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« Le Monde diplomatique » : différence entre les versions

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'''''Le Monde diplomatique''''' est un [[journal|mensuel]] [[France|français]] d'information et d'opinion.
'''''Le Monde diplomatique''''' est un [[journal|mensuel]] [[France|français]] d'information et d'opinion.


Fondé en [[mai]] [[1954]] par [[Hubert Beuve-Méry]] comme supplément au quotidien ''[[Le Monde]]'', il était destiné aux « cercles [[diplomatie|diplomatiques]] et aux grandes [[organisations internationales]] ». Créé sur l'initiative d'un ancien diplomate d'origine [[Hongrie|hongroise]] devenu journaliste, [[François Honti]], c'est aujourd'hui une [[filiale]] dont la rédaction est indépendante du groupe [[Le Monde]]. En 2007, l'édition [[français]]e tire à 245 901 exemplaires.
Fondé en [[mai]] [[1954]] par [[Hubert Beuve-Méry]] comme supplément au quotidien ''[[Le Monde]]'', il était destiné aux « cercles [[diplomatie|diplomatiques]] et aux grandes [[organisations internationales]] ». Créé sur l'initiative d'un ancien diplomate d'origine [[Hongrie|hongroise]] devenu journaliste, [[François Honti]], c'est aujourd'hui une [[filiale]] rédactionnellement indépendante du groupe [[Le Monde]]. En 2007, l'édition [[français]]e tire à 245 901 exemplaires.


== Données sur la structure et le capital ==
== Données sur la structure et le capital ==
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Autrefois simple supplément du quotidien, le « ''Diplo'' » a acquis progressivement son autonomie. Suite à l'accession à la direction du ''[[Le Monde|Monde]]'' de [[Jean-Marie Colombani]], il en devient en 1996 une [[filiale]] à hauteur de 51 %.
Autrefois simple supplément du quotidien, le « ''Diplo'' » a acquis progressivement son autonomie. Suite à l'accession à la direction du ''[[Le Monde|Monde]]'' de [[Jean-Marie Colombani]], il en devient en 1996 une [[filiale]] à hauteur de 51 %.


Le reste du capital est détenu par l'association des ''Amis du Monde diplomatique'' représentant les lecteurs (24,5 %), et par l'équipe rédactionnelle du journal (24,5 %) regroupée au sein de l'Association [[Günter Holzmann|Günter-Holzmann]], du nom d'un donateur qui permit le lancement de cette opération. Ensemble, ces parts sont supérieures à la [[minorité de blocage]] (33,34 %) et confèrent au journal une relative indépendance politique vis-à-vis du groupe ''Le Monde''. Par exemple, le directeur de la publication n'est éligible que sur proposition des personnels du journal.
Le reste du capital est détenu par l'association des ''Amis du Monde diplomatique'' représentant les lecteurs (24,5 %), et par l'équipe rédactionnelle du journal (24,5 %) regroupée au sein de l'Association [[Günter Holzmann|Günter-Holzmann]], du nom d'un généreux donateur qui permit le lancement de cette opération. Ensemble, ces parts sont supérieures à la [[minorité de blocage]] (33,34 %) et confèrent au journal une relative indépendance politique vis-à-vis du groupe ''Le Monde''. Par exemple, le directeur de la publication n'est éligible que sur proposition des personnels du journal.


Bien que l'indépendance économique du ''Monde diplomatique'' vis-à-vis du groupe ''Le Monde'' soit limitée, la ligne éditoriale du journal est devenue largement autonome de celle du quotidien depuis l'arrivée de [[Claude Julien]] à la direction de la rédaction en 1973. Par ailleurs, le « ''Diplo'' » affirme préserver sa ligne éditoriale vis-à-vis des pressions des annonceurs en limitant la part de ses revenus générée par la [[publicité]]. De fait, la part de revenu provenant de la publicité est limitée à 5 %<ref>[[Ignacio Ramonet]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/RAMONET/14331 « Menaces sur l'information »], ''Le Monde diplomatique'', janvier 2007.</ref>, chiffre largement inférieur aux autres journaux dont en moyenne la moitié du chiffre d'affaires provient de la publicité.
Bien que l'indépendance économique du ''Monde diplomatique'' vis-à-vis du groupe ''Le Monde'' soit limitée, la ligne éditoriale du journal est devenue largement autonome de celle du quotidien depuis l'arrivée de [[Claude Julien]] à la direction de la rédaction en 1973.
<!-- BOUH affreux POV du journal sur lui-même -->
Par ailleurs, le « ''Diplo'' » affirme préserver sa ligne éditoriale vis-à-vis des pressions des annonceurs en limitant la part de ses revenus générée par la [[publicité]]. De fait, la part de revenu provenant de la publicité est limitée à 5 %<ref>[[Ignacio Ramonet]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/RAMONET/14331 « Menaces sur l'information »], ''Le Monde diplomatique'', janvier 2007.</ref>, chiffre largement inférieur aux autres journaux dont en moyenne la moitié du chiffre d'affaires provient de la publicité.
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Une équipe de neuf journalistes permanents (en 2006) assure la rédaction d'une petite partie des articles, la majorité étant écrite par des journalistes indépendants ou des [[intellectuel]]s (universitaires, écrivains) d'origines et de nationalités variées.
Une équipe de neuf journalistes permanents (en 2006) assure la rédaction d'une petite partie des articles, la majorité étant écrite par des journalistes indépendants ou des [[intellectuel]]s (universitaires, écrivains) d'origines et de nationalités variées.
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== Ligne éditoriale ==
== Ligne éditoriale ==


Le ''Monde diplomatique'' traite une grande variété de sujets d'importance [[Monde (univers)|planétaire]], et en premier lieu des relations internationales, mais aussi de sujets culturels (articles traitant par exemple de la musique [[techno]]<ref>Sylvain Desmille, [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/DESMILLE/11654.html « La vague aléatoire de la musique techno »], ''Le Monde diplomatique'', février 1999.</ref> ou encore de la radio californienne [[KPFA]], emblème de la [[contre-culture]] américaine<ref>Barbara Epstein, [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/10/EPSTEIN/12559.html « KPFA, la radio californienne qui résiste »], ''Le Monde diplomatique'', octobre 1999.</ref>). C'est un journal de documentation, d'investigation et d'opinion.
Le ''Monde diplomatique'' traite une grande variété de sujets d'importance [[Monde (univers)|planétaire]], et en premier lieu des relations internationales, mais aussi de sujets culturels (articles traitant par exemple de la musique [[techno]]<ref>Sylvain Desmille, [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/DESMILLE/11654.html « La vague aléatoire de la musique techno »], ''Le Monde diplomatique'', février 1999.</ref> ou encore de la radio californienne [[KPFA]], emblème de la [[contre-culture]] américaine<ref>Barbara Epstein, [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/10/EPSTEIN/12559.html « KPFA, la radio californienne qui résiste »], ''Le Monde diplomatique'', octobre 1999.</ref>).


<!-- BOUH affreux POV -->
Jadis tenant d'une ligne éditoriale [[Tiers-mondisme|tiers-mondiste]], caractérisée dans les années 1960 par l'intérêt porté aux nouveaux États nés des luttes de [[décolonisation]], le journal se veut critique de tout [[impérialisme]], entre autres [[Empire américain|américain]]. Depuis la fin de la [[guerre froide]], le journal s'est rapproché du mouvement [[altermondialiste]], se faisant l'un des hérauts de la critique de la [[mondialisation économique|mondialisation]] [[néolibéralisme|néo-libérale]]. Il a ainsi soutenu la lutte des [[zapatistes]], mouvement de guérilla mexicaine proclamé en 1995, le jour même de la mise en vigueur de l'[[ALENA]] (Accord de Libre-Échange d'Amérique du Nord), entre autre en publiant des articles du [[sous-commandant Marcos]]<ref>Le [[sous-commandant Marcos]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/MARCOS/14136 « Le fascisme libéral »], ''Le Monde diplomatique'', août 2000.</ref>.
=== Anti-libéral, acteur de la fondation d'[[ATTAC]] ===
Jadis tenant d'une ligne éditoriale [[Tiers-mondisme|tiers-mondiste]], caractérisée dans les années 1960 par l'intérêt porté aux nouveaux États nés de la [[décolonisation]], le journal se veut critique de tout [[impérialisme]], entre autres [[Empire américain|américain]]. Depuis la fin de la [[guerre froide]], le journal s'est rapproché du mouvement [[alter-mondialisation]], se faisant l'un des hérauts de la critique de la [[mondialisation économique|mondialisation]] "[[néolibéralisme|néo-libérale]]". Il a ainsi soutenu la lutte des [[zapatistes]], mouvement de guérilla mexicaine proclamé en 1995, le jour même de la mise en vigueur de l'[[ALENA]] (Accord de Libre-Echange d'Amérique du Nord), entre autres en publiant des articles du [[sous-commandant Marcos]]<ref>Le [[sous-commandant Marcos]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/MARCOS/14136 « Le fascisme libéral »], ''Le Monde diplomatique'', août 2000.</ref>.


L'éditorial célèbre d'[[Ignacio Ramonet]], publié en 1995, a ainsi mis en circulation le terme de « [[pensée unique]] » pour critiquer le dogme néolibéral<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/1995/01/RAMONET/1144 « La pensée unique »], éditorial du ''Monde diplomatique'' en [[1995]].</ref>. Ainsi, [[Ignacio Ramonet]] pouvait écrire dans un éditorial :
L'éditorial célèbre d'[[Ignacio Ramonet]], publié en 1995, a ainsi mis en circulation le terme de « [[pensée unique]] » pour critiquer le dogme néolibéral<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/1995/01/RAMONET/1144 « La pensée unique »], éditorial du ''Monde diplomatique'' en [[1995]].</ref>. Ainsi, [[Ignacio Ramonet]] pouvait écrire dans un éditorial :
: « À cet égard, la [[République populaire de Chine|Chine]] constitue un cas d’école et anticipe sur la question qui se posera demain à propos de l’[[Inde]], du [[Brésil]], de la [[Russie]] ou de l’[[Afrique du Sud]] : comment arracher des milliards de personnes à la détresse du [[sous-développement]] sans les plonger dans un modèle productiviste et de consommation « à l’[[occident]]ale », néfaste pour la planète et mortel pour l’ensemble de l’humanité ? »<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/RAMONET/11350 « Chine, mégapuissance »], ''Le Monde diplomatique'', août 2004.</ref>
: « À cet égard, la [[République populaire de Chine|Chine]] constitue un cas d’école et anticipe sur la question qui se posera demain à propos de l’[[Inde]], du [[Brésil]], de la [[Russie]] ou de l’[[Afrique du Sud]] : comment arracher des milliards de personnes à la détresse du [[sous-développement]] sans les plonger dans un modèle productiviste et de consommation « à l’[[occident]]ale », néfaste pour la planète et mortel pour l’ensemble de l’humanité ? »<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/RAMONET/11350 « Chine, mégapuissance »], ''Le Monde diplomatique'', août 2004.</ref>


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Soucieuse de maintenir son indépendance vis-à-vis de toute organisation politique (partisane, syndicale, associative ou religieuse) jusqu'à la fin des années 1990, la rédaction a pris une part active dans l'émergence, en France, de la nébuleuse [[altermondialiste]]. Ainsi, c'est à la suite de la parution d'un éditorial écrit par [[Ignacio Ramonet]] en décembre 1997 que fut créée l'association [[ATTAC]]<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2006-09-12-communique « ''Le Monde diplomatique'' et ATTAC »], article paru dans ''Le Monde diplomatique'' de septembre 2006.</ref>. La lutte d'ATTAC contre les [[paradis fiscaux]] et le [[secret bancaire]] a été partiellement relayé dans le journal<ref>[[Jean Ziegler]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2001/02/ZIEGLER/14846 « Mort programmée du secret bancaire suisse »], ''Le Monde diplomatique'', février 2001.</ref>. Le journal est également à l'initiative et membre fondateur de l'[[Observatoire français des médias]], créé à la suite du [[Forum social mondial]] de [[Porto Alegre]] en 2002.
La rédaction a pris une part active dans l'émergence, en France, de la nébuleuse [[altermondialiste]]. Ainsi, c'est à la suite de la parution d'un éditorial écrit par [[Ignacio Ramonet]] en décembre 1997 que fut créée l'association [[ATTAC]]<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2006-09-12-communique « ''Le Monde diplomatique'' et ATTAC »], article paru dans ''Le Monde diplomatique'' de septembre 2006.</ref>. Le journal a relayé des campagnes d'ATTAC (par exemple contre les [[paradis fiscaux]] et le [[secret bancaire]]<ref>[[Jean Ziegler]], [http://www.monde-diplomatique.fr/2001/02/ZIEGLER/14846 « Mort programmée du secret bancaire suisse »], ''Le Monde diplomatique'', février 2001.</ref>. Le journal est également à l'initiative et membre fondateur de l'[[Observatoire français des médias]], créé à la suite du [[Forum social mondial]] de [[Porto Alegre]] en 2002.


<!-- BOUH affreux POV du diplo sur lui-même -->
''Le Monde diplo'' critique en détail ce que le philosophe [[Toni Negri]] appelle « l'[[Empire]] » néolibéral, concept qui englobe non seulement les États-Unis ou la [[Triade (économie)|Triade]] (États-Unis, Union européenne, Japon) mais aussi l'ensemble des [[institutions internationales]] ([[Fonds monétaire international|FMI]], [[Banque mondiale]], [[Organisation mondiale du commerce|OMC]], etc.). Il publie aussi régulièrement des articles critiquant l'[[oligarchie]] française ou l'« [[bourgeoisie|hyperbourgeoisie]] » mondiale<ref>[[Denis Duclos]], [http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/DUCLOS/10778.html « Naissance de l’hyperbourgeoisie »], ''Le Monde diplomatique'', août 1998.</ref>. Certains articles dénoncent un (supposé) peu d'empressement de la [[Commission des opérations de bourse|COB]] (Commission des opérations de bourse) à signaler à la justice les opérations douteuses<ref name=Ar/>, ou bien les façons multiples qu'ont certains milliardaires (dont [[François Pinault]]<ref name=Ar>Olivier Toscer, [http://www.monde-diplomatique.fr/2003/12/TOSCER/10865 « Argent public, fortunes privées »], ''Le Monde diplomatique'', décembre 2003.</ref>) d'éviter de payer l'[[impôt sur le revenu]].
''Le Monde diplo'' critique en détail ce que le philosophe [[Toni Negri]] appelle « l'[[Empire]] » néolibéral, concept qui englobe non seulement les États-Unis ou la [[Triade (économie)|Triade]] (USA, Union Européenne, Japon) mais aussi l'ensemble des [[institutions internationales]] ([[Fonds monétaire international|FMI]], [[Banque mondiale]], [[Organisation mondiale du commerce|OMC]], etc.). Il publie aussi régulièrement des articles critiquant l'[[oligarchie]] française ou l'« [[bourgeoisie|hyperbourgeoisie]] » mondiale<ref>[[Denis Duclos]], [http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/DUCLOS/10778.html « Naissance de l’hyperbourgeoisie »], ''Le Monde diplomatique'', août 1998.</ref>. Certains articles dénoncent un (supposé) peu d'empressement de la [[Commission des opérations de bourse|COB]] (Commission des opérations de bourse) à signaler à la justice les opérations douteuses<ref name=Ar/>, ou bien les façons multiples qu'ont certains milliardaires (dont [[François Pinault]]<ref name=Ar>Olivier Toscer, [http://www.monde-diplomatique.fr/2003/12/TOSCER/10865 « Argent public, fortunes privées »], ''Le Monde diplomatique'', décembre 2003.</ref>) d'éviter de payer l'[[impôt sur le revenu]].

=== Pro-palestinien ===

Au sujet du [[conflit israélo-palestinien]], le ''Monde diplomatique'' a adopté une ligne très critique à l'égard de la politique de l'État d'[[Israël]]. En particulier, le journal reproche à ce dernier de ne pas avoir respecté les différentes résolutions du [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] et de l'[[Assemblée générale des Nations unies|Assemblée générale]] de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] depuis [[1947]] ainsi que sa politique de [[colonie israélienne|peuplement]] des [[territoires palestiniens occupés]].

Il ouvre régulièrement ses colonnes à des personnalités pro-palestiniennes, comme le journaliste [[Michel Warschawski]], la cinéaste [[Simone Bitton]], le médecin et ancien président de [[Médecins sans frontières]] [[Rony Brauman]], le journaliste [[Uri Avnery]] et l'historien [[Postsionisme|post-sioniste]] [[Ilan Pappé]]. Le ''Monde diplomatique'' donne également la parole à plusieurs tendances de la gauche israélienne &nbsp;: [[Amram Mitzna]] ou [[Yossi Beilin]] du [[Parti travailliste (Israël)|Parti travailliste israélien]] mais aussi à des intellectuels palestiniens&nbsp;: Edward Saïd, [[Mahmoud Darwich]] ou [[Fayçal Husseini]].

Une étude de Samuel Ghiles-Meilhac, parue en 2006, retrace l'histoire du ''Monde diplo'' et de ses prises de position, en particulier à l'égard du Moyen-Orient<ref>Samuel Ghiles-Meilhac, Le Monde diplomatique ''et Israël, 1954-2005. Histoire moderne de l’État juif à travers un journal français de référence'', Éd. Le Manuscrit, 2006.</ref>. Samuel Ghiles-Meilhac rappelle qu’en 1954 le « Journal des cercles consulaires et diplomatiques », mensuel au service des diplomates, était favorable à [[Israël]], de même que le [[Ministère des Affaires étrangères (France)|Ministère des Affaires étrangères]]. Mais tout comme le Ministère des Affaires étrangères après la [[guerre des Six-Jours]], le journal a changé après 1967. Sous la direction de [[Claude Julien]], il est devenu, selon Samuel Ghiles-Meilhac, un journal de la gauche radicale,
« se revendiquant engagé et militant, caution intellectuelle de la gauche tiers-mondiste, élément central du mouvement français de solidarité avec les Palestiniens ». D'après Samuel Ghiles-Meilhac, beaucoup de collaborateurs du journal sont engagés dans le soutien de la cause palestinienne : [[Amnon Kapeliouk]], [[Joseph Algazy]], [[Michel Warchawski]], [[Samir Kassir]], [[Éric Rouleau]], [[Edward Saïd]], [[Étienne Balibar]], [[Alain Gresh]], [[Dominique Vidal]] et [[Serge Halimi]].

=== Pro-Cuba, pro-Chavez ===
La ligne anti-impérialisme américain se développe tout naturellement en Amérique du sud, champ privilégié de l'influence américaine. Le journal défend Castro et Chavez, quitte à prêter le flanc à une critique en complaisance excessive. Le journal désapprouve les violations des droits de l'homme à Cuba, mais il les relativise (par rapport à d'autres pays), les explique et les justifie par les pressions américaine et le « blocus » (sic<ref>, dans la terminologie du journal, reprenant à ce sujet la [[propagande]] cubaine</ref>) américain sur Cuba.

=== Anti-répressif ===

Le journal critique la « pression sécuritaire », spécialement celle qui pèse sur les « jeunes issus de l'immigration » en France <ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/BOUAKRA/14205 Mineurs « dangereux » et juges « laxistes »]</ref> et plus généralement dans le monde celle dont les [[attentats du 11 septembre 2001]] a été l'occasion au motif de l'antiterrorisme <ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2004/03/RAMONET/10722 « Antiterrorisme »], ''Le Monde diplomatique'', mars 2004.</ref>. Sans nuance quand il s'agit de la France ou des USA, cette ligne éditoriale s'adapte aux autres conceptions du journal quand c'est nécessaire, notamment lorsqu'il voit dans l'"impérialisme américain" ou "néo-libéral" la vraie cause profonde du problème<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/LEMOINE/13923 Demain, Cuba...]</ref>. Il dénonce le financement étasunien de [[Reporters sans frontières]]<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/LEMOINE/15607 à propos de "La face cachée de Reporters sans frontières"</ref>.

=== Une conception de l'Histoire ===

Le mensuel se veut engagé dans la lutte contre le [[révisionnisme historique]], notamment pour rappeller si nécessaire les réalités du [[génocide des Juifs européens]], les massacres et deshumanisations coloniaux ou liés au [[colonialisme]] ([[massacre du 17 octobre 1961]], critique des [[zoos humains]] <ref>Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, [http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BANCEL/14145 « Ces zoos humains de la République coloniale »], ''Le Monde diplomatique'', août 2000.</ref> ou de la façon dont la République gère les [[archives]]<ref>[[Claude Liauzu]], [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/LIAUZU/11629.html « Les archives bâillonnées de la guerre d’Algérie »], ''Le Monde diplomatique'', février 1999.</ref>, etc.). Le journal publia néanmoins une critique du travail de Pascal Blanchard<ref>Claude Liauzu, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/04/LIAUZU/14643 « Manipulations de l’histoire »], ''Le Monde diplomatique'', avril 2007.</ref>, qui eut toutefois le dernier mot<ref>Pascal Blanchard, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/05/A/14686 « "Manipulations de l’histoire" »], ''Le Monde diplomatique'', mai 2007.</ref>.

Le journal va plus loin, et ouvre ses colonnes à [[Annie Lacroix-Riz]] pour défendre la mémoire de [[Staline]] salie par le "révisionnisme khroutchévien" et contester la réalité de l'[[holodomor]], dont le journal dénonce par ailleurs les motivations <ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHAUVIER/15047 Comment les nationalistes ukrainiens réécrivent l’histoire]</ref>. [[Annie .

== Désaccords au sein de la rédaction ==

Fin 2005, des désaccords apparaissent au sein de l'association [[ATTAC]], recoupant ceux au sein du ''Monde diplomatique''. Les divergences entre [[Bernard Cassen]], [[Jacques Nikonoff]], [[Ignacio Ramonet]] et [[Maurice Lemoine]] d'une part, [[Dominique Vidal]] et [[Alain Gresh]] d'autre part, amènent ces derniers à démissionner en janvier 2006 de leur poste de directeurs de rédaction du ''Monde diplomatique'', restant membres de la rédaction comme journalistes.

<!-- BOUH affreux POV de Libération -->
Le quotidien ''[[Libération (journal)|Libération]]'' estime que « Alain Gresh et Dominique Vidal se situent dans un courant de « gauche internationaliste » qui s'oppose à une mouvance [[chevènement]]iste ou « nationale-républicaine », où l'on retrouve, avec des nuances, Bernard Cassen et le nouveau rédacteur en chef, Maurice Lemoine. »<ref>Olivier Costemalle, [http://www.liberation.fr/page.php?Article=349622 « Attac diplomatique à la direction du ''Monde diplo'' »], ''Libération'', [[7 janvier]] [[2006]].</ref> Toujours selon le quotidien, les tensions viennent notamment de divergences sur la question de la [[laïcité]] et du [[Voile (vêtement)|voile]], la position de Ignacio Ramonet au sujet du régime cubain et de désaccords au sujet des [[Forces armées révolutionnaires de Colombie|FARC]] colombiens.


Il se veut aussi un défenseur des [[libertés individuelles]], critiquant la « dérive sécuritaire » suite aux [[attentats du 11 septembre 2001]]<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2004/03/RAMONET/10722 « Antiterrorisme »], ''Le Monde diplomatique'', mars 2004.</ref>. Cette défense reste dans la ligne éditoriale, et le journal n'oublie jamais de pas de dénoncer un impérialisme américain s'il y voit la vraie cause profonde du problème<ref>http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/LEMOINE/13923 Demain, Cuba...</ref>.


Le mensuel se veut aussi engagé dans la lutte contre le [[révisionnisme historique]]. Il aussi bien en ce qui concerne le [[génocide des Juifs européens]] que les [[colonialisme|massacres coloniaux]] ou liés au colonialisme ([[massacre du 17 octobre 1961]], critique des [[zoos humains]] <ref>Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, [http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BANCEL/14145 « Ces zoos humains de la République coloniale »], ''Le Monde diplomatique'', août 2000.</ref> ou de la façon dont la République gère les [[archives]]<ref>[[Claude Liauzu]], [http://www.monde-diplomatique.fr/1999/02/LIAUZU/11629.html « Les archives bâillonnées de la guerre d’Algérie »], ''Le Monde diplomatique'', février 1999.</ref>, etc.). Le journal publia néanmoins une critique du travail de Pascal Blanchard<ref>Claude Liauzu, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/04/LIAUZU/14643 « Manipulations de l’histoire »], ''Le Monde diplomatique'', avril 2007.</ref>, qui eut toutefois le dernier mot<ref>Pascal Blanchard, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/05/A/14686 « "Manipulations de l’histoire" »], ''Le Monde diplomatique'', mai 2007.</ref>.


<!-- boah, finalement cette section "débat" n'est qu'un gros ramassis de POV et une fois supprimés ces POV, la section est vide. -->
== Débats autour du ''Monde diplomatique'' ==
== Débats autour du ''Monde diplomatique'' ==
{{POV}}
''ce qui suit est essentiellement l'oeuvre de fans du journal ne tolérant la critique qu'une fois qu'elle est "neutralisée" (non eu sens wikipédien, mais au sens usuel, i.e. réduite à néant), et doit donc pris avec les précautions adéquates''


=== Critiques de la ligne éditoriale ===
=== Critiques de la ligne éditoriale ===

<!-- POV des anticastristes -->
==== Accusations de complaisance avec Fidel Castro ====
==== Accusations de complaisance avec Fidel Castro ====
[[Philippe Val]], rédacteur en chef de ''[[Charlie Hebdo]]'' et co-fondateur d'[[ATTAC]], a accusé la rédaction du ''Monde diplomatique'', et [[Ignacio Ramonet]] en particulier, d'une amitié avec les dirigeants [[Fidel Castro]] et [[Hugo Chávez]]<ref>Deux de ses éditoriaux ont été critiqués par l'association [[Acrimed]]&nbsp;: [http://www.acrimed.org/article2004.html « Quand Philippe Val, analyste « complexe », prétend soutenir Ingrid Betancourt »] et [http://www.acrimed.org/article1419.html « Philippe Val se charge de l’épuration de l’Observatoire français des médias »]</ref>. [[Bernard-Henri Lévy]] dénonce lui aussi une position qui serait selon lui modérée vis-à-vis du régime communiste de Fidel Castro à [[Cuba]]. Le journal n'hésite cependant pas à évoquer les dérives autoritaires du régime castriste : « Au début du mois d’avril 2003, […] le monde apprenait les peines inacceptables prononcées à [[La Havane]] contre des opposants non violents. »<ref>Gianni Minà, [http://www.monde-diplomatique.fr/2003/06/MINA/10217 « Cuba, le syndrome de l’île assiégée »], ''Le Monde diplomatique'', juin 2003.</ref>
[[Philippe Val]], rédacteur en chef de ''[[Charlie Hebdo]]'' et co-fondateur d'[[ATTAC]], a accusé la rédaction du ''Monde diplomatique'', et [[Ignacio Ramonet]] en particulier, d'une amitié avec les dirigeants [[Fidel Castro]] et [[Hugo Chávez]] ;
<ref>Deux de ses éditoriaux ont été critiqués par l'association [[Acrimed]], que le journal &nbsp;: [http://www.acrimed.org/article2004.html « Quand Philippe Val, analyste « complexe », prétend soutenir Ingrid Betancourt »] et [http://www.acrimed.org/article1419.html « Philippe Val se charge de l’épuration de l’Observatoire français des médias »]</ref>. [[Bernard-Henri Lévy]] dénonce lui aussi une position qui serait selon lui modérée vis-à-vis du régime communiste de Fidel Castro à [[Cuba]]. Certes, le journal évoque et dénonce les dérives autoritaires du régime castriste, mais les lie à : « Au début du mois d’avril 2003, […] le monde apprenait les peines inacceptables prononcées à [[La Havane]] contre des opposants non violents. »<ref>Gianni Minà, [http://www.monde-diplomatique.fr/2003/06/MINA/10217 « Cuba, le syndrome de l’île assiégée »], ''Le Monde diplomatique'', juin 2003.</ref>


Au sujet de ces accusations, Ignacio Ramonet dénonce un « anticastrisme primaire » et répond en avril 2002 :
Au sujet de ces accusations, Ignacio Ramonet dénonce un « anticastrisme primaire » et répond en avril 2002 :
:« Sur le plan des libertés ''[à Cuba]'', les choses sont loin d'être satisfaisantes, comme ''Le Monde diplomatique'' n'a pas manqué de le signaler. Et le dernier rapport d'[[Amnesty International]] sur Cuba constate qu'« au moins treize personnes considérées par Amnesty International comme des prisonniers d’opinion se trouvaient derrière les barreaux à la fin de l’année [[2000]] ». C'est grave [...] mais c'est loin d'être le « [[goulag]] » annoncé. Le rapport ne signale ni [[torture]], ni « disparition », ni [[assassinat]]. Pas un cas. Alors que dans des « démocraties » toutes proches — [[Guatemala]], [[Honduras]], [[Haïti]], voire au [[Mexique]] ou au [[Brésil]] — des [[syndicalisme|syndicalistes]], des opposants, des [[journaliste]]s, des [[prêtre catholique|prêtre]]s, des [[maire]]s continuent d'être assassinés... »<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2002/04/RAMONET/16339 « Anticastrisme primaire »], ''Le Monde diplomatique'', avril 2002.</ref>
:« Sur le plan des libertés ''[à Cuba]'', les choses sont loin d'être satisfaisantes, comme ''Le Monde diplomatique'' n'a pas manqué de le signaler. Et le dernier rapport d'[[Amnesty International]] sur Cuba constate qu'« au moins treize personnes considérées par Amnesty International comme des prisonniers d’opinion se trouvaient derrière les barreaux à la fin de l’année [[2000]] ». C'est grave [...] mais c'est loin d'être le « [[goulag]] » annoncé. Le rapport ne signale ni [[torture]], ni « disparition », ni [[assassinat]]. Pas un cas. Alors que dans des « démocraties » toutes proches — [[Guatemala]], [[Honduras]], [[Haïti]], voire au [[Mexique]] ou au [[Brésil]] — des [[syndicalisme|syndicalistes]], des opposants, des [[journaliste]]s, des [[prêtre catholique|prêtre]]s, des [[maire]]s continuent d'être assassinés... »<ref>Ignacio Ramonet, [http://www.monde-diplomatique.fr/2002/04/RAMONET/16339 « Anticastrisme primaire »], ''Le Monde diplomatique'', avril 2002.</ref>



<!-- POV des pro-israléliens -->
==== Sur le traitement du conflit israélo-palestinien ====
==== Sur le traitement du conflit israélo-palestinien ====


La position du ''Monde diplomatique'' sur le [[conflit israélo-palestinien]] est vue par certains comme une accusation à l'égard d'[[Israël]]<ref>[http://blog.alexandredelvalle.com/archives/28-La-convergence-des-totalitarismes,-ou-les-nouveaux-visages-rouge-bruns-verts-de-l8217;antisemitisme.html ]</ref> d'être « l'unique responsable des problèmes d'une paix qui tarde à venir ». Le reproche est fait au journal de partager les vues pro-palestiniennes d'un certain nombre de personnalités qui interviennent régulièrement dans ses colonnes, comme le journaliste [[Michel Warschawski]], la cinéaste [[Simone Bitton]], le médecin et ancien président de [[Médecins sans frontières]] [[Rony Brauman]], le journaliste [[Uri Avnery]] et l'historien [[Postsionisme|post-sioniste]] [[Ilan Pappé]].
Au sujet du [[conflit israélo-palestinien]], le ''Monde diplomatique'' a adopté une ligne très critique à l'égard de la politique de l'État d'[[Israël]]. En particulier, le journal reproche à ce dernier de ne pas avoir respecté les différentes résolutions du [[Conseil de sécurité des Nations unies|Conseil de sécurité]] et de l'[[Assemblée générale des Nations unies|Assemblée générale]] de l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] depuis [[1947]] ainsi que sa politique de [[colonie israélienne|peuplement]] des [[territoires palestiniens occupés]].


<!-- POV des anti-antisionnistes -->
Cette position est vue par certains comme une accusation à l'égard d'[[Israël]] d'être « l'unique responsable des problèmes d'une paix qui tarde à venir ». Le reproche est fait au journal de partager les vues pro-palestiniennes d'un certain nombre de personnalités qui interviennent régulièrement dans ses colonnes, comme le journaliste [[Michel Warschawski]], la cinéaste [[Simone Bitton]], le médecin et ancien président de [[Médecins sans frontières]] [[Rony Brauman]], le journaliste [[Uri Avnery]] et l'historien [[Postsionisme|post-sioniste]] [[Ilan Pappé]].

Une étude de Samuel Ghiles-Meilhac, parue en 2006, retrace l'histoire du ''Monde diplo'' et de ses prises de position, en particulier à l'égard du Moyen-Orient<ref>Samuel Ghiles-Meilhac, Le Monde diplomatique ''et Israël, 1954-2005. Histoire moderne de l’État juif à travers un journal français de référence'', Éd. Le Manuscrit, 2006.</ref>. Samuel Ghiles-Meilhac rappelle qu’en 1954 le « Journal des cercles consulaires et diplomatiques », mensuel au service des diplomates, était favorable à [[Israël]], de même que le [[Ministère des Affaires étrangères (France)|Ministère des Affaires étrangères]]. Mais tout comme le Ministère des Affaires étrangères après la [[guerre des Six-Jours]], le journal a changé après 1967. Sous la direction de [[Claude Julien]], il est devenu, selon Samuel Ghiles-Meilhac, un journal de la gauche radicale,
« se revendiquant engagé et militant, caution intellectuelle de la gauche tiers-mondiste, élément central du mouvement français de solidarité avec les Palestiniens ».

D'après Samuel Ghiles-Meilhac, beaucoup de collaborateurs du journal sont engagés dans le soutien de la cause palestinienne : [[Amnon Kapeliouk]], [[Joseph Algazy]], [[Michel Warchawski]], [[Samir Kassir]], [[Éric Rouleau]], [[Edward Saïd]], [[Étienne Balibar]], [[Alain Gresh]], [[Dominique Vidal]] et [[Serge Halimi]].

Le ''Monde diplomatique'' donne également la parole à plusieurs tendances de la gauche israélienne &nbsp;: [[Amram Mitzna]] ou [[Yossi Beilin]] du [[Parti travailliste (Israël)|Parti travailliste israélien]] mais aussi à des intellectuels palestiniens de différentes tendances &nbsp;: Edward Saïd, [[Mahmoud Darwich]] ou [[Fayçal Husseini]].


====Au sujet du sionisme====
====Au sujet du sionisme====
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Dans un éditorial publié sur le site du journal, [[Dominique Vidal]] précise clairement la position du ''Monde diplomatique'' à l'égard du [[sionisme]]&nbsp;: « ''Le Monde diplomatique'' [considère] le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël comme une des conditions ''sine qua non'' d’une paix juste et durable au Proche-Orient. »<ref>Dominique Vidal, [http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/rufin/ « Quand [[Jean-Christophe Rufin]] prône le délit d’opinion »], dossier du ''Monde diplomatique'', [[21 octobre]] [[2004]].</ref> Toutefois, en mars 2007, le journal publie un article prenant position en faveur d'un État bi-national, qui entraînerait par définition la fin de l'État d'Israël<ref>Leila Farsakh, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/03/FARSAKH/14565 « L’heure d’un État binational est-elle venue ? »], ''Le Monde Diplomatique'', [[Mars (mois)|mars]] [[2007]].</ref>.
Dans un éditorial publié sur le site du journal, [[Dominique Vidal]] précise clairement la position du ''Monde diplomatique'' à l'égard du [[sionisme]]&nbsp;: « ''Le Monde diplomatique'' [considère] le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël comme une des conditions ''sine qua non'' d’une paix juste et durable au Proche-Orient. »<ref>Dominique Vidal, [http://www.monde-diplomatique.fr/dossiers/rufin/ « Quand [[Jean-Christophe Rufin]] prône le délit d’opinion »], dossier du ''Monde diplomatique'', [[21 octobre]] [[2004]].</ref> Toutefois, en mars 2007, le journal publie un article prenant position en faveur d'un État bi-national, qui entraînerait par définition la fin de l'État d'Israël<ref>Leila Farsakh, [http://www.monde-diplomatique.fr/2007/03/FARSAKH/14565 « L’heure d’un État binational est-elle venue ? »], ''Le Monde Diplomatique'', [[Mars (mois)|mars]] [[2007]].</ref>.


<!-- BOUH affreux POV des anti-antisémites -->
====Polémiques sur l'antisémitisme====
====Polémiques sur l'antisémitisme====


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Ces accusations reprises par la rédaction sont telles qu’elles entraînent la démission en bloc du jury du prix littéraire des Amis du ''Monde diplomatique'' (placé sous le parrainage des prix Nobel [[Dario Fo]] et [[José Saramago]] ainsi que du cinéaste [[Costa Gavras]] et de l’écrivain [[José Luis Sampedro]]) qui avait retenu ''Le Mur de Sharon'' parmi les 29 sélectionnés pour son prix 2005, et une crise interne qui est à l’origine d’un changement à la tête de la rédaction.
Ces accusations reprises par la rédaction sont telles qu’elles entraînent la démission en bloc du jury du prix littéraire des Amis du ''Monde diplomatique'' (placé sous le parrainage des prix Nobel [[Dario Fo]] et [[José Saramago]] ainsi que du cinéaste [[Costa Gavras]] et de l’écrivain [[José Luis Sampedro]]) qui avait retenu ''Le Mur de Sharon'' parmi les 29 sélectionnés pour son prix 2005, et une crise interne qui est à l’origine d’un changement à la tête de la rédaction.


<!-- POV de publiphobes -->
=== Polémiques sur la publicité ===
=== Polémiques sur la publicité ===


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Le journal a également publié des articles critiques sur la publicité.
Le journal a également publié des articles critiques sur la publicité.


<!--POV de ''diplo''-phobes -->
== Désaccords au sein de la rédaction ==


== Sur la ligne éditoriale générale ==
Fin 2005, des désaccords apparaissent au sein de l'association [[ATTAC]], recoupant ceux au sein du ''Monde diplomatique''. Les divergences entre [[Bernard Cassen]], [[Jacques Nikonoff]], [[Ignacio Ramonet]] et [[Maurice Lemoine]] d'une part, [[Dominique Vidal]] et [[Alain Gresh]] d'autre part, amènent ces derniers à démissionner en janvier 2006 de leur poste de directeurs de rédaction du ''Monde diplomatique'', restant membres de la rédaction comme journalistes.


Vu de [[Droite (politique)|droite]], le journal était "''l'immonde diplomatique''" <ref>[http://pagesperso-orange.fr/leuven/juge.htm]</ref> avant la chute du mur de berlin, il est devenu depuis "l'immonde diplo''docus''"<ref>[http://clesnes.blog.lemonde.fr/etatsunis/2006/01/osama_bookclub.html sur un blog hébergé par "le Monde" par exemple ]</ref>.
Le quotidien ''[[Libération (journal)|Libération]]'' estime que « Alain Gresh et Dominique Vidal se situent dans un courant de « gauche internationaliste » qui s'oppose à une mouvance [[chevènement]]iste ou « nationale-républicaine », où l'on retrouve, avec des nuances, Bernard Cassen et le nouveau rédacteur en chef, Maurice Lemoine. »<ref>Olivier Costemalle, [http://www.liberation.fr/page.php?Article=349622 « Attac diplomatique à la direction du ''Monde diplo'' »], ''Libération'', [[7 janvier]] [[2006]].</ref> Toujours selon le quotidien, les tensions viennent notamment de divergences sur la question de la [[laïcité]] et du [[Voile (vêtement)|voile]], la position de Ignacio Ramonet au sujet du régime cubain et de désaccords au sujet des [[Forces armées révolutionnaires de Colombie|FARC]] colombiens.

Le journal n'a pas bonne image de ce coté-là, en raison de sa ligne éditoriale estimée pro-communiste<ref>« [http://www.monde-diplomatique.fr/1997/12/PERRAULT/9660 Communisme, les falsifications d’un "livre noir"] »</ref>, partiale (le libéralisme et les USA étant présentés comme la principale, voire la seule, cause de tous les désordres sociaux, partout et toujours), et considéré comme adepte de méthodes "staliniennes" : [[révisionnisme historique]] (imputation de la Seconde Guerre mondiale à l'anti-communisme<ref>« [http://www.monde-diplomatique.fr/2006/07/LACROIX_RIZ/13635 Aux origines de la seconde guerre mondiale] »</ref>, réhabilitation de Staline<ref>« [http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/LACROIX_RIZ/15592 Du nouveau sur un certain Staline] » ; par ailleurs, l'auteur nie l'[[holodomor]], selon elle "L’URSS a connu en 1932-1933 une sérieuse disette conduisant à un strict renforcement du rationnement, pas une famine et en tout cas pas une famine à “six millions de morts…"</ref>), [[terrorisme intellectuel]]<ref>reproche qu'on retrouve aussi sous la plume libertaire, en raison de la ligne marxiste du journal [ml.federation-anarchiste.org/article2960.html]</ref>, etc.


== Composition de la rédaction ==
== Composition de la rédaction ==
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* ''Le Monde diplomatique'' serait prochainement consultable [http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb343488968/date de 1954 à 1977]dans [[Gallica]], la bibliothèque numérique de la [[BnF]].
* ''Le Monde diplomatique'' serait prochainement consultable [http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb343488968/date de 1954 à 1977]dans [[Gallica]], la bibliothèque numérique de la [[BnF]].


{{Portail|presse écrite|altermondialisme|France}}
{Portail|presse écrite|altermondialisme|France}}


[[Catégorie:Titre de presse créé en 1954|Monde diplomatique, Le]]
[[Catégorie:Titre de presse créé en 1954|Monde diplomatique, Le]]

Version du 10 avril 2008 à 21:55

Le Monde diplomatique
Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Mensuelle
Format Berlinois
Genre Généraliste
Diffusion 166 793[1] ex. (2007)
Date de fondation 1954
Ville d’édition Paris

Directeur de la rédaction Serge Halimi
Rédacteur en chef Maurice Lemoine
ISSN 0026-9395
Site web Le Monde diplomatique

Le Monde diplomatique est un mensuel français d'information et d'opinion.

Fondé en mai 1954 par Hubert Beuve-Méry comme supplément au quotidien Le Monde, il était destiné aux « cercles diplomatiques et aux grandes organisations internationales ». Créé sur l'initiative d'un ancien diplomate d'origine hongroise devenu journaliste, François Honti, c'est aujourd'hui une filiale rédactionnellement indépendante du groupe Le Monde. En 2007, l'édition française tire à 245 901 exemplaires.

Données sur la structure et le capital

Autrefois simple supplément du quotidien, le « Diplo » a acquis progressivement son autonomie. Suite à l'accession à la direction du Monde de Jean-Marie Colombani, il en devient en 1996 une filiale à hauteur de 51 %.

Le reste du capital est détenu par l'association des Amis du Monde diplomatique représentant les lecteurs (24,5 %), et par l'équipe rédactionnelle du journal (24,5 %) regroupée au sein de l'Association Günter-Holzmann, du nom d'un généreux donateur qui permit le lancement de cette opération. Ensemble, ces parts sont supérieures à la minorité de blocage (33,34 %) et confèrent au journal une relative indépendance politique vis-à-vis du groupe Le Monde. Par exemple, le directeur de la publication n'est éligible que sur proposition des personnels du journal.

Bien que l'indépendance économique du Monde diplomatique vis-à-vis du groupe Le Monde soit limitée, la ligne éditoriale du journal est devenue largement autonome de celle du quotidien depuis l'arrivée de Claude Julien à la direction de la rédaction en 1973.

Par ailleurs, le « Diplo » affirme préserver sa ligne éditoriale vis-à-vis des pressions des annonceurs en limitant la part de ses revenus générée par la publicité. De fait, la part de revenu provenant de la publicité est limitée à 5 %[2], chiffre largement inférieur aux autres journaux dont en moyenne la moitié du chiffre d'affaires provient de la publicité.

Une équipe de neuf journalistes permanents (en 2006) assure la rédaction d'une petite partie des articles, la majorité étant écrite par des journalistes indépendants ou des intellectuels (universitaires, écrivains) d'origines et de nationalités variées.

À partir de 1989, l'impression sur les nouvelles rotatives du Monde à Ivry et le passage au format berlinois ont permis d'introduire la couleur. À l'initiative de Claude Julien, le mensuel a dès lors illustré ses articles de reproductions d'œuvres d'art contemporaines, longtemps choisies par Solange Brand.

Le « Diplo » est présent au capital des éditions Cybermonde (33 % de l'édition en Espagne) et Le Monde diplomatique éditions arabes.

Une revue thématique bimestrielle appelée Manière de voir compile des articles parus dans le Monde diplomatique.

Éditions internationales

Le Monde diplomatique paraît à la fin 2007 en 26 langues, dont l'espéranto, à travers 71 éditions internationales, dont plus de 38 imprimées (avec un tirage total de 2,2 million d’exemplaires) et 33 électroniques[3], qui couvrent l'essentiel de l'Europe, de l'Amérique du Sud et du monde arabe[4].

Dès les années 1975, deux éditions sont apparues au Portugal et en Grèce, suivies dans les années 1980 par une édition en espagnol et une édition en arabe. À la fin des années 1990, le mouvement se développe : allemand et italien depuis 1995, édition Cône sud en Amérique du Sud, puis grec. Le mouvement s'amplifie avec le russe, le polonais, l'hindi, le coréen, etc. Aux versions imprimées s'ajoutent de nouvelles éditions électroniques (farsi, japonais, catalan, espéranto, etc.). Les éditions étrangères prennent différentes formes : mensuel, supplément mensuel ou hebdomadaire d'un autre titre de presse, trimestriel, etc. À la simple traduction des articles de l'édition française s'ajoutent jusqu'à 20 % d'articles rédigées par l'édition locale.

L'édition anglophone est née en 1999 d'un partenariat avec The Guardian Weekly. Les éditions en arabe sont maintenant réalisées à Paris par une filiale partenaire de A Concept Mahfoum[5].

Ligne éditoriale

Le Monde diplomatique traite une grande variété de sujets d'importance planétaire, et en premier lieu des relations internationales, mais aussi de sujets culturels (articles traitant par exemple de la musique techno[6] ou encore de la radio californienne KPFA, emblème de la contre-culture américaine[7]).

Anti-libéral, acteur de la fondation d'ATTAC

Jadis tenant d'une ligne éditoriale tiers-mondiste, caractérisée dans les années 1960 par l'intérêt porté aux nouveaux États nés de la décolonisation, le journal se veut critique de tout impérialisme, entre autres américain. Depuis la fin de la guerre froide, le journal s'est rapproché du mouvement alter-mondialisation, se faisant l'un des hérauts de la critique de la mondialisation "néo-libérale". Il a ainsi soutenu la lutte des zapatistes, mouvement de guérilla mexicaine proclamé en 1995, le jour même de la mise en vigueur de l'ALENA (Accord de Libre-Echange d'Amérique du Nord), entre autres en publiant des articles du sous-commandant Marcos[8].

L'éditorial célèbre d'Ignacio Ramonet, publié en 1995, a ainsi mis en circulation le terme de « pensée unique » pour critiquer le dogme néolibéral[9]. Ainsi, Ignacio Ramonet pouvait écrire dans un éditorial :

« À cet égard, la Chine constitue un cas d’école et anticipe sur la question qui se posera demain à propos de l’Inde, du Brésil, de la Russie ou de l’Afrique du Sud : comment arracher des milliards de personnes à la détresse du sous-développement sans les plonger dans un modèle productiviste et de consommation « à l’occidentale », néfaste pour la planète et mortel pour l’ensemble de l’humanité ? »[10]

La rédaction a pris une part active dans l'émergence, en France, de la nébuleuse altermondialiste. Ainsi, c'est à la suite de la parution d'un éditorial écrit par Ignacio Ramonet en décembre 1997 que fut créée l'association ATTAC[11]. Le journal a relayé des campagnes d'ATTAC (par exemple contre les paradis fiscaux et le secret bancaire[12]. Le journal est également à l'initiative et membre fondateur de l'Observatoire français des médias, créé à la suite du Forum social mondial de Porto Alegre en 2002.

Le Monde diplo critique en détail ce que le philosophe Toni Negri appelle « l'Empire » néolibéral, concept qui englobe non seulement les États-Unis ou la Triade (USA, Union Européenne, Japon) mais aussi l'ensemble des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OMC, etc.). Il publie aussi régulièrement des articles critiquant l'oligarchie française ou l'« hyperbourgeoisie » mondiale[13]. Certains articles dénoncent un (supposé) peu d'empressement de la COB (Commission des opérations de bourse) à signaler à la justice les opérations douteuses[14], ou bien les façons multiples qu'ont certains milliardaires (dont François Pinault[14]) d'éviter de payer l'impôt sur le revenu.

Pro-palestinien

Au sujet du conflit israélo-palestinien, le Monde diplomatique a adopté une ligne très critique à l'égard de la politique de l'État d'Israël. En particulier, le journal reproche à ce dernier de ne pas avoir respecté les différentes résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l'ONU depuis 1947 ainsi que sa politique de peuplement des territoires palestiniens occupés.

Il ouvre régulièrement ses colonnes à des personnalités pro-palestiniennes, comme le journaliste Michel Warschawski, la cinéaste Simone Bitton, le médecin et ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman, le journaliste Uri Avnery et l'historien post-sioniste Ilan Pappé. Le Monde diplomatique donne également la parole à plusieurs tendances de la gauche israélienne  : Amram Mitzna ou Yossi Beilin du Parti travailliste israélien mais aussi à des intellectuels palestiniens : Edward Saïd, Mahmoud Darwich ou Fayçal Husseini.

Une étude de Samuel Ghiles-Meilhac, parue en 2006, retrace l'histoire du Monde diplo et de ses prises de position, en particulier à l'égard du Moyen-Orient[15]. Samuel Ghiles-Meilhac rappelle qu’en 1954 le « Journal des cercles consulaires et diplomatiques », mensuel au service des diplomates, était favorable à Israël, de même que le Ministère des Affaires étrangères. Mais tout comme le Ministère des Affaires étrangères après la guerre des Six-Jours, le journal a changé après 1967. Sous la direction de Claude Julien, il est devenu, selon Samuel Ghiles-Meilhac, un journal de la gauche radicale, « se revendiquant engagé et militant, caution intellectuelle de la gauche tiers-mondiste, élément central du mouvement français de solidarité avec les Palestiniens ». D'après Samuel Ghiles-Meilhac, beaucoup de collaborateurs du journal sont engagés dans le soutien de la cause palestinienne : Amnon Kapeliouk, Joseph Algazy, Michel Warchawski, Samir Kassir, Éric Rouleau, Edward Saïd, Étienne Balibar, Alain Gresh, Dominique Vidal et Serge Halimi.

Pro-Cuba, pro-Chavez

La ligne anti-impérialisme américain se développe tout naturellement en Amérique du sud, champ privilégié de l'influence américaine. Le journal défend Castro et Chavez, quitte à prêter le flanc à une critique en complaisance excessive. Le journal désapprouve les violations des droits de l'homme à Cuba, mais il les relativise (par rapport à d'autres pays), les explique et les justifie par les pressions américaine et le « blocus » (sic[16]) américain sur Cuba.

Anti-répressif

Le journal critique la « pression sécuritaire », spécialement celle qui pèse sur les « jeunes issus de l'immigration » en France [17] et plus généralement dans le monde celle dont les attentats du 11 septembre 2001 a été l'occasion au motif de l'antiterrorisme [18]. Sans nuance quand il s'agit de la France ou des USA, cette ligne éditoriale s'adapte aux autres conceptions du journal quand c'est nécessaire, notamment lorsqu'il voit dans l'"impérialisme américain" ou "néo-libéral" la vraie cause profonde du problème[19]. Il dénonce le financement étasunien de Reporters sans frontières[20].

Une conception de l'Histoire

Le mensuel se veut engagé dans la lutte contre le révisionnisme historique, notamment pour rappeller si nécessaire les réalités du génocide des Juifs européens, les massacres et deshumanisations coloniaux ou liés au colonialisme (massacre du 17 octobre 1961, critique des zoos humains [21] ou de la façon dont la République gère les archives[22], etc.). Le journal publia néanmoins une critique du travail de Pascal Blanchard[23], qui eut toutefois le dernier mot[24].

Le journal va plus loin, et ouvre ses colonnes à Annie Lacroix-Riz pour défendre la mémoire de Staline salie par le "révisionnisme khroutchévien" et contester la réalité de l'holodomor, dont le journal dénonce par ailleurs les motivations [25]. [[Annie .

Désaccords au sein de la rédaction

Fin 2005, des désaccords apparaissent au sein de l'association ATTAC, recoupant ceux au sein du Monde diplomatique. Les divergences entre Bernard Cassen, Jacques Nikonoff, Ignacio Ramonet et Maurice Lemoine d'une part, Dominique Vidal et Alain Gresh d'autre part, amènent ces derniers à démissionner en janvier 2006 de leur poste de directeurs de rédaction du Monde diplomatique, restant membres de la rédaction comme journalistes.

Le quotidien Libération estime que « Alain Gresh et Dominique Vidal se situent dans un courant de « gauche internationaliste » qui s'oppose à une mouvance chevènementiste ou « nationale-républicaine », où l'on retrouve, avec des nuances, Bernard Cassen et le nouveau rédacteur en chef, Maurice Lemoine. »[26] Toujours selon le quotidien, les tensions viennent notamment de divergences sur la question de la laïcité et du voile, la position de Ignacio Ramonet au sujet du régime cubain et de désaccords au sujet des FARC colombiens.


Débats autour du Monde diplomatique

ce qui suit est essentiellement l'oeuvre de fans du journal ne tolérant la critique qu'une fois qu'elle est "neutralisée" (non eu sens wikipédien, mais au sens usuel, i.e. réduite à néant), et doit donc pris avec les précautions adéquates


Critiques de la ligne éditoriale

Accusations de complaisance avec Fidel Castro

Philippe Val, rédacteur en chef de Charlie Hebdo et co-fondateur d'ATTAC, a accusé la rédaction du Monde diplomatique, et Ignacio Ramonet en particulier, d'une amitié avec les dirigeants Fidel Castro et Hugo Chávez ;

[27]. Bernard-Henri Lévy dénonce lui aussi une position qui serait selon lui modérée vis-à-vis du régime communiste de Fidel Castro à Cuba. Certes, le journal évoque et dénonce les dérives autoritaires du régime castriste, mais les lie à  : « Au début du mois d’avril 2003, […] le monde apprenait les peines inacceptables prononcées à La Havane contre des opposants non violents. »[28]

Au sujet de ces accusations, Ignacio Ramonet dénonce un « anticastrisme primaire » et répond en avril 2002 :

« Sur le plan des libertés [à Cuba], les choses sont loin d'être satisfaisantes, comme Le Monde diplomatique n'a pas manqué de le signaler. Et le dernier rapport d'Amnesty International sur Cuba constate qu'« au moins treize personnes considérées par Amnesty International comme des prisonniers d’opinion se trouvaient derrière les barreaux à la fin de l’année 2000 ». C'est grave [...] mais c'est loin d'être le « goulag » annoncé. Le rapport ne signale ni torture, ni « disparition », ni assassinat. Pas un cas. Alors que dans des « démocraties » toutes proches — Guatemala, Honduras, Haïti, voire au Mexique ou au Brésil — des syndicalistes, des opposants, des journalistes, des prêtres, des maires continuent d'être assassinés... »[29]


Sur le traitement du conflit israélo-palestinien

La position du Monde diplomatique sur le conflit israélo-palestinien est vue par certains comme une accusation à l'égard d'Israël[30] d'être « l'unique responsable des problèmes d'une paix qui tarde à venir ». Le reproche est fait au journal de partager les vues pro-palestiniennes d'un certain nombre de personnalités qui interviennent régulièrement dans ses colonnes, comme le journaliste Michel Warschawski, la cinéaste Simone Bitton, le médecin et ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman, le journaliste Uri Avnery et l'historien post-sioniste Ilan Pappé.


Au sujet du sionisme

Dans l'hebdomadaire Le Point du 3 octobre 2003, Alain Finkielkraut disait à propos du Monde diplomatique : « Pour Le Monde diplomatique et pour Télérama, tous les sionistes sont des chiens, presque tous les juifs sont des sionistes et donc des chiens, sauf Rony Brauman, ce juif qui sauve l’honneur. »[31]

Dans un éditorial publié sur le site du journal, Dominique Vidal précise clairement la position du Monde diplomatique à l'égard du sionisme : « Le Monde diplomatique [considère] le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël comme une des conditions sine qua non d’une paix juste et durable au Proche-Orient. »[32] Toutefois, en mars 2007, le journal publie un article prenant position en faveur d'un État bi-national, qui entraînerait par définition la fin de l'État d'Israël[33].

Polémiques sur l'antisémitisme

Le magazine L'Arche dénonce l'attitude de l'association des Amis du Monde diplomatique pour son soutien au livre d'Alain Ménargues, Le Mur de Sharon, qu'il juge antisémite[34]. Le rédacteur en chef de L'Arche, Méir Waïntrater, reprochait le silence de Dominique Vidal depuis la sortie du livre. Dominique Vidal a finalement dénoncé en juillet 2005, dans les colonnes du Monde diplomatique, les passages du livre reprenant des thèmes jugés antisémites par L'Arche[35]. Il écrit: "Caractéristiques de la propagande antisémite, ces thèses essentialistes – que nous rejetons s’agissant de l’islam comme du christianisme – sont aussi absurdes que dangereuses." (http://www.monde-diplomatique.fr/2005/07/VIDAL/12442).

Alain Ménargues dénonce ce qu'il considère comme « la technique classique de l’amalgame et du syllogisme hasardeux, utilisée par L’Arche dans son cas comme pour tous ceux qui critiquent la politique israélienne d’Édgar Morin en passant par Pascal Boniface et Daniel Mermet. Une technique — décrite par l’avocat Guillaume Weil-Raynal dans son livre Une Haine imaginaire (éditions Armand Colin, 2005) — qui consiste à l’utilisation systématique de l’antisémitisme pour interrompre toutes critiques réelles et sérieuses de la politique israélienne. » Il dit s'étonner qu'un mensuel qui se veut ouvert au débat comme le « Diplo » cède à ce qu'il juge etre des "pressions injustifiées".

Ces accusations reprises par la rédaction sont telles qu’elles entraînent la démission en bloc du jury du prix littéraire des Amis du Monde diplomatique (placé sous le parrainage des prix Nobel Dario Fo et José Saramago ainsi que du cinéaste Costa Gavras et de l’écrivain José Luis Sampedro) qui avait retenu Le Mur de Sharon parmi les 29 sélectionnés pour son prix 2005, et une crise interne qui est à l’origine d’un changement à la tête de la rédaction.

Polémiques sur la publicité

Des critiques quant à l'apparition d'annonces publicitaires dans le journal émanent parfois d'une partie des lecteurs[réf. nécessaire]. Le plus souvent, les reproches concernent des publicités pour des activités dont le journal, par ailleurs, critique le mode de fonctionnement. Par exemple les complémentaires santé, les services bancaires ou les produits pharmaceutiques. Ils estiment que ces annonces pourraient affecter la ligne éditoriale et, en particulier, limiter la liberté d'expression sur les thèmes en question.

Notamment, deux campagnes publicitaires ont rencontré un flot important de critiques[36]. En novembre et décembre 2003, des annonces publicitaires pour IBM et pour une marque de voiture occupèrent deux pages complètes. Dans les éditions de février et mars 2004 apparurent des annonces de Microsoft, pourfendeur du logiciel libre, alors même que le mensuel avait publié des articles favorables aux logiciels libres et qu'il les utilise pour son site internet.

En réponse à ces critiques, l'équipe éditoriale apporte deux réponses :

  • elle affirme ne pas contrôler le contenu des annonces, qui est décidé par une régie publicitaire ;
  • surtout, elle fait remarquer que le journal ne laisse que le strict minimum comme place à la publicité (tant dans les pages que dans ses finances) et fait son possible pour la diminuer encore.

Le journal a également publié des articles critiques sur la publicité.


Sur la ligne éditoriale générale

Vu de droite, le journal était "l'immonde diplomatique" [37] avant la chute du mur de berlin, il est devenu depuis "l'immonde diplodocus"[38].

Le journal n'a pas bonne image de ce coté-là, en raison de sa ligne éditoriale estimée pro-communiste[39], partiale (le libéralisme et les USA étant présentés comme la principale, voire la seule, cause de tous les désordres sociaux, partout et toujours), et considéré comme adepte de méthodes "staliniennes" : révisionnisme historique (imputation de la Seconde Guerre mondiale à l'anti-communisme[40], réhabilitation de Staline[41]), terrorisme intellectuel[42], etc.

Composition de la rédaction

Le directoire a été renouvelé avec effet au 1er janvier 2008.

Ignacio Ramonet, ancien directeur de la rédaction, a quitté son poste et a été remplacé par Serge Halimi, en même temps que Bernard Cassen.

Références

  1. Ce chiffre concerne la diffusion payée de l'édition française uniquement. Le journal revendique un tirage total de 2,2 millions d'exemplaires en 38 éditions internationales (Le Monde diplomatiques, Éditions internationales).
  2. Ignacio Ramonet, « Menaces sur l'information », Le Monde diplomatique, janvier 2007.
  3. Pour des données actualisées, voir « Éditions internationales »
  4. Dominique Vidal, [http://www.monde-diplomatique.fr/2006/11/VIDAL/14139 L'internationale du Diplo, Le Monde diplomatique, novembre 2006, p. 27.
  5. Archives des éditions arabes
  6. Sylvain Desmille, « La vague aléatoire de la musique techno », Le Monde diplomatique, février 1999.
  7. Barbara Epstein, « KPFA, la radio californienne qui résiste », Le Monde diplomatique, octobre 1999.
  8. Le sous-commandant Marcos, « Le fascisme libéral », Le Monde diplomatique, août 2000.
  9. Ignacio Ramonet, « La pensée unique », éditorial du Monde diplomatique en 1995.
  10. Ignacio Ramonet, « Chine, mégapuissance », Le Monde diplomatique, août 2004.
  11. « Le Monde diplomatique et ATTAC », article paru dans Le Monde diplomatique de septembre 2006.
  12. Jean Ziegler, « Mort programmée du secret bancaire suisse », Le Monde diplomatique, février 2001.
  13. Denis Duclos, « Naissance de l’hyperbourgeoisie », Le Monde diplomatique, août 1998.
  14. a et b Olivier Toscer, « Argent public, fortunes privées », Le Monde diplomatique, décembre 2003.
  15. Samuel Ghiles-Meilhac, Le Monde diplomatique et Israël, 1954-2005. Histoire moderne de l’État juif à travers un journal français de référence, Éd. Le Manuscrit, 2006.
  16. , dans la terminologie du journal, reprenant à ce sujet la propagande cubaine
  17. Mineurs « dangereux » et juges « laxistes »
  18. Ignacio Ramonet, « Antiterrorisme », Le Monde diplomatique, mars 2004.
  19. Demain, Cuba...
  20. [http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/LEMOINE/15607 à propos de "La face cachée de Reporters sans frontières"
  21. Nicolas Bancel, Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire, « Ces zoos humains de la République coloniale », Le Monde diplomatique, août 2000.
  22. Claude Liauzu, « Les archives bâillonnées de la guerre d’Algérie », Le Monde diplomatique, février 1999.
  23. Claude Liauzu, « Manipulations de l’histoire », Le Monde diplomatique, avril 2007.
  24. Pascal Blanchard, « "Manipulations de l’histoire" », Le Monde diplomatique, mai 2007.
  25. Comment les nationalistes ukrainiens réécrivent l’histoire
  26. Olivier Costemalle, « Attac diplomatique à la direction du Monde diplo », Libération, 7 janvier 2006.
  27. Deux de ses éditoriaux ont été critiqués par l'association Acrimed, que le journal  : « Quand Philippe Val, analyste « complexe », prétend soutenir Ingrid Betancourt » et « Philippe Val se charge de l’épuration de l’Observatoire français des médias »
  28. Gianni Minà, « Cuba, le syndrome de l’île assiégée », Le Monde diplomatique, juin 2003.
  29. Ignacio Ramonet, « Anticastrisme primaire », Le Monde diplomatique, avril 2002.
  30. [1]
  31. « La querelle Finkielkraut-Brauman », Le Point, 3 octobre 2003.
  32. Dominique Vidal, « Quand Jean-Christophe Rufin prône le délit d’opinion », dossier du Monde diplomatique, 21 octobre 2004.
  33. Leila Farsakh, « L’heure d’un État binational est-elle venue ? », Le Monde Diplomatique, mars 2007.
  34. « Quand les "Amis du Monde diplomatique" font la promotion d’un livre antisémite », L’Arche, n°565, mai 2005.
  35. « L’affaire Ménargues » (suite), L’Arche, n° 561, janvier 2005.
  36. « Le Monde Diplomatique, publicitaire des multinationales ? » sur Acrimed.
  37. [2]
  38. sur un blog hébergé par "le Monde" par exemple
  39. « Communisme, les falsifications d’un "livre noir" »
  40. « Aux origines de la seconde guerre mondiale »
  41. « Du nouveau sur un certain Staline » ; par ailleurs, l'auteur nie l'holodomor, selon elle "L’URSS a connu en 1932-1933 une sérieuse disette conduisant à un strict renforcement du rationnement, pas une famine et en tout cas pas une famine à “six millions de morts…"
  42. reproche qu'on retrouve aussi sous la plume libertaire, en raison de la ligne marxiste du journal [ml.federation-anarchiste.org/article2960.html]

Liens externes

Le site du journal a été l'un des premiers à utiliser SPIP.

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