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Couronnement canonique

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Le pape Benoît XVI couronnant la statue de Notre-Dame de Lourdes durant la Journée mondiale des malades le .

Un couronnement canonique (latin : « coronatio canonica ») est un acte religieux institutionnel réalisé par le pape via la publication d'une bulle pontificale.

Cet acte religieux consiste à remettre une couronne, une tiare ou auréole stellaire à une image (statue, peinture, etc.) du Christ ou de la Vierge Marie (plus rarement de sainte Anne ou exceptionnellement de saint Joseph) ayant une dévotion et une vénération spécifique dans un diocèse, une localité ou un édifice religieux donnés. Il est fréquent qu'un légat du pape ou un nonce apostolique et à de rares occasions le pape lui-même se rendent sur place pour déposer solennellement (et en personne) la couronne sur la tête de la statue (ou du tableau, etc.).

C'est le Saint-Office qui, à l'origine, était chargé d'émettre l'autorisation du couronnement canonique par le biais d'un dicastère appelé « Chapitre du Vatican ». Plus tard c'est la Congrégation des Rites qui s'était vu confier cette tâche. Depuis 1989, c'est la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui est chargé d'exécuter l'acte de couronnement autorisé par un décret apostolique.

Cette pratique, débutée au début du XVIIe siècle, s'est progressivement organisée et structurée avec l'établissement d'un rituel particulier. Le couronnement d'une image est le signe d'une « dévotion particulière des fidèles et de l’Église » pour le Saint qui reçoit la couronne. Il est interprété par l’Église catholique comme une marque de confiance dans l'intercession que le Saint réalise pour les fidèles (et pour l’Église), par sa prière auprès de Dieu, et ainsi la protection qu'il leur accorde. La remise de la couronne est alors « l'expression sensible qui condense et symbolise » cet amour des fidèles pour ce Saint dont la statue (ou le tableau) reçoit la couronne, et à travers ce Saint, l'amour et la confiance en Dieu.

La Vierge du lait couronnée pour la première fois par Girolamo Paolucci de Calboli da Forlì, le .

La coutume de couronner les images saintes provient de l'Ordre des frères mineurs capucins, qui, grâce à leurs missionnaires évangéliques, ont recueilli de grandes quantités de bijoux associés à des indulgences, qui ont servi de base aux couronnes d'or ou aux accessoires pour les images de la Vierge Marie. Un frère capucin, Girolamo Paolucci de Calboli da Forlì (1552-1620), fut un ardent défenseur de cette pratique. Pendant sa vie, il fut connu comme « l'Apôtre de la Bienheureuse ». Forli a couronné la Vierge du lait après une simple homélie, dans l'église de Santa Maria della Steccata le .

Le , à la mort du marquis de Plaisance et comte de Borgonovo, Alessandro Sforza Cesarini, celui-ci légua dans son testament, une importante somme d'argent au chapitre du Vatican, afin de produire des couronnes en métaux précieux pour le couronnement des images mariales les plus célèbres du monde. Les fonds de son testament ont été affectés à la restauration de « Madonna della Febbre », désormais couronnée dans la sacristie de la basilique Saint-Pierre[1].

La pratique de la « déclaration publique du couronnement » est progressivement devenue très populaire dans les États pontificaux jusqu'en 1800, et environ 300 rites de couronnement ont été célébrés. Le , un rite officiel est inclus dans le Pontifical romain, pour lequel une indulgence plénière est également accordée aux fidèles qui participent à de tels rites[2].

  • La première image mariale couronnée cérémonieusement sans approbation papale directe a été réalisée par le cardinal Pietro Sforza Pallavicino à « La Madonna della Oropa » le .
  • La première image mariale qui fut couronnée avec l'aval du pape fut le tableau de Lippo Memmi « La Madonna della Febbre » dans la sacristie de la basilique Saint-Pierre à Rome le . Le couronnement a été réalisé par le Chapitre du Vatican à la demande du pape Urbain VIII.
  • La première image mariale couronnée par un pape lui-même (et non par son légat pontifical) est la « Madonna Del Populo » le à la cathédrale de Cesena, par le pape Pie VI.

C'est le Saint-Office qui était chargé d'émettre l'autorisation du couronnement canonique par le biais d'un dicastère appelé « Chapitre du Vatican ». Plus tard c'est la Congrégation des Rites qui s'était vu confier cette tâche[3]. Depuis 1989, c'est la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements qui est chargé d'exécuter l'acte de couronnement autorisé par le décret apostolique.

Jusqu'en 1989, les bulles papales autorisant les couronnements canoniques étaient inscrites manuellement sur parchemin. Après 1989, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a commencé à émettre les autorisations et donner l'autorisation du titre dévotionnel de l'image tout en autorisant un légat pontifical à effectuer le couronnement au nom du pape.

La règle en usage

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La bulle papale de Jean-Paul II de 1984 qui accorda canoniquement à l'image de Notre-Dame de l'Espoir de Triana l'autorisation pontificale de porter une couronne.

Un couronnement canonique (latin : « coronatio canonica ») est un acte religieux institutionnel fait par le pape et exprimé dans une bulle pontificale[4],[5]. Cet acte religieux consiste à remettre une couronne, une tiare ou auréole stellaire[6] à une image (statue, peinture, etc.)[7] du Christ ou de la Vierge Marie[N 1] ayant une dévotion et une vénération spécifique dans un diocèse ou une localité donnés[8],[9]. Il est fréquent qu'un légat du pape ou un nonce apostolique et à de rares occasions le pape lui-même se rende sur place pour déposer solennellement la couronne sur la tête de la statue (ou du tableau, etc.).

Depuis 1989, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements est chargé d'exécuter l'acte de couronnement autorisé par le décret apostolique. Cette congrégation émet l'autorisation du titre dévotionnel de l'image et autorise un légat pontifical à effectuer le couronnement au nom du pape.

Sens spirituel de l'événement

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Le Couronnement de la Vierge, par Gentile da Fabriano, XVe siècle.
Marie Reine

« Marie Reine » et Marie Reine du ciel est une appellation et un titre de la Vierge Marie, utilisé par les catholiques depuis très longtemps, comme l'ont rappelé différents papes[10],[11]. Elle fait l'objet d'une fête dans l’Église catholique (le 22 août)[10],[12],[N 2].

Cette dénomination s'appuie sur différents textes bibliques où les exégètes, et pères de l’Église ont reconnu (ou identifié) la « femme citée dans certains passages bibliques » comme étant « la Vierge Marie ». Un des plus connus est Ap 12,1-2 « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête »[13]. Toujours selon l’Église catholique : « Marie reçoit la royauté, de son fils Jésus qu'elle met au monde » (car c'est le Christ qui est roi de l'univers). Marie étant « reine par grâce, par parenté divine, par conquête, par élection singulière »[12].

Ainsi, l’Église salue la Vierge sous différents titres tels que « Reine des anges et des saints, des patriarches et des prophètes, des apôtres et des martyrs, des confesseurs et des vierges », mais aussi : « Reine du ciel et de la terre, glorieuse et très digne reine de l'univers : Reine du ciel, glorieuse Reine du monde, Reine de tous les peuples du monde »[12].

Un signe de la dévotion populaire et de confiance
Couronnement épiscopal de la statue de Notre-Dame du très saint Rosaire de Hagonoy par l'évêque Dennis Villarojo le 7 octobre 2019, Philippines.

Le « couronnement d'une image » (statue ou tableau) de la Vierge (ou du Christ ou de saint Joseph)[N 3], intervient comme « signe » d'une dévotion (locale ou nationale) pour le Saint, et cette représentation en particulier. Le pape Pie XII parlait de « d'amour filial et de gratitude » du peuple portugais envers la Vierge de Fatima (lors de son couronnement en 1946)[12]. La couronne est alors « l'expression sensible condensant et symbolisant »[N 4] cet « amour pour ce Saint » dont l'image reçoit la couronne[13]. Remettre une couronne sur la tête de la statue est une façon, pour les fidèles, d’« honorer le saint » et de le remercier pour la « protection » (via sa prière et son intercession) qu'il (ou elle) accorde à la communauté[14] et dont les fidèles, et l’Église, « reconnaissent la protection »[15].

Jean-Paul II écrit qu'à travers la dévotion à la Vierge, les fidèles expriment une foi qui recherche Dieu, parfois de façon imparfaite, mais qui « recherche Dieu à travers Notre-Dame » d'une façon sincère et émouvante[13]. Le pape ajoute que Marie « continue d'être la Mère de tous les hommes, des fils et des filles de Dieu, et frères de Jésus-Christ jusqu'à la fin des siècles. (...) Il est certain que Notre-Dame se trouve, (...) pour toujours près de Dieu, où elle défend notre foi avec un si grand pouvoir qu'on l'appelle toute-puissance suppliante »[13]. Avant lui, le pape Paul VI disait dans son exhortation apostolique Marialis cultus : l’Église implore l'intercession de la Vierge pour toutes les étapes de la vie des fidèles[N 5],[16], et il ajoute que « l'intercession incessante et efficace de la Vierge la rend, même une fois montée au ciel, très proche des fidèles qui la prient »[17]. Pour le pape Jean-Paul II, cette intercession de la Vierge, est à rapprocher de l'exemple biblique donné dans le livre d'Esther où la reine Esther intervient auprès du roi Assuérus pour sauver la vie de son peuple[N 6],[13].

Liste des principaux couronnements canoniques

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À l'étranger

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Couronnement canonique de la statue de Notre-Dame de Fátima le par le Cardinal Benedetto Aloisi Masella.

Notes et références

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  1. Très exceptionnellement, la statue couronnée peut être celle de saint Joseph. On en compte seulement une poignée (de statues de saint Joseph) contre plusieurs centaines pour la Vierge Marie. L'abbaye Saint-Michel de Frigolet à Tarascon, par exemple, compte deux statues couronnées : l'une de la Vierge Marie, et l'autre de saint Joseph.
  2. Ainsi Jean-Paul II déclare en 2004 : « Au cours de l'émouvante histoire de leur Reine et Mère tant aimée (ndlr:la Vierge Marie), des hommes et des femmes de toutes conditions et cultures l'ont proclamée "Souveraine" ». De même Pie XII disait : « Heureux le peuple dont le Seigneur est Dieu, dont la Reine est la Mère de Dieu! ».
  3. Le terme « Saint » est utilisé dans la suite du paragraphe pour désigner Jésus, Marie ou Joseph dont l'image reçoit la couronne. « La Vierge » étant le « cas particulier » qui représente la grande majorité des couronnements. D'où le traitement de son cas particulier ici.
  4. Le pape ajoute, dans son allocution « La couronne précieuse, [est le] symbole expressif de l'amour et de la gratitude! ».
  5. Le pape indique explicitement une liste de situations : « avant de plonger les candidats dans les eaux salutaires du baptême ; elle implore son intercession pour les mères qui, reconnaissantes pour le don de la maternité, se rendent joyeuses à l’Église ; elle la présente comme exemple à ses membres qui s’engagent à suivre le Christ dans la vie religieuse ou reçoivent la consécration virginale, et pour eux elle demande son secours maternel ; elle lui adresse une prière instante pour ses fils arrivés à l’heure du trépas ; elle demande son intervention pour ceux qui, ayant fermé les yeux à la lumière d’ici-bas, ont comparu devant le Christ, Lumière éternelle, et, par son intercession, elle appelle le réconfort sur ceux qui, plongés dans la douleur, pleurent avec foi la disparition des leurs. »
  6. « O mon roi (...) Accorde-moi la vie, voilà ma demande, et la vie de mon peuple ». (Est 7,3).

Références

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  1. (it) Cavaliere Gaetano Moroni Romano, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica da S. Pietro sino ai nostri giorni, specialmente intorno ai principali santi, beati..., vol. XVII, Venise, Tipografia Emiliana, , 334 p. (lire en ligne), p. 241.
  2. (en) The Roman Ritual : book of Blessings, editio typica, , Introduction §28, Ch Order of Crowning an Image of the Blessed Virgin Mary, § 10 et 14.
  3. (en) Macphail's Edinburgh ecclesiastical journal and literary review, vol. VI, Edinburg, Myles Macphail, , 432 p. (lire en ligne), p. 48.
  4. (en) « Bulls and Briefs », sur New Advent, newadvent.org (consulté le ).
  5. (en) « Canonical Coronation of La Virgen de la Esperanza Macarena », sur Hermandad de la Macarena, hermandaddelamacarena.es (consulté le ).
  6. (en) Benoît XVI, « Address of his Holiness Benedict XVI to members of the Vatican Chapter », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  7. Macphail's Edinburgh ecclesiastical journal, p. 47.
  8. (es) Jean-Paul II, « Discurso del Santo Padre Juan Pablo II en el 50 aniversario de la coronacion canonica de la imagen de la Virgen del Camino », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  9. (es) Pie XII, « Radiomesaje de su santidad Pio XII à los fieles mexicanos en le 50 aniversario de la coronacion canonica de la Virgen de Guadalupe », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  10. a et b Benoît XVI, « Benoît XVI, Audience générale à Castel Gandolfo du mercredi 22 août 2012 », sur Vatican.va, Vatican, (consulté le ).
  11. Jean-Paul II, « Incarnationis mysterium, Bulle d'indiction du grand jubilé de l'an 2000 », sur vatican.va, Libreria Editrice Vaticana, (consulté le ), § 14.
  12. a b c et d (pt) Pie XII, « Anuncio Radiofonico do Papa Pio XII aos fiéis portugueses por ocasiao celebraçao da coroaçao de nossa senhora de fatima 13 de maio de 1946 », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  13. a b c d et e Jean-Paul II, « Lettre du pape Jean-Paul II à S.E. Mgr Raymundo Damasceno assis pour le centenaire du couronnement de la statue de Nossa Senhora Aparecida (Brésil) », sur Vatican.va, Vatican, (consulté le ).
  14. (en) Catherine Fournier et Peter Fournier, Marian Devotion in the Domestic Church, Ignatius Press, , 104 p. (ISBN 978-1-58617-074-5, lire en ligne), p. 22.
  15. (es) Jean-Paul II, « Coronacion de la Imagen de la Virgen de la Candelaria en la Explanada de Chambacu, Homilia del Santo Padre Juan Pablo II », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  16. Paul VI, « Marialis cultus », Exhortation Apostolique,‎ , § 14 (lire en ligne, consulté le ).
  17. Marialis cultus, p. § 56.
  18. Tanguy Lafforgue, « L’église du Laus devient basilique », Eglise des Hautes-Alpes, no 80,‎ , p. 15 (ISSN 1775-013X, lire en ligne, consulté le ).
  19. « France : Les apparitions de la Vierge à Benoîte Rencurel », Zénit,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Augustin Canron, Essai historique sur l’abbaye de l’Immaculée-Conception-Sᵗ-Michel (primitive observance de Prémontré) entre Avignon et Tarascon, Avignon, Impr. Seguin aîné, 1875, p. 180-183. Lire en ligne.
  21. Étienne Catta, La doctrine politique et sociale du cardinal Pie (1815-1882), Nouvelles Editions Latines, , 374 p. (ISBN 9782723304313, lire en ligne), p. 126, 278 note 3.
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  24. Sébastien Antoni, « Qu'est-ce que le sanctuaire breton Notre-Dame de Toute-Aide ? », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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Bibliographie

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  • (en) National Conference of Catholic Bishops, Order of Crowning an Image of the Blessed Virgin Mary, Catholic Books Publishing Corporation, , 48 p. (ISBN 978-0-89942-798-0, lire en ligne).
  • (en) United States Catholic Conference Bishops Committee, Bishops' Committee on the Liturgy Newsletter 1986-1990, Liturgy Training Publications, , 259 p. (ISBN 978-1-56854-014-6, lire en ligne), p. 39-40.

Articles connexes

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Liens externes

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