Théorème de Glivenko-Cantelli

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En théorie des probabilités, le théorème de Glivenko-Cantelli, communément appelé « théorème fondamental de la statistique »[réf. nécessaire] exprime dans quelle mesure une loi de probabilité peut être révélée par la connaissance d'un (grand) échantillon de ladite loi de probabilité.

Notations[modifier | modifier le code]

Soit un échantillon de variables aléatoires réelles i.i.d. définies sur un espace de probabilité avec pour fonction de répartition commune .

Le théorème de Glivenko-Cantelli énonce la convergence uniforme presque partout de la fonction de répartition empirique vers . Il entraîne donc de plus la convergence en loi de vers la loi de probabilité correspondant dont la fonction de répartition est , une loi de probabilité étant caractérisée par sa fonction de répartition.

Énoncé[modifier | modifier le code]

Théorème — Presque sûrement, la fonction de répartition empirique converge uniformément vers la fonction de répartition , ou bien, de manière équivalente :

La fonction de répartition peut s'écrire comme une moyenne de variables aléatoires de Bernoulli, i.e.

Puisque ces variables sont de moyenne , la loi forte des grands nombres implique que

mais il n'en découle pas nécessairement que

puisqu'une intersection non dénombrable d'ensembles de probabilité 1 (ensembles presque sûrs) n'est pas nécessairement de probabilité 1. Cette intersection serait-elle de probabilité 1 qu'on n'aurait alors prouvé que la convergence simple, au lieu de la convergence uniforme énoncée par le théorème de Glivenko-Cantelli.

Le théorème de Donsker et l'inégalité DKW précisent le théorème de Glivenko-Cantelli en donnant des indications sur la rapidité de convergence, qui est de l'ordre de

Démonstration[modifier | modifier le code]

Cette preuve utilise le deuxième théorème de Dini[1]. Pour une preuve combinatoire faisant intervenir des inégalités de concentration, voir la preuve des classes de Glivenko-Cantelli. La loi forte des grands nombres nous assure que pour tout converge presque-sûrement vers et de plus est croissante pour tout . Néanmoins quelques problèmes se posent pour appliquer ce théorème :

  • La fonction de répartition n'est pas nécessairement continue ;
  • La convergence n'a pas lieu sur un segment ;
  • La loi forte des grands nombres nous donne une convergence sur un ensemble qui dépend de , i.e.
    Pour pouvoir appliquer le second théorème de Dini, il faudrait que

On résout les deux premiers points avec l'inverse généralisée de la fonction de répartition (appelée aussi fonction de quantile) et le troisième grâce à la séparabilité de (i.e. admet un sous-ensemble dense et au plus dénombrable comme ).

Soient des variables i.i.d. uniformes sur alors la fonction de répartition inverse vérifie la propriété [2]. Alors

Il suffit donc de montrer que le théorème de Glivenko-Cantelli est vrai dans le cas de variables aléatoires uniformes sur . Grâce à la loi forte des grands nombres, on a que :

Il faut donc trouver un ensemble de mesure pleine qui soit uniforme pour tous les . Comme est dénombrable et que l'intersection dénombrable d'ensembles de mesure pleine étant de mesure pleine, on en déduit que :

Montrons que la propriété reste vraie pour tout  : soit et alors on se donne une suite croissante et décroissante appartenant à et de limite . Alors pour fixé et  :

d'où, en faisant tendre ,

et on conclut en faisant tendre . On a donc montré que

sur . La convergence est uniforme par le deuxième théorème de Dini.

Généralisation[modifier | modifier le code]

On pose des variables i.i.d. à valeurs dans un espace de loi et une classe de fonctions définies sur à valeurs réelles. La classe est appelée classe de Glivenko-Cantelli si elle vérifie

avec la mesure empirique définie par et . Le théorème de Glivenko-Cantelli revient donc à dire que la classe des fonctions indicatrices est une classe de Glivenko-Cantelli.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ivan Nourdin, Agrégation de mathématiques épreuve oral, Dunod, 2e éd., p. 109
  2. Philippe Barbe et Michel Ledoux, Probabilité, EDP Sciences, coll. « Enseignement Sup », p. 50