Économie de la Grèce
Économie de la Grèce | |
Monnaie | Euro |
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Année fiscale | calendaire |
Organisations internationales | UE, OCDE, OMC, OCEMN |
Statistiques | |
Produit intérieur brut (parité nominale) | 200,7 milliards $ (2017) |
Produit intérieur brut en PPA | 299,3 milliards $ (2017) |
Rang pour le PIB en PPA | 56 |
Croissance du PIB | 1,4 % (2017) |
PIB par habitant en PPA | 27 800 $ (2017) |
PIB par secteur | agriculture : 4,1 % industrie : 16,9 % services : 79,1 % |
Inflation (IPC) | 1,1 % (2017) |
Pop. sous le seuil de pauvreté | 36 % (2014) |
Indice de développement humain (IDH) | 0,870 (2017) |
Population active | 4,769 millions (2017) |
Population active par secteur | agriculture : 12,6 % industrie : 15 % services : 72,4 % |
Taux de chômage | 21,5 % (juin 2017) [1] |
Principales industries | tourisme, transformation des aliments et du tabac, textiles, produits chimiques, produits métalliques; exploitation minière, pétrole |
Commerce extérieur | |
Exportations | 31,54 de milliards $ (2014) |
Biens exportés | aliments et boissons, produits manufacturés, produits pétroliers, produits chimiques, textiles |
Principaux clients | Italie 10,6%, Allemagne 7,1%, Turquie 6,8%, Chypre 6,5%, Bulgarie 4,9%, Liban 4,3% |
Importations | 52,27 milliards $ (2017) |
Biens importés | machines, équipement de transport, carburants, produits chimiques |
Principaux fournisseurs | Allemagne 10,4%, Italie 8,2%, Russie 6,8%, Irak 6,3%, Corée du Sud 6,1%, Chine 5,4%, Pays-Bas 5,3%, France 4,3% |
Finances publiques | |
Dette publique | 181,8 % du PIB (2017) |
Dette extérieure | 505,6 milliards $ (2016) |
Recettes publiques | 97,99 milliards $ (2017) |
Dépenses publiques | 96,35 milliards $ (2017) |
Déficit public | -0,8 % du PIB (2017) |
Sources : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/gr.html |
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L’économie grecque a connu une croissance rapide entre 1950 et 1975, et encore confortable après l'entrée du pays dans l'Union européenne et à la suite de mesures de stabilisation économique[réf. nécessaire]. La Grèce traverse de violentes difficultés économiques à la suite de la crise de la dette publique qui secoue le pays depuis 2009. Le gouvernement a mis en place d'importantes mesures d'austérité en échange du soutien du FMI et de la zone euro mais le pays rejoint finalement le groupe des pays émergents en 2013.
L'économie grecque se caractérise par un secteur public important représentant 40 % du PIB[réf. nécessaire] et, comme pour plusieurs autres pays méditerranéens, par une économie souterraine fortement développée (l'économie souterraine représenterait ainsi 25 % du PIB grec)[2]. La Grèce reste importatrice nette de biens industriels, de produits alimentaires et de pétrole. Les exportations principales sont les biens manufacturés, les produits alimentaires, les dérivés d'hydrocarbures, le ciment, les produits chimiques et pharmaceutiques. Le tourisme reste l'un des principaux piliers de l'économie grecque. La moitié de l'économie grecque est concentrée dans l'aire urbaine d'Athènes[3].
Historique
2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | |
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Taux | 3,5 % | 4,7 % | 3,7 % | 3,7 % | 4,2 % | -0,3 % | -4,3 % | -5,5 % | - 9,1 % | - 7,3 % | - 3,2 % | 0,7 % | - 0,2 % | - 0,1 % |
Avant 2009
De 1950 à 1973 la Grèce connait un essor économique important et rapide. Avec un taux de croissance annuel moyen de 7 %, cette période sera appelée le miracle économique grec (à l'instar du miracle économique allemand ou japonais).
L'entrée de la Grèce dans l'Union européenne en 1981 a permis au pays de se développer. En effet, avec un PIB par habitant alors inférieur à la moyenne européenne, elle a profité des mécanismes de redistribution, mis en place dans les années 1980, comme les fonds structurels. La Grèce est donc bénéficiaire nette au regard du budget européen. En outre, en 2001, elle rejoint la zone euro.
Le pays continue son développement au début des années 2000 avec des taux de croissance confortables[6]. Athènes accueille de nombreuses manifestations culturelles et sportives internationales notamment les Jeux Olympiques en 2004[7], qui sont l'occasion pour l'État de moderniser la capitale (nouvel aéroport, nouveau métro, infrastructures sportives). En 2008, le chômage est au plus bas à 7,2 % selon Eurostat.
Derrière cette façade en apparence positive, les dysfonctionnements classiques de la société grecque caractérisés par le poids de la fonction publique, de la dette et le faible développement industriel, n'ont que peu changé. Ils sont aggravés par les gouvernements d'Andréas Papandréou qui étend de manière extraordinaire la part du secteur public en nationalisant 230 entreprises privées et augmentant considérablement les aides sociales[8] inaugurant ainsi la voie du socialisme à crédit qui persistera un quart de siècle[8]. Seul le gouvernement de Konstantínos Mitsotákis (1990-1993) initiera une politique de réduction des effectifs des fonctionnaires et privatisera certaines entreprises. Mais cette politique sera sans lendemain, les gouvernements suivants renonceront à réduire la bureaucratie et les aides sociales bases de leur clientélisme électoral[8].
Le « miracle » économique grec de 2004 à 2007 n'est possible que dans un contexte général de développement des transports maritimes et du tourisme et grâce aux facilités de crédit inhérentes aux bas coûts d'intérêt de l'euro. L'État grec ne résista pas à la tentation de résoudre ses difficultés budgétaires en recourant massivement à l'emprunt quitte à maquiller ses comptes pour rentrer dans les critères européens[8]. Le pays connaît alors une croissance fulgurante mais artificielle, « avec des salaires excessifs, une flambée de l’immobilier et un endettement colossal »[9].
Crise économique
L'explosion du déficit public à partir de 2008 et en 2009 fait qu'en 2010 et 2011, la Grèce doit faire face à une importante crise de sa dette publique[10],[11],[12]. En 2009, elle s'établissait à 125 % du PIB pour un déficit public de 13,6 %. En 2011, la dette publique s'élève à 158 % du PIB. Le nouveau gouvernement socialiste élu en octobre 2009 annonce des mesures d'austérité à la suite des révélations quant au niveau abyssal atteint par le déficit et la dette publics. Ses mesures comprennent notamment[13],[14] :
- la diminution du salaire des fonctionnaires (- 10 %) ;
- la diminution des pensions accordées aux retraités (- 10 %) ;
- le recul de 5 ans de l'âge légal de départ à la retraite (65 ans contre 60) ;
- la réduction des investissements publics et des dépenses de fonctionnement de l’État ;
- la création de nouveaux impôts et de nouvelle taxes, hausse de 10 % des taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool ;
- la hausse de la TVA de deux points (23 % contre 21 %, et contre 19 % avant mars 2010) ;
- la baisse des dépenses de l'armement de 2,5 milliards d'euros en deux ans.
La Grèce a reçu un prêt de 110 milliards d'euros sur trois ans du FMI et de la zone euro. L'accord, passé sous condition d'une baisse des dépenses publiques, prévoit une réduction du déficit public, de 13,6 % du PIB en 2009[15] à 2,6 % en 2014[13]. Pour l'année 2010, le déficit devait baisser à 9,3 % du PIB. À ces 110 milliards d'euros, s'ajoute, à partir de 2011, une aide supplémentaire de 60 à 85 milliards d'euros pour ses « besoins financiers » jusqu'en 2014[16]. Ces prêts permettent à l’Allemagne d'engranger plus d'un milliard de profits entre 2015 et 2017, ce qui est parfois dénoncé comme une absence de solidarité de Berlin envers ses partenaires de la zone euro[17].
En novembre 2010, eurostat révise à la hausse le déficit de la Grèce pour l'année 2009 à 15,5 % du PIB (contre 13,6 %). La note financière du pays ne cesse d'être réévaluée à la baisse, et le pays rejoint finalement le groupe des pays émergents fin 2013. Selon eurostat toujours, le chômage a atteint les 27,6 % en juillet 2013. En 2012, les scénarios envisageables concernant la Grèce sont le Grexit et le bank run ; ces épées de Damoclès subsistent malgré les injonctions des personnalités politiques européennes chargées du dossier. Toutefois, Eurostat avait en réalité fait grossir les chiffres du déficit et de la dette publique grecs pour l’année 2009 afin de faciliter la mise sous tutelle financière du pays[18].
De nombreuses privatisations sont effectuées (gaz, électricité, port de Salonique, port du Pirée, quatorze aéroports, etc) mais qui pourraient sur le long terme représenter un manque à gagner considérable pour les finances du pays[19]. En 2013, la Grèce quitte l'indice boursier des marchés développés et rejoint le groupe des pays émergents[20]. L'OCDE prévoit pour 2014 une septième année consécutive de récession, remarquant toutefois que la Grèce a engagé de nombreuses réformes structurelles et que la croissance pourra revenir l'année suivante. Notant que la dette dépassera fin 2013 176 % du PIB, elle ne croit pas envisageable de ramener ce chiffre à 124 % en 2020, et appelle par ailleurs à un allégement de la dette publique, comme cela avait été fait en 2012 sur les dettes privées[21]. Le FMI réclame pour sa part la poursuite de la cure d'austérité des comptes publics[22].
La brutale politique de rigueur, comprenant baisses massives des salaires et des dépenses publiques, a pour conséquence de contracter le PIB par habitant de 25 % entre 2007 et 2016 qui retourne à son niveau de 1999 ; la production industrielle, hors bâtiment, diminue, elle, de plus de 15 % sur la même période[23]. Pendant ces années, en l'absence totale de contrôle des changes, la Grèce connaît une fuite massive des capitaux principalement en direction de l'Allemagne et de la Suisse. Les dépôts dans les banques grecques qui s'élevaient à 210 milliards d'euros en 2008 passent à 120 milliards en 2017[24].
Les dépenses publiques ont baissé de 30 % après 2008, entraînant une dégradation de l'état des infrastructures, d’énormes problèmes dans les systèmes de santé et d’éducation et un appauvrissement massif des retraités. La population du pays a baissé d'un million de personnes. Pourtant, la politique d'austérité n'a pas permis de diminuer l'endettement du pays ; au contraire, la dette publique est passée de 109 % du PIB en 2008 à 178 % en 2018[25].
Économie par secteur
Secteur primaire
Le secteur primaire représente 7 % du PNB et 12 % de la main-d'œuvre. La Grèce produit du blé (2 millions de tonnes), du coton, du tabac ou encore du riz. La vigne est également cultivée, les cépages variant selon les zones : Cyclades ou encore îles Ioniennes. Enfin, ses plantations d'oliviers (variétés amygdalolia et koroneiki) lui permettent de produire de l'huile d'olive. Le pays compte 850 000 producteurs d'olives officiels. L'aridité, l'importance des montagnes et l'érosion des sols constituent des obstacles depuis l'Antiquité : elles diminuent la surface agricole utile (21,1 % des terres), empêchant ainsi l'agriculture de se développer. La Grèce doit importer de la viande et des produits laitiers.
Les ressources d'hydrocarbures sont pour l'instant peu exploitées malgré un peu de pétrole puisé en Mer Égée. La découverte récente, au début des années 2000, de ressources considérables d'hydrocarbures en Méditerranée orientale pourrait selon certains analystes rembourser la dette grecque[26]. Parmi les exploitations minières du pays se trouve le fer, le lignite, mais également la ponce (notamment sur l'île de Gyali qui exploite 250 000 tonnes par an et possède d'importantes réserves) dont la Grèce est l'un des principaux producteurs mondiaux.
Secteur secondaire
L'industrie est encore assez peu développée en Grèce par rapport à la moyenne de l'UE : elle représente seulement 22 % du PNB et 20 % de la main-d'œuvre. La Grèce s'alimente en électricité essentiellement grâce à des centrales thermiques.
Secteur tertiaire
Le secteur tertiaire représente la majorité de l'économie grecque (71 % du PNB et 68 % de la main-d'œuvre). Le tourisme en est un pilier (15 % du PNB). le pays est attractif grâce à ses conditions climatiques avantageuses pour les vacanciers (faibles précipitations, ensoleillement important, température agréable de la mer), son important littoral (13 676 km), ses îles, et surtout ses nombreux vestiges archéologiques. 17e destination touristique mondiale en 2011, le pays a accueilli plus de 16 millions de visiteurs engendrant 14 milliards de dollars de recette[27]. L'impératif de préservation du patrimoine culturel grec vient parfois limiter les possibilités offertes aux touristes : ainsi, la Grèce possède l'une des législations les plus restrictives d'Europe en matière de plongée sous-marine.
Quelques chiffres
- Salaire minimum (depuis février 2012[28]) :
- 586 € (489 € net) par mois pour une personne célibataire de plus de 25 ans pendant les trois premières années de travail, puis une montée progressive jusqu'à 750 € après neuf ans.
- 644 € par mois pour une personne mariée de plus de 25 ans pendant les trois premières années de travail, puis une montée progressive jusqu'à 808 € après neuf ans.
- 510 € (440 € net) par mois pour une personne de moins de 25 ans.
- Indice de fécondité : 1,28 par femme (2007) ;
- taux de natalité : 8,50 ‰ (2014) ;
- taux de mortalité : 10,50 ‰ (2014) ;
- Note de la dette à long terme :
- CCC selon Fitch Ratings[29].
- CCC selon Standard & Poor's[29].
- Caa3 selon Moody's[29].
- Le taux de paiement par carte bancaire n'était que de 6 % du total des paiements en 2013, soit un des taux les plus faibles d'Europe[30].
Notes et références
- http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&plugin=1&language=fr&pcode=teilm020
- « Comment la crise alimente l'économie souterraine », sur Le Figaro,
- « Grèce : activités économiques », sur l'encyclopédie Larousse en ligne
- « Grèce Produit Intérieur Brut (PIB) - Taux de croissance réelle », sur IndexMundi
- « Taux de croissance du PIB réel - en volume : Variation par rapport à l'année précédente (%) », sur Eurostat
- [1] Comment la Grèce en est arrivée là, Le Monde, 11 mars 2010.
- championnats d'Europe d’athlétisme en 1982, capitale européenne de la culture en 1985, jeux méditerranéens de 1991, mondiaux d'athlétisme en 1997, JO de 2004, concours eurovision de la chanson en 2006.
- Yves Morel, « 1829-2015. Pourquoi le désastre grec ? », La Nouvelle Revue d'histoire, no 82, , p. 25-28.
- « Et si, comme d’autres pays, la Grèce n’avait jamais rejoint la zone euro… : entretien avec Henri Sterdyniak », sur lavoixdunord.fr, .
- « Moody's dégrade à son tour la note de la Grèce, », sur Le Figaro (consulté le )
- « Athènes demande la mise en œuvre du plan d'aide UE-FMI, », sur Le Figaro (consulté le )
- « Grèce, Portugal : panique sur la zone euro, », sur Le Figaro (consulté le )
- « Le détail des mesures d'autérité en Grèce », sur Le Nouvel Observateur (consulté le )
- « La crise grecque », sur LaCroix.fr
- Dettes et déficits publics dans l’Union européenne
- (fr) Les clés du nouveau plan d'aide à la Grèce, L'Expansion. Consulté le 4 juin 2011
- « L’Allemagne a engrangé plus d’un milliard de profits sur la Grèce », lesechos.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « En Grèce, condamnation de l’ancien chef des statistiques, qui avait maquillé les chiffres du déficit public », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Niels Kadritzke, « Grande braderie en Grèce », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
- [2] La Grèce reléguée au rang des émergents, une symbolique lourde, Le Monde, 27 novembre 2013
- Alexia Kefalas, « Grèce : l'OCDE appelle à un allégement du fardeau de la dette », in Le Figaro, encart « Économie », jeudi 28 novembre 2013, page 19.
- « Grèce, le redressement écoonomique est fragile selon le FMI », sur Libération, .
- La Grèce a perdu toute la richesse gagnée depuis son passage à l’euro, Marie Charrel, lemonde.fr, 3 juillet 2015
- [3], fr.reuters.com, 28 février 2017
- « La tragédie grecque en dix graphiques », Alternatives Economiques, (lire en ligne, consulté le )
- "Association pour l’Économie Distributive: La Grèce richissime?"
- [4] ministère de l'artisanat du commerce et du tourisme, veille info tourisme, Grèce
- (en) Minimum Wages: Greeks to Earn Less Than 3 € Per Hour, KeepTalkingGreece, 4 février 2012
- Modèle {{Lien web}} : paramètres «
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» et «titre
» manquants. (en) , sur Trading Economics (consulté le ) - « Grèce : le pays du « cash » se convertit au paiement par carte bancaire », sur Les Echos,