Félix Kir

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Félix Kir
Illustration.
Buste de Félix Kir, chanoine de Bèze de 1910 à 1924, installé à la résurgence de Bèze.
Fonctions
Maire de Dijon

(23 ans)
Élection mai 1945
Réélection 1947
Prédécesseur Georges Connes
Successeur Jean Veillet
Député de la Côte-d'Or

(22 ans)
Législature 1re et 2e Assemblée constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)

Ire et IIe (Cinquième République)

Groupe politique RI (1945-1955)
IPAS (1956-1962)
RD (1962-1967)
Successeur Robert Poujade
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Alise-Sainte-Reine
Date de décès (à 92 ans)
Lieu de décès Dijon
Parti politique CNI

Félix Kir (Alise-Sainte-Reine, - Dijon, ), plus connu sous le nom de chanoine Kir, est un prêtre séculier, chanoine et homme politique français. Résistant, il fut, après-guerre, député-maire de Dijon. Il a donné son nom à une boisson, le kir.

Biographie

Issu d'une famille installée depuis plusieurs générations à Alise-Sainte-Reine[1], Félix Kir naît dans ce village en 1876. En 1891, il entre en quatrième au petit séminaire de Plombières-lès-Dijon et est ordonné prêtre en 1901. Il est successivement vicaire à Auxonne ; curé de Drée ; vicaire à Notre-Dame de Dijon de 1904 à 1910 ; curé de Bèze de 1910 à 1924, ministère pendant lequel il est mobilisé dans les services de santé. De 1924 à 1928, il est curé de Nolay. En 1928, l'évêque de Dijon le nomme directeur des œuvres et groupements d'hommes et des œuvres de presse. Il s'installe alors à Dijon. Il est nommé chanoine honoraire en 1931.

Résistant

La Seconde Guerre mondiale permet au chanoine Kir d'exercer des responsabilités publiques. Le 16 juin 1940, alors que le maire de Dijon, Robert Jardillier, a quitté la ville, Félix Kir est nommé membre de la délégation municipale de Dijon. Il fait évader 5 000 prisonniers de guerre français du camp de Longvic. Cette activité lui vaut d'être arrêté par les Allemands d'octobre à décembre 1940, puis relâché ; mais il perd alors ses fonctions municipales. Il est à nouveau arrêté, deux jours, en 1943. Son attitude patriote lui attire l'hostilité des collaborateurs. Le 26 janvier 1944, il est victime à son domicile d'un attentat perpétré non par la Milice, mais par des Français à la solde directe des occupants[2]. Blessé de plusieurs balles, il se soustrait aux recherches de la Gestapo en quittant Dijon, où il revient le , jour de la Libération de la ville.

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1946 et cité à l'ordre de l'armée.

Politique

En mai 1945, il est élu maire de Dijon et le reste jusqu'à sa mort, étant réélu en 1947, 1953, 1959 et 1965. Il est conseiller général de Côte-d'Or et député à l'Assemblée nationale de 1945 à 1967, et inscrit au CNI. Il est le doyen de l'Assemblée nationale de 1953 à 1967.

À Dijon, sa réalisation la plus notable est le lac artificiel à l'ouest de la ville, créé pour agrémenter la ville et réguler les crues de l'Ouche. Inauguré le 20 juin 1964, il reçut officiellement en 1965 le nom de lac du chanoine Kir. Sous ses mandats, de nouveaux quartiers sont urbanisés, notamment celui de la Fontaine-d'Ouche.

Le maire de Dijon appréciait les jumelages : il a jumelé sa ville avec York et Dallas en 1957, Mayence en 1958, Reggio d'Émilia en 1963, Meknès en 1967. Dijon et Stalingrad furent associées en 1959.

Personnage

Monument au lac Kir de Dijon

C'était un personnage truculent, aux réparties mordantes. Il travailla de son vivant à créer sa propre légende, en s'attribuant des actions exceptionnelles. Il n'hésita pas à prendre le képi pour faire la circulation devant la mairie de Dijon. À un député communiste qui l'invectiva sur sa foi, refusant qu'on puisse croire en Dieu sans jamais l'avoir vu, il aurait répondu : « Et mon cul, tu l'as pas vu, et pourtant il existe ! ». Ce fut le dernier prêtre député à avoir porté la soutane sur les bancs et à la tribune de l'Assemblée nationale. À la tribune de l’assemblée, il eut cette formule : « Mes chers confrères, on m’accuse de retourner ma veste et pourtant, voyez, elle est noire des deux côtés ».

À l'Assemblée nationale il présida également, en tant que doyen d'âge, la première séance de la Ve République.

Le chanoine donna son nom à une recette de vin blanc-cassis, le kir, que la mairie servait à ses invités depuis plusieurs décennies. En 1952, le chanoine concéda l'exclusivité du nom à la maison Lejay-Lagoute. Néanmoins, pour ne pas peiner les autres liquoristes de Dijon, il leur permit également d'utiliser son nom, ce qui provoqua un conflit : un arrêt de la Cour de cassation du 27 octobre 1992 réserva l’exclusivité du Kir à la maison Lejay-Lagoutte, mais cet arrêt ne fut jamais appliqué[3]. Lorsqu'il se rendait à l'Assemblée, il emportait un cabas contenant une bouteille de vin blanc et une bouteille de liqueur de cassis et il offrait un kir à ses compagnons de voyage.

Lors d'une visite officielle en France, le premier secrétaire du Parti communiste de l'U.R.S.S., Nikita Khrouchtchev, vint à Dijon le 28 mars 1960 pour rencontrer le chanoine Kir. Cette entrevue ne put avoir lieu, le chanoine en ayant été dissuadé par l'évêque de Dijon, soutenu par la Commission permanente de l'Épiscopat, en raison des persécutions commises contre les catholiques dans les pays communistes. L'après-midi du 28 mars 1960, Félix Kir quitta Dijon et n'y revint que le soir, pour éviter que se déroulent des manifestations devant son domicile, au moment de la visite de Khrouchtchev. Cet épisode, déformé par la presse, fut présenté comme un « enlèvement » du chanoine Kir. Cependant, le chanoine rencontra quelques semaines plus tard Nikita Khrouchtchev à l'ambassade soviétique à Paris, le 17 mai 1960. Puis il fut invité à lui rendre visite en septembre 1964 à Moscou, et il s'entretint avec lui au Kremlin[4].

Cette rencontre, ainsi que le jumelage (officiellement « protocole d'amitié ») de Dijon avec Stalingrad (aujourd'hui Volgograd) en 1959, firent de lui le plus célèbre « anticommuniste pro-bolchevik de l'Histoire de France ». Cela lui valut un désistement en sa faveur du candidat communiste au second tour des élections législatives de 1962 (alors qu'il était membre d'un parti nettement à droite, le Centre national des indépendants et paysans). Il fut alors réélu face au candidat gaulliste, réélection qui n'aurait pas été assurée sans ce désistement.

Œuvres littéraires

  • Le problème religieux à la portée de tout le monde : L’Âme - Dieu - Le Christ, 1923, puis Paris : impr. des Orphelins d'Auteuil, 1950 (paru avec la mention : Aucun droit réservé), 136 p.

Bibliographie

  • Guillaume Laporte [pseudonyme de Jean-François Bazin et d'Alain Mignotte], Le chanoine Kir a-t-il existé ?, s.l., 1968, 183 p.
  • Jean-François Bazin, Alain Mignotte, Pour le meilleur et pour le kir, le roman d'un mot-culte, Mâcon, JPM éditions, 2002, 209 p.
  • Louis Muron, Le chanoine Kir, Paris, Presses de la Renaissance, 2004, 253 p.
  • Charles Marquès, Le XXe siècle à l'hôtel de ville de Dijon, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, 2006, 316 p.
  • Louis Devance, Kir, je te pardonne Le chanoine et son assassin, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armançon, 2006, 271 p.
  • Louis Devance, Le chanoine Kir L'invention d'une légende, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007, 471 p.

Sur l'« enlèvement » du chanoine Kir :

  • René Rémond, L'anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Fayard, 1999, p. 338 et suivantes

Adaptation télévision

Kir, la légende et son double, par Éric Nivot, avec François Chattot dans le rôle de Kir. Diffusée en 2012 sur France 3.

Références

  1. Louis Devance, Le chanoine Kir L'invention d'une légende, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2007, p. 14-15.
  2. Louis Devance, Le chanoine Kir L'invention d'une légende, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2007, p. [94].
  3. Des bienfaits du cassis et de la truculence du Chanoine Kir La chronique Histoire et gastronomie de Jean Vitaux sur Canal Académie
  4. Louis Devance, Le chanoine Kir L'invention d'une légende, Dijon, Éditions Universitaires de Dijon, 2007, p. 308-321.

Annexe

Article connexe

  • Elie Cyper (1908-1944) rabbin de Dijon et résistant.

Lien externe