Tracey Rose

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Tracey Rose
En décembre 2010, au salon urbain de Douala, examinant une œuvre de Boris Nzebo.
Biographie
Naissance
Nationalité
Activités

Tracey Rose, née en 1974, est une artiste sud-africaine qui vit et travaille à Johannesburg. Elle est connue pour ses performances, ses vidéos, et ses photographies, où elle n'hésite pas à provoquer en mettant en scène son propre corps, et « en tournant en dérision un malaise féminin et métis dans un monde de machos noirs et blancs »[1]. Elle est une des artistes marquantes de la période post-apartheid[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Tracey Rose naît en 1974 à Durban, en Afrique du Sud, au sein d'une famille catholique, aux origines à la fois écossaises et Khoïsan[3]. Elle a la possibilité en tant que métisse d'être admise aux établissements scolaires pour jeunes filles blanches, mais y apprend surtout qu'elle n'est ni blanche ni noire. Elle fréquente ensuite l'université du Witwatersrand à Johannesburg, en Beaux-Arts et en sort en 1996, dans un pays où l'apartheid vient d'être aboli, deux ans plus tôt, en 1994[4].

Elle enseigne au Technikon (institut universitaire de technologie) du Triangle du Vaal, à Vanderbijlpark et à l'université du Witwatersrand[5] et réalise ses premières expositions. Une de ses performances les plus provocantes et les plus ironiques, nommée Span I / Span II, est présentée dès 1997 à la 2e biennale de Johannesburg. Elle s'y expose nue et rasée, en vitrine dans une cage de verre, tricotant les poils de son corps, assise sur une télévision diffusant une image d'odalisque et sur fond de témoignages audios de métis[2],[4]. En 1998, une vidéo présentée à l'exposition Demoracy's Images, au Musée de l'image de Umeå, continue à jouer avec la nudité et le voyeurisme, avec une vidéo la montrant via un miroir dans une salle de bains, avec une qualité d'image rappelant les caméras de surveillance[3]. TKO, en 2000, est une vidéo présentant sa silhouette à nouveau nue, couverte de talc, boxant un punching ball, renvoyant à la fois une image de fragilité et de violence[2].

En février et , l’artiste est en résidence au Cap, à la South African National Gallery, où elle travaille pour la Biennale de Venise. En 2001, elle présente à New York des photographies où elle reprend une figure féminine khoisan célèbre en Europe au début du XIXe siècle, la « Vénus hottentote », exhibée en Angleterre et en France comme une attraction de foire[6]. Isabelle Ruf écrit dans le journal suisse Le Temps : « On a voulu voir en Tracey une nouvelle Saartje Baartman, la Vénus hottentote stéatopyge, exhibée dans les musées européens au siècle dernier, symbole de l'exploitation colonialiste. Mais la jeune artiste ne se pose pas en victime. C'est une femme en colère et fragile, qui s'est fait violence en s'exposant ainsi »[7]. En 2002, son œuvre Cia Bella associe des photographies, où elle incarne différents personnages féminins, à une vidéo réunissant autour d'une table, la Cène, ces figures féminines[3]. En 2004, elle fait partie de la sélection d'artistes africains présentés dans l'exposition itinérante Africa Remix (présentée successivement à Düsseldorf, Londres, Paris, Tokyo, Stockholm et Johannesburg de 2004 à 2007)[8]. Elle reprend une formation à la South African School of Motion Picture Medium and Live Performance, en 2004, puis poursuit par un Master of Fine Arts à l'université de Londres en 2007, tout en continuant à présenter des performances artistiques, des vidéos et de photographies dans le monde entier[2]. En 2011, l'exposition Waiting for God permet de revisionner quinze ans de création[3].

Dans la photo The Kiss, présentée par exemple dans l'exposition L’Iris de Lucy au musée départemental d’art contemporain de Rochechouart en 2016, Tracey Rose prolonge sa réflexion sur la représentation de l'identité raciale dans l’histoire de l’art occidental, en «revisitant» l’œuvre d'Auguste Rodin Le Baiser. Mais là, c'est un homme noir qui est au centre du dispositif, nu, embrassant une femme blanche, nue[9].

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Principales expositions et performances[modifier | modifier le code]

Principales expositions personnelles[modifier | modifier le code]

Principales expositions collectives[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Cessou (2) 2005, p. 125-128.
  2. a b c et d Murphy 2013, p. 3738.
  3. a b c et d Creen 2011, Africultures.
  4. a et b Cessou 2005, p. 37-41.
  5. ArtFacts.Net
  6. Site de Tate Modern
  7. Ruf 2001, Le Temps.
  8. Murphy 2013, p. 3739.
  9. Azimi 2016, Le Monde.
  10. Cotter 2002.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Sue Williamson, « A feature on an artist in the public eye: Tracey Rose », Artthrob, no 43,‎ (lire en ligne).
  • isabelle Ruf, « la colère des artistes noirs », Le Temps,‎ .
  • (en) Annie E. Coombes, History After Apartheid : Visual Culture and Public Memory in a Democratic South Africa, Duke University Press, , 366 p. (lire en ligne), p. 254-257.
  • Sabine Cessou, « Afrique du Sud : Les métis restent sans voix », Africultures, vol. 1, no 62,‎ , p. 37-41 (DOI 10.3917/afcul.062.0037, lire en ligne).
  • (en) Christopher Spring, Angaza Afrika : African art now, Laurence King, , 336 p. (lire en ligne), « Tracey Rose, South Africa », p. 271.
  • (en) Nicole R. Fleetwood, Troubling Vision : Performance, Visuality, and Blackness, University of Chicago Press, , 276 p. (lire en ligne), p. 31-32, 109, 118-127, 182.
  • (en) Sylvia Tamale, African Sexualities : A Reader, Fahamu/Pambazuka, , 656 p. (lire en ligne), p. 206.
  • Christine Eyene, « La virginité passée : femme, sexualité et art. », Africultures, vol. 3, no 85,‎ , p. 48-59 (DOI 10.3917/afcul.085.0048, lire en ligne).
  • Julie Creen, « Tracey Rose : le défi au corps », Africultures,‎ (lire en ligne).
  • Maureen Murphy, « Rose, Tracey [Durban 1974] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 3738-3739.
  • Clémentine Gallot, « «Body Talk», Moiteurs africaines », Libération,‎ (lire en ligne).
  • Roxana Azimi, « Exposition « L’Iris de Lucy » : la femme africaine à l’honneur », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • (en) Holland Cotter, « Art in review: Tracey Rose », The New York Times,‎ (lire en ligne).

Contexte.

  • Pensa, Iolanda (Ed.) 2017. Public Art in Africa. Art et transformations urbaines à Douala /// Art and Urban Transformations in Douala. Genève: Metis Presses. (ISBN 978-2-94-0563-16-6)

Webographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]