Grand Prix automobile de Malaisie 1999

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Grand Prix de Malaisie 1999
Tracé de la course
Données de course
Nombre de tours 56
Longueur du circuit 5,540 km
Distance de course 310,410 km
Résultats
Vainqueur Drapeau du Royaume-Uni Eddie Irvine,
Ferrari,
h 36 min 38 s 494
(vitesse moyenne : 192,682 km/h)
Pole position Drapeau de l'Allemagne Michael Schumacher,
Ferrari,
min 39 s 688
(vitesse moyenne : 200,136 km/h)
Record du tour en course Drapeau de l'Allemagne Michael Schumacher,
Ferrari,
min 40 s 267
(vitesse moyenne : 198,981 km/h)

Résultats du Grand Prix de Malaisie 1999, couru sur le circuit international de Sepang le .

Apparition du Grand Prix au calendrier de la Formule 1[modifier | modifier le code]

Dans les années 1990, la Malaisie souhaite obtenir un Grand Prix de Formule 1 afin de pouvoir rayonner dans le monde entier et détrôner Singapour dans le Sud-Est asiatique[1].

En 1996, en marge du Grand Prix du Portugal, les autorités malaisiennes et la Fédération internationale de l'automobile se mettent d'accord pour l'inscription au calendrier 1999 du championnat du monde d'une épreuve se déroulant en Malaisie[2].

Pour l'emplacement du circuit, les autorités malaisiennes désignent un immense terrain à Sepang. Il est alors couvert par la forêt vierge et appartient à l'aéroport de Kuala Lumpur[1]. La compagnie Kuala Lumpur Airport consacre plus de 100 millions de dollars (environ 610 millions de francs) pour construire le circuit international de Sepang[1].

En octobre 1998, le Grand Prix de Malaisie est inscrit au calendrier de la saison 1999 à la date du 17 octobre[3].

Le nom officiel du Grand Prix est « I Petronas Malaysian Grand Prix » après un accord financier pour le parrainage de la course par la société Petronas[1].

Engagés[modifier | modifier le code]

Les onze écuries inscrites au championnat du monde 1999 sont toutes présentes en Malaisie.

Concernant les pilotes, ce Grand Prix marque le retour à la compétition de Michael Schumacher après son accident lors du Grand Prix de Grande-Bretagne le 11 juillet 1999[4],[5]. Victime d'une fracture tibia-péroné à la jambe droite, Schumacher est forfait pendant six courses (Autriche, Allemagne, Hongrie, Belgique, Italie, Europe) et est remplacé par le Finlandais Mika Salo[6],[7]. Ce dernier se retrouve alors sans volant jusqu'à la fin de la saison.

Écurie Numéro Pilotes Châssis Moteur Pneus
West McLaren Mercedes 1 Mika Häkkinen McLaren MP4-14 Mercedes-Benz FO 110H 3.0 V10 B
2 David Coulthard
Scuderia Ferrari Marlboro 3 Michael Schumacher Ferrari F399 Ferrari Type 048/B/C 3.0 V10 B
4 Eddie Irvine
Winfield Williams 5 Alessandro Zanardi Williams FW21 Supertec FB01 3.0 V10 B
6 Ralf Schumacher
Benson & Hedges Jordan 7 Damon Hill Jordan 199 Mugen-Honda MF-301HD 3.0 V10 B
8 Heinz-Harald Frentzen
Mild Seven Benetton Playlife 9 Giancarlo Fisichella Benetton B199 Playlife FB01 3.0 V10 B
10 Alexander Wurz
Red Bull Sauber Petronas 11 Jean Alesi Sauber C18 Petronas SPE-03A 3.0 V10 B
12 Pedro Diniz
Repsol Arrows 14 Pedro de la Rosa Arrows A20 Arrows A20E 3.0 V10 B
15 Toranosuke Takagi
HSBC Stewart Ford 16 Rubens Barrichello Stewart SF-3 Ford Cosworth CR-1 3.0 V10 B
17 Johnny Herbert
Gauloises Prost Peugeot 18 Olivier Panis Prost AP02 Peugeot A18 3.0 V10 B
19 Jarno Trulli
Fondmetal Minardi Ford 20 Luca Badoer Minardi M01 Ford-Cosworth VJ Zetec-R 3.0 V10 B
21 Marc Gené
British American Racing 22 Jacques Villeneuve BAR PR01 Supertec FB01 3.0 V10 B
23 Ricardo Zonta

Avant-course[modifier | modifier le code]

La Malaisie est l'avant-dernière épreuve du championnat et la lutte pour le titre ne concerne plus que quatre pilotes : Mika Hakkinen, leader du championnat avec 62 points, Eddie Irvine (60 points), Heinz-Harald Frentzen (50 points) et David Coulthard (48 points).

Pour son retour à la compétition, Schumacher laisse clairement entendre que son objectif est d'abord d'aider Ferrari à conquérir le titre constructeur plutôt que d'aider Eddie Irvine à remporter le titre pilote : « D'abord conduire vite et ne pas avoir d'accident ! Puis marquer un maximum de points pour aider Ferrari à obtenir le titre constructeur. Si je suis en position de donner un coup de main à Eddie pour le titre pilote, je le ferai. Voilà mon deuxième objectif »[8].

Eddie Irvine, diplomate, accepte cette situation : « Est-ce que l'on peut rêver d'un meilleur deuxième pilote ? Depuis plus de trois ans, j'ai l'habitude de travailler avec lui. Il apporte beaucoup à Ferrari, comme il apporterait à n'importe quelle autre équipe si l'on considère son talent de pilote »[8]. Si Irvine tient ces propos, c'est parce qu'il sait déjà qu'il ne pilotera plus pour Ferrari en 2000 puisqu'il rejoindra l'écurie Jaguar et que son remplaçant au sein de la Scuderia a déjà été annoncé (ce sera le Brésilien Rubens Barrichello)[9],[10],[11].

Essais libres[modifier | modifier le code]

Le vendredi matin, Michael Schumacher se montre le plus rapide[8].

Le vendredi après-midi, Jacques Villeneuve réalise le meilleur temps devant David Coulthard[12],[13].

Le samedi matin, lors de la troisième séance d'essais libres, Schumacher réalise le meilleur temps devant son coéquipier Eddie Irvine[14].

Qualifications[modifier | modifier le code]

Pos. No  Pilote Équipe Temps Écart
1 3 Drapeau de l'Allemagne Michael Schumacher Ferrari 1 min 39 s 688
2 4 Drapeau du Royaume-Uni Eddie Irvine Ferrari 1 min 40 s 635 + 0 s 947
3 2 Drapeau du Royaume-Uni David Coulthard McLaren-Mercedes 1 min 40 s 806 + 1 s 118
4 1 Drapeau de la Finlande Mika Häkkinen McLaren-Mercedes 1 min 40 s 866 + 1 s 178
5 17 Drapeau du Royaume-Uni Johnny Herbert Stewart-Ford 1 min 40 s 937 + 1 s 249
6 16 Drapeau du Brésil Rubens Barrichello Stewart-Ford 1 min 41 s 351 + 1 s 663
7 10 Drapeau de l'Autriche Alexander Wurz Benetton-Playlife 1 min 41 s 444 + 1 s 756
8 6 Drapeau de l'Allemagne Ralf Schumacher Williams-Supertec 1 min 41 s 558 + 1 s 870
9 7 Drapeau du Royaume-Uni Damon Hill Jordan-Mugen-Honda 1 min 42 s 050 + 2 s 362
10 22 Drapeau du Canada Jacques Villeneuve BAR-Supertec 1 min 42 s 087 + 2 s 399
11 9 Drapeau de l'Italie Giancarlo Fisichella Benetton-Playlife 1 min 42 s 110 + 2 s 422
12 18 Drapeau de la France Olivier Panis Prost-Peugeot 1 min 42 s 208 + 2 s 520
13 23 Drapeau du Brésil Ricardo Zonta BAR-Supertec 1 min 42 s 310 + 2 s 622
14 8 Drapeau de l'Allemagne Heinz-Harald Frentzen Jordan-Mugen-Honda 1 min 42 s 380 + 2 s 692
15 11 Drapeau de la France Jean Alesi Sauber-Petronas 1 min 42 s 522 + 2 s 834
16 5 Drapeau de l'Italie Alessandro Zanardi Williams-Supertec 1 min 42 s 885 + 3 s 197
17 12 Drapeau du Brésil Pedro Diniz Sauber-Petronas 1 min 42 s 933 + 3 s 245
18 19 Drapeau de l'Italie Jarno Trulli Prost-Peugeot 1 min 42 s 948 + 3 s 260
19 21 Drapeau de l'Espagne Marc Gené Minardi-Ford 1 min 43 s 563 + 3 s 875
20 15 Drapeau de l'Espagne Pedro de la Rosa Arrows 1 min 43 s 579 + 3 s 891
21 20 Drapeau de l'Italie Luca Badoer Minardi-Ford 1 min 44 s 321 + 4 s 633
22 14 Drapeau du Japon Toranosuke Takagi Arrows 1 min 44 s 637 + 4 s 949

Course[modifier | modifier le code]

Déroulement de la course[modifier | modifier le code]

À l'issue du premier tour, l'ordre est le même que sur la grille de départ pour les deux premières lignes : Schumacher devance Irvine, Coulthard et Hakkinen. Au quatrième tour, Schumacher laisse volontairement passer Irvine qui lutte pour le titre de champion du monde[15]. Un tour plus tard, Coulthard parvient à dépasser Schumacher. Mais au quinzième tour, le pilote écossais abandonne en raison d'une chute de la pression d'essence[15]. Schumacher se contente alors de bloquer Hakkinen pour permettre à Irvine de prendre le large. À neuf tours de l'arrivée, Hakkinen doit repasser par les stands et laisse les deux Ferrari seules en tête[15].

Classement à l'issue de la course[modifier | modifier le code]

Pos. No  Pilote Écurie Tours Temps/Abandon Grille Points
1 4 Drapeau du Royaume-Uni Eddie Irvine Ferrari 56 1 h 36 min 38 s 494 (192,682 km/h) 2 10
2 3 Drapeau de l'Allemagne Michael Schumacher Ferrari 56 + 1 s 040 1 6
3 1 Drapeau de la Finlande Mika Häkkinen McLaren-Mercedes 56 + 9 s 743 4 4
4 17 Drapeau du Royaume-Uni Johnny Herbert Stewart-Ford 56 + 17 s 538 5 3
5 16 Drapeau du Brésil Rubens Barrichello Stewart-Ford 56 + 32 s 296 6 2
6 8 Drapeau de l'Allemagne Heinz-Harald Frentzen Jordan-Mugen-Honda 56 + 34 s 884 14 1
7 11 Drapeau de la France Jean Alesi Sauber-Petronas 56 + 54 s 408 15
8 10 Drapeau de l'Autriche Alexander Wurz Benetton-Playlife 56 + 1 min 00 s 934 7
9 21 Drapeau de l'Espagne Marc Gené Minardi-Ford 55 + 1 tour 19
10 5 Drapeau de l'Italie Alessandro Zanardi Williams-Supertec 55 + 1 tour 16
11 9 Drapeau de l'Italie Giancarlo Fisichella Benetton-Playlife 52 + 4 tours 11
Abd. 22 Drapeau du Canada Jacques Villeneuve BAR-Supertec 48 Embrayage 10
Abd. 12 Drapeau du Brésil Pedro Diniz Sauber-Petronas 44 Sortie de piste 17
Abd. 14 Drapeau de l'Espagne Pedro de la Rosa Arrows 30 Moteur 20
Abd. 20 Drapeau de l'Italie Luca Badoer Minardi-Ford 15 Sortie de piste 21
Abd. 2 Drapeau du Royaume-Uni David Coulthard McLaren-Mercedes 14 Pression d'essence 3
Abd. 6 Drapeau de l'Allemagne Ralf Schumacher Williams-Supertec 7 Accident 8
Abd. 15 Drapeau du Japon Toranosuke Takagi Arrows 7 Transmission 22
Abd. 23 Drapeau du Brésil Ricardo Zonta BAR-Supertec 6 Sortie de piste 13
Abd. 18 Drapeau de la France Olivier Panis Prost-Peugeot 5 Moteur 12
Abd. 11 Drapeau du Royaume-Uni Damon Hill Jordan-Mugen-Honda 0 Collision 9
Np. 19 Drapeau de l'Italie Jarno Trulli Prost-Peugeot Moteur 18

Pole position et record du tour[modifier | modifier le code]

Tours en tête[modifier | modifier le code]

Statistiques[modifier | modifier le code]

  • 4e et dernière victoire pour Eddie Irvine.
  • 125e victoire pour Ferrari en tant que constructeur.
  • 125e victoire pour Ferrari en tant que motoriste.
  • Derniers points pour Johnny Herbert en Formule 1.
  • Derniers points pour l'écurie Stewart en Formule 1.
  • Le succès d'Eddie Irvine fait partie d'un triplé consécutif de dernière victoire en Formule 1 : Frentzen en Italie, Herbert en Europe et donc, Irvine en Malaisie.
  • Dernière victoire d'un pilote britannique à bord d'une Ferrari.

Après-course : déclassement puis reclassement des Ferrari[modifier | modifier le code]

Déflecteur latéral droit de la Ferrari F399.

Trois heures après l'arrivée, le délégué technique de la FIA, Jo Bauer, publie un communiqué officialisant la mise hors course des Ferrari. Les deux monoplaces sont déclassées pour non-conformité de leurs déflecteurs latéraux pour un centimètre (article 3.12.6 au chapitre « carrosserie et dimensions »)[15].

L'écurie italienne fait appel car le déclassement de ses deux monoplaces est synonyme de victoire pour Mika Hakkinen mais aussi de titre de champion du monde et ce, avant même la dernière course de la saison au Japon[16].

Au sein de la Scuderia Ferrari, Jean Todt plaide la bonne foi et accuse un espion adverse : « J'ai des raisons de croire que quelqu'un de très au fait s'est rendu compte de cette petite anomalie et est allé en référer à la direction de la course. Ce doit être une personne à l'oeil avisé car ni moi ni Ross Brawn n'avions noté ce point de détail. Tout cela est étrange »[17].

Quant à Bernie Ecclestone, il prend la défense de la Scuderia Ferrari : « c'est une honte que le championnat puisse être biaisé par la faute d'un ouvrier qui a fait une erreur à l'usine »[18]. Cette déclaration provoque l'agacement de Max Mosley, le président de la FIA qui rappelle que rien ni personne ne peut influencer les travaux du tribunal d'appel.

Le samedi 23 octobre, le tribunal d'appel de la FIA est réuni à Paris et décide de reclasser les deux Ferrari[19]. Max Mosley déclare : « Notre commissaire technique a refait les mesures devant les juges et a constaté qu'elles contenaient dans les 5 millimètres de tolérance prévus par le règlement »[20].

Le vainqueur du Grand Prix de Malaisie est donc Eddie Irvine qui s'empare ainsi de la tête du championnat du monde des pilotes avec 70 points devant Mika Hakkinen (66 points). Ferrari prend par la même occasion les rênes du championnat des constructeurs, avec quatre points d'avance sur McLaren-Mercedes.

Cette décision n'est pas du goût de Ron Dennis, le patron de McLaren qui estime qu'elle sert à maintenir le suspense avant la dernière course de la saison : « c'est une mauvaise journée pour le sport. Tout le monde veut une belle course au Japon, mais je crois que le prix à payer cette fois-ci est trop élévé. La pression commerciale dans notre sport est devenue très importante »[21].


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d FORMULE 1. La piste de Sepang accueille son premier Grand Prix dimanche. La Malaisie s'intègre au circuit., www.liberation.fr, 15 octobre 1999.
  2. Vers un Grand Prix de Malaisie en 1999, www.liberation.fr, 24 septembre 1996.
  3. AUTOMOBILISME : projet de calendrier 1999 de formule 1, www.lemonde.fr, 17 octobre 1998.
  4. Michael Schumacher victime d'une terrible sortie de route à Silverstone, www.lemonde.fr, 12 juillet 1999.
  5. F1. Trois mois après son accident, le pilote allemand courra les deux derniers Grands Prix. Michael Schumacher revient finir les courses., www.liberation.fr, 9 octobre 1999.
  6. Salo, intérimaire de Schumacher, www.liberation.fr, 14 juillet 1999.
  7. Formule 1 : Mika Salo secondera Eddie Irvine chez Ferrari, www.lemonde.fr, 15 juillet 1999.
  8. a b et c Formule 1. Le pilote Ferrari, absent depuis trois mois, a signé vendredi le meilleur chrono aux essais du Grand Prix malais. Schumacher retrouve son baquet et sa forme. www.liberation.fr, 16 octobre 1999.
  9. Irvine quitterait pour Jaguar à la fin de la saison. Qu'il soit champion du monde ou pas,..., www.rds.ca, 5 août 1999.
  10. Eddie Irvine ne veut plus jouer les doublures., www.liberation.fr, 12 août 1999.
  11. AUTOMOBILISME : Rubens Barrichello chez Ferrari, www.lemonde.fr, 7 septembre 1999.
  12. (en) Villeneuve Surprise Friday Fastest., www.crash.net, 15 octobre 1999.
  13. (en) Villeneuve heads first day in Malaysia, www.archive.atlasf1.com, 15 octobre 1999.
  14. (en) Ferrari head the field into qualifying, www.archive.atlasf1.com, 16 octobre 1999.
  15. a b c et d Anne Giuntini, "Ferrari impose sa loi", in "50 ans de Formule 1", tome 2 (1979-1999), page 426, éditions L'Équipe, novembre 1999, (ISBN 2-7021-3009-7)
  16. Le triomphe suspect des Ferrari fait le bonheur de Mika Häkkinen, www.lemonde.fr, 19 octobre 1999.
  17. Les tifosi entre indignation et colère, www.lemonde.fr, 19 octobre 1999.
  18. F1. Ferrari récupère ses points et Irvine la tête du championnat.Deux voitures rouges blanchies en appel., www.liberation.fr, 25 octobre 1999.
  19. La décision inattendue de la FIA dans l'affaire Ferrari relance la course au titre mondial, www.letemps.ch, 25 octobre 1999.
  20. Philippe Joubin, "Erreur de mesure", in "50 ans de Formule 1", tome 2 (1979-1999), page 426, éditions L'Équipe, novembre 1999, (ISBN 2-7021-3009-7)
  21. Ferrari requalifiée, le championnat de formule 1 est relancé, www.lemonde.fr, 26 octobre 1999.