Jeune Nation

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Jeune Nation
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Jeune Nation est un mouvement nationaliste français fondé à la fin de 1949 et dissous en 1958.

Fondation[modifier | modifier le code]

Jeune Nation est fondé en 1949 par Albert Heuclin, mandataire aux Halles, Jean Marot, Jacques Wagner et les frères Sidos. Le , le mouvement est présenté pour la première fois au siège du Souvenir napoléonien, rue du Cirque. Le , il est officiellement déclaré à la Préfecture de police de Paris[1]. L'avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien député et ancien secrétaire général adjoint à l’Information du régime de Vichy, est aussi cité comme cofondateur[2],[3],[4].

Les frères Sidos[modifier | modifier le code]

Les frères Sidos sont :

  • Jacques Sidos (condamné en 1946 pour faits de collaboration) ;
  • Pierre Sidos (condamné en 1946 pour « appartenance au mouvement franciste »)[5], secrétaire général et bientôt numéro un de l'organisation nationaliste ;
  • François Sidos, président du mouvement, ancien combattant volontaire des Forces navales françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale, titulaire de la croix de guerre 39-45, il a notamment participé aux débarquements d'Italie et de Provence[6] ;

Ils sont les fils de François Sidos, un ancien des Jeunesses patriotes, pétainiste de la première heure puis inspecteur général des Forces du maintien de l'ordre sous Darnand, milicien et fusillé après jugement en par la résistance française à ce titre en mars 1946 à La Rochelle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Alors que Tixier-Vignancour quitte Jeune Nation pour fonder le Rassemblement national français, le groupuscule s'élargit en 1954 avec l'arrivée dans ses rangs de militaires de retour d'Indochine redoutant la désagrégation complète de l’empire colonial après la défaite face au Việt Minh[7]. Dominique Venner rejoint le mouvement en 1955 et intègre bientôt sa direction[5]. Jeune Nation appuie l'action de l'armée en Algérie et l'Algérie française durant la guerre d'Algérie[8].

Le mouvement rejette la démocratie, y compris le suffrage universel, et veut une société « sans partis », parce que ceux-ci « perpétuent la mésentente entre les classes ». Le communisme doit être « exterminé », les « métèques » « totalement exclus » de la société française. L'organisation entend aussi s'adresser aux ouvriers en proposant « l'élimination totale du capitalisme et de la haute finance juive ». En matière d'organisation de la société, Jeune nation défend la « femme au foyer » et la « lutte à outrance contre les tares sociales de la démocratie : alcoolisme, proxénétisme, racket, mendicité ». Enfin, il se propose de défendre « la conservation de la vie, l'amélioration de la race et l’ascension de l'esprit »[9].

Le 10 octobre 1954, le chauffeur d'une camionnette transportant vingt mille exemplaires du journal communiste L'Humanité Dimanche, est agressé à Paris et les journaux sont jetés sur la chaussée. Quatre membres de Jeune Nation, mouvement anticommuniste, sont arrêtés quelques jours plus tard, dont Jacques Sidos[10],[11],[3]. François Sidos, président du mouvement, adresse une lettre au quotidien Le Monde au nom du « Conductoire du Mouvement Jeune Nation », désapprouvant « formellement les violences individuelles commises ces derniers temps » mais affirmant que ces « réactions incontrôlées » s'expliquent « par la satisfaction de la presse communiste devant la perte de l'Indochine, le massacre du corps expéditionnaire et des prisonniers ; le terrorisme en Afrique du Nord et l'actuelle affaire de trahison au profit des Soviets »[12]. Jacques Sidos est condamné en mars 1958 pour cette affaire à trois ans de prison avec sursis[13],[14],[15].

De jeunes membres de l'organisation participent aux luttes contre les militants de gauche et/ou anticolonialistes à Paris, aux côtés d'autres militants d'extrême droite, parfois à coups de poing[16],[17],[18]. Le 7 novembre 1956, menés par Jacques Sidos, ils participent à l'attaque du siège de l'Humanité, en réaction à l’intervention soviétique en Hongrie[5],[11],[19],[20], aux côtés de jeunes gaullistes[21]. En 1957, ils prennent part à une manifestation sur les Champs-Élysées en hommage au capitaine Mourreau, assassiné par des indépendantistes marocains, à l'appel du colonel Pierre-Louis Bourgoin ; la manifestation qui devait être silencieuse et digne donne lieu à quelques affrontements violents[22].

Jeune Nation manifeste aussi contre les Américains ; le mouvement appelle ainsi à manifester le 27 novembre 1957 devant l'ambassade des États-Unis, pour protester contre les ventes d'armes à la Tunisie, ce qui donne lieu à des violences et à des arrestations[5],[11],[23],[24].

La guerre d'Algérie et la médiatisation de ces échauffourées accélèrent l'adhésion de nouveaux membres, tels Alain Mayoud, futur député, François d'Orcival, Jean-Jacques Susini, Jean-Charles Marchiani, futur préfet, Robert Martel, en Algérie, et la constitution de sections en province[5].

Jeune Nation est dissous le par un décret du gouvernement Pflimlin, à la suite du coup d'État du 13 mai 1958, précédée d'une série d'attentats et de violences dans les jours qui la précédèrent[5]. Cependant Jeune Nation refuse de se dissoudre et se reforme sous le nom de Parti nationaliste en 1958. Le nouveau parti est dissous au bout d'un an et l'organisation se reforme encore en Fédération des étudiants nationalistes.

Le réseau reste actif et ses membres participent aux activités de l’OAS[25].

Journal[modifier | modifier le code]

Le , paraît le premier numéro du journal Jeune Nation, présenté comme un bimensuel d'information, mais qui se veut l'organe de Jeune Nation dissous[26],[27].

Emblème[modifier | modifier le code]

Les Sidos choisissent la croix celtique comme symbole du mouvement[28]. Certains analystes proposent que Pierre Sidos se soit inspiré de symboles utilisés par la LVF durant sa période de collaboration avec l'Allemagne nazie[29].

Internet[modifier | modifier le code]

Un site Internet du nom de Jeune Nation est actif depuis 2013, sous l'impulsion d'Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac, après la dissolution le de L'Œuvre française et des Jeunesses nationalistes[30].

Le site est décrit comme une « publication antisémite » de tendance pétainiste par le quotidien Libération[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Journal officiel de la République française, no 86, .
  2. Anna-Maria Thaler, « Jeune Nation und Œuvre Française: Die Entwicklung zweier rechtsradikaler Gruppierungen unter besonderer Berücksichtigung des Vichy-Syndroms », Université de Vienne, 2010, p. 96 [PDF]
  3. a et b Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France : De 1945 à nos jours, Syllepse, 2017.
  4. François Duprat, Les mouvements d'extrême-droite en France depuis 1944, Albatros, 1972, p. 56.
  5. a b c d e et f Frédéric Charpier, Génération Occident, Seuil, Paris, 2005.
  6. « Une lettre de François-Xavier Sidos », Le Monde, 5 juillet 1995.
  7. Jean-Pierre Rioux, Histoire de l’extrême droite en France, Points, , p. 233.
  8. Photographie de Paris-Match, janvier 1957
  9. Robert Spieler, « Pierre Sidos, le père spirituel des nationalistes », Rivarol,‎ , p. 11
  10. « Les agresseurs de la camionnette de L'Humanité-dimanche sont des membres du groupement anticommuniste “Jeune Nation” », Le Monde, 18 octobre 1954.
  11. a b et c « Pierre Sidos – Rétrospective – Entretien à la revue Charles (2013) », jeune-nation.com, 8 septembre 2020.
  12. « Une lettre du “mouvement Jeune Nation” », Le Monde, 23 octobre 1954.
  13. « Ils avaient attaqué le transporteur de l'“Humanité-Dimanche” », Le Monde, 22 mars 1958.
  14. « Deux ans de prison à Holmsky, sursis à ses trois coaccusés », Le Monde, 25 mars 1958.
  15. « Un militant de “Jeune Nation” condamné à deux ans de prison avec sursis », Le Monde, 14 février 1961.
  16. « De violents incidents interrompent une réunion sur la “répression en Algérie” », Le Monde, 26 avril 1956.
  17. Bertrand Poirot-Delpech, « Les étudiants sont en quête de regroupements politiques », Le Monde, 17 novembre 1956.
  18. « Manifestations boulevard St-Michel à propos de l'Algérie », Le Monde, 10 juin 1957.
  19. « 22 avril 2009 : décès de Jacques Sidos », jeune-nation.com, 22 avril 2009.
  20. « Violents incidents au siège du parti communiste et à “l'Humanité” », Le Monde, 9 novembre 1956.
  21. François Audigier, « Malaise et divisions des jeunes gaullistes durant la guerre d'Algérie », dans Matériaux pour l'histoire de notre temps, no 74, 2004 [PDF]
  22. « Incidents samedi aux Champs-Élysées », Le Monde, 2 avril 1957.
  23. « Deux appels », Le Monde, 26 novembre 1957.
  24. « Incidents lundi soir place de la Concorde où divers mouvements d'extrême droite voulaient manifester devant l'ambassade américaine », Le Monde, 27 novembre 1957.
  25. « France : l'OAS reste un marqueur pour l'ultradroite », sur Middle East Eye édition française, .
  26. Joseph Algazy, La tentation néo-fasciste en France de 1944 à 1965, Paris, Fayard, 1984, p. 158-159.
  27. Notice de la BNF
  28. Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France : De 1945 à nos jours, Syllepse, (ISBN 978-2-84950-570-0, lire en ligne), p. 40-41
  29. Frédéric Charpier, Les plastiqueurs : Une histoire secrète de l'extrême droite violente, La Découverte, , 407 p. (ISBN 978-2-348-03557-9, lire en ligne)
  30. Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monnot, « Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac réactivent “Jeune nation” », droites-extremes.blog.lemonde.fr, 7 août 2013.
  31. Pierre Plottu et Maxime Macé, « Angers : tabassés par des militants d’extrême droite pour un autocollant », sur Libération, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]