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Will Eisner

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Will Eisner
Will Eisner au San Diego Comic Con en 1982
(photographie d'Alan Light).
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
William Erwin Eisner
Pseudonymes
Willis Rensie, Mr. Heck, W. Morgan Thomas, Erwin Willis, Ford DaviesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Conflit
Site web
Distinctions
Grand prix de la ville d'Angoulême ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Liste détaillée
Prix Inkpot ()
Grand prix de la ville d'Angoulême ()
Prix Yellow-Kid ()
Jack Kirby Hall of Fame (d) ()
Harvey Award for Best Writer (d) ()
Harvey Award for Best Cartoonist (Writer/Artist) (d) ()
Milton Caniff Lifetime Achievement Award ()
Prix Reuben ()
Society of Illustrators Hall of Fame (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature de Will Eisner
Signature

William Erwin Eisner, dit Will Eisner, est un auteur de bande dessinée américain né le dans le borough new-yorkais de Brooklyn et mort le à Lauderdale Lakes (Floride). Créateur du Spirit ainsi que du concept de « roman graphique »[1] et de ses premières applications aux États-Unis, théoricien et directeur éditorial, c'est une figure majeure de la bande dessinée du XXe siècle et l'un de ses plus grands auteurs.

Auteur et éditeur dès le milieu des années 1930, Will Eisner connaît un premier grand succès avec Le Spirit, bande dessinée de détective qu'il crée en 1940 et anime jusqu'en 1952. Il tente ensuite sans succès de se consacrer à d'autres séries avant de se rabattre sur des activités annexes plus lucratives (direction éditoriale, guides humoristiques, cours, etc.). Redécouvert à la fin des années 1960 par la critique, il reçoit de nombreuses distinctions dans les années 1970, dont le grand prix de la ville d'Angoulême en 1975, ce qui le pousse à reprendre la bande dessinée.

En 1978, Un pacte avec Dieu marque la naissance américaine du « graphic novel » (roman graphique) selon l'expression qu'Eisner forge lui-même. Il déploie cette veine dans ses ouvrages suivants, parmi lesquels L'Appel de l'espace (1978-1980), Big City (1985-1992) ou Fagin le Juif (2003). Sa dernière œuvre, Le Complot, consacrée au Protocole des Sages de Sion, est publiée peu de temps après sa mort, en 2005. Il s'intéresse dans ses ouvrages à la vie urbaine, à la judéité et plus généralement aux relations entre les hommes. Il profite de cette deuxième carrière pour publier deux importants ouvrages consacrés aux techniques et à la théorie de la bande dessinée, La Bande dessinée, art séquentiel (en) (1985) et Le Récit graphique. Narration et bande dessinée (en) (1995).

Débuts très précoces (1917-1939)

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Will Eisner est juif d'origine hongroise par son père et roumaine par sa mère. Intéressé par le dessin dès son plus jeune âge, il publie son premier dessin en 1933 dans The Clintonian, le journal de son collège, le DeWitt Clinton High School[2]. Rapidement, on retrouve sa signature dans plusieurs revues locales. En 1936, il parvient à vendre au comic book Wow de John Henle les séries Harry Karry et Flame.

La même année, à la suite de l'arrêt précoce de Wow, Eisner fonde avec Jerry Iger le studio Eisner & Iger afin de fournir des planches à des éditeurs selon leur demande[2]. Les deux associés développent très rapidement leur studio, qui emploie notamment Bob Kane, Jack Kirby ou Lou Fine. Le duo crée de nombreuses séries, dont Sheena, reine de la jungle. Il met également en place son propre syndicate, Universal Phoenix Features. En 1939, Victor Gox, propriétaire de la Fox Features Syndicate, demande au studio Eisner et Iger de créer un superhéros semblable à Superman. Par la suite, Eisner a raconté comment il avait rechigné à participer à ce projet, arguant qu'il s'agissait d'un plagiat. Iger l'avait convaincu d'accepter et en était publié Wonder Comics dans lequel apparaissait le super-héros Wonder Man. DC avait porté plainte et, toujours selon Eisner, Fox lui avait demandé de mentir au juge et d'affirmer que Wonder Man était une création personnelle. Eisner, finalement, aurait dit la vérité et expliqué que la demande venait de Victor Fox[3]. Cependant, cette version s'est révélée récemment mensongère. Selon les actes du procès Eisner aurait menti et fait ce que Fox et Iger lui avaient demandé[4]. Condamné, Fox refuse alors de payer Iger et Eisner. En 1939 Eisner met fin à sa collaboration avec Jerry Iger et entre comme auteur et directeur éditorial chez Quality Comics.

Le Spirit (1940-1952)

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Will Eisner se met à produire des bandes dessinées pour la presse[2]. The Spirit est lancé dans les pages du dimanche en , avant de devenir une bande quotidienne l'année suivante, puis d'avoir droit à son propre comic book en 1942. Cette année-là, Eisner, mobilisé, doit cependant abandonner le personnage, confié à Lou Fine.

Il dessine des posters pour le moral des troupes ainsi que des bandes dessinées destinées à lutter contre les négligences des soldats.

Après guerre, avec l'aide d'assistants tels que Jules Feiffer puis Wallace (Wally) Wood, Eisner reprend les aventures du Spirit, utilisant son personnage pour explorer des genres très diversifiés, de la science-fiction à l'exploration de la vie quotidienne américaine. Il lance plusieurs séries en dehors du Spirit, mais aucune n'a véritablement de succès. Il finit par abandonner la série Spirit en 1952. Dans les années 1960-70, Eisner publie peu de bandes dessinées et se consacre surtout à l'illustration éducative ou publicitaire, ainsi qu'à la pédagogie en tant que professeur à l'école des Arts visuels de New York. Ironiquement, c'est à ce moment-là que les critiques ou les historiens de la bande dessinée se mettent à découvrir Spirit. La demande en nouvelles aventures de Spirit se fait de plus en plus insistante jusqu'à ce qu'Eisner cède et propose au public quelques nouvelles aventures de son héros.

Retrait de la bande dessinée (1953-1976)

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Seconde carrière très fructueuse (1977-2005)

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Mais il n'a plus le feu sacré, ce qui l'intéresse à présent est de raconter le Bronx de son enfance, l'ambiance de Dropsie Avenue, une avenue inventée pour la circonstance. Il le fait avec A contract with God (publiée en France sous différents titres), publiée en 1978. Cette bande dessinée marque une date historique dans le genre, car c'est véritablement le premier roman graphique (Graphic novel) qui, pour les américains, provoque une véritable prise de conscience des potentialités du support. Il ne s'agit plus ici de super-héros ou de contre-culture (comme en proposait l'underground des années 1960), mais d'une forme littéraire enfin arrivée à maturité.

D'autres histoires semi-autobiographiques suivent (Le rêveur, Au cœur de la tempête), ainsi que de pures fictions racontant la vie de tous les jours à New York, et une étrange histoire de politique fiction, L’Appel de l’espace. Viennent ensuite des adaptations ou des relectures d'auteurs littéraires : Kafka, Cervantes, Melville, Dickens. Avec la régularité d'un métronome, Eisner ne cesse plus de produire sans se reposer sur ses lauriers de légende vivante de la bande dessinée. Petits miracles sur le même principe que Big City comprend quelques courts récits optimistes sur la nature humaine.

En 2001, La Valse des alliances est publiée, l'histoire par l'exemple de l'ascension sociale par le mariage, dans les familles juives de New-York.

Le dessin d'Eisner est dynamique et bavard, volontiers caricatural, théâtral, chorégraphique, plus que chez aucun autre. On peut parler de mise en scène et non de « plans » et autres « cadrages ».

Il est intéressant de savoir que Will Eisner a beaucoup réfléchi à son métier. Il a publié deux ouvrages théoriques expliquant sa vision de l'art de la bande dessinée qui constituent en fait une véritable analyse de son propre art. Il a aussi eu l'occasion d'expliquer son travail au travers de nombreuses conférences.

Fagin le juif (Fagin the Jew) est une relecture du personnage de Fagin, dans Oliver Twist. Instructif et poignant lorsqu'Eisner confronte la réalité d'un juif askhénase londonien du XIXe siècle avec le conte de fées d'un petit blond « qui n'a pas une tête de voleur ».

En 2005 parait Le Complot, sous-titré L'histoire secrète des Protocoles des Sages de Sion : histoire véridique d'un livre créé, par réécriture d'un pamphlet antibonapartiste, par la police du Tsar au début du siècle dernier en Russie, et présenté comme un document secret détaillant les instructions d'un complot juif mondial. Eisner montre comment les protocoles n'ont cessé de ressurgir à travers le XXe siècle avec chaque poussée d'antisémitisme, présentés comme authentiques alors qu'il a été démontré très tôt qu'il s'agissait d'un faux[5]. L'ouvrage, qui compte 160 pages, est publié chez l'éditeur Grasset (traduction : Pierre-Emmanuel Dauzat), avec une préface d'Umberto Eco (ISBN 978-2246686019).

Il meurt le 3 janvier 2005, à 87 ans, des suites d'un quadruple pontage coronarien.

D'après Jean-Pierre Dionnet, éditeur français de Will Eisner[6], Lynd Ward, artiste américain des années 1930, a profondément marqué l'auteur avec l'ouvrage muet Story Without Word : cette création inspire à Eisner l'envie de travailler sur le genre « roman graphique ».

Prix et récompenses

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Depuis 1988, le plus prestigieux des prix américains de bande dessinée porte le nom de « Prix Eisner ». Will Eisner a lui-même remporté trois prix Eisner en 1992, 1997 et 2002.

Œuvres publiées en anglais

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Comic books et revues

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  • Comics and Sequential Art, Poorhouse Press, 1990. Édition augmentée publiée en 1994.
  • Graphic Storytelling and Visual Narrative, W. W. Norton, 1996. (ISBN 0-393-33127-X)
  • Will Eisner Sketchbook, Kitchen Sink Press, 1995. (ISBN 0-87816-399-9) Carnet de dessins.
  • Will Eisner's Shop Talk, Dark Horse Comics, 2001, 335 p. (ISBN 1-56971-536-X) Recueil d'interview d'auteurs américains célèbres par Will Eisner.

Œuvres publiées en français

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  1. New York (New York: The Big City), Albin Michel, coll. « Spécial USA », 1985 (ISBN 2-226-02294-5).
  2. Le Bronx, 55 Dropsie Avenue (A Life's Force, trad. Janine Bharuch, Comics USA, 1987 (ISBN 2-87695-029-4).
  3. Soleil d'automne à Sunshine City (trad. Janine Bharucha), Comics USA, 1988 (ISBN 2-87695-046-4). Reprend les histoires A Sunset in Sunshine City, Winning et The Dreamer.
  4. Métropole (City People Notebook, trad. Janine Bharucha), Comics USA, 1989 (ISBN 2-87695-075-8).
  5. Peuple invisible (Invisible People, trad. Janine Bharucha), Comics USA, 1992 (ISBN 2-87695-196-7).
    • Big City, Glénat, 1999. Édition intégrale[11].
  1. Comment éviter la mort et les impôts, 1976. (ISBN 2-205-00916-8)
  2. La Cuisine occulte, 1976. (ISBN 2-205-00914-1)
  3. Comment dialoguer avec les plantes, 1976. (ISBN 2-205-00911-7)
  4. L'Astrologie sournoise, 1976. (ISBN 2-205-00912-5)

Hommages et postérité

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2017 ( - ) : Will Eisner, génie de la bande dessinée américaine, à la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image, Angoulême. L'exposition présente selon un principe chronologique tous les aspects de l’œuvre de Will Eisner, et met en avant son goût pour les décors urbains, les ambiances contrastées, qui rappellent le New-York des années 1940 pour la partie Spirit, et le Brooklyn de l’entre-deux-guerres pour la partie Will Eisner et le roman graphique[19],[6].

Notes et références

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  1. Justine Frugier, « [EXPOSITION] L'esprit de Will Eisner à Cherbourg-en-Cotentin », sur La Revue de la Toile, (consulté le )
  2. a b et c Pour ce paragraphe, sauf précisions : Gaumer (2010), p. 294.
  3. (en) Arie Kaplan, From Krakow to Krypton : Jews and Comic Books, Philadelphie, The Jewish Publication Society, , 225 p. (ISBN 978-0-8276-0843-6, lire en ligne)
  4. (en) Ken Quattro, « DC vs Fox : The Testimony of Will Esneir », (consulté le )
  5. Thomas Wieder dans Le Monde des Livres : Généalogie d'un faux, 17 novembre 2005 - Lire en ligne (consulté le 25 janvier 2018)
  6. a et b Anne Douhaire et Jean-Pierre Dionnet, « Sur les traces de Will Eisner et des premiers jours du roman graphique », France Inter,‎ (lire en ligne)
  7. « Festival d'Angoulême », sur Encyclopédie Larousse (consulté le )
  8. Dominique Petitfaux, « The Spirit, W. Eisner », sur www.universalis.fr,
  9. Évariste Blanchet, « Le Contrat », Critix, no 2,‎ , p. 16.
  10. Gilles Ciment, « Will Eisner : Le Rêveur », dans 100 cases de Maîtres : Un art graphique, Éditions de la Martinière, (ISBN 978-2732441405), p. 27-28
  11. Laurent Mélikian, « Le Goût de la pomme », BoDoï, no 22,‎ , p. 8.
  12. Jean-Pierre Fuéri, « Le Bas du pavé », BoDoï, no 25,‎ , p. 13.
  13. Laurent Mélikian, « Houle de mer », BoDoï, no 8,‎ , p. 39.
  14. Virginie François, « Lettres de son moulin », BoDoï, no 30,‎ , p. 13.
  15. Olivier Maltret, « Star war », BoDoï, no 38,‎ , p. 10.
  16. Nicolas Pothier, « Le bonheur est dans le près », BoDoï, no 43,‎ , p. 15.
  17. Fabien Tillon, « Mariage Brothers », BoDoï, no 49,‎ , p. 22.
  18. Laurent Mélikian, « Les Cours du maître », BoDoï, no 6,‎ , p. 41.
  19. « will eisner, génie de la bande dessinée américaine - la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image », sur www.citebd.org (consulté le )

Documentation

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Liens externes

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