Rafael Alberti

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Rafael Alberti
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Rafael Alberti en 1968.
Nom de naissance Rafael Alberti Merello
Naissance
El Puerto de Santa María Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Décès (à 96 ans)
El Puerto de Santa María Drapeau de l'Espagne Espagne
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Espagnol
Mouvement Génération de 27, gongorisme, surréalisme
Genres

Œuvres principales

  • Marinero en tierra
  • Sobre los ángeles
Signature de Rafael Alberti
Alberti à la Casa de Campo en 1978 à l'occasion de la fête organisée par le Parti communiste d'Espagne peu après sa légalisation.
Monument à Rafael Alberti dans sa ville natale.

Rafael Alberti Merello, né le à El Puerto de Santa María, Province de Cadix, et mort au même endroit le (à 96 ans), est un poète et dramaturge espagnol appartenant à la génération de 27.

Il reçoit le Prix national de Poésie en 1924 et le Prix Cervantes en 1983.

Biographie

Rafael Alberti est né à El Puerto Santa María, en Andalousie. Il part à Madrid où son père est amené à travailler, mais ce dernier meurt en 1920. De 1939 à 1977, il s'exile en France, en Argentine puis en Italie.

Analyse de l'œuvre

On peut distinguer cinq phases dans la lyrique albertienne : neopopularismo (es), gongorisme, surréalisme, poésie politique, poésie de la nostalgie.

Le premier cercle de sa poésie est constitué par Marinero en tierra (1925, Prix national de Poésie), La amante (1926) et El alba del alhelí (1927). Le poète se situe dans la tradition des recueils de chansons, mais la position est celle d'un poète d'avant-garde.

Dans la seconde phase, une nouvelle tradition succède à la chanson : celle de Góngora. Le résultat est Cal y canto (1929, mais écrit entre 1926 et 1927). Le gongorisme réside dans la profonde transfiguration stylistique à laquelle se trouvent soumis les sujets. Dans ce livre apparaît un ton sombre qui anticipe Sobre los ángeles (1929, mais écrit entre 1927 et 1928).

Sobre los ángeles — qui ouvre la troisième étape, c'est-à-dire le surréalisme — naît comme conséquence d'une grave crise personnelle, et se rattache d'autre part à la crise esthétique générale de l'époque, commune à tout l'art occidental. Le classicisme antérieur se voit soudainement malmené, et même si le poète utilise encore les formes métriques traditionnelles, la versification libre surgit de façon triomphante. Les caractéristiques de ces poèmes sont la densité des images, la violence du vers, la création d'un monde onirique et infernal. C'est certainement le livre majeur du poète, lequel prolongera son ton apocalyptique dans Sermones y moradas, écrit entre 1929 et 1930 ; le cercle surréalisme se refermant sur l'humour de Yo era un tonto y lo que he visto me ha hecho dos tontos (1929). Dans ce dernier livre, se retrouvent des poèmes consacrés aux grands comiques du cinéma muet.

« Ma poésie n'a rien à voir ou presque rien avec le peuple », dit-il[1]. C'est un chantre des thèmes de la vie moderne, un humoriste, un poète pur. Chacun des livres de cette période semble nier le précédent, affirmant en même temps l'énorme puissance rhétoricienne et la richesse inépuisable d'inspiration de leur auteur.

L'identification entre conduite privée et conduite publique, que l'on peut considérer comme une caractéristique du surréalisme, se traduira postérieurement chez Alberti par une position idéologique proche de l'anarchisme. Cela l'amènera à se lancer dans la poésie politique, dont la première manifestation est l'élégie civique Con los zapatos puestos tengo que morir (1930). Avec l'arrivée de la Seconde République espagnole (1931), Alberti adoptera les positions du marxisme révolutionnaire. Les poèmes de cette période seront rassemblés dans Consignas (1933), Un fantasma recorre Europa (1933), 13 bandas y 48 estrellas (1936), Nuestra diaria palabra (1936) et De un momento a otro (1937) ; en 1938 l'auteur rassemblera tous ces recueils sous le titre général El poeta en la calle. Il faut ajouter l'élégie Verte y no verte (1935), dédiée à Ignacio Sánchez Mejías. Le cycle est inégal, mais recèle des réussites remarquables.

Militant engagé dans le camp républicain, Rafael Alberti fut contraint de s'exiler en France en 1939 ; l'année suivante il dut quitter ce pays vaincu par les Allemands, pour se réfugier en Argentine, où il resta jusqu'en 1963. Cette année-là, il s'installa en Italie (Rome et ponctuellement à Cervara di Roma) pour un séjour qui allait durer jusqu'à son retour en Espagne en 1977.

L'exil (1939-1977) déclenche le dernier cycle de l'œuvre d'Alberti. De la poésie apolitique, on peut détacher Entre el clavel y la espada (1941) ; A la pintura (1948), retable sur les thèmes et figures des arts picturaux ; Retornos de lo vivo lejano (1952) ; Oda marítima ; Baladas y canciones del Paraná (1953). Il s'agit de livres articulés — sauf A la pintura — sur le thème de la nostalgie, dans lesquels les vers cultes alternent avec le « neopopularismo », et qui présentent des moments d'une grande qualité, que l'on retrouvera dans Abierto a todas horas (1964) et dans le premier livre totalement rédigé après le retour en Europe, Roma, peligro para caminantes (1968). Après le retour en Espagne (1977), la production d'Alberti, très abondante, inclut en particulier la poésie érotique de Canciones para Altair (1988).

En 1999, il reçoit la Creu de Sant Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne.

Œuvres

Poésie

  • Marinero en tierra (1925) — Prix national de Poésie 1924.
  • La Amante (1926)
  • El alba del alhelí (1927)
  • Cal y Canto (1929)
  • Sobre los angeles (1929)
  • Sermones y morales (1929)
  • El hombre deshabitado (1930)
  • Fermín Galán (1931)
  • Consignas (1933)
  • poema del mar Caribe (1936)
  • 13 bandas y 48 estrellas (1936)
  • De un momento a otro (1938-1939)
  • El trébol florido (1940)
  • Entre el clavel y la espada (1939-1940)
  • Pleamar (1942-1944)
  • El adefesio (1944)
  • La Gallarda (1944-1945)
  • A la pintura (1945-1967)
  • Retornos de lo vivo lejano (1948-1956)
  • Coplas de Juan Panadero (1949-1953)
  • Noche de guerra en el Museo del Prado (1956)
  • Abierto a todas horas (1960-1963)
  • Roma, peligro para caminantes (1964-1967)
  • Canciones del alto valle del Aniene (1967-1971)
  • Fustigada luz (1972-1978)
  • Los hijos del drago y otros poemas (1986)
  • Canciones para Altair (1988)

Scénario de film

Œuvres traduites

Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues, dont voici les traductions en français[2] :

Poésie

  • Poèmes de Rafael Alberti (sélection), G.L.M., 1952.
  • Le Marin à terre, Pierre Seghers Editeur, 1957.
  • Revenances du vivant lointain, Pierre Seghers Editeur, 1955.
  • Sermons et demeures, suivi de Élégie civique et J'étais un imbécile et ce que j'ai vu a fait de moi deux imbéciles, P.J. Oswald, 1962.
  • Qui a dit que nous étions morts? — Poèmes de guerre et d'exil, anthologie, édition bilingue, Les Éditeurs Français Réunis, 1964.
  • Mépris et merveille, édition bilingue, Les Éditeurs Français Réunis, 1974.
  • Picasso le rayon ininterrompu, Cercle D'Art, 1974.
  • Sur les anges, édition bilingue, Les Éditeurs Français Réunis, 1976.
  • Le Marin à terre. L'Amante. L'Aube de la Giroflée, Gallimard, 1985.
  • D'Espagne et d'ailleurs (poèmes d'une vie), anthologie, Pantin, 1998.
  • À la peinture, avec des dessins de Rafael Alberti, Le Passeur, 2001.

Prose

  • La Futaie perdue I. (Mémoires). (Livres I et II), Belfond, 1984.

Théâtre

  • Le Repoussoir (fable de l'amour et des vieilles, trois actes), L'Arche, 1957 puis 1984.
  • Théâtre 1 : Nuit de guerre dans le musée du Prado. Le Trèfle Fleuri. Radio-Séville, L'Arche, 1962.
  • Théâtre 11 : D'un moment à l'autre. L'Homme inhabité. Cantaire des Héros et de la fraternité des peuples, L'Arche, 1963.

Mise en musique

Parmi les plus connus des interprètes espagnols des poèmes de Rafael Alberti, Paco Ibáñez, dont le fameux A galopar, hymne des Républicains durant la guerre civile[3].

Certains de ses poèmes ont été récités sur une musique dans le cadre de l'album hommage de Vicente Amigo : POETA. Laurentino Fernandez Perez a aussi mis en musique un grand nombre de ses poèmes dans ses disques.[réf. souhaitée]

On trouve aussi quelques poèmes de Rafael Alberti chantés et mis en musique par Vicente Monera, auteur-interprète espagnol[4],[5].

En 1977, la chanteuse hispano-vénézuélienne Soledad Bravo a fait, avec Rafael Alberti, un disque[Lequel ?] dans lequel ils enchainent chansons (musique de Soledad Bravo sur des poèmes de Rafael Alberti) et des poèmes dits par Rafael Alberti lui-même. Le disque était édité par CBS.[réf. nécessaire]

Dans la culture populaire

Rafael Alberti apparaît comme personnage dans différentes œuvres de fiction littéraires ou audiovisuelles :

Notes et références

  1. La Gaceta Literaria (es) du .
  2. Liste des œuvres traduites en français, sur le site officiel de Rafael Alberti.
  3. mfrontere, « A galopar, hasta enterrarlos en el mar ! », Fragments, blog du Monde, 21 juin 2006, consulté le 11 mars 2014.
  4. (es) Vicente Monera, « Poèmes de Rafael Alberti interprétés en musique par Vicente Monera », sur musicaypoemas.com/ (consulté le )
  5. Chaîne YouTube de Vicente Monera, où il interprète des poèmes de Rafael Alberti[vidéo]
  6. « La hora de los valientes » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  7. (es) Antonio Muñoz Molina, La noche de los tiempos, Editorial Seix Barral, , 960 p. (ISBN 978-84-322-1275-8).

Annexes

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Bibliographie

  • E. de Zuleta, « La poesía de Rafael Alberti », en Cinco poetas españoles (Madrid, 1971)
  • K. Spang, Inquietud y nostalgia. La poesía de Rafael Alberti (Pamplona, 1973)
  • S. Salinas de Marichal, El mundo poético de Rafael Alberti (Madrid, 1975)
  • J. L. Tejada, Rafael Alberti entre la tradición y la vanguardia (Madrid, 1976)
  • R. Senabre, La poesía de Rafael Alberti (Salamanca, 1977)
  • A. Jiménez Millán, La poesía de Rafael Alberti (1930-1939) (Cádiz, 1984)
  • R. Alberti, Obras completas, I. Poesía (1920-1938), introduction de Luis García Montero (Madrid, 1988).

Liens externes