Louis Marie Turreau

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Louis-Marie Turreau de Lignières
Louis Marie Turreau

Surnom Turreau de Garambouville
Naissance
Évreux
Drapeau du royaume de France Royaume de France
Décès (à 60 ans)
Conches (Eure)
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Infanterie
Grade Général de division
Années de service 1789 – 1814
Commandement Armée des Pyrénées orientales
Armée de l'Ouest
Conflits Guerres de la Révolution
Guerre de Vendée
Distinctions Baron d'Empire
Grand officier de la Légion d'honneur
Hommages Nom inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile
Autres fonctions Gouverneur de Belle-Île
Ambassadeur aux États-Unis

Louis-Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville[1], est un général français de la Révolution et de l'Empire né le à Évreux[2] et mort le à Conches-en-Ouche.

Républicain sous la Révolution, il est principalement connu pour avoir dirigé, durant la guerre de Vendée, les colonnes infernales. Censées pacifier cette région après la défaite de l'Armée catholique et royale, ses troupes massacrent des dizaines de milliers de Vendéens, civils compris, ce qui a pour conséquence de relancer la guerre civile. Devant cet échec, il est rappelé puis arrêté, mais échappe finalement à toute sanction. Il poursuivra par la suite une carrière de haut fonctionnaire, devenant ambassadeur aux États-Unis[1], puis baron d'Empire[3].

Biographie

Carrière civile

Le père de Louis-Marie Turreau était fils d'un huissier-audiencier, lui-même officier royal, procureur fiscal des Eaux et forêts du comté d'Évreux, il devient par la suite maire d’Évreux. Cette situation fait jouir les Turreau de certains privilèges.

Louis-Marie Turreau est envoyé faire ses études au collège. Devenu un fervent révolutionnaire dès 1789, il s'engage dans la garde nationale. Il est élu maire d'Aviron, commune proche d'Évreux, puis achète des biens nationaux confisqués, notamment toute l'abbaye de Conches avec ses deux mille hectares de forêts.

Carrière militaire jusqu'en 1794

Avant la Révolution, Turreau n'exerce pas de réelle activité militaire : il entre bien aux Gardes du corps du comte d'Artois[1], mais il n'est inscrit que sur les rôles surnuméraires – il est alors simple remplaçant.

À la Révolution, il entre dans la Garde nationale de Conches, et en prend la direction en . Le , il est élu lieutenant-colonel du 3e bataillon de volontaires de l'Eure, et part combattre sur les frontières du Nord. Il est nommé colonel en novembre, et intègre l'armée de la Moselle.

En juin 1793 il intègre l'armée des côtes de La Rochelle, qu'il quitte le car cette affectation ne lui plaît pas. Il écrit à un ami : « Je remuerai ciel et terre pour ne pas aller en Poitou. Cette espèce de guerre me déplaît ». Il combat néanmoins deux mois en Vendée. Promu général de brigade le , il est ensuite nommé à la tête de l'armée des Pyrénées orientales jusqu'au . Entre-temps il est promu général de division le .

Il est à nouveau nommé dans l'Ouest commandant en chef de l'armée de l'Ouest. Il arrive à sa nouvelle affectation sans enthousiasme le 30 décembre[4], alors que les derniers éléments de l'Armée catholique et royale sont écrasés par Kléber, Westermann et Marceau à Savenay le .

Les colonnes infernales

Vitrail représentant un massacre de civils par les Colonnes Infernales

Chargé par le gouvernement révolutionnaire de quadriller la Vendée militaire après l'écrasement des insurgés lors de la virée de Galerne, il met en place des colonnes infernales chargées d'exterminer tous les « brigands » ayant participé à la révolte. Selon l'historien Roger Dupuy, entre 20 000 et 50 000[5] personnes périssent en quatre mois à cause de ces massacres, qui touchent indistinctement les combattants, mais aussi les civils vendéens, assimilés sans distinction aux contre-révolutionnaires[6].

Les colonnes infernales, censées « pacifier » la Vendée, aboutissent au résultat opposé : les massacres commis par les troupes de Turreau poussent la population vendéenne à se soulever à nouveau, relançant la guerre de Vendée et gâchant la victoire que les Républicains avaient remportée en [7].

Suite de la carrière de Turreau

Ses méthodes en Vendée ayant conduit à un véritable fiasco, Turreau est rappelé dès le [7]. Il est nommé deux jours plus tard gouverneur de la place de Belle-Île, mais est arrêté le de la même année. Il passe tout un an en prison, et en profite pour rédiger ses Mémoires pour servir à l’histoire de la Vendée. Il refuse l'amnistie du 4 brumaire an IV () qui clôt les travaux de la Convention nationale, afin d'être réhabilité sans équivoque. Le il est acquitté par un tribunal militaire qui juge qu’il n'a fait qu'exécuter les ordres[7] et n'a pas joué un rôle de premier plan. Il est réintégré en 1797 dans l'armée de Sambre-et-Meuse.

Sous le Consulat, il commande dans les Alpes l'aile gauche de l'armée d'Italie sous Masséna[8]. Il est ensuite envoyé en Suisse à la tête de l'armée en Valais puis commande provisoirement l'armée du Danube[9]. De 1803 à 1811, il est ambassadeur aux États-Unis[1], puis commandant de plusieurs places militaires. En 1812, il est fait baron d'Empire. En 1814, il se soumet à Louis XVIII.

Pendant les Cent-Jours, il publie le Mémoire contre le retour éphémère des hommes à privilèges.

La Restauration ne l'a pas poursuivi, ni pour ce libelle, ni pour les colonnes infernales. Un jour, Louis XVIII, dans l'intention de rendre hommage à ses fidèles vendéens, envisage de se rendre en Vendée, entouré de quelques personnalités. Il pense devoir faire appel notamment à Turreau. Son entourage l'en dissuade fermement : « Non Majesté, surtout pas celui-là ! »[réf. nécessaire].

Turreau sera inscrit sur la liste des bénéficiaires de la croix de Saint-Louis, mais il meurt en 1816, avant qu’elle ne lui soit remise.

Noms gravés sous l'arc de triomphe de l'Étoile : pilier Est, 15e et 16e colonnes. En haut à gauche, le nom de Turreau.

Distinctions

Notes et références

  1. a b c et d Jean Tulard, Dictionnaire Napoléon, t. I-Z, Fayard, (ISBN 2-213-60485-1), p. 883
  2. Sa fiche sur la base LEONORE
  3. a et b Jean Tulard, Napoléon et la Noblesse d'Empire, Tallandier, , 4e éd. (ISBN 2-235-02302-9), p. 285
  4. Jean-Joël Brégeon, Kléber : Le Dieu Mars en personne, Perrin, (ISBN 2-262-01674-7, BNF 38892814), p. 117
  5. Roger Dupuy, La République jacobine, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p. 268-269.
  6. Jean-Clément Martin, La Guerre de Vendée, Seuil, 2014, pages 227-234
  7. a b et c Anne Rolland-Boulestreau, « Le climat d'insécurité justifie toutes les transgressions », in Guerres & Histoire n°42, avril 2018, pages 44-45
  8. Frédéric Hulot, Le Maréchal Masséna, Pygmalion, (ISBN 2-85704-973-0), p. 156
  9. Jean-Clément Martin, « Napoléon et la Vendée », Napoléon Ier, le magazine du Consulat et de l'Empire, no 8,‎ , p. 28-34 (ISSN 1298-6380)
  10. G. Walter, La Guerre de Vendée, Paris, Plon, 1953, page 341

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Vicomte Révérend, Armorial du premier empire, tome 4, Honoré Champion, libraire, Paris, , p. 335 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Alex Mazas, Histoire de l'ordre royal et Militaire de Saint-Louis depuis son institution, jusqu'en 1830, Tome 2, Firmin Didot frère, Paris, , p. 148-149 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire (1792-1814), Paris : Librairie G. Saffroy, 1934, 2 vol., p. 517-518 Document utilisé pour la rédaction de l’article

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