Utilisateur:Jean-no/Graffiti

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Divers graffitis à Barcelone

Un graffiti[1] est une inscription ou un dessin tracé, peint ou gravé sur un support qui n'est normalement pas prévu à cet effet. Longtemps regardé comme un sujet négligeable, le graffiti est aujourd'hui considéré, selon les points de vue, comme un moyen d'expression, comme un art visuel, comme une nuisance urbaine ou comme un facteur d'insécurité.

Histoire[modifier | modifier le code]

On distingue généralement le graffiti de la fresque[2] par le statut illégal ou en tout cas clandestin, de l'inscription. Ainsi il est a priori douteux de qualifier les peintures rupestres de graffitis, car nous ignorons leur statut à l'époque.

Les graffitis ont une grande importance en archéologie : ils font partie, avec les textes épigraphiques, des témoignages écrits non littéraires, populaires et souvent très « vivants », révélateurs d'aspects inédits des sociétés qui les ont produits. Ces graffitis antiques pouvaient être aussi bien des annonces électorales, des messages de supporters à certains athlètes (sportifs ou gladiateurs), des messages à contenu politique, religieux, érotique ou pornographique, personnel, etc. Quelques exemples[3] : « Cornelia Helena est la maîtresse de Rufus », « J'ai baisé ici le 19 et le 13 des calendes de septembre », « Pyrrhus salue son confrère Chius. J'ai de la peine d'avoir appris que tu étais mort. Alors adieu », « Si tu as compris ce que peut l’amour, si tu as conscience d’être humain, prends pitié de moi, permets-moi de venir, Fleur de Vénus, ... », « Tu es une charogne, tu es un rien du tout », « Mur, je suis surpris que tu ne te sois pas effondré sous le poids des bêtises de tous ceux qui ont écrit sur toi ».

On peut encore lire des graffitis âgé de deux millénaires à Pompéï car c'est l'un des rares sites qui soit suffisemment bien conservé. En effet, les graffitis sont par essence éphémères et disparaissent, soit parce que leur support a disparu, soit parce qu'ils ont été effacés manuellement ou qu'ils aient juste été victimes de l'érosion naturelle de leur support.

On trouve souvent des graffitis, parfois très anciens, dans des endroits abrités de la lumière, de l'humidité, et peu décorés, tels que les cellules de prisons, les cellules monacales, les cales des bateaux, les caves, les catacombes (les graffitis des premiers chrétiens, dans les catacombes romaines, sont une importante source de documentation à leur sujet), etc. Certains meubles en bois sont souvent gravés d'inscriptions : tables et bancs d'écoles[4], portes de toilettes publiques.

Le graffiti urbain se développe souvent dans un contexte de tensions politiques : prendant les révolutions, sous l'occupation, pendant la guerre d'Algérie, en mai 1968, sur le Mur de Berlin. Vers la fin des années 1960 et dans plusieurs pays des deux côtés de l'atlantique, du fait notamment de la disponibilité d'Aérosols de peintures émaillées (originellement destinées à la peinture d'automobiles), une partie des graffitis a gagné une vocation esthétique.

New York[modifier | modifier le code]

New York, le berceau de la culture Hip Hop

Le mouvement a été très spectaculaire dans le métro de New York, dont les rames se sont subitement couvertes de noms : Taki 183, Tracy 168, Stay High 149, etc.[5] En quelques années, ces « tags » (marques) se sont sophistiqués et sont devenus des signatures, puis leurs auteurs ont décliné leur message (leur nom) sous forme de lettrages géants. La simple affirmation d'une identité (je me surnomme Taki, j'habite la 183e rue[6], mon nom parcourt la ville tous les jours, j'existe) s'est doublé d'ambitions plastiques, qui se sont révélées être un autre moyen de se faire remarquer : ce n'est plus seulement le graffiteur le plus actif ou celui qui prend le plus de risques qui obtient une forme de reconnaissance, mais aussi celui qui produit les oeuvres les plus belles. Très rapidement, des styles standardisés (lettrage "bulles", lettrage "wild style") et des pratiques (« top-to-bottom whole car »[7], « Whole Car Windows Down »[8], « throw-up »[9], etc.) se cristalisent. Des groupes (appelés « posses », « crews », « squads » ou « gangs »), comme la ville de New York en a toujours connus, se forment et permettent aux graffiteurs de s'unir pour exécuter des actions spectaculaires (peindre plusieurs rames d'un train par exemple), pour ajouter un nom collectif à leur nom individuel, mais aussi pour s'affronter entre groupes, de manière pacifique ou non.
Ces groupes sont souvent constitués par origines ethniques et ont pour noms des acronymes en deux trois mots : Soul Artists (SA), The Crazy Artists (TCA), etc. Au milieu des années 1970, la culture du Graffiti est plus ou moins figée dans son fonctionnement et dans ses productions. La culture Hip Hop émerge du graffiti mais aussi d'autres formes d'expression nées en même temps : une nouvelle de danse plutôt acrobatique (Break dance), un genre musical à base de textes parlés (rap), de mixage de disques (dee jaying), (Scratch) et de fêtes en plein-air (sound systems).

À la fin des années 1970, le graffiti a été sévèrement réprimé dans le métro de New York et a commencé à se diffuser sur les murs des boroughs défavorisés de la ville, avant d'essaimer dans d'autres grandes villes américaines (Los Angeles, Chicago, Philladelphie, Washington) et dans diverses capitales du monde : Paris, Londres, Berlin, Amsterdam et Barcelone surtout.

C'est à cette époque aussi que le milieu de l'art commence à se pencher sérieusement sur le sujet. Des graffiteurs « légendaires » tels que Lee Quinones, Futura 2000 ou Fab Five Freddy peignent sur des toiles et exposent leur travail dans des galeries telles que la Tony Shafrazi Gallery ou la Fun Gallery. Des peintres qui ne sont pas spécialement issus des quartiers défavorisés de New York et qui ont généralement suivi un cursus classique en Arts ou en communication visuelle, intéressés par l'idée d'un art dans urbain ou d'un art clandestin, s'associent aux graffiteurs (comme Jenny Holzer, qui fera écrire ses « truismes » à la bombe par Lady Pink) ou s'approprient leur pratique (Jean-Michel Basquiat, Keith Haring).

Paris[modifier | modifier le code]

Dans la foulée de mai 1968, les messages politiques de la rue parisienne gagnent en poésie et en qualité graphique. Ils sont notamment le fait d'étudiants en philosophie, en littérature, en sciences-politiques ou en Art et font souvent preuve d'humour absurde ou d'un sens de la formule plutôt étudié : « Cache-toi, objet ! », « Une révolution qui demande que l’on se sacrifie pour elle est une révolution à la papa. », « Le bonheur est une idée neuve. », « La poésie est dans la rue », « La vie est ailleurs », « Désobéir d’abord : alors écris sur les murs (Loi du 10 Mai 1968.) », « J’aime pas écrire sur les murs. », etc.[10]. Ces slogans sont indifféremment écrits au pinceau, au rouleau, à la bombe de peinture (plus rare) ou sur des affiches sérigraphiées. C'est de cet affichage sauvage et millitant que naît une tradition parisienne du graffiti à vocation esthétique. À la fin des années 1970, l'artiste Ernest Pignon-Ernest produira des affiches sérigraphiées, sans slogans, qu'il exposera dans plusieurs grandes villes : « les expulsés », collés sur les murs de maisons en démolition et représentant à taille réelle des personnes tenant des valises ou un matelas, « Rimbaud », représentant le poète, jeune, toujours à taille réelle. Les sérigraphies urbaines d'Ernest Pignon-Ernest interpellent le passant et lui demandent quelle est la place de l'homme ou de la poésie dans la cité moderne.
Quelques années plus tard, les premiers « pochoiristes » comme Blek le rat continueront sur le même principe, mais leurs oeuvres ne sont plus des affiches collées mais des peintures exécutées selon la technique du pochoir. Outre les pochoiristes, de nombreux artistes s'intéressent à l'art urbain et clandestin, comme Gerard Zlotykamien qui peint des silhouettes évoquant les ombres macabres restées sur les murs d'Hiroshima, Jérôme Mesnager, auteur d'hommes peints en blanc qui courent sur les quais de la seine, etc. C'est aussi l'époque de la Figuration Libre, une époque de créativité joyeuse et humoristique, née du Pop-Art, de Bazooka, du vidéo clip, du Graffiti, souvent présente dans la rue, avec Robert Combas, Les Frères Ripoulin (qui peignaient sur des affiches posées clandestinement), Hervé Di Rosa, Speedy Graffito, Paëlla Chimicos, etc.
Outre la rue, les catacombes de Paris seront aussi à l'époque un lieu important du graffiti.

Le graffiti « new yorkais » apparaît en France dès 1982-1983, avec des artistes comme Bando, Blitz, Lokiss ou encore Saho. Les premiers articles de presse consacrés à ce phénomène ne datent pourtant que de 1986[11]. Vers 1986-87, le graffiti « new-yorkais » et sa culture hip-hop prennent définitivement le pas à Paris sur les formes plus proches du monde de l'art contemporain lequel retourne, sauf exception, à ses galeries.
À Paris, le graffiti New Yorkais se trouve des lieux privillégiés comme les quais de la seine, les palissades du Louvre ou du Centre Georges-Pompidou et enfin le terrain vague de Stalingrad/La Chapelle, puis s'étend progressivement aux cités des banlieues où la culture Hip-Hop trouve son second souffle en devenant plus populaire et moins bourgeoise.

Berlin[modifier | modifier le code]

Fichier:Berlin Wall graffiti&death strip.jpg
Le mur de Berlin

En 1961, le Mur de Berlin est construit. Il sépare symboliquement et physiquement l'Europe socialiste dite « de l'Est » de l'Europe atlantiste dite « de l'Ouest ». Tandis que les allemands de l'est n'ont pas le droit d'approcher le mur, ceux de l'Ouest viennent de leur côté écrire des slogans, bénéficiant d'une totale bienveillance des autorités de l'Allemagne fédérale qui fait de Berlin la capitale allemande de la liberté, de l'art et de la contre-culture : on y a le droit de consommer du hashish, de nombreux squats y prospèrent et c'est un des hauts-lieux du Punk, avec Londres et New York.

De nombreux artistes viennent alors du monde entier pour peindre sur le mur qui est à peu près intégralement maculé au moment de sa destruction, en 1989.

Barcelone[modifier | modifier le code]

En Espagne, la culture Hip Hop a percé plus tardivement que dans le reste de l'Europe[12]. La ville de Barcelone accueille pourtant une quantité extraordinaire de graffitis atypiques et créatifs qui mixent revendications sociales et politiques et graphisme underground.

Techniques[modifier | modifier le code]

Il existe de nombreuses techniques de graffiti ou d'art de rue assimilables, telles que : la peinture aérosol (avec ou sans pochoir), la peinture à l'aérographe, la gravure (sur des vitres ou sur des murs par exemple), le marqueur et le stylo, la craie, la peinture au rouleau ou au pinceau, auxquels on peut adjoindre, dans une définition élargie du graffiti, l'affiche, les autocollants, les moulages (en résine ou en plâtre collés sur les murs) et la mosaïque (voir : Space Invader).

Un graffiti-artist à Bucarest

Le graffiti dit « new yorkais », ou « hip hop » se caractérise par des formes relativement définies ou la créativité individuelle ne peut s'exprimer que dans un cadre codé, voire figé, et impliquant l'adhésion à toute une culture (vocabulaire, lieux, préoccupations, goûts musicaux, etc.) :

  • Le « Tag » (marque, signature) est le simple dessin du nom de l'artiste. Le geste est généralement très travaillé, à la manière des calligraphies chinoises et japonaises, c'est un logo plus qu'une écriture, et souvent, seuls les habitués parviennent à déchiffrer le nom qui est écrit. Les techniques utilisées sont généralement l'aérosol, le marqueur et l'autocollant (« sticker »).
  • Le « Graff' », ou « Fresque », ou « Piece » voire « Masterpiece » (chef d'œuvre) est le nom souvent donné aux graffitis sophistiqués et exécutés en plusieurs couleurs.
  • Le « Throw-Up », ou « Flop » est une forme intermédiaire entre le Tag et la fresque : il s'agit de grands dessins de lettres, et non de signatures, pourvus d'un volume et de contours mais qui sont exécutés rapidement et sans soin particulier (pas d'effort de couleur par ex.). Ils servent à promouvoir le nom de l'artiste d'une manière qui soit visible de loin. Certains font aussi la démonstration du talent typographique de l'artiste.

Il existe un grand nombre de styles pouvant s'appliquer aux fresques et parfois aux flops. Citons par exemple le style bulle (« Bubble »), le « Chrome » (qui imite les relexions des objets chromés), le « Bloc » (lettres carrées et compactes) et le « Wild Style » dans lequel les lettres sont illisibles, abstractisées, enchevêtrées et décoratives. C'est, selon beaucoup, la discipline « reine » du graffiti new-yorkais tandis que pour d'autres ce sont les lettrages les plus simples et les plus purs typographiquement parlant qui méritent le plus de considération.
Certains graffiti-artists peingnent peu de lettres et se spécialisent dans le dessin de décors figuratifs ou abstraits, ou bien de personnages.

Les raisons du graffiti[modifier | modifier le code]

« Bush contre le monde ».
Graffiti suisse

De nombreuses raisons sont avancées pour expliquer l'existence du graffiti :

  • un besoin de signifier son existence, voire de "marquer son territoire"
  • un besoin de créer des images visibles de tous
  • un besoin de diffuser des messages visibiles de tous
  • le besoin d'exprimer publiquement un sentiment fort (rage, amour,...)
  • un besoin de concurencer les messages publicitaires et commerciaux qui saturent l'espace visuel de la ville, par des images « gratuites » ou faisant de la publicité à des êtres humains et non à des produits
  • un goût pour le vandalisme et/ou pour la clandestinité
  • une démarche publicitaire originale
  • L'adhésion à la culture Hip-Hop

La lutte anti-graffiti[modifier | modifier le code]

tags dans des toilettes à Helsinki en Finlande.
« throw-up » sur le Palais des Congrès, à Rouen. Le Graffiti accompagne souvent la dégradation des bâtiments

La Ville de New York et la Metropolitan Transportation Authority ont pris vers la fin des années 1970 la décision d'éradiquer le graffiti du métro. L'accès aux rames est devenu plus difficile et bien gardé, les métros peints n'étaient plus sortis et étaient nettoyés le plus rapidement possible. C'est ce qui poussera les graffiteurs à abandonner le métro pour peindre sur des murs et sur des toiles. Le mandat du maire Rudolph Giuliani, à partir de 1994, qui prône une « tolérance zéro » à la délinquance, fera du graffiti urbain non-autorisé une de ses cibles, considérant qu'un délit impuni, qu'une cabine téléphonique endommagée, qu'un tag ou qu'un simple carreau cassé sont le début de la paupérisation de tout un quartier.

En France c'est surtout le graffiti politique qui est pourchassé avec sévérité, le graffiti à vocation visuelle est d'abord considéré comme une curiosité, mais dès le milieu des années 1980, la ville de Paris s'équipe de machines à pression pour effacer les graffitis sur les murs, et commence, tout comme la RATP, à déposer des plaintes. L'époque est aussi celle d'une débauche d'affichage sauvage à caractère publicitaire (politique, services minitels) et les machines anti-graffiti servent aussi à retirer les affiches. Vers 1987, les métros parisiens sont même couverts de tags et la population se lasse nettement, ce qui conduira à un durcissement judiciaire (y compris dans les lieux qui traditionnellement ne posaient pas de problèmes comme les entrepôts désaffectés). Une évolution comparable a pu être observée dans d'autres capitales d'Europe touchées par le phénomène. Aujourd'hui, de nombreuses villes françaises d'importance moyenne ont investi dans des machines anti-graffiti, ce qui représente un coût non-négligeable. Les sociétés de transport, particulièrement visées, y consacrent aussi une partie de leur budget. La SNCF chiffre par exemple le coût du nettoyage des graffitis de ses trains à 5 millions d'euros par an.

La lutte par les moyens techniques[modifier | modifier le code]

Mur dédié au graffiti, à Barcelone

La prévention[modifier | modifier le code]

  • Murs d'expression libre
  • Commandes de décorations urbaines
  • Produits anti-tags

La réparation[modifier | modifier le code]

  • Le jet de sable

La lutte par les moyens judiciaires[modifier | modifier le code]

L'affaire de la SNCF[modifier | modifier le code]

Les faits[modifier | modifier le code]

Début 2003, en France, une vaste enquête regroupant des agents de la Police nationale, de la SNCF et de la RATP, a abouti au démantèlement d'un réseau de 150 graffiteurs auraient causé plusieurs dizaines de millions d'euros de dégâts depuis 1999.

Jusqu'ici, les tagueurs n'étaient poursuivis que pour les dégradations dont on avait prouvé en flagrant-délit qu'ils étaient les auteurs. Les graffiteurs n'étaient souvent condamnés qu'à des travaux d'intérêts généraux consistant notamment à réaliser des fresques pour le compte de la SNCF. Cependant les sociétés de transports publics et l'état se sont retrouvés confrontés à une pratique du graffiti de plus en plus mal vécue par les usagers [13] comme par le personnel d'entretien, de plus en plus coûteuse et de plus en plus agressive[14]

L'organisation de la lutte[modifier | modifier le code]

En 1999, la SNCF se dota d'une mission Propreté qui commença par prendre des contacts sérieux avec la Police nationale et se dota de ses propres agents enquêteurs, munis d'appareils photos numériques afin de photographier le maximum de graffitis dans tout l'hexagone.

Quelques magistrats prirent conscience de l'ampleur du phénomène et à partir de 2001 demandèrent aux policiers de remonter jusqu'aux auteurs des revues et des sites Internet consacrées aux graffitis, de répertorier les tags afin de différencier les bandes, afin de les traduire devant la Justice. Désormais, la Justice souhaitait poursuivre un tagueur pris, non plus seulement sur un fait de flagrant délit mais sur l'ensemble des tags qui présentent une même signature et des mêmes caractéristiques.

À partir de juin 2001 l'organisation de la lutte anti-tagueurs commença à monter en puissance :

  • toutes les photos de tags prises par les agents de la SNCF sur toute la France et de la RATP sur la région parisienne furent centralisées, répertoriées et analysées par des spécialistes, afin d'attribuer chaque graffiti à la bande responsable ;
  • les policiers, peu à peu, remontèrent les filières des sites et des journaux, grâce aux agendas et aux papiers saisis, de plus en plus de membres de bandes furent arrêtés. Lors des perquisitions, les policiers ramenèrent divers éléments de preuve : revues, carnets d'adresses, agendas, sites Internet, contenus des messageries et adresses IP des correspondants, numéros de téléphones portables, informations permettant de pénétrer de nuit dans les bâtiments et garages de la SNCF et de la RATP, avec parfois le double des clés ;
  • certains graffeurs prirent peur. Un collectif d'avocat commença à donner dans les revues des conseils aux tagueurs en cas d'arrestation.
Les procès[modifier | modifier le code]

Le premier procès a eu lieu en 2003 à Versailles. Il n'était plus question d'amendes légères contre les 150 personnes poursuivies : la SNCF et la RATP avaient demandé d'importantes sommes en dommages et intérêts. Pour la seule SNCF, le montant s'élève à 1,3 million d'euros. Il s'est avéré à la lumière du procès que certains des tagueurs avaient des métiers lucratifs dans la publicité ou le graphisme.

Un autre procès s'est déroulé en 2004 ; la SNCF requérait à l'encontre de journaux ayant représenté des fresques sur train, considérant que cela était une incitation au viol de la loi. La SNCF réclamait la suppression pure et simple de ces journaux en réclamant 150 000 euros. À l'issu de ce procès, les journaux furent acquittés. La décision a été saluée par la Ligue des droits de l'homme, car selon elle, c'est le reflet d'une répression parfois abusive, notamment concernant les sites sur Internet.

Économie du graffiti[modifier | modifier le code]

Assez tôt dans l'histoire du graffiti « new yorkais », de jeunes artistes ont été rémunérés pour décorer des boites de nuit et des devantures ou des rideaux de fer de boutiques. Certains vivent véritablement de cette activité, notamment les artistes « légendaires » dont d'autres graffiteurs débutants n'oseront pas saccager le travail : avoir un rideau de fer peint par un graffiteur respecté est l'assurance que celui-ci ne sera plus vandalisé par des tagueurs.

Certains graffiteurs vendent leur travail sous forme de toiles peintes, ou le déclinent sous forme de Tee-shirts et autres décorations vestimentaires, de prestations graphiques (cf. La « Carte-Jeunes » de la fin des années 1980 qui était dessinée par le peintre Megaton), de pochettes de livres, de bijoux, etc.

Le Graffiti a engendré un phénomène éditorial qui n'a rien de négligeable depuis la parution du livre Subway Art[15] qui sera suivi d'un grand nombre d'autres ouvrages et deviendra une section à part entière dans les rayons « Arts graphiques » des librairies. Une presse se développe aussi avec des journaux tels que Graf Bombz, Mix Grill, Graff'it ou 1 Tox en France, Sicopats en Espagne, Stress aux états-unis, etc. Les journaux « généralistes » consacrés au Hip Hop ouvrent souvent largement leurs colones au graffiti.

Des boutiques consacrées à l'achat de matériel pour les graffiteurs existent dans plusieurs grandes villes d'Europe ou d'Amérique du Nord. On y trouve notamment des peintures aux couleurs rares et aux propriétés couvrantes adaptées, des « buses » (le bouchon diffuseur de l'aérosol) servant à faire des traits aux formes précises — très fins ou très épais, par exemple —, des marqueurs très larges, des masques, des lunettes ou des combinaisons de protection, etc.

Lieux de conservation ou d'étude de graffitis[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le mot est un emprunt à l'italien, de même sens qu'en français ; si le singulier du terme italien est bien graffito, il est préférable d'utiliser la forme francisée un graffiti / des graffitis.
  2. Le mot fresque étant pris ici au sens de "peinture murale décorative", qui est un abus de langage. En effet la Fresque est une technique particulière dans laquelle la couleur est appliquée sur un enduit à la chaux frais (fresco en italien). Le terme de fresque est le plus souvent utilisé improprement dans le langage courant et désigne la peinture murale ou le graffiti, mais rarement cette technique particulière.
  3. Issus du site d'Alain Canu consacré à Pompei et qui consacre plusieurs pages aux graffitis : Noctes Gallicanae
  4. Voir à ce sujet le site web http://bruleursdecoles.free.fr
  5. Souvent, le pseudonyme était accolé au numéro de la rue où résidait le graffiteur.
  6. Dans le South Bronx, c'est à dire le quartier le plus mal-aimé de la ville à cette époque.
  7. Train dont une face est totalement peinte, fenêtres comprises
  8. Train dont les fenêtres sont épargnées
  9. Grand lettrage exécuté très rapidement et avec peu de couleurs
  10. On en trouvera une belle liste ici : [1]
  11. Avec une interview de Lokiss, Scipion, Saho, Skki et Jacki dans Le Matin, daté du 14 janvier 1986
  12. selon les auteurs de Spraycan Art, cf. Bibliographie.
  13. un sondage commandé à l'IFOP a permis d'établir que 85 % des voyageurs interrogés trouvaient ces tags dégradants pour les biens et les lieux, et pouvaient être vécus comme une agression, car selon eux, un lieu tagué sans aucun motif artistique, semble encore plus insalubre et mal famé
  14. Marquage indélébile des vitres à l'aide de pointes de tungstène, projections à l'acide sur l'acier des wagons, altercations avec les agents de la SNCF ou les passagers qui protestent, etc.
  15. Subway Art, Henry Chalfand et Martha Cooper, éd. Thames and Hudson, 1984

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henry Chalfant, Martha Cooper, Subway Art, éd. Thames and Hudson, 1984
  • Henry Chalfant, James Prigoff, Spraycan Art, 1987
  • Denys Riout, Dominique Gurdjian, Jean-Pierre Leroux, Le Livre du graffiti, éd. Alternatives 1985
  • Stéphane Lemoine, Julien Terral, In situ, un panorama de l'art urbain de 1975 à nos jours, éd. Alternatives 2005
  • Jean Baudrillard, Kool Killer ou l'insurrection par les signes in L'échange symbolique et la mort, Gallimard, 1976

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • Style Wars, par Henry Chalfant et Tony Silver, 1983
  • Wild War, FAT Prod (2 numéros)
  • Writerz : 1983-2003, 20 ans de graffiti à Paris, par Marc Aurèle Vecchione, 2003

Fictions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

wikilien alternatif2

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Le Graffiti.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Monde[modifier | modifier le code]

International[modifier | modifier le code]

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Hollande[modifier | modifier le code]

  • saL aka saL onE / saL-onE

Suisse[modifier | modifier le code]