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Betar

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Betar
בית"ר
Logo de l’association
Cadre
Forme juridique Mouvement de jeunesse juive
But
Zone d’influence Drapeau d’Israël Israël
Drapeau de la France France
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Canada Canada
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Fondation
Fondation 1923
Fondateurs Vladimir Ze'ev Jabotinsky
Origine Mouvement sioniste révisionniste
Identité
Site web http://www.betar.org.il/

Le Betar[1] (en hébreu : בית"ר[2]) est un mouvement de jeunesse juif sioniste radical[3],[4], considéré comme une organisation terroriste dirigé par David Sreir. Il est fondé en 1923 à Riga, en Lettonie, par Vladimir Ze'ev Jabotinsky. Betar est aussi le nom de la dernière forteresse juive tombée aux mains des Romains lors de la révolte juive des années 132-135.

Avant la création de l'État d'Israël en 1948, il constitue le mouvement de jeunesse juif du parti sioniste révisionniste ; après cette date, il devient celui du parti de droite Hérout. Son nom complet est « Alliance de la jeunesse hébraïque en souvenir de Joseph Trumpeldor ». Ce nom rappelle à la fois le souvenir de Joseph Trumpeldor, qui symbolise pour le mouvement l'héroïsme des Juifs à l'époque contemporaine, mais aussi de la forteresse de Betar, dernier lieu de résistance juive contre l'Empire romain au IIe siècle, qui symbolise l'héroïsme des Juifs à l'époque antique. Pour rappeler le nom de la forteresse de Betar, le nom Trumpeldor est ici écrit en hébreu avec la lettre tav, contrairement à l'usage courant qui utilise plutôt la lettre tet.

Aujourd'hui, le Betar est un mouvement de jeunesse sioniste orienté idéologiquement vers la droite, mais sans être rattaché à un parti politique comme par le passé[5].

L'idéologie de ce mouvement reprend les idées de Vladimir Ze'ev Jabotinsky et Joseph Trumpeldor ; celles-ci mettent l'accent sur la langue hébraïque, la culture juive et l'autodéfense. À l'origine, le but de ce mouvement était la création d'un État juif (conformément à la déclaration Balfour de 1917) sur les deux rives du Jourdain, à une époque où l'État d'Israël n'existait pas.

Naissance du mouvement

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Vladimir Ze'ev Jabotinsky.

Durant l'hiver 1923, Vladimir Ze'ev Jabotinsky visite Riga pendant une étape de sa tournée de conférences. Fondateur du groupe d'autodéfense juif dans la Russie tsariste, organisateur de la légion juive pendant la Première Guerre mondiale et ancien détenu de la prison d'Acre (en), Ze'ev Vladimir Evonovitch Jabotinsky recommande l'adoption par les sionistes d'un programme plus activiste. Il appelle à l'émigration massive vers la Palestine mandataire et demande à la jeunesse juive de montrer l'exemple[réf. souhaitée].

Peu après que Jabotinsky a quitté Riga, plusieurs étudiants juifs, inspirés par ses propos, créent l'« alliance Trumpeldor », dont le nom rend hommage à Joseph Trumpeldor, un activiste sioniste, symbole de l'autodéfense juive, tué en 1920.

Un jeune homme local appelé Aaron Propes est élu président de l'organisation, qui prend le nom de Betar. Ses principes sont simples : tout doit être consacré à la réalisation de l'idéal sioniste, à savoir un État juif dans ses frontières historiques. Ces militants sont persuadés que seule la lutte armée permettra de fonder l'État juif sur des bases territoriales solides[6].

Pendant que le Betar étend son influence à travers la Lettonie, Jabotinsky se rend à Paris et y établit en 1924 l'Union mondiale des sionistes révisionnistes, parti d'opposition à l'Organisation sioniste mondiale. Pendant ce temps, à Riga, à la troisième conférence territoriale de l'Association Trumpeldor, les délégués décident de proposer au parti révisionniste la création d'un mouvement de jeunesse mondial et officiel appelé Brit Trumpeldor. La proposition est acceptée. Cette même année, pendant la deuxième conférence mondiale des sionistes révisionnistes à Paris, Aaron Propes présente la résolution du Betar.

Pendant les trois années qui suivirent, le Betar s'installe en Autriche, en Pologne, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Lituanie, en Allemagne, en France et en Palestine mandataire.

La défense de Jérusalem

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Bien avant , des signes avant-coureurs de troubles apparaissent en Palestine. Ceux-ci culminent lors des émeutes de 1929.

L'administration palestinienne accuse les défenseurs de Jérusalem de meurtre et de possession illégale d'armes. Depuis cette date de 1929, et jusqu'en 1946, lorsque l'Irgoun en reprend la responsabilité, la Plougat HaKotel du Betar (le peloton du Mur des Lamentations), se donne pour tâche de défendre le Mur des Lamentations et de le sécuriser pour les Juifs qui se rendent sur le site de l'ancien Temple.

Insigne incluant notamment un insurgé et une étoile à six branches.
Fanion commémoratif du ŻZW.

Cette organisation trouve ses racines dans les rangs du Betar et elle a été fondée bien avant que les Juifs ne soient enfermés derrière les murs du ghetto de Varsovie.

Les membres de la ŻZW ont été entraînés au maniement des armes avant le début de la guerre par des officiers de l’armée polonaise, dans l’intention de rejoindre la lutte pour la souveraineté juive en Eretz Israel. Ils se sont organisés en cellules dans le but de mener des opérations de sabotage contre les Allemands. Il existe encore quelques liens entre le ŻZW et la résistance polonaise de droite et lorsque la révolte éclate, cette dernière viendra combattre au côté des Juifs.

Le quartier général du ŻZW est mitoyen de la frontière nord-est du ghetto, 7 place Muranowski. Les membres de l’organisation ont creusé sous les fondations de l’immeuble un tunnel menant à l’extérieur du ghetto[7].

Personnalités liées au Betar

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Outre Jabotinsky, le Betar a compté dans ses rangs :

Le Betar dans le monde

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Aux États-Unis

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Le Bétar US a été fondé en 1929 aux États-Unis.

Royaume-Uni

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Il y a environ 100 membres du Betar au Royaume-Uni.

Affiche du Betar.

En France, le Betar est une organisation de jeunesse juive qui, comme dans les autres pays où il est présent, organise des activités de loisirs. Dans les années 1960-1970, le mouvement participait avec des organisations d'extrême droite pro-israéliennes à des contre-manifestations pour s'opposer à des groupuscules d'extrême gauche[10]. Lors de la deuxième intifada, le groupe s'est donné pour mission de combattre l'antisionisme et l'antisémitisme ainsi que de sécuriser les lieux de cultes et les écoles juives[11]. En 1988, des membres du Betar (dont Meyer Habib faisait partie[12]) agressent des militants d'extrême droite antisémites lors de la manifestations annuelle du premier Mai devant la statue de Jeanne d'Arc.

Organisé en réseau, le Betar compterait de 300 à 500 membres. C'est un mouvement proche du Likoud. Le Betar dispose d'une branche étudiante, le Tagar, active au sein des universités où elle mène des campagnes d'affichage. Le Betar et d'autres organisations ont notamment « remis » d'une manière symbolique, le , un « prix Goebbels[13] de la désinformation » à Charles Enderlin[14], journaliste de France 2 qui suit le conflit israélo-palestinien. Pour Charles Enderlin, cette action du Betar est une incitation à la haine et à la violence[réf. nécessaire].

En avril 2002, des heurts ont éclaté entre des anti et des pro-Palestiniens à l'aéroport d'Orly lors du retour de José Bové de Ramallah ; l'Association France Palestine Solidarité a accusé une partie des protagonistes de faire partie du Bétar[15].

En juin 2016, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme saisit la justice, à la suite d'un message twitter du Betar appelant au « meurtre des Arabes »[16].

Le Betar est considéré comme représentatif de l'extrême droite juive notamment par des universitaires tel, par exemple, Damien Charrieras[17] :

« L’Hachomer Hatzaïr constitue un mouvement sioniste-socialiste d'inspiration laïque, ses membres étant peu ou pas pratiquants. Ses principaux adversaires sont le Bétar et la LGDJ (ligue de défense juive) qui représentent l'extrême droite juive et avec lesquels ses membres se sont plusieurs fois physiquement battus. L’Hachomer Hatzaïr semble peu susceptible de sympathiser avec des idées d’extrême droite. »

— Damien Charrieras[17]

Cependant le politologue Jean-Yves Camus rejette ce terme et le voit comme étant plutôt représentatif de l'essor, durant les années 2000, d'un courant néoconservateur au sein de la communauté juive française[18] :

« Une autre confusion […] concerne l’étiquette politique qu’il convient de donner à certains mouvements se situant à droite de l’échiquier politique communautaire. Ainsi, le Betar et la Ligue de défense juive (LDJ) sont le plus souvent présentés comme une seule entité ou formant un continuum appartenant à “l’extrême droite”. En fait, le Betar est le mouvement de la jeunesse du sionisme révisionniste, autrement dit du Likoud. C’est donc un mouvement de droite, tout simplement. […] La réduction de la droite juive à l’extrême droite est bien sûr conçue comme un procédé disqualifiant et elle est à ce titre critiquable. Il se trouve aussi qu’elle est fausse et que ceux qui l’utilisent passent à côté d’un fait important, à savoir la naissance en France d’un véritable courant néoconservateur juif, prenant réellement son essor dans les années 2000, bien que ses racines remontent à la victoire israélienne de la guerre de 1967, qu’il convient de prendre au sérieux comme acteur de la vie intellectuelle. »

— Jean-Yves Camus, Revue internationale et stratégique, 2/2005 (no 58), p. 79-86

Notes et références

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  1. En français, l'usage de la graphie Bétar, conforme à la prononciation, est également fréquent.
  2. Acronyme de ברית יוסף תרומפלדור (Brit Yosef Trumpeldor), « alliance Joseph-Trumpeldor ».
  3. Voir Encyclopedia of modern worldwide extremists and extremist groups, Stephen E. Atkins, Greenwood Publishing Group, 2004
  4. Voir page 162 in Western imperialism in the Middle East 1914-1958, David K. Fieldhouse, Oxford University Press, 2006
  5. (en) Charles D. Smith, Palestine and the Arab-Israeli Conflict, Boston, MA, Bedford/St. Martin's, , 2nd éd., 567 p. (ISBN 0-312-40408-5), p. 115

    « [Jabotinsky] formed youth groups (Betar) whose practices, patterned after the tactics and symbols of fascism, included wearing brown shirts and using special salutes. »

  6. Philippe Parroy, « Les pioniers du sionisme recourent à la terreur », La Nouvelle Revue d'histoire, Hors-Série, no 13H, Automne-Hiver 2016, p. 30-31.
  7. Voir Dariusz Libionka, Laurence Weinbaum (2011), Bohaterowie, hochsztaplerzy, opisywacze. Varsovie: Stowarzyszenie Centrum Badań nad Zagładą Żydów. (ISBN 978-83-932202-8-1). And Jean Charles Szurek, "Note de lecture, Heros, escrocs, descripteurs. Autour de l'Union militaire juive « Revue de la Shoah no 200 ».
  8. « Ilan Goldman : le goût du risque », Le Monde, 9 mars 2010.
  9. France: Francis Kalifat, nouveau président du Crif, RFI, 29 mai 2016.
  10. Page 66, Dictionnaire de la mouvance droitiste et nationale, de 1945 à nos jours de Jacques Leclercq, éditions L’Harmattan.
  11. « Les alliances douteuses des inconditionnels d'Israël - Au nom du combat contre l'antisémitisme », Dominique Vidal, Le Monde diplomatique, décembre 2002.
  12. « Il y a 613 commandements dans la Torah, aucun ne stipule que Meyer Habib doit rester député », sur Slate.fr, (consulté le ).
  13. Jérôme Bourdon, Le Récit impossible. Le conflit israélo-palestinien et les médias (de boeck, 2009), indique p. 37 que le prix en question a été renommé « prix Goebbels ».
  14. « Charles Enderlin, la voix du Proche-Orient, 20 minutes », (consulté le ).
  15. « Violents incidents à l'aéroport d'Orly », le monde, 4 avril 2002.
  16. « Tel-Aviv: la justice saisie de 2 tweets haineux », Le Figaro, 9 juin 2016.
  17. a et b [PDF] Damien Charrieras, Université de Montréal & Université Paris III – Sorbonne Nouvelle, « Racisme(s) ? une étude rhétorique critique de la polémique sur le racisme anti-blancs en France », Revue COMMposite, Volume 2007.1, p. 50 (ISSN 1206-9256).
  18. Jean-Yves Camus, cairn.info, « Un conflit instrumentalisé par les communautaristes », Revue internationale et stratégique, no 58, 2/2005, pp. 79-86, DOI 10.3917/ris.058.0079.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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