Dentifrice

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Dentifrice appliqué sur une brosse à dents.

La pâte dentifrice, ou le dentifrice, est une pâte appliquée sur une brosse à dents afin d'être utilisé pour le nettoyage des dents. Le dentifrice contribue à l'hygiène bucco-dentaire de plusieurs manières : il permet d'enlever plus facilement la plaque dentaire, évite la mauvaise haleine, et peut contenir des substances qui préviennent les maladies liées aux dents et aux gencives (comme la gingivite)[1]. Les effets du brossage dentaire dépendent de la manière dont celui-ci est effectué, et non du dentifrice. Actuellement, l'ingrédient le plus important de la plupart des dentifrices est le fluorure. Depuis son introduction, le fluor a permis une diminution significative des caries, grâce à son effet cario-protecteur.

Ingrédients et aromates

Type actuel de pâte dentifrice, contenant des particules de microplastique.

Le fluor est le principal agent actif de la plupart des dentifrices, et contribue à la prévention des caries : il permet la formation d'une couche d'émail moins soluble, et donc moins sensible aux attaques acides qui induisent les caries[réf. souhaitée]. Le composé le plus fréquent est le fluorure de sodium. Certaines marques emploient du monofluorophosphate de sodium, du fluorure d'étain ou du fluorure d'amine. Aux États-Unis comme en Europe, pratiquement tous les dentifrices vendus dans le commerce contiennent un de ces agents actifs, dans une proportion de 1000-1100 ppm. Le fait que ce taux soit relativement constant conduit à penser que les dentifrices bon marché sont tout aussi efficaces que les dentifrices plus onéreux. Dans une étude menée en 1998 sur 38 dentifrices, le magazine américain Consumer Reports jugea l'efficacité de 30 d'entre eux excellente[2].

Les dentifrices contiennent en général, mais pas toujours, du laurylsulfate de sodium ou un autre type de sulfate[3]. Le laurylsulfate de sodium est également présent dans d'autres cosmétiques tels que le shampooing, et agit principalement comme agent moussant[3]. À long terme, l'utilisation d'un dentifrice contenant du laurylsulfate de sodium peut provoquer chez certaines personnes l'apparition d'aphtes[3]. Des ingrédients tels que du bicarbonate de soude, des enzymes, des vitamines, des extraits végétaux, du calcium, des produits de bain de bouche, ou encore de l'eau oxygénée sont souvent ajoutés au mélange de base et mis en valeur par les marques pour leurs effets bénéfiques. Il existe de nombreux goûts de dentifrice, la plupart dérivant de la menthe. Il existe cependant des goûts plus « exotiques » incluant anis, abricot, cannelle, fraise, chewing-gum (principalement destiné aux enfants), citron, fenouil, gingembre, orange, vanille, ou même « sans goût ».

Le dentifrice doit être rejeté après utilisation. Certains types de dentifrice peuvent provoquer des nausées ou la diarrhée s'ils sont ingérés en trop grande quantité[4]. Chez les très jeunes enfants, un empoisonnement aigu au fluorure peut survenir après ingestion d'aussi peu que 1 pour cent d'un tube de pâte dentifrice aromatisée pour enfants[4]. Le calcium utilisé dans le dentifrice est produit à partir d'os d'animaux ou de chaux[réf. nécessaire]. Pour les végétariens et les végétaliens, des dentifrices d'origine indienne dépourvus de dérivés animaux ont été introduits dans le commerce.

Aujourd'hui[Quand ?], un dentifrice, constitué essentiellement d'eau, est principalement composé d'excipients : agents polissants (abrasifs composés de silice, bicarbonates de sodium ou phosphates de calcium), agents humectants, agents moussants (à base de tensioactifs), agents épaississants, conservateurs, colorants, édulcorants, arômes ; et de principes actifs : anti-caries (à base de fluor), agents antibactériens (triclosan ou chlorhexidine), agents de blanchiment et anti-tartre.

Exemple

Le dentifrice Signal Système Blancheur a pour ingrédients: carbonate de calcium, eau, hydrolysat d'amidon de maïs hydrogéné, acide silicique, laurylsulfate de sodium, arôme, monofluorophosphate de sodium, phosphate de sodium, perlite, carmellose, alcool benzylique, saccharine, propylène glycol, glycérol, CI 74160, dioxyde de titane[5].

Types

Dentifrice à rayures

Schéma descriptif montrant comment la pâte de dentifrice sort du tube.

Des rayures peuvent être produites à l'aide de deux tubes, un petit tube contenu dans un plus grand, chaque tube contenant une pâte de couleur différente. Lorsque le tube de dentifrice est pressé, les deux pâtes passent à travers un orifice spécialement conçu pour produire le motif à rayures. Ce type de dentifrice a donné lieu à une séquence culte du film Epidemic de Lars von Trier où ce dernier découpe un tube afin d'en découvrir le fonctionnement.

Afin de réduire les coûts de production, il est actuellement courant de remplir les tubes de pâte comportant déjà des rayures. Quand le tube est pressé, les rayures s'écoulent en parallèle et ne se mêlent pas. La pâte à rayures qui sort du tube est simplement une version plus étroite de ce que contient le tube. Le remplissage est effectué à l'aide d'une tête de remplissage multi-buse qui distribue une pâte de couleur différente dans chaque direction. Pour maintenir les rayures parallèles à l'axe du tube, la tête commence en bas et se rétracte au fur et à mesure du remplissage, restant toujours juste au-dessus du niveau de la pâte. Les tubes à deux compartiments sont généralement réservés aux dentifrices contenant deux préparations devant interagir et qui sont ainsi conservées séparées jusqu'au moment de l'utilisation.

Dentifrice naturel

Le dentifrice aux plantes médicinales est composé de poudre et fabriqué en Thaïlande. Il renforce en douceur l’émail des dents et favorise l’élimination de la plaque dentaire. Il est composé de sel marin, riche en oligo-éléments et tonifie les gencives. Grâce à ses propriétés antiseptiques (composition — clous de girofles), il évite la multiplication massive des bactéries. Il favorise également l’élimination du tartre et de la plaque dentaire sans être abrasif pour les dents. La poudre est active à 100 %, elle ne contient pas de conservateurs, pas d’arôme de synthèse et pas d'agents liants.

Marques populaires

Dentifrices de plusieurs marques.

De nombreuses marques se sont popularisées depuis la commercialisation du dentifrice au XIXe siècle. Des marques canadiennes populaires incluent Aquafresh, Arm and Hammer, Colgate-Palmolive, Crest et Sensodyne. Certains dentifrices contiennent des effets avérés de manière indépendante et portent le sceau de l'Association dentaire canadienne. Pour connaitre les effets reconnues pour un produit spécifique[6]. Des marques américaines populaires incluent Aim toothpaste, Aquafresh, Arm and Hammer, Close-Up, CloSYSII, Colgate-Palmolive, Crest, Elmex, Ipana, Macleans, Mentadent, Pepsodent, Sensodyne, Tom's of Maine et Jaan's Paste.

En Belgique et en France, elles incluent Buccotherm, Aquafresh, Colgate, Dors & Déjà, Denivit, Elmex, Email Diamant, Fluocaril, Sanogyl, Sensodyne, Signal, Tonigencyl, Ultra Brite et Vademecum.

Histoire

La première référence à une forme de dentifrice se trouve dans un manuscrit égyptien datant du IVe siècle av. J.-C., qui mentionne une mixture à base de sel, de poivre, de feuilles de menthe et de fleurs d'iris[7][source insuffisante]. Les Égyptiens de l'Antiquité, eux, employaient un mélange de cendres et d'argile. Les ingrédients exacts du dentifrice restent inconnus[8], mais il a été rapporté que son goût est « fonctionnel et plaisant à goûter[9]. » Au XVIIIe siècle, Furetière évoque, en 1690, des dentifrices secs (poudres à base de minéraux comme des coraux, pierre ponce, sel et alun ; produits animaux comme des coquilles d’œufs, d’escargots et d’écrevisses, corne de cerf et os de sèche ; et produits végétaux comme des racines cuites avec alun et séchées au four) et humides (distillation d’herbes desséchantes et de médicaments astringents) en usage à l'époque[10].

Les premiers dentifrices commercialisés apparurent au XIXe siècle, mais ils ne parvinrent pas à vaincre la popularité des poudres avant la Première Guerre mondiale. À York en 1896, Colgate & Company produisit le premier tube de dentifrice souple actuellement connu[11],[12]. Le fluorure est ajouté dans le dentifrice durant l'année 1890. Le Tanagra, contenant du fluorure de calcium comme ingrédient actif, est vendu à cette époque par la Karl F. Toellner Company, de Brême, en Allemagne[13]. Chaque pays détermine une limite maximale à la quantité de fluorure jugée acceptable pour la santé bien que le fluor soit considéré comme étant nocif par plusieurs études[14],[15] et interdit dans certains pays comme la Belgique[16].

Au début du vingtième siècle, il était conseillé d'utiliser une pâte à base d'eau oxygénée et de bicarbonate de soude. Ce mélange est encore préconisé actuellement pour prévenir les maladies parodontales. En France, le docteur Pierre Mussot fait réaliser en 1894 par Louis-Maurice Boutet de Monvel une affiche devenue célèbre, ainsi que de grandes publicités murales sur des immeubles hausmanniens dans les années 1920[17], comme celle de Jean Carlu pour la marque Gellé frères.

Écoulement

La pâte dentifrice est un fluide newtonien à seuil. Il faut exercer une certaine contrainte de cisaillement pour qu'il commence à s'écouler, en dessous de cette limite, il ne s'écoule pas.

Dentifrices et environnement

De nombreux dentifrices, en raison de leur composition, peuvent négativement interagir avec l'environnement. Les problèmes qu'ils posent sont dû à leur

  • teneur en fluor : les dentifrices enrichis en fluor ou très riches en fluor sont une source de contamination des eaux d'égouts et des boues de station d'épuration par le fluor ;
  • teneur en conservateurs : la plupart des dentrifrices commercialisés contiennent aussi des produits biocides ou des agents conservateurs susceptibles d'interagir avec les microbes présents dans les égouts ou les station d'épuration ;
  • tubes : Ce contenant n'est pas biodégradable ; Les tubes en aluminium sont de plus en plus rares, généralement remplacés par du plastique souple (potentiellement recyclable, mais a priori plutôt jeté avec les déchets non triés) ;
  • teneur en microplastiques. Ces derniers sont des microparticules ou microsphères (Microbeads pour les anglophones) souvent en polyéthylène utilisées comme agent abrasif doux supposés réduire la plaque dentaire et constituant donnant une apparence lisse à la pâte (ou à certains chewing-gum)[18], surtout utilisés depuis les années 1990 et pour des raisons de rentabilité économique (Cole, Lindeque, Halsband, & Galloway 2011). Ils ne sont pas rapidement biodégradables et seront retrouvés dans les eaux grises puis les cours d'eau, estuaires et in fine dans l'environnement marin, car imparfaitement retenus par les filtres de station d'épuration, ou épandus avec les boues dans les champs ou forêts[19].
    Selon un document publié en 2014 par quatre ONG ayant pour objectif la protection des océans, et/ou la lutte contre la pollution par les microplastiques, de nombreux cosmétiques (les 3/4 des savons et autres produits de gommage contiennent des microplastiques, ainsi que divers shampooings, savons, dentifrices, eye-liners, sticks pour les lèvres, déodorants et un écran solaire peuvent aussi en contenir. Ces microplastiques sont faits de polyéthylène (PE), polypropylène (PP), polyéthylène téréphtalate (PET), polyméthacrylate de méthyle (PMMA) ou de nylon, les PE et PP étant les plus communs (en 2012). Des analyses faites pour le compte de la Fondation pour la Mer du Nord (North Sea Foundation) par IVM[20] sur plusieurs produits ont trouvé une teneur en microplastiques qui dans un cas atteignait 10,6% du poids du produit (polyéthylène dans ce cas) soit 21 grammes pour une dose de 200 ml, qui finissent inéluctablement dans le réseau d'égout. Dans un autre produit examiné lors de cette étude, les chercheurs ont trouvé des particules de polyéthylène téréphtalate (PET) de très petite taille (50 µm de diamètre). Au vu de ces travaux, la dose moyenne de microplastique utilisée par jour via les dentifrices et cosmétiques serait de 2,4 mg de microplastique/personne/jour. Ce laboratoire a également trouvé et quantifié des microplastiques dans les stations d'épuration, en aval dans les sédiments marins néerlandais et dans les invertébrés marins (crabes, huître, moule, escargot)[21]. Certains dentistes notent qu'ils trouvent de plus en plus de microplastiques dans les gencives et craignent des effets sanitaires. Ils recommandent des dentifrices sans plastiques[22] (des dentifrices présentés comme plus doux à l'égard de l'environnement (à base d'argile et d'huiles essentielles) existent).

Notes et références

  1. (en) American Dental Association Description of Toothpaste, « Toothpaste »,
  2. (en) Kych, « Best tooth paste ever!!! », sur www.viewpoints.com (consulté le )
  3. a b et c « Le dentifrice un produit d'usage courant » (consulté le )
  4. a et b « Effets sur la santé. Toxicité du fluorure », sur qve.qc.ca (consulté le )
  5. Emballage en août 2014
  6. « Produits reconnus par l'Association dentaire canadienne »
  7. « Les dentifrices industriels » (consulté le )
  8. (en) Lebling Jr., Robert W., « Flight of the Blackbird », Saudi Aramco World,‎ , p. 24–33 (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Sertima, Ivan Van, The Golden Age of the Moor, Transaction Publishers, (ISBN 1-56000-581-5), p. 267
  10. Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences et des arts
  11. (en) "Get the lead out didn't always mean for soldiers to speed up during World War II. It meant removing lead from toothpaste tubes to make bullets." : Architecture, Artifacts & A...
  12. (en) The Talk of the Town: Collapsible : The New Yorker
  13. (en) « Early dental fluoride preparations (dentifrice, mouthwash, tablets, etc.) », sur www.fluoride-history.de
  14. « Et si le dentifrice était dangereux pour la santé ?! », sur Danger-sante.org (consulté le )
  15. « Danger du Fluor » (consulté le )
  16. « Nutriments fluorés déclarés hors-la-loi », sur lalibre.be, (consulté le )
  17. Article sur les publicités murales du docteur Mussot
  18. (Fendall & Sewell 2009). The ones usually found in toothpaste and face wash are even smaller (less than 1mm).
  19. North Sea Foundation, Marine Conservation Society, Seas At Risk & Plastic Soup Foundation (2012) Micro plastics in personal care products, Position paper, Aout 2012
  20. Institute for Environmental Studies : Instituut voor Milieuvraagstukken
  21. H.A. Leslie, M.J.M. van Velzen & A.D. Vethaak (2013), Microplastic survey of the Dutch environment Novel data set of microplastics in North Sea sediments, treated wastewater effluents and marine biota ; VM Institute for Environmental Studies, rapport final : 2013-09-09
  22. ex : Microbeads In Toothpaste & Face Wash], mis en ligne 2014-07-15, consulté 2014-12-20

Annexes

Articles connexes

Lien externe