Jean-Baptiste Carpeaux

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Jean-Baptiste Carpeaux
Description de cette image, également commentée ci-après
Ernest Hiolle, Buste de Carpeaux, ornant sa tombe au cimetière Saint-Roch de Valenciennes[1].
Naissance 11 mai1827
Valenciennes
Décès
Courbevoie
Nationalité Drapeau de la France France
Pays de résidence Drapeau de la France France
Profession
Formation

Jean-Baptiste Carpeaux, né le à Valenciennes et mort le à Courbevoie, est un sculpteur, peintre et dessinateur français.

Biographie

Jean-Baptiste Carpeaux grandit dans une famille modeste d'ouvriers à Valenciennes. Il est né au 53 de la rue Delsaux. Sa maison natale est remarquable (façade) mais l'intérieur est, malheureusement, laissé à l'abandon. Il aime dessiner et souhaite faire des études de sculpture contre la volonté de son père. Arrivé à Paris en 1838 avec sa famille[2], Carpeaux reçoit une première formation de dessin et de modelage à la Petite École. En 1844, il entre à l'école des beaux-arts de Paris dans l'atelier de François Rude. Dix ans plus tard, il remporte le prix de Rome avec son Hector implorant les dieux en faveur de son fils Astyanax. Son arrivée dans la capitale italienne est différée d'un an, l'artiste devant achever plusieurs commandes. Il s'installe à la villa Médicis en janvier 1856 et étudie les grands maîtres : Raphaël, Michel-Ange. Il voyage en Italie où il puise son goût pour le mouvement et la spontanéité. De son séjour italien, il sculpte trois "envois", le petit boudeur, le Pêcheur à la coquille et son Ugolin entouré de ses quatre enfants. En 1862, rentré à Paris, il est introduit à la cour impériale par son ami et mécène, Eugène d'Halwin de Piennes bientôt chambellan de l'impératrice. Il sculpte la même année un buste de la princesse Mathilde qui lui permet d'obtenir plusieurs commandes de la part de Napoléon III. Il participe à la décoration extérieur du pavillon de Flore (Le triomphe de Flore) et l'opéra Garnier (La Danse (Carpeaux)).

En 1869, Carpeaux sculpte La Fiancée. Le modèle est Amélie Clotilde de Montfort (1847-1908), fille du vicomte Philogène de Montfort, conseiller général de la Marne et général gouverneur du palais du Luxembourg. Il tombe amoureux de son modèle et l'épouse la même année. Ils auront trois enfants.

Il collabore avec l'architecte Gabriel Davioud pour sa dernière œuvre, la Fontaine des Quatre Parties du Monde de la place Camille-Jullian à Paris. Il réalise le groupe des quatre figures de L'Asie, L'Europe, L'Amérique et L'Afrique soutenant le globe terrestre. Après sa mort c'est Emmanuel Frémiet qui achève la fontaine en ajoutant les huit chevaux bondissants, les tortues et les dauphins du bassin.

Les dernières années de sa vie sont sombres. La guerre et la défaite de 1870 tarissent les commandes. À la même époque, Carpeaux développe à l'égard de sa femme une jalousie maladive qui conduit à la séparation du couple en 1874. Sous l'influence de ses parents, à court d'argent, il abandonne la direction de son atelier à son frère. En 1875, il meurt à quarante-huit ans après d'atroces souffrances dues à un cancer de la vessie.

Jean-Baptiste Carpeaux, très attaché à sa ville natale, lègue une partie de ses œuvres au musée des beaux-arts de Valenciennes.

Il est enterré au cimetière Saint-Roch à Valenciennes[3].

Carrière artistique

Contexte

Dans le contexte de la sculpture française du XIXe siècle, les multiples commandes publiques auxquelles s'ajoutent le poids de l'Académie et de l'école des beaux-arts renforcent plus l'académisme dominant que l'expression personnelle des artistes. Or Jean-Baptiste Carpeaux, par son esthétique néo-baroque, est un des sculpteurs les plus marquants de cette époque.

Carpeaux sculpteur

La jeune fille à la coquille à Valenciennes.

Pour Jean-Baptiste Carpeaux « la sculpture, c'est la vie, la vie, c'est le mouvement.[réf. nécessaire] » Lors de son séjour à Rome, il réalise le Pêcheur à la coquille (1857-1858) : ce garçon qui écoute, ravi, le murmure de la mer au fond d'un coquillage, est son premier grand succès. En 1861, il réalise son chef-d'œuvre Ugolin entouré de ses quatre enfants, un père torturé par l'alternative de mourir ou de manger ses enfants. Il puise son sujet chez Dante, grand poète italien, où s'affirment son romantisme et son goût de l'expression.

À Paris, il s'assure la protection de Napoléon III, sculpte la princesse impériale, et reçoit des commandes officielles. Chacune de ses œuvres, où éclatent ses conceptions naturalistes et son désir de restituer un mouvement inspiré du style baroque, fait l'objet de polémiques : le Nu du fronton du pavillon de Flore, au palais du Louvre à Paris, est jugé trop sensuel, son groupe de La Danse (1869) sur la façade sud de l'Opéra Garnier à Paris provoque l'indignation par sa liberté et son réalisme. Atteint du cancer, il réussit à terminer le groupe des Quatre Parties du monde pour la fontaine de l'Observatoire à Paris en 1874.

Carpeaux est avant tout un modeleur, travaillant l'argile d'où il tire plusieurs esquisses de ses grandes œuvres. Certains modelages ont servi pour constituer ds moules en plâtres. Le transfert en pierre dure est fait essentiellement par des praticiens[4]. L'artiste va ré-éditer également plusieurs versions de ses œuvres dans un but commercial, isolant ainsi certaines figures de plus vastes compositions[4].

Carpeaux peintre

Scène de rue, Washington, The Phillips Collection.

Jean-Baptiste Carpeaux est aussi un peintre renommé. Il confiait : « J’ai barbouillé bien des toiles (…) j’aime cet art avec passion[5]. » Jean-Baptiste Carpeaux poursuit le modèle de l'artiste universel : être peintre, décorateur et sculpteur.

Les peintures de Carpeaux révèlent une grande diversité de styles et de sujets, elles s’affirment comme des œuvres à part entière, empreintes de spontanéité et de rapidité du dessin. À la différence de ses sculptures, très peu de ses toiles sont sorties de son atelier.

Carpeaux a peint des paysages, des scènes de la vie quotidienne, des portraits et autoportraits, des scènes religieuses et des peintures d'histoire. À tout instant, il prenait des notes, aussi bien dans la rue qu'aux réunions de la Cour impériale. Ses peintures sont nées de ces croquis, avec une apparence voulue d'ébauche et de premier jet. Dans un esprit « moderne », ces derniers sont l'expression même de la vie et du mouvement[6].

Cet aspect de la carrière de l’artiste permet de confronter ses sculptures et ses peintures, puisque l’artiste tisse volontairement des rapports entre ces deux arts. Durant son séjour romain à la villa Médicis, l’artiste exécute ses premières copies, qu’il poursuivra toute sa vie.

Le corps humain est très présent dans la sculpture de l’artiste et l’est aussi dans sa peinture où il reprend ses sculptures les plus célèbres comme Ugolin entouré de ses quatre enfants, Pêcheur à la coquille (1857-1858), Flore accroupie ou La Danse (1869). Carpeaux utilise la grisaille dans Ugolin et La Danse, cette technique lui permet d’obtenir des reliefs et des contrastes d’ombres et de lumières. Il s’agit d’œuvres qui semblent bien réelles tant leur matérialité (base, socle, contours, ombre) est marquée[7]. Dès lors, on ne parle plus d’un « Carpeaux d’après les maîtres » mais d’un « Carpeaux d’après Carpeaux ».

Le musée des beaux-arts de Valenciennes, le musée du château de Compiègne, le Petit Palais et le musée d'Orsay à Paris conservent des toiles de Carpeaux.

Œuvres

Sculptures

Paris

  • Pêcheur à la coquille ou Pêcheur napolitain[8], 1858, plâtre, Petit Palais, Paris.
  • Daphnis et Chloé, 1873, plâtre patiné, Petit Palais, Paris.
  • Les Trois Grâces, 1874, terre cuite, Petit Palais, Paris.
  • Ugolin entouré de ses quatre enfants, 1860, bronze, 1.950 × 1,500 m, musée d'Orsay, Paris.
  • Buste d'Anna Foucart, 1860, bronze, Paris, musée d'Orsay
  • La Marquise de la Valette, plâtre, 1861, musée d'Orsay
  • La princesse Mathilde, 1862, marbre, musée d'Orsay, Paris.
  • Le Prince impérial et son chien Néro ou L'enfant au lévrier, 1865, marbre, musée d'Orsay, Paris.
  • Le Triomphe de Flore, façade du pavillonde Flore du Musée du Louvre, 1865
  • Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste, 1868-1872, commande de la ville de Paris pour le jardin de l'Observatoire, plâtre, musée d'Orsay, Paris.
  • La Danse, 1865-1869, façade du palais Garnier, plâtre au Musée d'Orsay, Paris.
  • Charles Garnier, buste, 1868-1869, bronze sur marbre, Paris, Musée d'Orsay
  • Eugénie Fiocre, plâtre, 1869, Paris, musée d'Orsay
  • Jean-Léon Gérôme, buste en bronze, 1871, Paris, musée d'Orsay
  • Alexandre Dumas fils, 1873-1874, Parsi, Comédie-Française
  • Madame Delthil de Fontréal, plâtre patiné, 1873, Paris, musée d'Orsay


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Province


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Autres

  • Napoléon III, marbre, 1872-1873, New-York, Metropolitan Museum of art

Peintures

  • Le Pêcheur à la coquille (1857-1858), huile sur toile, Paris, musée d'Orsay.
  • Bal costumé au palais des Tuileries (1867) (l'empereur Napoléon III et la Comtesse de C.), , huile sur toile, Paris, musée d'Orsay.
  • Autoportrait dit « Carpeaux criant de douleur » (1874), huile sur toile, musée des beaux-arts de Valenciennes.
  • Coucher de soleil (1872), huile sur toile, musée des beaux-arts de Valenciennes.
  • La Relève des morts à Montretoux (1871), huile sur toile, musée des beaux-arts de Valenciennes.
  • Naufrage dans le port de Dieppe (1873), huile sur toile, Paris, Petit Palais.

Dessins

  • Diverses figures du groupe de La Danse et des croquis, des études préparatoires d'œuvres sont conservés au musée des beaux-arts de Valenciennes
  • La Charité, dessin à l'encre noire et à la plume sur papier, musée d'Évreux
  • Amélie de Montfort (1869), pierre noire sur papier, Paris, Petit Palais
  • Les Enfants de l'artiste, Charles et Louise, endormis (vers 1874), crayon et pierre noire sur papier, Paris, Petit Palais

Bibliographie

  • Paul Jamot, « Carpeaux peintre et graveur », dans la Gazette des Beaux-Arts, mai 1908
  • Victor Beyer, Annie Braunwald, Lise Duclaux, Sur les traces de Jean-Baptiste Carpeaux, catalogue de l'exposition du Grand Palais, 11 mars-5 mai 1975, Éditions des Musées nationaux, Paris, 1975
  • Michel Poletti et Alain Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur (1827-1875) - Catalogue raisonné de l'œuvre édité de Carpeaux, Univers du Bronze, Paris, Les éditions de l'Amateur
  • Claude Jeancolas, Carpeaux peintre et sculpteur, Edita, Lausanne, 1987
  • Laure de Margerie, Carpeaux : la fièvre créatrice, Paris, Découverte Gallimard no 68, RMN, 1989
  • sous la direction de Patrick Ramade et Laure de Margerie, Carpeaux peintre, Paris, RMN, 1999, catalogue de l'exposition au musée des beaux-arts de Valenciennes du 8 octobre 1999 au 3 janvier 2000, et au musée du Luxembourg à Paris 24 janvier au 4 avril 2000.
  • Collectif, Jean-Baptiste Carpeaux, 1827-1875, Gallimard, 2014, (ISBN 9782070145935), 360 p., catalogue de l'exposition Carpeaux (1827-1875), un sculpteur pour l'Empire au musée d'Orsay du 24 juin au 28 septembre 2014.

Iconographie

Antoine Bourdelle, Carpeaux au travail, jardin du musée des beaux-arts de Lyon.

Hommages

Notes et références

  1. Catherine Guillot, Bruno Chérier (1817-1880) : Peintre du Nord, ami de Carpeaux, Presses Universitaires du Septentrion, 2010, p.42.
  2. Kisiel M, L'homme et l'artiste, entre triomphes et tourments, Dossier de l'art n°220, juillet-août 2014, p 18-26
  3. Martine Kaczmarek, La Voix du Nord du 15 novembre 2009, p. 44.
  4. a et b Joseph W, Technique et création chez Carpeaux, Dossier de l'art n°220, juillet-août 2014, p 29-33
  5. Laure de Margerie, Carpeaux peintre, p. 76.
  6. Laure de Margerie, Carpeaux peintre, p. 87.
  7. Laure de Margerie, Carpeaux peintre, p. 82.
  8. Notice du musée d'Orsay
  9. Notice en rapport sur la base Joconde

Liens externes

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