Sylvain Luc

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Sylvain Luc
Sylvain Luc en 2019.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marcel Sylvain Luc
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
Instrument
Label
Genres artistiques
Site web
Distinctions

Sylvain Luc, né le à Bayonne et mort le à Paris, est un guitariste français de jazz.

Il est considéré comme l'un des grands noms du jazz français, et comme un technicien hors-pair, réputé internationalement[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le à Bayonne[2],[3], Sylvain Luc commence la guitare à 4 ans, puis apprend le violon. Il étudie le violoncelle au conservatoire à rayonnement régional de Bayonne[2].

Avec son groupe de jazz progressif Bulle Quintet, avec Nicolas Filiatreau (batterie), Mario Vilas (claviers), Jean-Claude Driollet (basse) et Pierre Olivier (vibraphone, percussions), il est lauréat du XIXe festival de Jazz de San Sebastian[4] en 1982, et enregistre le thème Tôt Le Matin de Mario Vilas sur l'album du festival.

Il donne de nombreux concerts avec ce groupe du Pays basque, puis il s'installe à Paris et devient arrangeur, compositeur et accompagnateur d'artistes de variétés, tout en conservant son rôle dans le jazz en tant que bassiste du trio de Richard Galliano, et en tant que guitariste avec Éric Le Lann[2].

Années 1990[modifier | modifier le code]

En 1993, Sylvain Luc devient l'ambassadeur des guitares Godin pour le monde. C'est l'année de son premier album, Piaia (« voyage » en euskara)[5],[6],[7].

L'année suivante, il enregistre Petits Déjà, en duo avec Louis Winsberg.

En 1999, il sort l'album Ameskeri, avec Stéphane Belmondo, puis Duet, en duo avec Biréli Lagrène, qui s'écoulera à plus de 70 000 exemplaires[2].

Années 2000[modifier | modifier le code]

Homme sur scène avec une guitare acoustique.
Sylvain Luc lors d'un concert au Jazz-Club de Dunkerque en .

Sylvain Luc joue de la guitare et de la basse sur l'album Les Machines absurdes de William Sheller paru en 2000.

Il fonde en 2000 le Trio Sud avec André Ceccarelli et de Jean-Marc Jafet. Un premier disque sort en 2000, Le groupe obtient la Victoire du jazz en tant que meilleure formation de l’année 2003, à l'occasion de la publication de Sylvain Luc Trio Sud en 2002. Suivra Young and fine en 2008.

En 2003, il sort Ambre, son second album en solo après Piaia. Il utilise la technique du re-recording, ce qui lui permet de superposer jusqu'à 4 pistes de guitare.

Depuis 2006, on le retrouve régulièrement dans la formation String quartet, aux côtés de Didier Lockwood, Victor Bailey et Billy Cobham.

En 2007, Sylvain Luc remporte un Djangodor, dans la catégorie « musicien confirmé »[8].

En 2009, on le retrouve en trio dans une formation « All Stars », aux côtés de Richard Bona et Steve Gadd. Il retrouve Biréli Lagrène pour un second album en duo, Summertime.

Années 2010[modifier | modifier le code]

En , il se voit décerner le prix Django-Reinhardt par l'Académie du jazz[9].

À l'occasion d'une carte blanche en mai 2011, il joue à la Salle Pleyel en compagnie de Biréli Lagrène, Richard Bona, André Ceccarelli ou Thierry Eliez[10]. La même année parait Organic, avec Ceccarelli et Eliez.

En 2013 paraît Souvenirs d’enfance, inspiré de comptines.

Giù la testa, aux côtés de Stefano Di Battista paraît en 2014. L'album est constitué de musiques de films écrites par Ennio Morricone, Michel Legrand ou Nino Rota.

En 2015, il enregistre La Vie en Rose avec Richard Galliano sur un répertoire en hommage à Édith Piaf et Gus Viseur.

Un concert en duo avec Bernard Lubat, Intranquille, paraît en 2016.

Sur scène, un trompettiste et un guitariste
Sylvain Luc et Stéphane Belmondo en concert en Allemagne en 2019.

En 2019 paraît D’une rive à l’autre, en duo avec son épouse guitariste classique Marylise Florid, mêlant musique classique et improvisation[11],[12]. La même année parait 2.0, deuxième album en duo avec Stéphane Belmondo après Ameskeri, paru en 1999[13].

Années 2020[modifier | modifier le code]

En 2021 paraît Sylvain Luc, By Renaud Letang, un disque étonnant[14] dans lequel douze compositions inédites, interprétées en solo en re-recording, sont confiées au réalisateur Renaud Letang, connu pour avoir travaillé avec Manu Chao ou Alain Souchon[14]. Initiée par le producteur Alexandre Lacombe, la rencontre devait au préalable se faire avec plusieurs musiciens (basse, batterie…)[15]. Finalement, les deux hommes se retrouvent en tête à tête autour du travail du son et des textures, selon Sylvain Luc, « pour privilégier le chant. Pas de déballage ostentatoire, d'effet de manche ni d'exercice de style. Ce qui a été surprenant, c'est que je me suis positionné comme un chanteur, finalement[14] ». La guitare est triturée au travers de pédales d'effets (octaver…), de synthétiseurs et de guitare midi[14],)[15]. Le résultat peut par moments évoquer la musique de Steve Reich, la musique électro, le hip-hop, Wes Montgomery ou encore George Benson[16].

Encore en 2021, paraît Eclectik avec André Ceccarelli et Hadrien Féraud[17]. Consacré en bonne partie au répertoire de la chanson, on y trouve de nombreux invités : Sly Johnson, Richard Bona, Pierre Bertrand ou Alex Ligertwood[17],[18].

Toujours en 2021 paraît Birka, avec le trio MLB : Stéphane Belmondo, Sylvain Luc et Thierry Maillard. Cette formule plutôt inhabituelle, voire inédite[19] (trompette, guitare et piano), sans percussions, cherche à travailler une forme de « jazz de chambre »[20]. Leur album s'inspire de Birka, une des premières villes créées en Suède ainsi que celui d'une guerrière viking[20].

L'album Simple Song parait en chez Space Time Records. Il y joue en solo, souvent à la guitare acoustique et avec simplicité, des chansons qui lui tiennent à cœur, qu'elles soient issues du répertoire du jazz (John McLaughlin, Bill Evans, Chick Corea, Keith Jarrett), du rock (Eric Clapton, Carlos Santana, les Beatles, Steely Dan) ou de la chanson (Michel Legrand, João Gilberto, Carole King)[21],[6]. L'album peut faire écho à son premier album, Piaia, qui l'avait révélé en 1993[21].

Mort[modifier | modifier le code]

Le , sa compagne Marylise Florid annonce sa mort survenue la veille à Paris à l'âge de 58 ans, des suites d'une crise cardiaque[22],[5],[23]. Ses obsèques se tiennent le au crématorium du cimetière du Père-Lachaise où il est incinéré ; il est inhumé deux jours plus tard au cimetière Saint-Pierre de Marseille[24].

Récompenses et décorations[modifier | modifier le code]

Style[modifier | modifier le code]

« [La maîtrise technique] est un outil. L’idée est d’être le plus possible ancré dans la musique, de procurer des émotions. C’est la seule chose qui m’intéresse. Je ne souhaite pas sidérer les gens. Une partie du public peut être sidérée par une prouesse technique, par de la fulgurance, c’est vrai. Dans les années 1970-1980, il y avait cette tendance à jouer très vite. Ça a peut-être perduré sous certains aspects. Mais, pour ma part, je ne cherche pas à être spectaculaire. J’aime que la musique explose, explore ou prenne son temps. »

— Sylvain Luc, 2021[26].

Sylvain Luc est réputé pour être un guitariste virtuose, au jeu orchestral, à l'inspiration débordante et au langage harmonique inventif, ce qui n'empêche pas une pointe d'humour[14],[6],[27],[26]. C'est un musicien en recherche permanente : « j'essaie de me renouveler et me surprendre en permanence, car nous avons beaucoup à apprendre de nous-mêmes »[14]. Même si sa pratique est centrée sur le jazz, il est éclectique et a joué du rock, du jazz expérimental, de la musique traditionnelle basque ; il a également été musicien de studio, ce qui demande une grande adaptabilité[26].

S'il est connu pour son jeu en solo, il apprécie également la formule du trio ou celle du duo, à laquelle il s'est adonné aux côtés de Biréli Lagrène, Richard Galliano, Stéphane Belmondo, Médéric Collignon, Bernard Lubat, Paul Lay ainsi qu'avec son épouse Marylise Florid[15],[6],[7]. Il joue également dans des formules plus larges, mais « quand on élargit le groupe, la musique est souvent plus écrite et comme je n’aime pas faire deux fois la même chose, ça doit expliquer cette préférence pour les formats plus petits »[26].

Parmi ses influences, il cite Baden Powell, John McLaughlin, John Scofield, Andrés Segovia, Jeff Beck, Joe Pass, Pat Metheny, Jim Hall[26]… Il est à l'écoute des jeunes générations, et apprécie Julian Lage ou Nelson Veras[26]. Il se nourrit aussi des autres instruments et d'autres formes artistiques[26].

C'est un musicien admiré par ses pairs, de Pat Metheny à Biréli Lagrène[15].

Discographie[modifier | modifier le code]

En solo[modifier | modifier le code]

En duo[modifier | modifier le code]

Avec Louis Winsberg[modifier | modifier le code]

  • 1994 : Petits déjà… (Bleu Citron)

Avec Francis Lassus[modifier | modifier le code]

  • 1998 : Piaia Naia (Disques Concord, Casa Editions)

Avec Stéphane Belmondo[modifier | modifier le code]

  • 1999 : Ameskeri (Shaï)
  • 2019 : 2.0 (Naïve)

Avec Biréli Lagrène[modifier | modifier le code]

Avec Stefano Di Battista[modifier | modifier le code]

  • 2014 : Giù la testa (Just Looking Productions)

Avec Richard Galliano[modifier | modifier le code]

  • 2015 : La Vie en rose (Milan)

Avec Bernard Lubat[modifier | modifier le code]

  • 2016 : Intranquille (Cristal Records)[28]

Avec Marylise Florid[modifier | modifier le code]

  • 2019 : D'une rive à l'autre (Éditions Jade)

Avec Trio Sud[modifier | modifier le code]

  • 1999 : Sud (Dreyfus Jazz)
  • 2001 : Trio Sud (Dreyfus Jazz)
  • 2008 : Young and Fine (Dreyfus Jazz)

Avec d'autres formations[modifier | modifier le code]

En invité[modifier | modifier le code]

En accompagnateur[modifier | modifier le code]

Avec Catherine Lara[modifier | modifier le code]

  • 1993 : Maldonne (Trema)
  • 1997 : Mélomanie (Guy Cloutier Communications)
  • 1999 : Aral (Une musique/Sounds of Ushuaïa)

Avec Lokua Kanza[modifier | modifier le code]

  • 1998 : 3 (MGS)
  • 2002 : Toyebi Té (Universal Music)
  • 2005 : Plus Vivant (EmArcy/Universal Music Jazz France)
  • 2010 : Nkolo (World Village)

Avec André Ceccarelli[modifier | modifier le code]

  • 1999 : André Ceccarelli 4TET, 61:32 (BMG)
  • 2004 : Carte blanche (Dreyfus Jazz)
  • 2012 : Ultimo (EmArcy/Universal)
  • 2013 : Twelve Years Ago (Bonsaï Music)

Autres collaborations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Francis Marmande, « Sylvain Luc, guitariste tout terrain », sur Le Monde, (consulté le )
  2. a b c et d « Biographie de Sylvain Luc », sur sylvainluc.fr (consulté le ).
  3. « Notice de Sylvain Luc », sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  4. Biographie sur le site disquesdreyfuss.com
  5. a et b Simon Cardona, « Le guitariste Sylvain Luc, grand nom du jazz, est mort à 58 ans », sur Ici - FranceBleu - France 3, (consulté le ).
  6. a b c et d Alex Dutilh, « Sylvain Luc, de la mélodie avant toute chose » [audio], open jazz, sur France Musique, (consulté le ).
  7. a et b Gilles Gaujarengues, « Sylvain Luc : on dirait le Sud, le temps dure longtemps », sur Citizen Jazz, (consulté le ).
  8. a et b Jazzman, janvier 2008, no 142, p. 23.
  9. a et b « Page de Sylvain Luc », sur academiedujazz.com (consulté le ).
  10. a et b « Biographie de Sylvain Luc », sur sylvain-luc.com (consulté le ).
  11. Sébastien Llinares, « Autour du CD "D'une rive à l'autre" de Marylise Florid et Sylvain Luc » [audio], Guitare, guitares, France Musique, (consulté le ).
  12. « Sylvain Luc et Marylise Florid en session live » [audio], Club Jazzafip, FIP, (consulté le ).
  13. Catherine Carette, « "2.0", le nouvel album en or de Stéphane Belmondo et Sylvain Luc », FIP, (consulté le ).
  14. a b c d e et f Alex Dutilh, « Sylvain Luc face au miroir tendu par Renaud Letang », Open jazz, sur France Musique, (consulté le ).
  15. a b c et d Jean-Luc Caradec, « Sylvain Luc by Renaud Letang, de la beauté prélevée à la source », sur journal-laterrasse.fr, (consulté le ).
  16. Jean-Pierre Goffin, « Sylvain Luc - By Renaud Letang », sur jazzhalo.be (consulté le ).
  17. a et b Gilles Gaujarengues, « Ceccarelli, Féraud, Luc : Eclectik », sur Citizen Jazz, (consulté le ).
  18. Gilbert D'Alto, « #Chronique : André Ceccarelli – Hadrien Féraud – Sylvain Luc « Eclectik » », sur lejazzophone.com, (consulté le ).
  19. Jean-Luc Caradec, « MLB TRIO : Thierry Maillard, Sylvain Luc et Stéphane Belmondo pour le nouvel album « Birka » », sur journal-laterrasse.fr, (consulté le ).
  20. a et b Alex Dutilh, « MLB Trio, Maillard, Luc, Belmondo, un assemblage inédit », Open jazz, sur France Musique, (consulté le ).
  21. a et b « Sylvain Luc présente sa "Simple Song" », sur jazzradio.fr, (consulté le ).
  22. « Marylise Florid », sur Facebook, (consulté le ).
  23. « Luc Marcel Sylvain », sur deces.matchid.io, Fichier des décès de l'INSEE (consulté le ).
  24. « Obsèques de Sylvain Luc le mardi 26 mars. », TSF Jazz, (consulté le ).
  25. Caroline Reinhart, « Grand Prix SACEM 2010 : la sélection dévoilée », sur qobuz.com, (consulté le ).
  26. a b c d e f et g Gilles Gaujarengues, « Sylvain Luc, improviser pour raconter », sur Citizen Jazz, (consulté le ).
  27. a et b Michel Contat, « Sylvain Luc, Standards », sur Télérama, (consulté le )
  28. « Intranquille, by Bernard Lubat & Sylvain Luc », sur Bandcamp (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]