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==Influence arabe==
==Influence arabe==
===Héritage et transmission du savoir classique===
Il est communément admis que intellectuels musulmans avaient traduit les auteurs grecs et notamment [[Aristote]] en arabe et c'est ce qui aurait ensuite permis leurs diffusion en Europe. Cette théorie est aujourd’hui contestée par l'historien Sylvain Gougenheim<ref>''Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe.'', éd. Seuil, Paris, 2008</ref> qui, allant à contre-courant de la recherche contemporaine, explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs<ref>Pascal Riché, ''Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam'', in ''Rue89'', 02/05/2008, [http://www.rue89.com/2008/05/02/baston-chez-les-medievistes-autour-de-lapport-de-lislam article en ligne]</ref>, qu'à côté de la transmission arabe il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le [[Mont-Saint-Michel]] aurait été le centre au début du {{s-|XII|e}}, grâce à [[Jacques de Venise]]<ref>Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d'Aristote à Avranches, cette théorie relève du ''roman'', les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquemment inexistants et le Mont-saint-Michel traversant une période troublée à cette époque; cf Jérôme Cordelier, ''Les mystères du Mont-Saint-Michel'', in ''Le Point'', 31/07/2008, [http://www.lepoint.fr/actualites-societe/les-mysteres-du-mont-saint-michel/920/0/264269 article en ligne]</ref>. L'historien confirme néanmoins la reprise par le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs mais considère que la pensée d'Aristote n' y eut pas d'influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du {{sp-|VIII|e|au| XII|e}}<ref>Cité par ''Rue89'', 02/05/2008</ref>.
Il est communément admis que intellectuels musulmans avaient traduit les auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’[[Aristote]], de [[Platon]] ou d'autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation de leur nom peut montrer leur influence auprès des savants européens<ref>[[Maurice-Ruben Hayoun]],''Quelles sont les racines culturelles de l'Europe ?'', in ''Tribune de Genève, 17/05/2008,[http://mrhayoun.blog.tdg.ch/archive/2008/05/17/quelles-sont-les-racines-culturelles-de-l-europe.html article en ligne]''</ref> : [[Ibn Rushd]] est devenu ''Averroès'', [[Ibn Sina]] ''Avicenne'', [[Ibn Tufayl ]] ''Abubacer'', [[Ibn Bajjah]] ''Avempace'', [[Hunayn ibn Ishaq]] ''Johannitius'',...

L'Islam a rapidement conquis la [[Sassanides|Perse sassanide]] et la majeure partie de la [[chrétienté]] [[orient|orientale]] où chrétiens et juifs reçoivent le statut de ''protégés'' soumis à l'impôt<ref>[[Dhimma]]</ref>. Les conquérants exigent également de leurs tributaires une ''contribution intellectuelle'' qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie était alors le principal centre de la pensée hellénique depuis que [[Justinien]] avait fermé les écoles d’Athènes. Les ouvrages grecs étaient traduits en [[syriaque]], une forme tardive d'araméen, dans un mouvement qui s'amplifia après la conquête musulmane. A l'exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, on traduisait généralement des textes grecs traduits en syriaque<ref> Jean-François Monteil, ''La Transmission d’Aristote par les Arabes à la chrétienté occidentale'', in ''Entre deux rives, trois continents.'', éd. Maison des Sciences de lʼHomme dʼAquitaine, 2004 [http://erssab.u-bordeaux3.fr/IMG/doc/Z2-2.doc article téléchargeable]</ref>.

Les [[Calife]]s [[abbassides]] créent au début du {{s-|IX|e}} un atelier de traduction appelé ''Bayt al Hikma'' (''[[Maison de la sagesse]]'') à [[Bagdad]] et envoient des caravanes à [[Byzance]] pour acquérir les manuscrits grecs à prix d’or. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages de tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d'astronomie indienne qui, synthétisées à travers l’islam, font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’''[[adab]]'', imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier<ref>Annie Vernay-Nouri (coord. scientifique), Dossier pédagogique de l'exposition ''al-Idrîsî, la Méditerranée au {{s-|XII|e}}'', [http://classes.bnf.fr/idrisi/index.htm dossier en ligne]</ref>.

Les textes sont d’abord traduits en syriaque, puis du syriaque en arabe. Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner au {{s-|IX|e}} le médecin [[Hunayn ibn Ishaq]]<ref>Connu en occident sous le nom de ''Johannicius'', c'était un [[nestorien]] arabe</ref> qui transcrit les corpus médicaux d’[[Hippocrate]] et de [[Galien]], qui serviront de base au ''Canon de médecine'' d’[[Avicenne]] qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D'autres personnalités d'importance sont à mentionner tels [[al-Farabi]]<ref>[[872]] - [[950]]</ref> qui donne une interprétation d’[[Aristote]] et de [[Platon]] harmonisant les deux philosophies ou encore le savant [[al-Biruni]] <ref>[[973]] - [[1048]]</ref>, qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l'oeuvre d'[[Averroes]], philosophe, théologien et savant musulman du {{s-|XII|e}}<ref>~[[1126]] - [[1198]]</ref>, commentateur des œuvres d'Aristote, soulève des débats passionnés qui trouvent autant de partisans que de détracteurs et aura une influence telle dans l'occident médiéval qu'on parle d'''[[averroïsme]]''.

Les traductions d'Aristote et de d’autres ouvrages antiques gagnent l’[[Espagne]] [[sarrasins|sarrasine]] et en [[Sicile]] où l'on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin. [[Tolède]], reprise aux Arabes en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture arabe et monde chrétien : de 1130 à 1150, l' [[archevêque]] [[Raymond d’Agen]] emploie des ''médiateurs juifs'' qui, en plus de l'hébreu savent l’arabe, le castillan, le latin ou encore des savants chrétiens comme [[Gérard de Crémone]]. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en occident influençant profondément la pensée des auteurs chrétiens comme [[Albert le Grand]] et des [[Thomas d’Aquin]]<ref> Jean-François Monteil, ''La Transmission d’Aristote par les Arabes à la chrétienté occidentale'', op. cit.</ref>.

Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens comme [[Jacques Heers]] ou Sylvain Gougenheim<ref>''Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe.'', éd. Seuil, Paris, 2008</ref> qui, allant à contre-courant de la recherche contemporaine<ref>AA.VV., ''Oui, l’Occident chrétien est redevable au monde islamique'', in ''Libération'', 30/04/2008, [http://www.liberation.fr/rebonds/323893.FR.php article en ligne]</ref>, explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs<ref>Pascal Riché, ''Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam'', in ''Rue89'', 02/05/2008, [http://www.rue89.com/2008/05/02/baston-chez-les-medievistes-autour-de-lapport-de-lislam article en ligne]</ref>, qu'à côté de la transmission arabe il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le [[Mont-Saint-Michel]] aurait été le centre au début du {{s-|XII|e}}, grâce à [[Jacques de Venise]]<ref>Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d'Aristote à Avranches, cette théorie relève du ''roman'', les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquemment inexistants et le Mont-saint-Michel traversant une période troublée à cette époque; cf Jérôme Cordelier, ''Les mystères du Mont-Saint-Michel'', in ''Le Point'', 31/07/2008, [http://www.lepoint.fr/actualites-societe/les-mysteres-du-mont-saint-michel/920/0/264269 article en ligne]</ref>. L'historien confirme néanmoins la reprise par le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs mais considère que la pensée d'Aristote n' y eut pas d'influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du {{sp-|VIII|e|au| XII|e}}<ref>Cité par ''Rue89'', 02/05/2008</ref>.


== Filiations traditionnelles ==
== Filiations traditionnelles ==

Version du 1 septembre 2008 à 19:15

Modèle:Boite Groupe ethnique

Les Arabes sont un groupe ethnique de personnes anthropologiquement différents les uns des autres, qui s’identifient par des liens entre autres linguistiques ou culturels, réparties sur une vaste zone qui s’étend d’Oman à la Mauritanie. Les Arabes font partie des peuples sémites.

Étymologie

Le radical ʿarab, en arabe, pourrait désigner « l’homme du désert » ou encore « l’homme qui a traversé le desert » ; dans cette acception il représenterait l’identité bédouine, au sens strict, c’est-à-dire l’ensemble des tribus nomades vivant de pastoralisme en Arabie[réf. nécessaire]. Ce radical pourrait également désigner « le lieu où le soleil se couche » (cf. Érèbe, la ténèbre), c’est-à-dire l’Occident[réf. nécessaire]. Arabe et Europe pourraient provenir du sémitique ereb, qui signifie « coucher du soleil » (donc occident) ; cette hypothèse n’est aujourd’hui plus retenue.

Définitions du terme

En bleu : pays membres de la Ligue Arabe.

L’identité arabe peut reposer sur un ou plusieurs critères.

Selon Mohammed Benrabah, certaines personnes arabophones ne se reconnaissent pas dans ces définitions, notamment au Maroc et en Algérie, et se considèrent comme des Berbères arabisés[1].

Selon Sati al Housri, un des pères du nationalisme arabe, « est Arabe celui qui parle arabe, qui se veut Arabe et qui se dit Arabe. »

Utilisations exonymiques du terme arabe

Le nom est souvent employé pour se rapporter à toute personne originaire du Moyen-Orient ou de l’Afrique du Nord dont la langue maternelle est la langue arabe. De ce fait, ni les Turcs ni les Iraniens ne sont arabes, puisque les Turcs parlent le turc (langue altaïque comme le mongol) et les Iraniens parlent le persan (une langue indo-européenne).

Par extension, le terme se rapporte à n’importe quelle personne originaire d’une ethnie qui a adopté cette langue sémitique. De telles personnes peuvent n’avoir aucun autre lien avec l’Arabie, que de vivre dans un pays qui fut annexé pendant l’expansion arabe (Syrie, Liban) ou vivre dans un État membre de la Ligue arabe, laquelle comporte des États à majorité non arabe,comme la Mauritanie, ou non-arabophone comme la Somalie, les Comores et Djibouti, ou à majorité arabophone mais où il existe de fortes minorités non arabes comme le Soudan.

Par exemple, les Berbères d’Afrique du Nord sont souvent appelés « Arabes » par méconnaissance en Occident, alors qu’ils ne sont reliés avec l’Arabie en tant que telle que par le fait qu’ils parlent souvent la langue arabe en plus du berbère, leur langue maternelle, l’arabe étant une des langues officielles du pays dans lequel ils vivent et, surtout, la langue liturgique.

Arabes non arabophones

Les Arabes d’Asie centrale et les Arabes d’Indonésie constituent des groupes ethniques distincts, recensés comme tels, mais les recensements ont montré que la majorité des personnes se déclarant « arabes » dans ces pays ne parlent pour la majorité d’entre eux pas cette langue, ou ne la connaissent que comme langue liturgique, non comme langue usuelle, qu’elle soit intra-familiale ou non.

Arabophones non arabes

Les Maltais parlent le maltais, une langue qui au départ est un dialecte arabe proche des dialectes tunisiens, mais ils ne se considèrent pas comme arabes. En effet, le mouvement nationaliste maltais, au XIXe siècle, a construit une origine mythique phénicienne à la langue et à la nation maltaise pour contrer les partisans de l’annexion de Malte à l’Italie en processus d’unification, ces derniers utilisant notamment pour argument que l’arabe était la « langue des musulmans ».

Il existe également des Juifs arabophones pour lesquels l’appellation « Arabes juifs » n’est pas utilisée, sauf parfois pour désigner des tribus arabes de confession juive à l’époque antéislamique ou au début de l’ère islamique (Hégire), ou dans un sens idéologique, pour désigner par exemple des Juifs non sionistes se considérant comme Judéo-arabes, par exemple Abraham Serfaty au Maroc ou Ilan Halévi, membre de l’Organisation de Libération de la Palestine.

Nombre de Somaliens et de Djiboutiens ont pour seconde langue l’arabe qui est langue officielle dans leur pays.

Parmi les populations berbères des pays dont l’arabe est la langue officielle, il existe des mouvements identitaires berbéristes (Parti démocrate amazigh au Maroc, Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie et Mouvement citoyen des Aarchs en Kabylie, Algérie) qui militent pour la reconnaissance de l’identité berbère. Les populations berbères d’Afrique du Nord, de cultures distinctes et de langues propres (tamazight, chleuh,…) ne sont pas considérées comme arabes. La langue arabe est d’ailleurs fortement rejetée par une partie des populations berbérophones qui la considèrent comme une langue d’oppression politique et culturelle[2].

Peuplement arabe

Famille arabe de Ramallah, en 1905.

Le peuplement originel de la péninsule arabique et du désert s’étendant de la Mésopotamie jusqu’en Syrie est de souche sémite, mais son origine ethnique même est sujette à de nombreux débats. De fait, la présence de ces populations bédouines est très ancienne, puisqu’on retrouve mention de leurs existences dans des textes assyriens et babyloniens datant du IXe siècle av. J.-C. mais aussi dans la Bible. Selon la Bible, ils seraient issus d’une scission des hébreux, leur ancêtre mythique étant Ismaël, frère d’Isaac ancêtre mythique des hébreux.

L’historien Marc Bergé écrivit :

« Les Arabes font leur première apparition dans l’histoire en 854 avant Jésus-Christ : l’arabe Gindibu soutint Bin Idri de Damas (le Ben Hadad II de la Bible) en lui amenant mille chameliers du pays d’Aribi à l’occasion de la bataille de Qarqar […] Peut-être le camp de Gindibu était-il situé au sud-est de Damas. Il est certain que les éléments bédouins de la péninsule arabique - qu’on appelait probablement indifféremment Aram, Eber ou Haribu - devaient être installés à l’origine, dans la région qui s’étend entre la Syrie et la Mésopotamie et qui fut, avec la Syrie le berceau le plus ancien des Sémites"[3]. »

Présents dans la péninsule arabique jusqu’au VIIe siècle, ils ont alors connu une expansion vers le reste du Moyen-Orient, vers l’Afrique du Nord et la péninsule Ibérique portés par leur foi en l’islam qui s’est transmise jusqu’en andalousie.

Conquêtes musulmanes

Toile de Gustave Boulanger Un cavalier arabe

Avant le début de la conquête musulmane, les tribus arabes étaient donc essentiellement nomades, à l’exception notable de quelques régions où les Arabes avaient développé des civilisations urbaines, comme au sud de la péninsule arabique, en Mésopotamie, sur le territoire araméen, où ils avaient créé autant de petits royaumes (Palmyre, Pétra, etc.).

Après la conquête de la péninsule arabique par l’Islam, les Arabes ont conquis aux VIIe et VIIIe siècles les régions voisines du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord. Après leur conversion à l’islam, les Berbères conquirent l’Espagne où ils se sont maintenus près de huit siècles. Ils ont également occupé une petite partie du Sud de la France où ils se sont maintenus un siècle.

La Sicile fut également musulmane pendant près de 250 ans et la majeure partie de ses habitants se convertirent à l’islam jusqu’à ce que les armées chrétiennes et normandes ne récupèrent l’île, fondant le royaume de Sicile. Cette islamisation et cette arabisation furent d’autant plus radicales qu’une immigration berbère importante suivit les famines qui ravagèrent l’Afrique du Nord de 1004-1005 à 1040[4].

Après avoir fondé al-Andalus, les « maures » furent repoussés de la péninsule ibérique lors de la Reconquista. Le Proche-Orient demeure aujourd’hui majoritairement peuplés d’arabes.

Arabes et religions

Si la plupart des Arabes ont embrassé la religion musulmane sunnite, les Arabes restent minoritaires dans l’islam. Les six pays les plus importants, en terme de population majoritairement musulmane, sont l’Indonésie, le Pakistan, le Bengladesh, le Nigeria, la Turquie et l’Iran ; six pays non arabes.

Il existe également près de quinze millions d’Arabes chrétiens dans l’aire géographique arabo-musulmane : en Égypte (de 8 à 16 %), en Syrie (10 %), au Liban (41 %), en Palestine (6 % (11 % avant la diaspora palestinienne)), en Israël, en Jordanie (2,7 %), en Irak (3 %) et en Iran (0,5 %)[5].

Parmi les Arabes du Brésil qui constituent environ 7 % de la population[6] la communauté chrétienne compte environ dix millions d’individus[réf. nécessaire].

Aux États-Unis, la communauté arabe compte environ 3,5 millions, dont environ 63 % des membres sont chrétiens et 24 % musulmans[7]. Leur communauté qui s’est installée dès le début du XXe siècle en provenance de Syrie, du Liban et d’Égypte, regroupe une population peu nombreuse mais très bien intégrée, avec de nombreux exemples de réussites personnelles, tels John Sununu et Ralph Nader dans la politique, Bobby Rahal dans le sport, ou Paul Anka et Frank Zappa dans la musique. Ces dernières années un certain nombres de nouveaux immigrants sont arrivés depuis l’Iran, l’Afghanistan et l’Irak.

Influence arabe

Héritage et transmission du savoir classique

Il est communément admis que intellectuels musulmans avaient traduit les auteurs grecs en arabe et que les versions commentées d’Aristote, de Platon ou d'autres sont parvenues en Europe avec des annotations des penseurs musulmans qui ont ainsi contribué d’une certaine manière au mouvement des idées sans en avoir été pour autant les importateurs exclusifs. La latinisation de leur nom peut montrer leur influence auprès des savants européens[8] : Ibn Rushd est devenu Averroès, Ibn Sina Avicenne, Ibn Tufayl Abubacer, Ibn Bajjah Avempace, Hunayn ibn Ishaq Johannitius,...

L'Islam a rapidement conquis la Perse sassanide et la majeure partie de la chrétienté orientale où chrétiens et juifs reçoivent le statut de protégés soumis à l'impôt[9]. Les conquérants exigent également de leurs tributaires une contribution intellectuelle qui nourrira cette civilisation naissante en puisant dans les trésors de la pensée antique. La Syrie était alors le principal centre de la pensée hellénique depuis que Justinien avait fermé les écoles d’Athènes. Les ouvrages grecs étaient traduits en syriaque, une forme tardive d'araméen, dans un mouvement qui s'amplifia après la conquête musulmane. A l'exception de quelques œuvres traduites directement du grec en arabe, on traduisait généralement des textes grecs traduits en syriaque[10].

Les Califes abbassides créent au début du IXe siècle un atelier de traduction appelé Bayt al Hikma (Maison de la sagesse) à Bagdad et envoient des caravanes à Byzance pour acquérir les manuscrits grecs à prix d’or. Ce mouvement de traduction inclut des ouvrages de tant de médecine, de logique ou de philosophie grecques que de littérature persane ou d'astronomie indienne qui, synthétisées à travers l’islam, font émerger une nouvelle culture philosophique et scientifique arabe appelée l’adab, imprimant un essor nouveau aux savoirs en général et à la science en particulier[11].

Les textes sont d’abord traduits en syriaque, puis du syriaque en arabe. Parmi les traducteurs fameux, on peut mentionner au IXe siècle le médecin Hunayn ibn Ishaq[12] qui transcrit les corpus médicaux d’Hippocrate et de Galien, qui serviront de base au Canon de médecine d’Avicenne qui sera lui-même traduit en latin et fera autorité durant cinq siècles. D'autres personnalités d'importance sont à mentionner tels al-Farabi[13] qui donne une interprétation d’Aristote et de Platon harmonisant les deux philosophies ou encore le savant al-Biruni [14], qui décrit l’histoire de l’Univers dans la tradition grecque. Enfin, l'oeuvre d'Averroes, philosophe, théologien et savant musulman du XIIe siècle[15], commentateur des œuvres d'Aristote, soulève des débats passionnés qui trouvent autant de partisans que de détracteurs et aura une influence telle dans l'occident médiéval qu'on parle d'averroïsme.

Les traductions d'Aristote et de d’autres ouvrages antiques gagnent l’Espagne sarrasine et en Sicile où l'on traduit activement les œuvres de l’arabe en latin. Tolède, reprise aux Arabes en 1085, devient un lieu de contacts féconds entre culture arabe et monde chrétien : de 1130 à 1150, l' archevêque Raymond d’Agen emploie des médiateurs juifs qui, en plus de l'hébreu savent l’arabe, le castillan, le latin ou encore des savants chrétiens comme Gérard de Crémone. Ainsi les auteurs anciens et les commentaires arabes pénètrent en occident influençant profondément la pensée des auteurs chrétiens comme Albert le Grand et des Thomas d’Aquin[16].

Cette théorie est aujourd’hui partiellement contestée par des historiens comme Jacques Heers ou Sylvain Gougenheim[17] qui, allant à contre-courant de la recherche contemporaine[18], explique dans un ouvrage fort critiqué par ses pairs[19], qu'à côté de la transmission arabe il aurait existé une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont-Saint-Michel aurait été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise[20]. L'historien confirme néanmoins la reprise par le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs mais considère que la pensée d'Aristote n' y eut pas d'influence dans les secteurs de la politique et du droit, du moins du VIIIe au XIIe siècle[21].

Filiations traditionnelles

Selon les traditions biblique et coranique, les Arabes sont un ensemble de tribus de souches sémite (c’est-à-dire descendant de Sem), et chamitique.

Certaines descendent de Qahtan (Yoktan), fils d’Éber, appelés « al-ʿArabu’l-ʿAriba », (c’est-à-dire « les Arabes arabes » ou « Purs Arabes ») ou « mutʿarib ». Les poèmes arabes préislamiques évoquent différentes tribus arabes. C’est par ces poèmes qui ont traversés les siècles grâce à la tradition orale que l’on connaît aujourd’hui les deux grandes tribus fondatrices de la culture arabe : ’Abs et Doubian. D’autres tribus, présentes plus tardive, les Ismaélites - d’où sont issus les Banu Quraych selon la tradition arabe, descendent d’Ismaël, le fils aîné du patriarche Abraham, qui s’installa dans le pays. Sa mère Agar lui procura une épouse égyptienne (descendant donc de Cham par Mistraïm, selon la Bible). Ils furent appelés par les premiers « mustʿarib » (مستعرب), c’est-à-dire « arabisants ».

La tradition affirme l’existence d’anciennes tribus arabes disparues à l’époque des deux précédentes, appelés « Al-Arabu’l-Baida », c’est-à-dire « les Arabes disparus ».

Citations

« Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l'on n'en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l'influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus grands empire de l'histoire. »

— Gustave Le Bon, La Civilisation des Arabes (1884)

Notes et références

  1. Mohammed Benrabah, Langue et pouvoir en Algérie, Seguier, 1999
  2. [3] , Langue et pouvoir en Algérie. Histoire d’un traumatisme linguistique.
  3. Marc Bergé, Les Arabes, p.20
  4. La Sicile musulmane
  5. (en)Chrétiens du Moyen-Orient, dossier sur le site de la BBC
  6. (en)Marina Sarruf, Arabs Love Brazil, Brazil-Arab News Agency, septembre 2004
  7. (en)The Arab American Institute, chiffres de 2002
  8. Maurice-Ruben Hayoun,Quelles sont les racines culturelles de l'Europe ?, in Tribune de Genève, 17/05/2008,article en ligne
  9. Dhimma
  10. Jean-François Monteil, La Transmission d’Aristote par les Arabes à la chrétienté occidentale, in Entre deux rives, trois continents., éd. Maison des Sciences de lʼHomme dʼAquitaine, 2004 article téléchargeable
  11. Annie Vernay-Nouri (coord. scientifique), Dossier pédagogique de l'exposition al-Idrîsî, la Méditerranée au XIIe siècle, dossier en ligne
  12. Connu en occident sous le nom de Johannicius, c'était un nestorien arabe
  13. 872 - 950
  14. 973 - 1048
  15. ~1126 - 1198
  16. Jean-François Monteil, La Transmission d’Aristote par les Arabes à la chrétienté occidentale, op. cit.
  17. Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe., éd. Seuil, Paris, 2008
  18. AA.VV., Oui, l’Occident chrétien est redevable au monde islamique, in Libération, 30/04/2008, article en ligne
  19. Pascal Riché, Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam, in Rue89, 02/05/2008, article en ligne
  20. Selon le conservateur des manuscrits médiévaux des traités d'Aristote à Avranches, cette théorie relève du roman, les renseignements sur Jacques de Venise étant pratiquemment inexistants et le Mont-saint-Michel traversant une période troublée à cette époque; cf Jérôme Cordelier, Les mystères du Mont-Saint-Michel, in Le Point, 31/07/2008, article en ligne
  21. Cité par Rue89, 02/05/2008

Bibliographie

  • Les Arabes d’hier à demain, Jacques Berque, Paris, Seuil, 1960
  • La pensée arabe, Mohammed Arkoun, Paris, PUF, 1975
  • Histoire des Arabes, Dominique Sourdel, Paris, PUF (collection « Que sais-je ? », n°915), 1976
  • Les Arabes, Maxime Rodinson, PUF, 1979
  • Les Arabes du message à l’Histoire, sous la direction de Dominique Chevalier et André Miquel, Fayard, 1995

Articles connexes

Liens externes

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