Max de Bade

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Maximilian von Baden
Maximilien de Bade
Max de Bade
Illustration.
Fonctions
Chancelier impérial d'Allemagne

(1 mois et 6 jours)
Monarque Guillaume II
Prédécesseur Georg von Hertling
Successeur Friedrich Ebert
Ministre-président de Prusse

(1 mois et 6 jours)
Monarque Guillaume II
Prédécesseur Georg von Hertling
Successeur Friedrich Ebert
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Baden-Baden (Grand-duché de Bade)
Date de décès (à 62 ans)
Lieu de décès Salem (Bade-Wurtemberg, Allemagne)
Nationalité Allemagne
Conjoint Marie-Louise de Hanovre
Diplômé de Université de Leipzig
Profession Militaire
Religion évangélique

Signature de Maximilian von BadenMaximilien de BadeMax de Bade

Max de Bade
Chanceliers d'Allemagne

Maximilien de Bade (en allemand : Maximilian von Baden), grand-duc héritier de Bade et homme d'État, est né le à Baden-Baden et mort le à Salem. Membre de la Maison de Zähringen, la mort de son cousin germain, le prince Louis puis celle de son père en 1897 le font grand-duc héritier de Bade à l'avénement du grand-duc Frédéric II en 1907 puis, la monarchie ayant été abolie en 1918, le prétendant au trône à partir du décès de l'ex-grand-duc en 1928 jusqu'à son décès en 1929. C'est également un militaire et un homme politique allemand, qui a notamment exercé la fonction de chancelier de l'Empire allemand en octobre et novembre 1918.

Il est à l’automne 1918 le premier chancelier impérial soutenu par une majorité parlementaire, mais transmet au bout de quelques semaines ses fonctions au leader social-démocrate Friedrich Ebert après avoir proclamé de sa propre autorité l’abdication de l’empereur Guillaume II. Il est le dernier chancelier de l'Allemagne impériale.

Biographie

Famille

Max est le petit-fils du grand-duc Léopold Ier de Bade, fils de Guillaume de Bade (1829-1897) et de Marie de Beauharnais, duchesse de Leuchtenberg, princesse Romanovska (-1914), elle-même petite-fille d’Eugène de Beauharnais et du tsar Nicolas Ier de Russie, et arrière-petite-fille de l'impératrice Joséphine. Il est aussi l'héritier du trône de son cousin, le grand-duc Frédéric II de Bade, dont le mariage est resté stérile.

Max von Baden avec sa femme et ses enfants

Maximilien dit « Max » de Bade épouse le Marie-Louise de Hanovre, princesse de Grande-Bretagne et d’Irlande, fille de Ernest-Auguste II, roi titulaire de Hanovre et de Thyra de Danemark, elle-même fille du roi Christian IX de Danemark, le « Beau-père de l’Europe »), née le , décédée en 1948[1].

Par son mariage « Max » devient - entre autres - le cousin utérin du roi George V du Royaume-Uni, du tsar Nicolas II de Russie, de la future reine Maud de Norvège, neveu du roi des Hellènes, Georges Ier et un petit-cousin de l'empereur Guillaume II d'Allemagne. En 1913, son beau-frère le duc Ernest-Auguste III de Brunswick épouse la princesse Victoria-Louise de Prusse, fille du Kaiser, ce qui rapproche encore le prince "Max" du Kaiser.

Deux enfants naissent de cette union :

  • Marie Alexandra, née le et tuée lors d’un bombardement allié sur la ville de Francfort, le , épousa Wolfgang Maurice de Hesse-Cassel.

Maximilian de Bade appartient à la quatrième branche de la Maison de Bade, elle-même issue de la première branche de la Maison ducale de Bade. Maximilien de Bade appartient à la lignée de Bade-Durlach dite lignée Ernestine, fondée par Ernest de Bade-Durlach, cette lignée est actuellement représentée par le prince Maximilien de Bade.

Jeunesse

Max de Bade en 1900

Né en 1867, Max de Bade suit des études dans un lycée humaniste puis commence des études de droits et de caméralisme à l'université de Leipzig[2]. En 1886 et 1887, il obtient le Corpsschleife de la Rhenania Freiburg, de la Saxo-Borussia Heidelberg et de la Suevia Heidelberg[3]. Il fait alors partie de ces associations étudiantes sans pouvoir participer aux duels. Au terme de ses études, il entame sa carrière d'officier dans l'armée prussienne. En 1906, Max von Baden commande le 1er régiment de Dragons Badois, no 20 de l'Empire, comme lieutenant-colonel.

Lorsque son oncle le grand-duc Frédéric Ier de Bade meurt en 1907, Max devient successeur au trône et président de la Première Chambre de Bade ; son cousin Frédéric II de Bade et son frère Louis, décédé prématurément, n'ayant pas d'enfants.

En 1911, Max de Bade quitte le service actif de l'armée en tant que Generalmajor. En 1914, il réintègre le service actif et reprend ses activités pour un temps au sein de l'état-major du XIVe corps d'armée. Il est alors à la tête des troupes de Bade. En octobre, il rentre déjà en Bade et se consacre à sa charge de président d'honneur de la Croix Rouge de Bade pendant toute la durée de la guerre en venant à l'aide des prisonniers de guerre.

En 1916, il est nommé président d'honneur de la section du YMCA consacrée à l'aide germano-américaine aux prisonniers de guerre. Le prince Max a la réputation d'être un aristocrate libéral et devient le point de cristallisation des modérés qui s'opposent à l'aile de l'ultra-droite représentée par le Commandement suprême de l'armée. En 1917 déjà, Max de Bade s'oppose publiquement à la reprise de la guerre sous-marine à outrance qui mène à l'entrée en guerre des États-Unis le .

Chancelier impérial

Max de Bade en 1918

Lorsqu'en octobre 1918, on cherche à Berlin un chef de gouvernement pour mener à bien les négociations d'un armistice, Max de Bade parait être l'homme de la situation. Bien que la nomination d'un grand-duc au poste de chancelier ne soit pas à proprement parler le symbole de la démocratisation qui se met en place, on espère que Max de Bade sera accepté par le président américain Wilson de par sa réputation nationale et internationale et aussi grâce à son intervention contre la guerre sous-marine en 1917. Sur le plan de la politique intérieure, l'Oberste Heeresleitung est prête à des compromis pour aller dans le sens des exigences américaines de démocratisation. Ludendorff réclame lui-même la transformation de l'empire en une monarchie parlementaire prenant en compte les partis d'opposition comme les sociaux-démocrates et ainsi s'évite de transmettre lui-même la demande d'armistice et prendre la responsabilité de la défaite militaire. Pour les sociaux-démocrates et les conservateurs, Max de Bade est un candidat acceptable. Le chancelier en place Georg von Hertling le propose à sa succession et l'empereur le nomme chancelier le 3 octobre 1918. Bien qu'il émette des réserves sur les manières d'agir de l'état-major général allemand, le prince accepte de conduire les négociations et forme un gouvernement de coalition comprenant les démocrates, et les sociaux-démocrates de Friedrich Ebert et Philipp Scheidemann.

Max de Bade se montre alors beaucoup plus énergique que ses deux prédécesseurs et forme son gouvernement le même jour dans lequel on trouve des sociaux-démocrates (Philipp Scheidemann et Gustav Bauer) pour la première fois. Le 4 octobre, sous la pression du Commandement suprême de l'armée, il transmet la demande d'armistice à Wilson. Cependant ce dernier fait savoir qu'il ne peut pas croire à une démocratisation de l'empire allemand tant que l'empereur est encore en place. Le chancelier savait que des corrections plus importantes étaient nécessaires pour que les Alliés cèdent. Il met alors un terme à la guerre sous-marine et prononce le renvoi de Ludendorff, alors l'homme le plus puissant de l'empire, du Commandement suprême de l'armée le . Le , les réformes de la constitution entrent en vigueur. Désormais, le gouvernement a besoin de la confiance du parlement qui obtient les compétences pour déclarer la guerre et signer la paix.

Atteint par la grippe espagnole[4], Max de Bade est dépassé par les événements et en particulier le soulèvement des marins à Kiel[5]. Cette révolte s'étend dans tout l'Empire allemand et se transforme en révolution. Maximilien de Bade, conscient de la gravité de la situation conseille à Guillaume II d'Allemagne d'abdiquer pour sauver la monarchie, mais, malgré les conseils de Paul von Hindenburg et de Friedrich Ebert, le Kaiser refuse cette proposition. Lorsque la révolution de novembre éclate et que la Bavière devient la première république proclamée, on sait que l'empereur ne reviendra pas. Il a déjà quitté Berlin depuis le pour se réfugier dans son quartier général de Spa. Pour sauver la monarchie et calmer les révolutionnaires, Max de Bade annonce au matin du 9 novembre 1918 l'abdication de Guillaume II sans le consentement de celui-ci et la renonciation au trône du Kronprinz. L'empereur avait pensé à l'abdication en tant qu'empereur mais non en tant que roi de Prusse. Ce n'est qu'après coup que la décision de Max de Bade est ratifiée par l'empereur et son fils, le pour le premier et le 1er décembre pour le second.

Considérant que la constitution de l'empire est devenue caduque, Max de Bade démissionne à son tour en faveur de Friedrich Ebert le . La République est immédiatement proclamée en Allemagne tout d'abord par Philipp Scheidemann (SPD) au balcon du Reichstag puis peu après par Karl Liebknecht (Spartakiste) et par l'empereur. Ebert prie Max de Bade de rester au poste de régent impérial jusqu'à ce que l'assemblée nationale désigne un nouveau souverain pour l'empire allemand, il refuse.

Retrait politique et mort

Max de Bade se retire alors de la vie politique et se tient éloigné des débats. Si en , il passait pour être le « modernisateur de l'État », son action en tant que chancelier se révèle plutôt médiocre de par son manque de décisions[6].

Lorsque le DDP lui propose en de se porter candidat aux élections législatives de à Heidelberg et à Mannheim, l'ancien chancelier refuse[7]. Il préfère se consacrer à sa vie privée. Avec Karl Reinhardt et Kurt Hahn, il fonde l’école du Schloss Salem qui doit alors former une nouvelle élite intellectuelle allemande.

Lorsque son cousin Frédéric II de Bade meurt le , il devient le chef de la maison de Bade jusqu'à sa mort le .

Personnalité ambiguë

La personnalité de Max de Bade est difficile à définir. On a d'un côté un homme politique modéré mais qui exprime d'un autre côté en privé son rejet viscéral du parlementarisme. Pour lui, la résolution de paix de 1917 votée par le Reichstag n'est que « l'abominable enfant de la peur et du Parlement des chiens de Berlin »[8]. Pour certains comme les historiens allemands Urbach et Buchner, il faut y voir la conséquence de la Première Guerre mondiale où l'esprit patriotique l'emporte sur la raison[9].

Des lettres et des télégrammes écrits entre 1909 et 1919 et échangées avec l'idéologue raciste et antisémite Houston Stewart Chamberlain ont été retrouvées dans les archives du mémorial Richard Wagner de Bayreuth[10]. Elles contiennent de nombreuses assertions antisémites de Chamberlain que Max de Bade ne contredit pas. Dans une lettre datée de 1916, il évoque même le fait qu'il était conscient du « danger de la judéisation »[11]. Pourtant, il faut souligner que son ami le plus proche, Kurt Hahn, avec qui il fonde l’école Schloss Salem est d’origine juive.

Les archives de l'ancien chancelier se trouvent aujourd'hui aux Archives du margraviat de Bade et ont été principalement étudiées par Golo Mann. Toutefois, comme le soulignent Urbach et Buchner, leur accès est limité, rendant difficile toute biographie scientifique[9].

Références

  1. Le royaume de Hanovre ayant été annexé par la Prusse en 1866, tout comme les duchés primitivement danois de Schleswig et Holstein, les Hanovre et la famille royale de Danemark cultivaient une certaine prussophobie. En 1884 mourut le dernier duc souverain de Brunswick, mais la Prusse ne permit pas que l'héritier - qui n'était autre que l'ex-roi de Hanovre - montât sur le trône brunswickois et instaura une régence sous la direction du prince Albert de Prusse. Un accord fut finalement trouvé en 1913 lors du mariage du prince Ernest-Auguste III de Hanovre avec Victoria-Louise de Prusse, unique fille de l'empereur Guillaume II d'Allemagne: le père du marié renonça au trône de Brunswick et son fils lui « succéda », offrant une couronne à la fille de l'empereur.
  2. (de)Matrikelbuch der Universität Leipzig 1886-1887: Universitätsarchiv Leipzig, Rektor M 37.
  3. Kösener Corpslisten 1930: 35, 490; 71, 948; 72, 751.
  4. (de)Erich Matthias, Rudolf Morsey, Die Regierung des Prinzen Max von Baden, Droste, 1962, p. 475.
  5. Stéphanie Dalbin, Visions croisées franco-allemandes de la Première Guerre mondiale: étude de deux quotidiens: la Metzer Zeitung et L'Est Republicain, Peter Lang, 2007, p. 149.
  6. (de)Urbach/Buchner, op. cit., p. 122.
  7. (de)Voir : Max Weber: Briefe 1918 - 1920. 1. Halbband (Max Weber Gesamtausgabe. Band II/10,1), Tübingen, 2012, p. 381-384 (Lettre à Max von Baden du 28 décembre 1918).
  8. (de)« scheußliches Kind der Angst und der Berliner Hundstage » Cité dans : Karina Urbach/Bernd Buchner, Prinz Max von Baden und Houston Stewart Chamberlain : aus dem Briefwechsel 1909-1919, dans : Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, 2004, p. 222.
  9. a et b (de)Urbach/Buchner, op. cit., p. 123.
  10. (de)Karina Urbach/Bernd Buchner, op. cit..
  11. (de)Urbach/Buchner, op. cit., p. 160.

Publications

  • (de)Erinnerungen und Dokumente, EA Dt. Verlagsanstalt, Stuttgart 1927, Édité par Golo Mann et Andreas Burckhardt, Klett, Stuttgart 1968
  • (de)Erinnerungen und Dokumente. Band I, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart 1927, Édité par Björn Bedey (Deutsches Reich - Reichskanzler Bd. VIII/I-I), SEVERUS Verlag, Hamburg 2011, (ISBN 978-3-86347-109-5)
  • (de)Erinnerungen und Dokumente. Band II, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart 1927, Édité par Björn Bedey (Deutsches Reich - Reichskanzler Bd. VIII/I-II), SEVERUS Verlag, Hamburg 2011, (ISBN 978-3-86347-124-8)
  • (de)Die moralische Offensive. Deutschlands Kampf um sein Recht, Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart 1921, Édité par Björn Bedey (Deutsches Reich - Reichskanzler Bd. VIII/II), SEVERUS Verlag, Hamburg 2011, (ISBN 978-3-86347-143-9)

Bibliographie

  • (de)Theodor Eschenburg, Prinz Max von Baden in: Die Republik von Weimar, Piper, München 1984
  • (de)Golo Mann, Der letzte Großherzog (1973). In: G. Mann: Nachtphantasien. Erzählte Geschichte. S. Fischer, Frankfurt am Main 1982, p. 79-97
  • (de)Erich Matthias, Die Regierung des Prinzen Max von Baden, Droste, Düsseldorf, 1962.
  • (de)Gerhard A. Ritter (Éd.), Die deutsche Revolution 1918/19, Dokumente, Fischer Taschenbuch 4300, (ISBN 3-596-24300-9)
  • (de)Karina Urbach/Bernd Buchner, Prinz Max von Baden und Houston Stewart Chamberlain. Aus dem Briefwechsel 1909-1919, Dans : Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte 52 (2004), p. 121-177 Consultable en ligne

Articles connexes

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