Andrée Mégard

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Andrée Mégard
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Adélaïde Alexandrine ChamonalVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Période d'activité
Conjoint
Firmin Gémier (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
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Maître

Andrée Mégard, nom de scène de Marie Adélaïde Alexandrine Chamonal, née à Saint-Amour dans le département du Jura le et morte dans cette même commune le , est une actrice française et égérie de la maison Redfern.

Elle joue sur la scène parisienne de 1895 à 1925, apparaissant dans des spectacles comprenant des tragédies shakepeariennes « accessible à tous[1] », des comédies et des pièces de théâtre dirigées par son mari, Firmin Gémier[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Marie Adélaïde Alexandrine Chamonal est née le , à Saint-Amour[3], dans le Jura. Elle est la fille de Jules Chamonal et de Marie Rose Florentine Mégard. Ses parents sont des « paysans aisés » qui la mette en apprentissage chez une tante qui tient une épicerie ; elle s'enfuit de chez la tante à quinze ans et arrive seule à Paris[4],[5] ou selon les versions, elle est envoyée chez un oncle à Chalon-sur-Saône, qui la met au couvent. À Paris, elle travaille aux magasins du Printemps, où elle est affectée au collage des étiquettes[6]. Mégard travaille comme modèle à Paris, en particulier pour le peintre Auguste Toulmouche[4].

Carrière[modifier | modifier le code]

Refusée au conservatoire elle joue à Bruxelles. Elle est l'élève de Marie Samary[7].

Engagée au Palais-Royal, elle y crée Le Paradis en 1895, Le Dindon en 1896, puis joue Snob à la Renaissance et Marraine au Gymnase. Elle passe au Vaudeville en 1898 pour les créations de Zaza et Georgette Lemeunier. Au cours de la saison 1900, elle joue Éducation de Prince aux Variétés, et le rôle de Virginie dans L'Assommoir à la Porte- Saint-Martin, et en 1901, elle est de nouveau au Gymnase pour Les Amants de Sazy et Le Prestige. Lorsque Firmin Gémier prend la direction de la Renaissance, il lui fait interpréter L'Ecolière, Le Voile du Bonheur en 1901. Le 14 juillet, Le Cœur a ses raisons en 1902. En 1903, elle crée La Rabouilleuse à l'Odéon[note 1], Le Retour de Jérusalem au Gymnase[6].

Au cours des années suivantes, elle joue, en 1904, La Bâillonnée à l'Ambigu; en 1905, Thérèse Raquin à l'Odéon, Ces Messieurs au Gymnase et en tournée dans les grandes villes de France; en 1906, Sacha au Gymnase, La plus Amoureuse au Vaudeville; en 1907, Anna Karénine et Cœur à Cœur au théâtre Antoine ; en 1908, La Femme nue, L'Oiseau blessé à la Renaissance; en 1909, Suzette au Vaudeville. Pendant deux saisons, elle joue au théâtre Antoine L'Ange Gardien, La Bête en 1910, Marie Victoire, Le Bonheur en 1911, et passe à la Porte-Saint-Martin pour Le Chandelier et Roxane, dans une reprise de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, en 1913, alors qu'elle a une liaison avec Rostand lui-même[8]. En 1914, elle interprète La Danse devant le Miroir au Nouvel-Ambigu[6].

En 1908, elle s'assomme sur scène et perd connaissance au théâtre Antoine[9].

Andrée Mégard rapporte dans son autobiographie que pendant la première guerre mondiale, elle s’était portée comme infirmière bénévole et que nombre de ses costumes ont été mis en charpie pour procurer des substituts de pansements aux blessés[10].

Elle rentre au théâtre, en 1915, dans Les Huns et les Autres au théâtre Antoine, et, sur cette même scène, elle joue, en 1916, Anna Karénine et Une Amie d'Amérique; en 1917, Le Marchand de Venise ; en 1918, Antoine et Cléopâtre ; en 1920, Kœnigsmark ; en 1921, La Maison de l'homme. Entre-temps, elle crée Œdipe au Cirque d'Hiver et en 1922 L'Autre Fils au théâtre des Arts[6].

En 1915, Jean Cocteau écrit une transcription du Songe d’une nuit d’été, devant être joué au cirque Medrano, avec des membres de la troupe de Gémier avec André Mégard dans le rôle d'Hélène, mais le projet n'aboutit pas[11],[12].

En 1928, elle administre le théâtre Antoine et choisit René Rocher comme directeur[13].

Icône de la mode[modifier | modifier le code]

Mégard posant pour montrer le dos d'une robe de thé Redfern avec une veste brodée transparente, portée lorsqu'elle jouait Anna Karénine, 1907.

Mégard est décrite comme « grande, gracieuse et distinguée »[14]. Ses coiffures[15] et les dessins de ses costumes, chapeaux et robes sont décrits en détail dans la presse spécialisée française et internationale[16],[17],[18], souvent avec des photographies ou des dessins montrant leurs caractéristiques[19],[20],[21]. Elle est surtout connue pour porter les créations de la maison de couture anglaise Redfern[22]. Un écrivain new-yorkais déclare en 1906 à propos de la scène parisienne que « même les critiques eux-mêmes, dédaigneux des pièces qu'ils ont eu à commenter, tournent leur plume habile vers la question des vêtements »[23]. « Madame Mégard est depuis de nombreuses années l'une des beautés reconnues de la scène française, et à ce titre a remporté plus d'un succès de jolie femme », commente un écrivain londonien en 1907, « mais ce n'est que récemment que son pouvoir d'actrice a été pleinement réalisée »[24].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Andrée Mégard épouse le à Paris dans le 9e arrondissement, l'acteur et réalisateur Firmin Tonnerre dit Firmin Gémier[25],[26]. Elle est une conductrice enthousiaste en 1909[27] ; « Il n'y a plus de « chauffeuse » intrépide sur les routes blanches de France », note un rapport, après qu'elle et sa sœur soient blessées dans un accident de la route en Bretagne[28]. Andrée Mégard meurt le dans sa commune de naissance à Saint-Amour[29].

Théâtre[modifier | modifier le code]

André Dubosc et Andrée Mégard dans Le bonheur d'Albert Guinon, dessin de Yves Marevéry

Filmographie[modifier | modifier le code]

Elle apparait dans un film muet, La Tour de Nesle en 1909.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Gémier, devenu directeur de l'Odéon en 1922, devait garder la pièce d'Émile Fabre au répertoire de ce théâtre jusqu'à la fin de son mandat en 1930.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Mégard-Gemier 1932, p. 233.
  2. Angelo Mariani, Figures contemporaines tirées de l'Album Mariani, Flammarion, (lire en ligne)
  3. Archives départementales du Jura : état civil de Saint-Amour - acte de naissance no 29 de Marie Adélaïde Alexandrine Chamonal. Cote du document : 3E / 6523, vue 82 et 83 sur 210.
  4. a et b Lenard R. Berlanstein, Daughters of Eve, Harvard University Press, , 24–25 p. (ISBN 9780674005969, lire en ligne)
  5. (en) « Some Parisian Artistes », Lady's Realm, vol. 13,‎ , p. 194–196 (lire en ligne)
  6. a b c et d Delini 1922.
  7. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  8. Sue Lloyd et Susan M. Lloyd, The Man who was Cyrano: A Life of Edmond Rostand, Creator of Cyrano de Bergerac, Unlimited Publishing LLC, , 295 p. (ISBN 9781588320728, lire en ligne)
  9. (en) « Andrée Mégard 1908 », St. Louis Post-Dispatch,‎ , p. 14 (lire en ligne, consulté le )
  10. Mégard-Gemier 1932.
  11. Gabriel Astruc, Le pavillon des fantômes : souvenirs, (lire en ligne)
  12. Malou Haine, « Le Songe d’une nuit d’été. Un spectacle avorté de Jean Cocteau (1912-1915) », sur Cahiers JC n°18 : Filiations, [en ligne], 2020, 19p (consulté le )
  13. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  14. (en) « Andree Megard 1908 », Austin American-Statesman,‎ , p. 20 (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) « Andrée Mégard 1901 », New-York Tribune,‎ , p. 22 (lire en ligne, consulté le )
  16. Jeannette (December 8, 1920). "Le dernier Cri de Paris". The Sketch. p. 302 – via ProQuest.
  17. (en) Vogue 1906-04-19: Vol 27 Iss 16, Condé Nast Publications, Inc., (lire en ligne)
  18. (en) « Andrée Mégard 1923 », The San Francisco Examiner,‎ , p. 15 (lire en ligne, consulté le )
  19. Fayes, « Gleanings Here and There in the Bypaths of Fashion », Theatre Magazine,‎ , xviii (lire en ligne)
  20. (en) The Sketch: A Journal of Art and Actuality, Ingram brothers, (lire en ligne)
  21. (en) « Andrée Mégard 1909 », The Boston Globe,‎ , p. 60 (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Sanda Miller et Peter McNeil, Fashion Journalism: History, Theory, and Practice, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9781474269667, lire en ligne)
  23. (en) « From Paris: Stage Costumes », Vogue, vol. 27,‎ , p. 647
  24. (en) Fournier, « London as the Fashion Center of the World », Pearson's Magazine, vol. 17,‎ , p. 5–7 (lire en ligne)
  25. Archives de Paris : état civil du 9e arrondissement de Paris - acte de mariage no 108 de Firmin Tonnerre et de Marie Adélaïde Alexandrine Chamonal. Cote du document : 9M / 220, vue 27 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  26. The International Who's who: Who's who in the World : a Biographical Dictionary of the World's Notable Living Men and Women, International Who's Who Publishing Company, , 499 p. (lire en ligne)
  27. (en) « Andrée Mégard 1909 », Oakland Tribune,‎ , p. 31 (lire en ligne, consulté le )
  28. (en) « Andrée Mégard 1910 », The Observer,‎ , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  29. Archives départementales du Jura : état civil de Saint-Amour - mention marginale du décès dans l'acte de naissance no 29 de Marie Adélaïde Alexandrine Chamonal. Cote du document : 3E / 6523, vue 83 sur 210.
  30. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  31. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  32. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  33. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
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  60. « Comœdia illustré », sur Gallica, (consulté le )
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  69. Édouard (1848-1926) Auteur du texte Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  70. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  71. Édouard Noël et Edmond Stoullig, « Les Annales du théâtre et de la musique », sur Gallica, (consulté le )
  72. « Comœdia illustré », sur Gallica, (consulté le )
  73. Saint-Georges de Bouhélier, Oedipe, roi de Thèbes, Paris, E. Fasquelle, (lire en ligne)
  74. « Comœdia illustré », sur Gallica, (consulté le )
  75. « Comœdia illustré », sur Gallica, (consulté le )
  76. Cinéa (1922), Paris, (lire en ligne)
  77. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )
  78. « Comoedia », sur Gallica, (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Romain Coolus, « Mademoiselle Andrée Mégard », Le Théatre, Paris, Manzi, Joyant, Goupil et Cie, no 69,‎ , p. 17 à 20 (Pdf) p. 13 à 16 (périodique) (lire en ligne)
  • Jules Delini (dir.) (préf. Maurice Donnay, photogr. Abel), Nos vedettes : 300 biographies anecdotiques d'artistes dramatiques et lyriques, Paris, Éditions Joë Bridge, , 312 p. (lire en ligne), « Mme Mégard (Andrée) », p. 239
    À noter l'erreur fréquente sur l'année de naissance d'Andrée Mégard qui est née à Saint-Amour dans le département du Jura le et non en 1869.
  • Mégard-Gemier Andrée, Et l’on revient toujours… : Souvenir d’une comédienne, Paris, Malfrère,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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