Tchoukotka
District autonome de Tchoukotka (ru) Чукотский автономный округ (ckt) Чукоткакэн автономныкэн округ | |
Armoiries de la Tchoukotka |
Drapeau de la Tchoukotka |
Administration | |
---|---|
Pays | Russie |
Région économique | Extrême-Orient |
District fédéral | Extrême-oriental |
Statut politique | District autonome, gouvernorat |
Création | 10 décembre 1930 |
Capitale | Anadyr |
Gouverneur | Roman Kopine |
Démographie | |
Population | 50 040 hab. (2022) |
Densité | 0,07 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 66° 15′ 10″ nord, 172° 00′ 04″ est |
Superficie | 721 481 km2 |
Autres informations | |
Langue(s) officielle(s) | Russe, tchouktche |
Fuseau horaire | UTC+12 |
Code OKATO | 77 |
Code ISO 3166 | RU-CHU |
Hymne | Fichier:Anthem of the Chukotka Autonomous Okrug (instrumental).oga |
Immatriculation | 87 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | чукотка.рф |
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Le district autonome de Tchoukotka (en russe : Чуко́тский автоно́мный о́круг, Tchoukotski avtonomny okroug), ou simplement la Tchoukotka (Чукотка), est un sujet fédéral de Russie du district fédéral extrême-oriental, à l'extrémité nord-est de Russie. Depuis 2008, son gouverneur est Roman Kopine.
Géographie
La région est baignée par la mer de Sibérie orientale, la mer des Tchouktches et la mer de Béring et séparée du continent américain par le détroit de Béring. Sa superficie est de 721 481 km2 (une fois et demie celle de la France).
La capitale administrative et la plus grande ville est Anadyr, avec une population de 15 240 habitants (2021).
Le lac d'El'gygytgyn est situé en Tchoukotka.
Environnement
La Tchoukotka compte trois écosystèmes différents : le désert arctique au nord[1], la toundra alpestre ou arctique qui constitue la plus grande partie du paysage, mais aussi la taïga dans les vallées les plus importantes[2]. Du fait du climat et des vents arctiques, cette dernière est seulement composée de petits mélèzes, pins, bouleaux, peupliers et saules. On distingue en revanche 900 espèces de plantes dont 400 de lichens et de mousses. La région abrite également de nombreuses espèces de mammifères, environ 220 espèces d'oiseaux et de nombreuses sortes d'insectes[2].
Climat
Les températures varient de −35 à −15 °C en janvier et de +5 à +14 °C en juillet avec beaucoup de vent sur les côtes et peu de précipitations (200 à 400 mm par an). La période végétative est courte, seulement 80 à 100 jours par an.
Histoire
Âge de la pierre
Les premiers habitants arrivent dans la Tchoukotka durant l'âge de la pierre en provenance d'Asie centrale et orientale. À cette époque, la mer n'a pas encore séparé l'Alaska de la Sibérie et une région aujourd'hui engloutie, la Béringie, unit les deux continents[3]. La mer la recouvre il y a environ 10 000 ans. C'est à cette période que le climat commence à se réchauffer et que les habitants doivent passer de la chasse aux mammouths à l'élevage du renne et à la chasse aux mammifères marins. Les restes de nombreux anciens camps ont été retrouvés.
Avant l'arrivée des colons russes au début du XVIIe siècle, les Tchouktches et les Yupiks sibériens vivent sur les côtes, tandis que l'intérieur des terres — essentiellement le long des rivières — est peuplé par les Youkaguirs et que les Koriaks habitent sur la côte sud-est. D'autres peuples — Tchouvanes et Évènes — vivent également dans la région.
La conquête russe
En 1644, les cosaques atteignent le fleuve Kolyma et Mikhaïl Stadoukhine, le chef de l'expédition, donne une description des Tchouktches. À la fin des années 1640, Simon Dejnev mène plusieurs expéditions à l'est de la Kolyma. La forteresse d'Anadyr, l'actuelle capitale de la Tchoukotka, est fondée en 1652. La forteresse est menacée d'abandon jusqu'à la découverte du Kamtchatka, à la fin du siècle. Anadyr devient alors la base de départ des expéditions vers cette région.
En 1725, Pierre le Grand envoie Vitus Béring en exploration au Kamtchatka et, dans le même temps, envoie une expédition militaire pour soumettre les Tchouktches. Le détachement russe mené par Afanassi Chestakov est battu. Il faut attendre 1731 pour qu'un détachement de cosaques, accompagné de troupes auxiliaires de Koriaks et Youkaguirs, parvienne à vaincre la résistance tchouktche. Une partie de ces derniers accepte alors de payer le tribut à l'Empire russe. En 1747 toutefois, un détachement russe qui doit soumettre l'ensemble des Tchouktches est à nouveau battu. Ces deux dernières attaques ont été menées par l'ancien adjoint de Chestakov, le major Dmitri Pavloutski . Le gouvernement russe change alors de tactique et invite les Tchouktches à devenir citoyens de l'Empire. Un traité de paix est signé en 1778.
Entre 1821 et 1825, Ferdinand von Wrangel et Fiodor Matiouchkine entreprennent une expédition d'exploration sur les côtes de Sibérie orientale et le long de certaines rivières. L'île Wrangel porte désormais le nom du premier d'entre eux. En 1828, c'est au tour de l'expédition de Friedrich von Lütke (1826-1829) d'explorer la région.
Après la vente de l'Alaska aux États-Unis, en 1867, des Américains commencent à venir en Tchoukotka pour chasser et commercer avec les indigènes. Les Russes ne tardent pas à réagir et mettent en place, en 1883, des patrouilles côtières chargées d'arrêter les navires américains et de confisquer leurs biens. En 1888, la région administrative d'Anadyr est créée et, en 1909, deux districts sont créés au sein de cette région : le district d'Anadyr et celui de Tchoukotka.
Période soviétique
À partir de 1919, la région est soumise à la collectivisation et les autochtones à une sédentarisation forcée durant la période soviétique.
Lorsque l'Allemagne nazie attaque l'Union soviétique en 1941, tout est fait pour que la production d'étain puisse commencer aussi rapidement que possible en Tchoukotka. C'est le début de l'industrie minière dans la province, industrie qui va devenir sa base économique. C'est également pendant la guerre que des géologues découvrent d'importantes réserves d'or qui seront exploitées dès les années 1950. En 1942, deux aérodromes (Ouelkal et Markovo) sont aménagés pour permettre aux Américains de rejoindre Krasnoïarsk depuis Fairbanks, en Alaska.
La Tchoukotka post-soviétique
Depuis 1977, la Tchoukotka était un district autonome au sein de l'oblast de Magadan. En 1991, elle fait sécession pour devenir un sujet de la Fédération de Russie à part entière. Cette décision est entérinée par la Cour constitutionnelle de Russie en 1993.
Le pouvoir est exercé par le gouverneur qui contrôle aussi les médias locaux. Le parlement local ne joue qu'un rôle de « chambre d'enregistrement » des décisions du gouverneur. Le pouvoir central, à Moscou, ne s'intéresse que très peu à la région[4].
En 2000, le milliardaire russe Roman Abramovitch est élu gouverneur de la région. Il est ensuite confirmé pour un second mandat par le président russe Vladimir Poutine. Abramovitch a versé plusieurs milliards de roubles pour améliorer l'infrastructure et aider la population locale, faisant même venir des administrateurs de ses sociétés pour moderniser et gérer les équipements et l'administration. Certaines sources estiment qu'il a versé entre 150 et 200 millions de dollars par an depuis son élection en 2000. L'argent versé par le milliardaire a ainsi permis de doubler le PIB de la région et de tripler voire plus le revenu des habitants[5]. Il a proposé sa démission mais le président Poutine l'a refusée. Le , sa démission du poste de gouverneur de la Tchoukotka est acceptée par le président Dmitri Medvedev[6].
Population et société
Démographie
Recensements (*) ou estimations de la population[7]:
La population a fortement chuté depuis la fin de la période soviétique.
Année | Fécondité | Fécondité urbaine | Fécondité rurale |
---|---|---|---|
1990 | 2,09 | 1,82 | 2,88 |
1991 | 1,94 | 1,59 | 3,12 |
1992 | 1,80 | 1,44 | 3,23 |
1993 | 1,59 | 1,21 | 3,02 |
1994 | 1,68 | 1,29 | 3,15 |
1995 | 1,49 | 1,16 | 2,64 |
1996 | 1,59 | 1,25 | 2,61 |
1997 | 1,48 | 1,15 | 2,38 |
1998 | 1,66 | 1,28 | 2,65 |
1999 | 1,41 | 1,13 | 2,05 |
2000 | 1,58 | 1,23 | 2,36 |
2001 | 1,78 | 1,38 | 2,63 |
2002 | 1,70 | 1,29 | 2,52 |
2003 | 1,78 | 1,43 | 2,43 |
2004 | 1,99 | 1,57 | 2,75 |
2005 | 1,91 | 1,53 | 2,56 |
2006 | 1,78 | 1,54 | 2,23 |
2007 | 1,83 | 1,59 | 2,22 |
2008 | 1,75 | 1,46 | 2,23 |
2009 | 1,67 | 1,49 | 1,90 |
2010 | 1,89 | 1,70 | 2,18 |
2011 | 1,81 | 1,52 | 2,25 |
2012 | 1,97 | 1,65 | 2,51 |
2013 | 1,91 | 1,56 | 2,59 |
2014 | 2,04 | 1,59 | 3,15 |
2015 | 2,10 | 1,64 | 3,92 |
2016 | 2,11 | 1,62 | 5,23 |
2017 | 2,08 | 1,62 | 6,08 |
2018 | 2,02 | 1,50 | 6,65 |
2019 | 1,68 | 1,16 | 5,56 |
Composition ethnique
Une grande partie des Russes et des Ukrainiens qui étaient venus s'établir dans la région durant l'après-guerre sont repartis, comme le montre le tableau ci-dessous.
Recensement 1939 | Recensement 1959 | Recensement 1970 | Recensement 1979 | Recensement 1989 | Recensement 2002 | Recensement 2010 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Tchouktches | 12 111 (56,2 %) | 9 975 (21,4 %) | 11 001 (10,9 %) | 11 292 (8,1 %) | 11 914 (7,3 %) | 12 622 (23,5 %) | 12 772 (26,7 %) |
Tchouvanes | 944 (0,6 %) | 951 (1,8 %) | 897 (1,9 %) | ||||
Inuits | 800 (3,7 %) | 1 064 (2,3 %) | 1 149 (1,1 %) | 1 278 (0,9 %) | 1 452 (0,9 %) | 1 534 (2,9 %) | 1 529 (3,2 %) |
Évènes | 817 (3,8 %) | 820 (1,8 %) | 1 061 (1,0 %) | 969 (0,7 %) | 1 336 (0,8 %) | 1 407 (2,6 %) | 1 392 (2,9 %) |
Russes | 5 183 (24,1 %) | 28 318 (60,7 %) | 70 531 (69,7 %) | 96 424 (68,9 %) | 108 297 (66,1 %) | 27 918 (51,9 %) | 25 068 (52,5 %) |
Ukrainiens | 571 (2,7 %) | 3 543 (7,6 %) | 10 393 (10,3 %) | 20 122 (14,4 %) | 27 600 (16,8 %) | 4 960 (9,2 %) | 2 869 (6,0 %) |
Autres | 2 055 (9,5 %) | 2 969 (6,4 %) | 7 049 (7,0 %) | 9 859 (7,0 %) | 12 391 (7,6 %) | 4 432 (8,2 %) | 2 961 (6,2 %) |
Politique
Fonction | Nom | Depuis le |
---|---|---|
Gouverneur | Roman Kopine |
Le gouverneur actuel est Roman Kopine depuis le , à la suite de la démission de Roman Abramovitch.
Économie
La Tchoukotka possède de grandes réserves de pétrole, de gaz naturel, de charbon, d'or et de tungstène.
L'exploitation de l'or, qui constitue l'une des principales activités économiques de la région, a commencé en 1955. Le niveau maximal de production a été atteint en 1974 avec une production de plus de 36 tonnes. La production a fortement chuté dans les années 1990 et est désormais stable à environ 5 tonnes par année. L'exploitation des mines d'or est partagée désormais en un peu plus d'une vingtaine de compagnies[8].
La région dispose de réserves de quatre autres métaux non ferreux : l'argent, le tungstène, l'étain et le cuivre. La production d'argent est d'environ 12 tonnes par année (2004), extrait principalement à Valounistoïe. Le tungstène et l'étain ne sont, eux, plus exploités. La production de tungstène, qui a duré de 1958 à 1992, a permis d'extraire environ 90 000 tonnes de minerai. Celle d'étain, qui a duré de 1941 à 1992, a produit plus de 200 000 tonnes de minerai. La montée des prix de ce minerai pourrait rendre rentable une reprise de la production en Tchoukotka[8]. Enfin, la région dispose de réserves de cuivre qui n'ont encore jamais été exploitées[8].
Deux mines de charbon sont également exploitées en Tchoukotka actuellement, pour une production annuelle de 634 100 tonnes en 2005. Il s'agit des mines de Boukhta Ougolnaïa et d'Anadyrskoïe[9].
La majeure partie de la population a toutefois une vie rurale, vivant de l'élevage de rennes, de la chasse ou de la pêche. La population urbaine est employée dans l'industrie minière ou dans la fonction publique.
La nourriture de la population indigène est constituée à plus de 50 % de mammifères marins (baleine grise, baleine boréale et cachalot, notamment). La pêche est donc une activité économique importante. Les conventions de la Commission baleinière internationale autorisent la pêche de 140 baleines grises par année aux indigènes de la Tchoukotka[10].
Villes et communes urbaines
Le district autonome de Tchoukotka compte trois villes (marquées dans le tableau avec un astérisque) et dix-huit communes urbaines.
Nom | Nom russe | Raïon | Population (01.01.2021) |
---|---|---|---|
Aliskerovo | Алискерово | Bilibino | 0 |
Anadyr* | Анадырь | pas de raïon | 15 240 |
Beringovski | Беринговский | Anadyr | 801 |
Bilibino* | Билибино | Bilibino | 5 717 |
Bystry | Быстрый | Tchaoun | - |
Chakhtiorski | Шахтёрский | Anadyr | 0 |
Dalny | Дальний | Bilibino | |
Egvekinot | Эгвекинот | Ioultin | 3 138 |
Ioujni | Южный | Tchaoun | - |
Komsomolski | Комсомольский | Tchaoun | 0 |
Leningradski | Ленинградский | Ioultin | 0 |
Mys Chmidta | Мыс Шмидта | Ioultin | 124 |
Ougolnye Kopi | Угольные Копи | Anadyr | 3 919 |
Otrojni | Отрожный | Anadyr | - |
Pevek* | Певек | Tchaoun | 4 513 |
Providenia | Провидения | Provideniya | 2 141 |
Vesenny | Весенний | Bilibino |
Les habitants des communes urbaines d'Aliskerovo (Алискерово), Vstretchny (Встречный), Baranikha (Бараниха), Valkoumeï (Валькумей) et Krasnoarmeïski (Красноармейский) ont quitté leurs communes qui sont devenues des villes fantômes. Parmi les villages de Tchoukotka figure Ryrkaypiy, un village côtier.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Chukotka Autonomous Okrug » (voir la liste des auteurs).
- Descriptif de la Tchoukotka sur le site Regards de femmes, consulté en septembre 2008.
- WWF International, « The Bering Sea Ecoregion, Chukotka's Natural Heritage at a Glance » [PDF] (consulté le )
- Une analyse de dents bouscule une théorie répandue sur l'origine des Amérindiens
- [PDF] Zoïa Tagryn'a-Weinstein et Charles Weinstein, « Les Russes et la Tchoukotka », Slavica Occitania, vol. 8, , p. 11 (lire en ligne)
- « La Tchoukotka de Roman Abramovitch : un modèle d’État idéal », sur RIA Novosti (consulté le )
- « Tchoukotka : Medvedev a accepté la démission d'Abramovitch », sur RIA Novosti (consulté le )
- « Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le ) — « Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le ) — « Демоскоп Weekly - Приложение. Справочник статистических показателей. », sur www.demoscope.ru (consulté le ) — « Народная энциклопедия "Мой город". Чукотский автономный округ », sur www.mojgorod.ru (consulté le ) — (ru) Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2020 (lire en ligne [rar]) — (ru) Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2021 (lire en ligne [xlsx]) — (ru) Service fédéral des statistiques de l'État, Population permanente de la fédération de russie par municipalités au 1er janvier 2022 (lire en ligne)
- (en) site officiel de la province, consulté en .
- (en) site officiel de la province, consulté en .
- (en) site officiel de la région, consulté en .
Voir aussi
Liens externes
- (ru) (en) Site officiel de la région