Château de Faucigny

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Château de Faucigny
Image illustrative de l’article Château de Faucigny
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIe siècle
Propriétaire initial Sires de Faucigny
Destination initiale Résidence seigneuriale
Propriétaire actuel Communauté de communes des quatre rivières
Destination actuelle Ruiné (visite libre)
Coordonnées 46° 06′ 57,91″ nord, 6° 21′ 28,66″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Faucigny
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Faucigny
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Faucigny
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Château de Faucigny

Le château de Faucigny est un ancien château fort, du XIe siècle, dont les ruines se dressent sur la commune de Faucigny dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Berceau des sires de Faucigny, qui contrôlent la vallée de l'Arve, il devient le siège d'une châtellenie à leur disparition du XIIIe siècle au XVIe siècle.

Situation[modifier | modifier le code]

Les vestiges du château de Faucigny sont situés dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Faucigny, sur un rocher de calcaire dolomitique, à 706 mètres d'altitude, dominant de plus de 250 mètres la vallée de l'Arve et la commune de Contamine-sur-Arve.

Histoire[modifier | modifier le code]

Un oppidum, cité vers 930[réf. nécessaire], aurait précédé le château.

Le château, berceau de la maison de Faucigny, devait certainement exister déjà à cette date, bien qu'il ne soit mentionné explicitement qu'en 1119[2],[3],[4]. Le château est le « noyau » de leur pouvoir, selon l'expression de l'historien Nicolas Carrier[5].

Les seigneurs de Faucigny y restent jusqu'au début du XIIIe siècle. Vers 1200, Aymon II de Faucigny abandonne le château ancestral pour s'installer au château de Châtillon-sur-Cluses qui occupe une position plus centrale au sein de leurs possessions[6],[7].

Siège d'une châtellenie, en 1251, la fondation de Bonneville, avec un nouveau château, lui fait perdre de l'importance[8], bien qu'il reste le centre d'une seigneurie.

Il passe à la maison de Savoie en 1262[3]. Agnès de Faucigny, par testament laisse le château à son mari Pierre de Savoie, qu'elle a épousé en février 1234. Dès lors, il sera occupé par une garnison placée sous les ordres d'un sénéchal pris dans la Maison de Faucigny-Lucinge. Lors du traité de paix entre le comte de Savoie et la Grande Dauphine Béatrice d'août 1308, les châteaux de Faucigny, de Bonne, de Monthoux, de Bonneville, du Châtelet-de-Credo, d'Alinge-le-Vieux et de Lullin, avec leurs mandements et juridictions, demeureront du fief du comte de Savoie[9].

Au début du XIVe siècle, le château est donné à un châtelain. Parmi ces familles à avoir exercé la fonction, on trouve outre les Lucinge, les familles de La Fléchère, les Menthon et les Moyron.

Sous l'apanage des Genevois-Nemours, au XVIe siècle, il sert de prison, puis abandonné, il est en ruine au milieu du XVIe siècle[8]. Les Barnabites l'achètent avec tout le mandement à Victor-Amédée II en 1699[7],[6]. Il est complètement en ruines en 1738, « mais le gros œuvre restait encore tout entier »[6] et durant l'occupation du duché de Savoie par les troupes révolutionnaires françaises, il sert de carrière de pierres pour la construction des maisons[6].

Sous la monarchie sarde, le terrain environnant ainsi que les ruines du château sont rachetés par un député du nom de Bastian. C'est à l'un de ses descendants que l'on doit l'érection au XVIIe siècle de la croix à l'extrémité du rocher.

Description[modifier | modifier le code]

Le château était composé de deux enceintes successives. La première ou enceinte basse entourait le plain-château. Fossoyée, elle ceinturait le bourg de Faucigny. Une porte fortifiée dressée entre deux tours carrées ; ces dernières transformées aujourd'hui en habitations, en défendait l'accès. Cette porte était précédée d'une herse, dont on peut encore voir la rainure, et d'un pont-levis.

La deuxième ou enceinte haute comprenait dressé au nord une tour maîtresse carrée romane, de 9,50 mètres de côté, à contreforts d'angle, qui a été rasée en 1891[3]. De par sa petite taille, elle s'apparenterait aux Bergfrieden, abondamment répandus en terre d'Empire et en France méridionale. Ses pierres ont été réemployées dans le presbytère. Un logis lui était accolé et, à son extrémité, on trouvait une tour, dite « Tour de la Reine ». C'est là, semble-t-il,les parties les plus anciennes du château, construites en petit appareil et probablement datées du XIe siècle[3]. Une description nous décrit ce logis comme comportant de vastes salles, cuisines bien éclairées, écuries et un magasin.

Châtellenie de Faucigny[modifier | modifier le code]

Lorsque la famille de Faucigny s'installe à Châtillon, le château de Faucigny est laissé entre les mains d'un sénéchal, puis d'un châtelain[6].

Organisation[modifier | modifier le code]

Le château de Faucigny est le lieu de résidence du sénéchal de Faucigny pour l'historien local, Lucien Guy[6]. Il devient ensuite le centre d'une châtellenie, dit aussi mandement[6],[10], mise en place à partir du XIIIe siècle[11] (peut être à la fin du siècle précédent). Le Faucigny serait organisée autour de neuf châtellenies[Note 1] à la fin du XIIe siècle dont Faucigny occupait le 5e rang dans l'ordre de préséance, selon l'ancien inventaire des titres du Faucigny (1431), cité notamment par le chanoine Jean-Louis Grillet[12],[10].

Durant la période delphinale, le Faucigny serait organisé (à partir de 1342-1343) autour de quinze châtellenies, dont Faucigny[13].

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Faucigny[14]
Commune Nom Type
Faucigny Château de Faucigny château
Fillinges Château de Couvette château
Fillinges Maison forte de Chillaz maison forte
Fillinges Maison forte de Fillinges maison forte
Fillinges Maison forte de Bouger maison forte
Saint-Jean-de-Tholome Grand Château château
Saint-Jeoire Château Cornu maison forte
Saint-Jeoire Château de Beauregard maison forte
Saint-Jeoire Château de Cormand château
Saint-Jeoire Maison forte de la Ravoire maison forte
Saint-Jeoire Maison forte de Saint-Jeoire maison forte
Saint-Jeoire Maison forte de Turchon maison forte
La Tour La Tour autre

Au cours de la première partie du XIVe siècle, la baronnie du Faucigny est à nouveau réorganisée autour de 17 châtellenies[15].

Sénéchaux, puis châtelains[modifier | modifier le code]

La charge de sénéchal de Faucigny est « restée un privilège de la famille de Lucinge »[6],[16]. Le sénéchal est un chevalier, dépendant du sire de Faucigny, qui tient sa charge en fief[17]. Il occupe « le rang le plus élevé parmi les officiers » de l'hôtel des sires de Faucigny[16], « sorte de lieutenant du prince ou de général en chef », selon le chanoine Jean-Marie Lavorel (1846-1926)[18].

Dans le comté de Savoie, le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[19],[20]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit également les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe également de l'entretien du château[21]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[22].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Liste des neuf châtellenies reprenant l'ordre de préséance : Châtillon, Toisinges (Bonneville), Bonne, Sallanches, Faucigny, Le Châtelet du Crédoz, Samoëns, Montjoie et Flumet[12].
  2. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[27].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 71, notice 256
  3. a b c et d Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France 1987, p. 468.
  4. D’Agostino L., Chevalier M., Guffond C., Les châteaux du Moyen Âge en Haute-Savoie, entre recherches et mises en valeur. État de la question et perspectives, actes du colloque de clôture du projet AVER tenu à Aoste les 29,30 novembre et 1er décembre 2012, Aoste, 2012, p. 75.
  5. Nicolas Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge : économie et société, fin XIIIe-début XVIe siècle, Éditions L'Harmattan, , 620 p. (ISBN 978-2-7475-1592-4, lire en ligne), p. 31.
  6. a b c d e f g h i et j Guy 1929, p. 137.
  7. a et b Georges Chapier 2005, p. 17.
  8. a et b Henri Baud - Jean-Yves Mariotte - Alain Guerrier 1980, p. 64-65.
  9. Traité de paix fait à Montmélian entre le comte de Savoie et la Dauphine du (REG 0/0/1/1625).
  10. a et b Auguste Dufour et François Rabut, Histoire de la commune de Flumet, t. 11, Chambéry, Imprimerie du Gouvernement - Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, coll. « Mémoires et documents », , 62-68 p. (lire en ligne).
  11. Guy Gavard (préf. Paul Guichonnet), Histoire d'Annemasse et des communes voisines : les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 439 p. (ISBN 978-2-84206-342-9, lire en ligne), p. 65.
  12. a et b Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 264. (Volume 2, lire en ligne)
  13. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 195.
  14. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  15. Carrier, de La Corbière, 2005, p. XX (lire en ligne).
  16. a et b Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p. (lire en ligne), p. 355.
  17. Monique Constant, « L'établissement de la maison de Savoie au sud du Léman. La châtellenie d'Allinges-Thonon (XIIe siècle-1536) », Mémoires et documents publiés par l'Académie chablaisienne, t. LX, Thonon-les-Bains, 1972, 370 pages, p. 25.
  18. a b c d e f g et h Jean-Marie Lavorel, « Cluses et le Faucigny, usages locaux, les actes de famille dès la fin du {{|s-XVI}} », communication faite au XIe Congrès des sociétés savantes de Savoie (Chambéry, 1890), publiée dans les Mémoires & documents de l'Académie salésienne, p. 26-28 (lire en ligne), puis p. 213 (lire en ligne).
  19. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  20. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  21. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  22. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  23. ADS1.
  24. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  25. Acte du publié dans Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 417-418, notice 1642.
  26. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 939-940, « Faucigny ».
  27. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.