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* Des réactions d'hypersensibilité aiguë ([[tempête de cytokine]] pouvant rapidement aboutir à un [[Syndrome de défaillance multiviscérale]] et à la mort) et de maladie sérique surviennent parfois, en particulier après injection de gamma globuline d'origine non-humaine<ref name=ISH2005/> ;
* Des réactions d'hypersensibilité aiguë ([[tempête de cytokine]] pouvant rapidement aboutir à un [[Syndrome de défaillance multiviscérale]] et à la mort) et de maladie sérique surviennent parfois, en particulier après injection de gamma globuline d'origine non-humaine<ref name=ISH2005/> ;
* les IgG maternelles peuvent inhiber l'induction de la réponses vaccinales durant au moins la première année de vie (cet effet est contré par les réponses secondaires induites par les rappels de vaccination). Ceci doit être pris en compte dans le [[calendrier vaccinal]].
* les IgG maternelles peuvent inhiber l'induction de la réponses vaccinales durant au moins la première année de vie (cet effet est contré par les réponses secondaires induites par les rappels de vaccination). Ceci doit être pris en compte dans le [[calendrier vaccinal]].

== Histoire et applications de l'immunité passive artificielle ==
[[Image:Antitoxin diphtheria.jpg|thumb|Flacon d'antitoxine diphtérique (daté de [[1895]])]]
[[File:Administration of Diphtheria Antitoxin from Horse Serum.jpg|thumb|Gravure présentant l'administration d'antitoxine diphtérique de sérum de cheval à un jeune enfant, datée de [[1895]] (source : bibliothèque médicale historique du Collège des médecins de Philadelphie)]]

En [[1888]], [[Emile Roux]] et [[Alexandre Yersin]] démontrent que les effets cliniques de la [[diphtérie]] sont dûs à la toxine diphtérique

En [[1890]] une immunité (à base d'antitoxine) contre la [[diphtérie]] et le [[tétanos]] est découverte par [[Emil Adolf von Behring]] et [[Kitasato Shibasaburō]] ; cette antitoxine est le premier grand succès de l'immunologie thérapeutique moderne<ref>{{Article |prénom1=C. E. |nom1=Dolman |titre=The Donald T. Fraser Memorial Lecture, 1973. Landmarks and pioneers in the control of diphtheria |périodique=Canadian Journal of Public Health = Revue Canadienne De Sante Publique |volume=64 |numéro=4 |date=1973-07 |issn=0008-4263 |pmid=4581249 |lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4581249 |consulté le=2020-03-28 |pages=317–336}}</ref>{{,}}<ref>Silverstein Arthur M (1989) History of Immunology (Hardcover) Academic Press.</ref>.
<br>Shibasaburo et von Behring immunisent des [[cobaye]]s avec les produits sanguins d'autres cobayes animaux de la diphtérie ; puis ils montrent que cela est possible chez l’humain avec des produits sanguins d'autres animaux<ref>{{Article |langue=en |prénom1=C. E. |nom1=Dolman |titre=Passive Immunization | History of Vaccines |périodique=Canadian Journal of Public Health = Revue Canadienne De Sante Publique |volume=64 |numéro=4 |date=1973-07 |issn=0008-4263 |pmid=4581249 |lire en ligne=https://www.historyofvaccines.org/content/articles/passive-immunization |consulté le=2020-03-28 |pages=317–336}}</ref>. <br>En [[1896]], l'antitoxine diphtérique est saluée comme «l'avancée la plus importante du [19e] siècle dans le traitement médical des maladies infectieuses aiguës»<ref>{{Article |prénom1=Ken |nom1=Peach |titre=Welcome to PMC Physics A |périodique=PMC Physics A |volume=1 |numéro=1 |date=2007-10-02 |issn=1754-0410 |doi=10.1186/1754-0410-1-1 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1186/1754-0410-1-1 |consulté le=2020-03-28}}</ref>. Avant l’apparition des vaccins et des antibiotiques, l'antitoxine spécifique est souvent le seul traitement disponible pour des infections telles que la diphtérie et le tétanos.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==

Version du 28 mars 2020 à 19:01

L' immunité passive est le transfert d'une immunité immédiatement active (permise par des anticorps), mais non durable.

Chez certaines espèces (dont l'espèce humaine), l'immunité passive est une immunité d'abord apportée au foetus, in utero, par la mère, via des anticorps ransférés au fœtus par le placenta; Après la naissance, le transfert continue brièvement, via le colostrum du lait maternel. 


Le « transfert d'immunité passive » (ou TIP) peut être naturel ou artificiel.Il est utilisée en cas de risque élevé d'infection et quand le temps manque pour que le corps développe sa réponse immunitaire, ou pour réduire les symptômes de maladies en cours ou immunosuppressives[1].

Un transfert artificiel peut être effectué par le médecin ou le vétérinaire, quand des taux élevés d'anticorps spécifiques d'un agent pathogène ou d'une toxine (obtenus à partir d'humains, de chevaux ou d'autres animaux) sont transférés à un individu non immunisée. Il se fait par le biais de produits sanguins contenant des anticorps. C'est le cas par exemple avec la thérapie par immunoglobulines ou la thérapie antisérum[2].

Elle peut être fournie à des patients ne synthétisant pas d'anticorps ou exposés à une maladie contre laquelle ils n'ont pas d'immunité[3].

Chez le bébé ou nouveau né-animal, son niveau se mesure par le niveaux d’anticorps dans le sérum les heures ou jours suivant la naissance, alors que l'épithélium intestinal encore immature laisse encore passer les IgG, ce qui ne dure que quelques heures à quelques jours, selon l'animal.

Le transfert naturel d’immunité

c’est immunité immédiate, médiée par des anticorps transmis de la mère au fœtus ou au nouveau-né, respectivement lors de la grossesse puis de l’allaitement (qui dans certaines populations durait jusqu’à 4 ans)[4]. La protection médiée par les IgG maternelles ne dure généralement qu'un an[5], et chez certaines espèces (le veau par exemple est avant sa première tétée quasi « agammaglobulinémiques », c’est à dire que son sang ne contient presque pas de gammaglobulines à la naissance) ce transfert ne commence qu’à la naissance[6].

Chez l’humain, les anticorps maternels (MatAb) humains sont transmis à travers le placenta au fœtus par un récepteur FcRn sur les cellules placentaires, essentiellement durant le 3ème trimestre de grossesse (le transfert est donc inachevé et réduit chez le bébé prématuré).

L'immunoglobuline G (IgG ; l’anticorps le plus courant parmi les cinq types d'anticorps trouvés dans le corps humain) est le seul isotype d'anticorps traversant le placenta humain ; ces anticorps IgG protègent le foetus d'infections bactériennes et virales ; peu de temps après la naissance la vaccination vise à prévenir la tuberculose, l'hépatite B, la polio et la coqueluche, maladies dangereuses pour le nouveau-nés, sachant que les IgG maternelles peuvent inhiber l'induction de réponses vaccinales protectrices tout au long de la première année de vie (effet contré par des réponses secondaires à la vaccination de rappel)[7]. Les anticorps maternels protègent mieux contre la rougeole, la rubéole et le tétanos, que contre la polio et la coqueluche[5].

Après la naissance, le colostrum et le lait maternel sont aussi riches en anticorps IgA , transférés dans les intestins du nourrisson, qu’ils protègent contre les bactéries et virus pathogènes jusqu'à ce que le nouveau-né puisse synthétiser ses propres anticorps[8]. La protection par les IgA dépend de la durée d’allaitement, ce pourquoi l'OMS recommande d'allaiter durant au moins les deux premières années de la vie du bébé (alors qu'en 2020, 3 bébés sur 5 n'ont pas accès au colostrum lors des leurs premiers heures de vies [9].

Quelques autres mammifères transfèrent des IgG et/ou l'IgM au foetus (primates et les lagomorphes)[10]. Chez les autres espèces ces anticorps ne sont transféré que par le lait maternels joue ce rôle (ou plus exactement le colostrum, et uniquement dans les premières heures parfois, faisant que l'animal qui ne téte pas précédemment a de fortes chances de mourir dans les semaines qui suivent). Chez ces espèces l’intestin néonatal n’absorbe les IgG maternel que durant quelque heures ou jours après la naissance. Ensuite, un phénomène dit de «fermeture intestinale» bloque ce passage (si un animal néonatal ne reçoit pas des quantités adéquates de colostrum avant cette fermeture intestinale, son sang manquera d'IgG maternelles ce qu peut lui être fatal (c’est l'« échec du transfert passif », diagnostiqué en mesurant le taux d'IgG dans le sang d'un nouveau-né, compensable par administration intraveineuse d’immunoglobulines).

On cherche parfois à transférer une immunité passive d’un animal à l’autre en transférant du colostrum du premier au second (juste après la naissance, par exemple entre bovin et équien[11]

Acquis artificiellement

L'immunité passive acquise artificiellement est une immunisation de court terme obtenue par le transfert artificiel d’anticorps. Elle peut prendre plusieurs formes :

  1. plasma sanguin humain, sérum animal ;
  2. immunoglobulines humaines regroupées pour injection intraveineuse ou intramusculaire ;
  3. immunoglobulines à titre élevé, venant de donneurs immunisés ou de donneurs convalescents ;
  4. anticorps monoclonaux.

Avantages

Risques et inconvénients

  • L’immunité que procure l'immunisation passive ne perdure de quelques semaines à trois à quatre mois, et elle commence à rapidement décliner peu après la naissance ; le patient risque d'être infecté par le même agent pathogène plus tard, à moins qu'il n'acquière une immunité active ou qu'il ait été vacciné[13] (l'immunité active prend le relais de l'immunité passive au fur et à mesure que le corps rencontre de nouveaux agents infectieux)[14],[15] ;
  • Des réactions d'hypersensibilité aiguë (tempête de cytokine pouvant rapidement aboutir à un Syndrome de défaillance multiviscérale et à la mort) et de maladie sérique surviennent parfois, en particulier après injection de gamma globuline d'origine non-humaine[13] ;
  • les IgG maternelles peuvent inhiber l'induction de la réponses vaccinales durant au moins la première année de vie (cet effet est contré par les réponses secondaires induites par les rappels de vaccination). Ceci doit être pris en compte dans le calendrier vaccinal.

Histoire et applications de l'immunité passive artificielle

Flacon d'antitoxine diphtérique (daté de 1895)
Gravure présentant l'administration d'antitoxine diphtérique de sérum de cheval à un jeune enfant, datée de 1895 (source : bibliothèque médicale historique du Collège des médecins de Philadelphie)

En 1888, Emile Roux et Alexandre Yersin démontrent que les effets cliniques de la diphtérie sont dûs à la toxine diphtérique

En 1890 une immunité (à base d'antitoxine) contre la diphtérie et le tétanos est découverte par Emil Adolf von Behring et Kitasato Shibasaburō ; cette antitoxine est le premier grand succès de l'immunologie thérapeutique moderne[16],[17].
Shibasaburo et von Behring immunisent des cobayes avec les produits sanguins d'autres cobayes animaux de la diphtérie ; puis ils montrent que cela est possible chez l’humain avec des produits sanguins d'autres animaux[18].
En 1896, l'antitoxine diphtérique est saluée comme «l'avancée la plus importante du [19e] siècle dans le traitement médical des maladies infectieuses aiguës»[19]. Avant l’apparition des vaccins et des antibiotiques, l'antitoxine spécifique est souvent le seul traitement disponible pour des infections telles que la diphtérie et le tétanos.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. a et b « Pathology, Microbiology and Immunology - School of Medicine », sur sc.edu (consulté le )
  2. (en-US) « Passive Immunization - Infectious Diseases ; Vaccines: Vac-Gen/Immunity Types », sur www.cdc.gov, (consulté le )
  3. (en-US) « Passive Immunization - Infectious Diseases », sur Merck Manuals Professional Edition (consulté le )
  4. Barbara Kalenik, Róża Sawicka, Anna Góra-Sochacka et Agnieszka Sirko, « Influenza prevention and treatment by passive immunization », Acta Biochimica Polonica, vol. 61, no 3,‎ , p. 573–587 (ISSN 1734-154X, PMID 25210721, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) CDC, « Immunology and Vaccine-Preventable Disease / Principles of Vaccination » (consulté le )
  6. Morin M.P (2019) Évaluation de la variabilité du transfert d’immunité passive dans les troupeaux laitiers du Québec (résumé).
  7. (en) Paul-Henri Lambert, Margaret Liu et Claire-Anne Siegrist, « Can successful vaccines teach us how to induce efficient protective immune responses? », Nature Medicine, vol. 11, no 4,‎ , S54–S62 (ISSN 1546-170X, DOI 10.1038/nm1216, lire en ligne, consulté le )
  8. « Immunobiology : the immune system in health and disease », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Garland Science,‎ (ISBN 0-8153-4101-6, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Breastfeeding », sur www.who.int (consulté le )
  10. « Mucosal immunology », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, paramètre « date » manquant (ISBN 978-0-12-415847-4, lire en ligne, consulté le )
  11. Jimenez, A., Betsch, J. M., Spindler, N., Desherces, S., Schmitt, E., Maubois, J. L., ... & Lortal, S. (2011, February). Etude de l'efficacité de serocolostrums bovins sur le transfert de l'immunité passive du poulain. (résumé)
  12. (en) Margaret A. Keller et E. Richard Stiehm, « Passive Immunity in Prevention and Treatment of Infectious Diseases », Clinical Microbiology Reviews, vol. 13, no 4,‎ , p. 602–614 (ISSN 0893-8512 et 1098-6618, PMID 11023960, DOI 10.1128/CMR.13.4.602, lire en ligne, consulté le )
  13. a et b « Immunobiology : the immune system in health and disease », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Garland Science,‎ (ISBN 0-8153-4101-6, lire en ligne, consulté le )
  14. (en-US) « Vaccines: Vac-Gen/Immunity Types », sur www.cdc.gov, (consulté le )
  15. David Baxter, « Active and passive immunity, vaccine types, excipients and licensing », Occupational Medicine (Oxford, England), vol. 57, no 8,‎ , p. 552–556 (ISSN 0962-7480, PMID 18045976, DOI 10.1093/occmed/kqm110, lire en ligne, consulté le )
  16. C. E. Dolman, « The Donald T. Fraser Memorial Lecture, 1973. Landmarks and pioneers in the control of diphtheria », Canadian Journal of Public Health = Revue Canadienne De Sante Publique, vol. 64, no 4,‎ , p. 317–336 (ISSN 0008-4263, PMID 4581249, lire en ligne, consulté le )
  17. Silverstein Arthur M (1989) History of Immunology (Hardcover) Academic Press.
  18. (en) C. E. Dolman, « Passive Immunization », Canadian Journal of Public Health = Revue Canadienne De Sante Publique, vol. 64, no 4,‎ , p. 317–336 (ISSN 0008-4263, PMID 4581249, lire en ligne, consulté le )
  19. Ken Peach, « Welcome to PMC Physics A », PMC Physics A, vol. 1, no 1,‎ (ISSN 1754-0410, DOI 10.1186/1754-0410-1-1, lire en ligne, consulté le )

Liens externes