Aller au contenu

Christophe Dettinger

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Christophe Dettinger
Image illustrative de l’article Christophe Dettinger
Christophe Dettinger, le sur un rond-point gilet jaune à Besançon.
Fiche d’identité
Nom de naissance Christophe Dettinger
Surnom Le Gitan de Massy
Nationalité Drapeau de la France France
Naissance (43 ans)
Activité Boxeur

Manifestant lors du mouvement des gilets jaunes

Taille 1,92 m (6 4)
Catégorie Poids lourds-légers
Palmarès
  Professionnel
Combats 23
Victoires 18
Victoires par KO 7
Défaites 4
Matchs nuls 1
Titres professionnels Champion de France poids lourds-légers (2007-2008)
Dernière mise à jour : 10 janvier 2019

Christophe Dettinger, dit « le Gitan de Massy » ou « le Boxeur du Peuple », né le , est un boxeur professionnel français. Champion de France poids lourds-légers en 2007 et 2008, il met fin à sa carrière en 2013.

En 2019, il est condamné pour avoir frappé deux gendarmes mobiles après des affrontements à Paris dans le cadre du mouvement des Gilets jaunes.

Situation personnelle

[modifier | modifier le code]

Christophe Dettinger, né dans une famille yéniche[1], est fonctionnaire territorial chargé de la voirie et de la propreté à Arpajon[2], dans le département de l'Essonne[3],[4] et père de trois enfants[5].

Sur son compte Facebook, il fait part de son intérêt pour le mouvement des Gilets jaunes[6].

Carrière de boxeur

[modifier | modifier le code]

Christophe Dettinger débute la boxe à quinze ans au club de Sainte-Geneviève-des-Bois[7]. En , il obtient la médaille de bronze des poids mi-lourds aux championnats d'Europe juniors[7]. En , il devient champion de France seniors des moins de 91 kg[7]. En , il boxe en équipe de France[7]. En de la même année, il devient professionnel[7].

Champion de France

[modifier | modifier le code]

Licencié au Ring de Massy et entraîné par Jacky Trompesauce, Dettinger devient champion de France des poids lourds-légers le après sa victoire aux points face à Kamel Amrane[7].

Il conserve sa ceinture, de nouveau aux points, le aux dépens de Mérick Roberge[7] mais perd le combat revanche par arrêt de l'arbitre au 9e round le suivant à Gravelines.

En 2012, Christophe Dettinger intègre la Team de Boxe de Levallois-Perret ; son nouvel entraîneur est Laurent Boucher-Coniquet[8].

Fin de carrière

[modifier | modifier le code]

En , il est challenger pour le titre de champion de France face à Jérémy Ouanna. Le , il est battu par arrêt de l'arbitre dans la 2e reprise par Jean-Marc Monrose[9].

Après 23 combats, pour 18 victoires, quatre défaites et un nul, il met fin à sa carrière en 2013[5].

Médiatisation

[modifier | modifier le code]

Violences lors de la manifestation du 5 janvier

[modifier | modifier le code]

Des vidéos prises pendant la manifestation des Gilets jaunes du à Paris montrent Christophe Dettinger sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor repoussant un groupe de gendarmes[10], boxant avec des gants en cuir un gendarme mobile muni d'un casque et d'un bouclier, et donnant des coups de pied à un autre gendarme à terre[11],[12],[13],[14]. Christophe Dettinger explique avoir défendu une femme frappée à terre à coup de pied et de matraque par un gendarme, version confirmée par la victime qui affirme qu'il lui a « sauvé la vie ». Une autre témoin allègue que Christophe Dettinger et d'autres personnes l'ont protégée des forces de l'ordre[10].

Les deux gendarmes portent plainte et se voient prescrire respectivement deux jours et quinze jours d'ITT[15]. La Fédération française de boxe et la Ligue nationale professionnelle de boxe dénoncent un « comportement inacceptable et honteux » de la part du boxeur[16],[17].

Suites judiciaires

[modifier | modifier le code]

Le , après s’être rendu de lui-même à la police, Christophe Dettinger est placé en garde à vue[18]. Il avait jusqu'ici un casier judiciaire vierge[19]. Dans une vidéo publiée le même jour sur YouTube, il dit regretter son comportement et décrit un accès de colère après avoir « vu des gendarmes matraquer un jeune homme et une femme au sol »[20]. Dans l'attente de son procès en comparution immédiate, Christophe Dettinger est placé en détention provisoire[21]. Fin janvier, une demande de remise en liberté est rejetée par la cour d’appel de Paris, le ministère public invoquant la « personnalité extrêmement inquiétante et dangereuse » d'un individu « parfaitement impulsif et totalement déterminé à commettre des actes violents »[22]. Christophe Dettinger comparait le 13 février[19] et déclare lors de son procès : « J’ai voulu empêcher une injustice, j’en ai commis une autre »[10]. Le , le tribunal correctionnel de Paris le condamne à 30 mois de prison : 12 mois de prison ferme, suivis de 18 mois avec sursis et mise à l'épreuve. Il a interdiction de séjourner à Paris pendant six mois[23] et doit indemniser ses deux victimes de 2 000 et 3 000 euros[10]. Son régime de semi-liberté lui impose de passer ses nuits en prison[24] mais le laisse libre la journée, pour lui permettre de conserver une vie professionnelle et familiale. Sa femme annonce la fin de ce régime et la pleine liberté pour Christophe Dettinger le 23 août 2019 en raison de son respect de ses obligations[réf. nécessaire].

Le 8 janvier 2020, Christophe Dettinger est placé en garde à vue après une plainte de sa femme pour violences conjugales[25]. Cette dernière retire sa plainte le lendemain, affirmant sur son compte Facebook : « Non, mon mari ne m'a jamais frappée ! »[26].

Des Gilets jaunes lancent une cagnotte en soutien à leur « boxeur national »[27] ; la cagnotte, qui atteint 117 000 euros avec 7 500 contributeurs le 8 janvier, est clôturée par la plateforme Leetchi devant la polémique qui s'ensuit, en raison notamment des critiques de plusieurs membres du gouvernement et de syndicats de police[28].

De plus, Leetchi décide également de geler la cagnotte et d'attribuer les fonds aux seuls frais d'avocats de Christophe Dettinger, alors que la description de la cagnotte spécifiait qu'elle reviendrait à l'intéressé et à sa famille.

En réaction, une autre cagnotte est lancée pour soutenir les forces de l'ordre[22]. Lancée par Renaud Muselier, président LR du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur début janvier 2019, elle réunit mi-février 1,4 million d'euros et est remise en présence du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Un million d'euros est versé aux membres des forces de l'ordre blessés lors des manifestations des gilets jaunes[29].

Le 18 mars 2019, s'estimant lésée par Leetchi, l'épouse de Christophe Dettinger assigne la plateforme en justice pour obtenir le versement de plus de deux millions d'euros d'indemnisation au titre de « la perte de chance » que constitue selon elle la fermeture anticipée de la cagnotte[30], 43 jours avant l'échéance prévue.

La plateforme ayant fourni à la police judiciaire — après réquisition du parquet — le fichier regroupant le nom des quelque 8 000 personnes ayant participé à la cagnotte, certains des donateurs sont convoqués et entendus par les enquêteurs en juin 2019[31].

Le 6 janvier 2021, le tribunal judiciaire de Paris ordonne la restitution de l'argent de cette cagnotte aux donateurs et déclare nulle la demande de deux millions de dommages et intérêts[32],[33].

Le procès en appel est prévu le , à la cour d'appel de Paris. Le , sa décision tombe : la cagnotte de soutien ne sera pas réouverte[34].

Propos d'Emmanuel Macron

[modifier | modifier le code]

Dans un entretien publié par Le Point le 1er février 2019, le président Emmanuel Macron estime que Christophe Dettinger a été aidé par des personnes restées dans l'ombre : « Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n'a pas les mots d'un Gitan[35]. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan[36],[37]. » Pour l'avocate du boxeur, cette déclaration est « une atteinte indiscutable au principe de séparation des pouvoirs » ; elle dénonce « une volonté politique de faire pression sur les magistrats qui pose problème » doublée d'une discrimination en raison des origines du prévenu[38].

Intox médiatique sur des « gants plombés » émanant d'une « source policière »

[modifier | modifier le code]

Le 7 janvier, au moment où Christophe Dettinger se rend à la police, plusieurs médias dont les chaînes publiques France 2[39], France Inter[40], FranceInfoTV[39] et France Bleu[39], affirment que Christophe Dettinger aurait été armé de gants « plombés », « coqués », « lestés » ou « renforcés » lorsqu'il a porté les coups aux gendarmes, soit une circonstance aggravante qui prouverait une « préméditation », en citant pour certains une « source policière ». Cette information est largement reprise par les médias et sur les réseaux sociaux, et est relayée par plusieurs représentants de syndicats de police : le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure et SGP Police[39].

Or il avait été fait état, dès la veille, grâce au PV de la perquisition du véhicule de Christophe Dettinger, qu'il ne s'agissait pas de gants renforcés. Aucun correctif n'a été publié par les médias concernés[39]. Le service CheckNews de Libération s'interroge sur une « tentative de manipulation » et « d'enfumage » de la part de la police, en pleine « guerre de communication avec les gilets jaunes » et pour « contrebalancer le récit héroïque qui émerge alors » d'un « homme qui a fait reculer à mains nues un cordon de gendarmes »[39].

Autocollant avec la mention « - de Castaner + de Dettinger » ().

Christophe Dettinger devient une icône de la mobilisation des Gilets jaunes[22],[41],[19]. Le slogan « Benalla en prison, Dettinger libéré » est régulièrement scandé par les manifestants. Il devient un symbole de « la rébellion contre les violences policières » et « de la lutte des « petites gens » contre l'élite représentée, selon eux, par Emmanuel Macron »[22]. Selon les sociologues Claire Cossée et Gaëlla Loiseau, les éléments de langage d'Emmanuel Macron expriment un « mépris de classe », un « racisme cumulé à la domination de classe » mêlé à l'antitziganisme, pour susciter « le discrédit d’un de ceux qui sont devenus symboliquement une forme d’icône de ces mobilisations »[41]. Interviewé par Denis Robert, le journaliste Antoine Peillon, auteur d'un livre sur l'événement, dénonce également sur Le Média, la perquisition excessivement brutale[42] effectuée au domicile du boxeur.

Opposition au Rassemblement national et soutien au Nouveau Front populaire en 2024

[modifier | modifier le code]

À l'avant-veille du premier tour des élections législatives anticipées des et , Christophe Dettinger publie une vidéo dans laquelle il déclare : « Ne donnez pas votre vote au Rassemblement national. Je soutiens le programme du Nouveau Front populaire et ne voterai pas pour le Rassemblement national. »[43].

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Les yéniches - Page 7 », sur Migrations à Besançon, .
  2. « Le boxeur des gendarmes, Christophe Dettinger, placé en détention provisoire », Le Figaro, 10 janvier 2019.
  3. « Dettinger face à un nouveau défi », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Gilets jaunes : qui est Christophe Dettinger, l'homme qui a boxé un gendarme ? », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  5. a et b « Gilets jaunes : Quel boxeur était Christophe Dettinger, l’homme qui a frappé des gendarmes mobiles », sur BFM RMC Sport, .
  6. Ismaël Halissat, « Gilets jaunes : à Paris, un boxeur dans le viseur », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. a b c d e f et g André-Arnaud Fourny, « Du ring au chaos », L'Équipe,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Christophe Dettinger : « Il fallait que je passe à autre chose », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Boxe : Dettinger battu avant la limite », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. a b c et d Le vrai visage de Christiophe Dettinger, “symbole de la révolte contre les violences policières”, Les Inrockuptibles, 7/5/2019.
  11. « Gilets jaunes : la tension est montée d'un cran », Le Républicain lorrain,‎ (lire en ligne).
  12. « Gilets jaunes » : un manifestant filmé en train de frapper un gendarme », Le Figaro,‎ 5 janvier 2019, mis à jour le (lire en ligne).
  13. « Identifié, le « boxeur » de CRS est un pro », 20 minutes (Suisse), .
  14. Claire Tervé, « Qui est Christophe Dettinger, ancien champion de boxe filmé frappant des gendarmes », sur huffingtonpost.fr, Huffington Post, (consulté le ).
  15. « Garde à vue et cagnotte en ligne pour l'ex-boxeur, soupçonné d'avoir frappé deux gendarmes », sur Libération.fr, (consulté le ).
  16. « Communiqué officiel de la Fédération française de boxe », sur ffboxe.com, .
  17. « Gilets jaunes » : ce que l'on sait du boxeur suspecté de violences sur une passerelle », sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
  18. « "Gilets jaunes" : l'ancien boxeur accusé d'avoir frappé des gendarmes samedi à Paris a été placé en garde à vue », sur France infos, .
  19. a b et c Le boxeur de gendarmes devant les juges, 20 minutes, 13 février 2019.
  20. Remise en liberté de l’ex-boxeur Christophe Dettinger : la justice statuera ultérieurement Sud Ouest.
  21. « Le boxeur des gendarmes, Christophe Dettinger, placé en détention provisoire », sur FIGARO, (consulté le ).
  22. a b c et d Gilets jaunes : le boxeur Christophe Dettinger mercredi au tribunal, Le Dauphiné Libéré, 12/12/2019.
  23. lci.fr/justice.
  24. « Gilets jaunes: l'ex-boxeur Christophe Dettinger est sorti de prison », sur L'Express.fr, (consulté le ).
  25. « Christophe Dettinger en garde à vue suite à une plainte de sa femme », sur L'Équipe, .
  26. « La plainte contre Christophe Dettinger retirée par sa femme », sur L'Équipe, .
  27. « Christophe Dettinger: déjà 45.000 euros pour la cagnotte de soutien au boxeur », sur L'Obs, .
  28. « La cagnotte de soutien à l’ex-boxeur Christophe Dettinger clôturée après de vives critiques », sur Le Monde, .
  29. Cagnotte pour les forces de l'ordre: comment les 1,4 million d'euros seront-ils répartis?, BFMTV, 14 février 2019.
  30. « L'ex-boxeur Christophe Dettinger réclame 3 millions d’euros à Leetchi », sur 20minutes.fr (consulté le ).
  31. Etienne Jacob, « Des donateurs de la cagnotte Leetchi en soutien à Christophe Dettinger entendus par la police », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  32. AFP, « Justice : l’ex-boxeur gilet jaune Christophe Dettinger ne touchera pas sa cagnotte Leetchi », sur Sud Ouest, .
  33. « La justice annule la cagnotte Leetchi de l'ex-boxeur «gilet jaune» Dettinger », sur Le Figaro, .
  34. « La cagnotte du boxeur Gilet Jaune définitivement empêchée par la justice », sur Contre Attaque, (consulté le )
  35. Bien que surnommé "Le Gitan de Massy", Christophe Dettinger est en réalité Yéniche.
  36. Emmanuel Berretta, « Macron : « Éric Drouet est un produit médiatique » », sur Le Point, (consulté le ).
  37. P.R., « Pour Emmanuel Macron, Christophe Dettinger «n’a pas les mots d’un gitan» », sur Le Parisien, (consulté le ).
  38. « Christophe Dettinger "n'a pas les mots d'un gitan" selon Emmanuel Macron : l'avocate de l'ex-boxeur se dit "abasourdie et stupéfaite" par les propos du président », sur France TV Info, (consulté le ).
  39. a b c d e et f Cédric Mathiot, « Non, le boxeur Christophe Dettinger n'avait pas de «gants plombés» », sur liberation.fr, (consulté le ).
  40. « Manifestation des "gilets jaunes" samedi : le "boxeur" de la passerelle s'est rendu », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  41. a et b Gilets jaunes : la parole déclassée de Christophe Dettinger, Libération, 13 février 2019.
  42. Le Média, « CŒUR DE BOXEUR : LA VÉRITÉ SUR CHRISTOPHE DETTINGER - AVEC ANTOINE PEILLON », (consulté le ).
  43. « FRANCE " Contre le Rassemblement national " », sur Le Club de Mediapart, (consulté le )
  44. Antoine Peillon, « Cœur de boxeur - Le vrai combat de Christophe Dettinger (présentation) », sur mediapart.fr, (consulté le ).
  45. Mathieu Dejean, « Le vrai visage de Christiophe Dettinger, “symbole de la révolte contre les violences policières” », sur lesinrocks.com, (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]
  • Ressource relative au sportVoir et modifier les données sur Wikidata :