Caponnière

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La caponnière ou moineau, à son origine, est un élément de la fortification dont le rôle est de battre le fossé par flanquement.

Étymologie et définition

Étymologie

Il est probable que le mot vienne de « capon », lui-même dérivé du bas latin capit (tête), à l'instar des mots « chapeau », « chef », « capeline », « capitale », etc. Probablement parce que les caponnières étaient implantées dans les fossés des forteresses, donc à l'extérieur de l'enceinte, comme des « têtes » tournées résolument vers l'assaillant. Signalons que dans le langage des XVe siècle et XVIe siècle, faire face à quelqu'un se disait « tourner visage » ou « tourner tête à quelqu'un » (voir les Commentaires de Blaise de Monluc).

Définition

Ordre

Caponnière est un terme du glossaire de la fortification dont la signification a évolué au cours des siècles pour désigner des ouvrages d'architecture défensive différents souvent par leur conception technique et par l'usage auquel ils étaient destinés. C'est ainsi qu'on distingue, du XVe siècle jusqu'à l'époque contemporaine, trois ouvrages défensifs différents qui furent appelés « caponnières » :

  • la caponnière médiévale apparue dans la seconde moitié du XVe siècle sous le nom de « moineau » ;
  • la caponnière pour la fortification bastionnée, un chemin protégé imaginé par Vauban au XVIIe siècle ;
  • et enfin la caponnière contemporaine de la fin du XIXe siècle propre à la fortification polygonale, réapparition du principe de la caponnière médiévale.

En fortification médiévale

À la fin de la période médiévale, la caponnière, d'abord connue sous le nom de « moineau » est un petit ouvrage bas, installé en fond de fossé et voûté, d'où les défenseurs peuvent tirer en flanquement le long des fossés. La caponnière est prévu pour être bien défilée et ses occupants à l'abri sous casemate.

Le mot renvoie probablement à l'isolement des soldats qui l'occupaient (à l'instar de l'isolement des moines dont l'habit est de la couleur des plumes du moineau…)[1].

Casemates adossées à l'escarpe, établies au pied des courtines ou sous les arches des ponts dormants, les moineaux étaient destinés à permettre aux défenseurs de battre le fond des fossés par des tirs rasants. Les embrasures de tir qui y étaient aménagées pouvaient être des canonnières ou des arbalétrières.

À partir du XVIe siècle, l'amélioration de l'armement et les progrès de l'architecture militaire mènent à la fortification bastionnée. Le moineau disparaît alors au profit de la caponnière pour la fortification bastionnée, un chemin protégé battant les fossés. Puis, son principe réapparaît au milieu du XIXe siècle : c'est la caponnière de la fortification polygonale, une casemate modernisé pour tenir compte des progrès de l'artillerie.

Exemples de moineau

Les exemples de moineaux médiévaux subsistant en France sont rares[2] :

Hors de France :

En fortification bastionnée

Le terme est réemployé dans la fortification bastionnée, mais il s'agit d'un chemin protégé balayant le fond du fossé. Le rôle défensif est donc sensiblement le même, mais l’élément défensif n'étant plus une casemate, cette caponnière doit être bien distinguée de ses homonymes qui précèdent et suivent.

Une caponnière, est en fortification bastionnée un passage situé en fond de fossé flanqué par des murs ou un parapet en terre qui permet aux défenseurs de se déplacer de la porte ou de la poterne[a] vers un ouvrage extérieur[b] en étant protégés du feu ennemi tout en permettant de défendre le fond du fossé[4],[5]. Par extension, le terme s'applique à un passage en fond de fossé ou non, semi-enterré ou flanqué par des murs ou un parapet en terre qui permet aux défenseurs de se déplacer entre 2 ouvrages en étant protégés du feu ennemi[5].

En fortification polygonale

Dans la caponnière simple ouest du fort du Salbert (fortification polygonale).

Au milieu du XIXe siècle, les bastions sont devenus trop vulnérables face aux progrès de l'artillerie : ils sont remplacés pour la défense des fossés par des caponnières tirant uniquement en flanquement le long des fossés. Ces ouvrages, adossés au mur d'escarpe, sont assez bas pour être défilés aux coups directs de l'assaillant ; ils sont implantés aux angles du fort pour prendre en enfilade tout une face du fossé (caponnière simple, ou « aileron ») ou deux faces (caponnière double), avec quelques cas pour trois (triple). Des créneaux de tirs permettent de tirer au fusil et/ou avec de petites pièces d'artillerie sous casemate. Dans le fossé, la caponnière est entourée d'une cunette (un petit fossé, ancêtre du fossé diamant) sèche ou rempli d'eau, défendue par des « créneaux de pied » (une sorte de mâchicoulis)[3].

À la fin du XIXe siècle, les nouveaux obus et explosifs sont capables de défoncer les caponnières (lors de la crise de l'obus-torpille). Une solution est de remplacer les caponnières en maçonnerie par des coffres de contrescarpe en béton[6].

Plan-type d'une caponnière (fortification polygonale).

Notes et références

Notes

  1. Toutes les deux situées sur la courtine.
  2. Généralement une demi-lune.

Références

  1. a et b Dépliant et documentation in situ du château de Bonaguil, août 2018.
  2. « Le glossaire », sur Fortification et Mémoire (consulté le )
  3. a et b « Le glossaire : Caponnière », sur http://fortificationetmemoire.fr/.
  4. « caponnière », sur le site du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) (consulté le )
  5. a et b « Caponnière », sur le site Fortification et Mémoire Le site des passionnés – De Vauban à Todt (consulté le )
  6. Cédric et Julie Vaubourg, « Les caponnières », sur http://www.fortiffsere.fr/.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes