais sera sauvé par sa nièce Henriette Lebrun qui réussit à voler son dossier d’accusation provoquant ainsi un retard. Retard qui fait que la tête de Robespierre tombe avant la sienne. Il est remis en liberté, sur ordre du Comité de sûreté générale, le 20 vendémiaire an II (11 octobre 1794). Cette mise en liberté est tardive à cause de l’obstination de Crassous.

Après le coup d’État du 9 Thermidor et l’installation du Directoire, il est élu au Conseil des Anciens. Royaliste modéré, il y est considéré comme un spécialiste des questions financières. Il prône notamment la réconciliation nationale ou l’amnistie des émigrés, en s’opposant par exemple aux proscriptions décrétées après le coup d’État anti-royaliste de fructidor.

Le 18 brumaire et ses suites

Les trois consuls : Cambacérès, Napoléon et Lebrun.

Sous le Consulat, il devient troisième consul, particulièrement chargé des finances. Avec Bonaparte et Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, il est l’un des fondateurs de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale

Statue de Lebrun à Coutances.

C’est donc tout naturellement qu’il devient ensuite prince-architrésorier du Premier Empire, en 1804. Napoléon Ier le fait Grand aigle de la Légion d'honneur ([3]), duc de Plaisance en 1806 et en 1807, il participe à la création de la Cour des comptes. En 1810, il est chargé d’organiser le rattachement à la France du royaume de Hollande mais devant l'échec de Lebrun, l'empereur doit finalement envoyer Pierre-François Réal pour rétablir le calme[4].

Il s'éprend vers 1810 - 1811 de la marquise génoise et comtesse d'Empire : Anna Pieri Brignole Sale d'une des premières maisons de Gênes qui avait donné de nombreux et prestigieux doges à la république. Elle est veuve depuis peu et remarquable tant par ses charmes que par son esprit. Son fils Anton Brignole Sale est ministre d'état et elle, suivante de l'impératrice. Le mariage projeté ne se fait pas à cause du fils de Lebrun qui demande à l'empereur de s'y opposer arguant d'une certaine légèreté de Madame de Brignole envers les hommes[5].

Lors de la chute de Napoléon, il est nommé pair de France par Louis XVIII. Il accepte pendant les Cent-Jours la charge de grand maître de l’Université, ce qui le prive de la pairie lors du retour de la monarchie. Il se retire alors dans son château de Sainte-Mesme, où il meurt à l’âge de 85 ans.

Tombe de Charles-François Lebrun, duc de Plaisance

Charles-François Lebrun, duc de Plaisance, sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Hommages

Le nom de Charles-François Lebrun a été donné au lycée de Coutances et sa statue se trouve non loin de la cathédrale.

Un vitrail de l’église de Saint-Sauveur-Lendelin célébrant la participation de Lebrun à l’élaboration du concordat et à la paix religieuse, a été inauguré en septembre 2002, ainsi qu’un monument situé dans le village. Un portrait en habit d’archi-Trésorier est exposé dans la Mairie, un portrait en pied par Robert Lefèvre, est conservé au musée de Coutances, un autre orne la salle Lebrun de la Cour des Comptes.

Le Grand Dictionnaire Encyclopédique du XIXe siècle fournit la conclusion d’une brève biographie de Lebrun : « Il est un des hommes de la Révolution dont l’élévation a été la plus surprenante, car elle ne fut l’œuvre ni de l’ambition, ni de l’intrigue. Comblé de faveurs (…), il sut toujours garder son indépendance et son franc-parler. C’était l’homme de la modération ».

Union et postérité

Charles-François Lebrun était le fils cadet de Paul Le Brun (), sieur de La Senière, secrétaire du roi en la chancellerie près le parlement de Grenoble (1777) et de Louise Le Crosnier ().

Il avait un frère ainé, Jean-Baptiste Lebrun ( - Saint-Sauveur-Lendelin - Paris), député de la Manche (1800), sénateur (1803), comte de Rochemont et de l'Empire (), pair de France.

Modèle:Arbre début Il épousa le Anne Delagoutte ( - Paris XIe), dont il eut :

Modèle:Arbre fin

Iconographie

Le buste de Lebrun en habit consulaire apparaît, aux côtés de ceux de Bonaparte et de Cambacérès, sur une célèbre médaille réalisée par le graveur Romain-Vincent Jeuffroy en 1802. Il s'agit d'une commande du Corps législatif destinée à commémorer les premiers succès du consulat. Le revers porte la légende : "paix intérieure, paix extérieure". Plusieurs exemplaires de cette médaille sont conservés au musée Carnavalet.

Armoiries

Figure Blasonnement
Prince-Architrésorier de l'Empire (28 floréal an XII (1804)), gouverneur général de la Ligurie et de la Hollande, grand-maître de l'Université (Cent-Jours), Duc de Plaisance (), Grand officier (10 pluviôse an XIII), puis Grand aigle de la Légion d'honneur (12 pluviôse an XIII (1er février 1805)), Grand collier de la Légion d'honneur,

De sable, à une louve arrêtée d'or, soutenue du même, surmontée de deux billettes d'argent ; au chef des Princes Grands Dignitaires.[6],[7],[8],[9],[10]

Armes de Pair de France (, (Cent-Jours), révoqué le , Baron-pair le , lettres patentes du )

De sable, à une louve arrêtée d'or, soutenue du même, surmontée de deux billettes d'argent ; au chef cousu d'azur semé d'étoiles d'or.[7]

Notes et références

  1. -Bibliographie des publications de l'Iliade et l'Odyssée traduites par Charles-François Lebrun
  2. « Château de Grillon »
  3. « Cote LH/1523/49 », base Léonore, ministère français de la Culture
  4. L'homme d'État absolu, éditions Atlas par Patrick Facon, Renée Grimaud et François Pernot
  5. Confidence de Napoléon à Saint-Hélène, rapportées par le général Baron Gourgaud
  6. Alcide Georgel, Armorial de l'Empire français : L'Institut, L'Université, Les Écoles publiques, (lire en ligne)
  7. a et b Source : www.heraldique-europeenne.org
  8. Armorial de J.B. RIETSTAP - et ses Compléments
  9. Nicolas Roret, Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique : avec un armorial de l'Empire, une généalogie de la dynastie impériale des Bonaparte jusqu'à nos jours, etc..., Encyclopédie Roret, , 340 p. (lire en ligne)
  10. Vicomte Albert Révérend (1844-1911), Armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, vol. 3, Paris, (4 vol. in 2) Au bureau de L'Annuaire de la noblesse, (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Laisney : Charles-François Le Brun - Revue du département de la Manche - Tome 15, Fasc. 59-60, juillet-octobre 1973.
  • François-Amédée Curial de Brévannes. Charles-François Le Brun, duc de Plaisance, architrésorier de l’Empire. Paul Roubaud, Aix-en-Provence, 1941.
  • Marquis de Comont La Force. L’Architrésorier Lebrun, gouverneur de la Hollande. Plon, Paris, 1907.

Article connexe

Liens externes