Enfer

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L'enfer dans l'Hortus deliciarum de Herrade de Landsberg (autour de 1180).
Autre vision de l'enfer.

L'enfer est, selon de nombreuses religions, un état de souffrance extrême de l'esprit humain après sa séparation du corps, douleur expérimentée après la mort par ceux qui ont commis des crimes et des péchés dans leur vie terrestre. La définition de l'enfer et ses caractéristiques sont variables selon les religions et sont parfois sujets à différentes interprétations au sein d'une même religion. Ainsi, selon le bouddhisme, l'enfer est avant tout un état d'esprit de l'individu soumis aux désirs et passions.

Origines mésopotamiennes

Les premières traces de l'enfer sont mésopotamiennes (environ 2000 ans avant J.-C) : les Akkadiens et les Sumériens croyaient en l'enfer, en tant que lieu où se retrouvent les morts[1]. Leur dieu de l'enfer est Nergal et leur déesse est Ereshkigal.

Dans la mythologie grecque

Selon le judaïsme

Chez les juifs anciens, comme au sein des autres nations sémites, l'existence dans le sheol était considérée comme une perpétuation fantomatique de la vie terrestre, pendant laquelle les problèmes de cette vie terrestre prenaient fin. Le shéol était conçu comme un lieu souterrain où les morts menaient une vie léthargique. Plus tard, la prédiction du prophète du judaïsme Isaïe dans sa satire sur la mort du roi de Babylone, s'adressant en ces termes au tyran : « Te voilà shéol, dans les profondeurs de l'abîme » (Isaïe 14 15), donna naissance à l'idée selon laquelle il existerait plusieurs profondeurs au Sheol, en fonction du degré de récompense ou de châtiment mérités. Quoi qu'il en soit chez les Juifs la notion d'éternité en enfer n'existe pas.

Dans le judaïsme de la période du Second Temple, et dans la littérature intertestamentaire, l'influence grecque peut être vue dans les idées juives de la demeure des morts:

Selon le christianisme

Les premiers écrivains chrétiens utilisèrent le terme « enfer » pour désigner les limbes des pères, dans lesquels les âmes des justes décédés avant l'avènement du Christ attendaient leur rédemption, et qui sont mentionnés dans le Symbole des Apôtres, « Il [Christ] descendit aux enfers », le purgatoire, lieu de purgation des péchés véniels et qui conduit toujours au ciel, et enfin le lieu de châtiment de Satan et des autres anges déchus ainsi que de tous les mortels morts sans s'être repentis de leurs péchés. Cette dernière interprétation est la plus acceptée de nos jours.

La croyance dans l'existence de limbes pour les jeunes enfants non baptisés, où ils auraient joui d'une félicité naturelle mais où le bonheur suprême de voir Dieu leur était refusé, n'a jamais été officialisée par l'Église catholique avant d'être définitivement balayée le 19 avril 2007, comme contraire à l'universalité du salut offert par le Christ à tous ceux qui le veulent[5].

La durée des châtiments en enfer a fait l'objet de controverses depuis les premiers temps du christianisme. L'écrivain et théologien chrétien du IIIe siècle Origène et son école, l'école d'Alexandrie, enseignaient que ces châtiments avaient pour but de purifier des péchés, et qu'ils étaient proportionnels à l'importance des fautes commises. Origène soutenait qu'avec le temps l'effet purificateur serait obtenu chez tous, même les mauvais, que le châtiment finirait par cesser et que ceux qui se trouvaient en enfer pourraient enfin avoir droit au bonheur. Cette doctrine fut condamnée par le deuxième concile de Constantinople en 553, et la croyance en un châtiment éternel en enfer devint caractéristique des Églises orthodoxe et catholique. Elle passa également dans les symboles des Églises réformées, mais la doctrine de l'enfer fut rejetée par les penseurs les plus radicaux de la Renaissance.

Dénominations apparaissant dans les textes bibliques

Dans L'Ancien Testament (dans la religion catholique) :

Dans le Nouveau Testament :

  • Hadès [8]: Évangile de Matthieu 11 23, 16 18. Évangile de Luc 10 15. Actes des Apôtres. 227-31. 1 Corinthiens 15 55. Apocalypse 1 18, 6 8, 20 13-14
  • Géhenne [9]: Évangile de Matthieu 5:22,29,30, 10:28, 18:9, 23:15,33. Évangile de Marc 9:43,45,47, Lucas 12:5, Épître de Jacques 3:6.

Le shéol

Il n’existe en français aucun équivalent exact du mot hébreu sheʼôl (שאול). Il s'agit du terme hébreu de l'Ancien Testament désignant le séjour des morts, les enfers. Il représente un lieu sombre et silencieux où les morts sont endormis, couchés dans la poussière. Même si, au cours des siècles suivants, l’enseignement grec de l’immortalité de l’âme humaine s’est infiltré dans la pensée religieuse juive, il n’en reste pas moins que le texte de la Bible montre que le shéol est la tombe commune aux hommes, un endroit où on est inconscient.

Dans le livre de l'Ecclésiaste (ou Qohélet), chap. 9 vv. 5-10 (version T.O.B., œcuménique), il est dit :

Les vivants savent en effet qu'ils mourront, mais les morts ne savent rien du tout… car il n'y a ni œuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse dans le séjour des morts où tu vas.

Selon le Psaume 146:4, « Leur souffle partira, en ce jour ils retournent à leur poussière, et ce jour-là, c'est la ruine de leurs plans » (T.O.B.) ou « ruine de leurs pensées » (Bible de Jérusalem – traduction catholique).

Bien que ces passages indiquent une inactivité, d'autres passages montrent que des vivants sont entrés en contact avec les morts de l'au-delà pour les interroger. Pourtant, Dieu dans le Pentateuque interdit à son Peuple de le faire. Le premier roi d'Israël selon la Bible, Saül, fait interroger par une médium à En-Dor, le prophète Samuel, décédé depuis peu, sur l'issue d'une bataille. Il a effectivement reçu une réponse mais elle ne venait pas du prophète. (1 Samuel [ou 1 Rois dans certaines versions], chapitre 28). De son vivant, le prophète Samuel n'avait plus aucun contact avec le roi Saül qui avait perdu l’approbation de Dieu. De plus, le prophète Samuel respectait l'interdiction de Dieu de consulter des médiums(Lévitique 19:31; Deutéronome 18:11,12). En réalité, le roi Saül a reçu une réponse de quelqu'un se faisant passer pour Samuel et voulant véhiculer l'idée fausse qu'il existe une vie après la mort. La Bible révèle que des anges ont rejeté l'autorité de Dieu (Genèse 6:1-4), ils sont appelés démons. Ils sont capables de se faire passer pour des gens décédés afin de tromper les humains(2 Thessaloniciens 2:9).

L’hadès

C’est le terme grec équivalent du mot sheol, utilisé dans l'Ancien Testament. Il apparaît dix fois dans les manuscrits grecs anciens: Matthieu 11:23 ; 16:18 ; Luc 10:15 ; 16:23 ; Actes 2:27, 31 ; Apocalypse 1:18 ; 6:8 ; 20:13, 14.

Certaines traductions de la Bible rendent le grec haïdês par "enfer" mais des versions plus modernes mettent "monde des morts", "séjour des morts" ou "hadès".

La géhenne

Vient de Gehinnon, ou Hinnom, vallée située au sud-ouest de la vieille ville de Jérusalem (Jos. 15:8) où furent sacrifiés des enfants au dieu Moloch. (2Chroniques 28:3 ; 33:6 ; Jérémie 7:31-32).

Ce lieu fut transformé en décharge publique par le roi Josias (Yoshiya) pour empêcher ce culte (2Rois 23:10). À l'époque de Jésus on y jetait les détritus, mais aussi les cadavres d'animaux morts, ainsi que les corps des criminels exécutés, les jugeant indignes d'une sépulture décente. Ceci pour préserver la ville de toute souillure par rapport au culte rendu au Temple et pour lequel la ville devait rester pure[10].

Pour entretenir ce feu continuellement afin de se débarrasser des immondices et éviter les épidémies, on versait régulièrement du soufre qui rendait ce feu perpétuel.

La géhenne fut ainsi associée au feu qui ne s'éteint jamais. « Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la Vie que de t'en aller avec tes deux mains dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint pas. » (Marc 9:43).

Jésus se servit de ce lieu pour expliquer à ses contemporains que la géhenne symbolisait le châtiment définitif.

Lieu du feu éternel où, après le Jugement dernier, seront jetés le diable (appelé également Satan, c’est-à-dire « l'Adversaire ») et ses anges et les gens qui sont morts dans leurs péchés (Matthieu, chapitre 25, verset 41).

Le livre de l'Apocalypse (chapitre, 20 versets 10 à 15) explique :

« Et le diable […] fut jeté dans l’étang de glace et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles. 11 - Et je vis un grand trône blanc […]. 12 - Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant devant le trône ; et des livres furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert qui est celui de la vie. Et les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres. 13 - Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et l'hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres. 14 - Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu : c’est ici la seconde mort, l’étang de feu. 15 - Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu. »

On note que "la mort et l'hadès" y sont jetés, voulant exprimer la disparition de "la mort" et du "lieu d'attente des morts (hades)" pour l'éternité. Comme le dit le chapitre 20 verset 10 et verset 15 ils, c'est-à-dire le diable et ses anges et tous ceux qui ne sont pas inscrit dans le livre de vie, seront dans un état de souffrance éternelles Voir Mathieu 13:49-50 Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes, 50 et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Pourquoi y a-t-il confusion sur le sens que les Écritures donnent au mot enfer?

“Le fait que les premiers traducteurs de la Bible ont invariablement rendu par enfer le mot hébreu Schéol et les termes grecs Hadès et Géhenne, a été cause d’une grande confusion et d’interprétations erronées. La simple transcription de ces mots, par les traducteurs des éditions révisées de la Bible, n’a pas suffi à dissiper la confusion et les fausses conceptions.” — The Encyclopedia Americana (1942), tome XIV, p. 81.

Malheureusement, beaucoup de traducteurs de la Bible ont transcrit les termes "shéol", "hadès" et "gehenne" par un seul mot "enfer". Cette façon de faire obscurcit la signification des vocables hébreu et grecs. "Shéol" et "hadès" représente la tombe commune aux morts de manière symbolique, la "gehenne" est employé comme symbole d'une destruction éternelle.

Représentations artistiques médiévales

L'Enfer, volet droit du triptyque Le Jardin des délices de Jérôme Bosch.

Les représentations iconographiques de l'Enfer sont présentes dans les églises (tympans sculptés témoignant du Jugement Dernier, chapiteaux, fresques…), dans les manuscrits et sur les peintures. L'enfer apparaît comme un endroit de torture, bouillonnant et chaud, où s'activent des dizaines de démons. C'était un thème récurrent de l'iconographie pieuse du Moyen Âge, essentiellement dans le catholicisme.

La représentation littéraire la plus détaillée de cette période est la première partie de la Divine Comédie de Dante Alighieri, l'Enfer.

Conceptions selon les mouvements chrétiens

La notion d'un enfer où l'on brûle éternellement est tirée de l'interprétation au premier degré de certains passages du Nouveau Testament. Néanmoins, certains mouvements se disant chrétiens (comme l'adventisme, une déclinaison du protestantisme, ou les Témoins de Jéhovah), généralement issus des doctrines de William Miller (17821849), ne partagent pas cette croyance.

Voir aussi : Annihilationisme

Dans le catholicisme

Sur base des Écritures et du raisonnement reflétant la Tradition catholique, le Catéchisme de l'Église catholique (1992) affirme l'existence de l'enfer et son éternité (article 12, partie IV, paragraphes nos 1 033 à 1 037[C 1]). Il se réfère à l'Évangile, où Jésus parle souvent de la « géhenne », du « feu qui ne s'éteint pas » (voir plus haut).

Bien que cela semble s'opposer à l'amour, l'enfer serait au contraire dans la logique même de l'amour. Si Dieu est amour, il respecte la liberté de l'homme, sans laquelle il n'y a pas d'amour[11], et accepte que l'homme puisse le refuser et choisir d'en être séparé.

Selon le Catéchisme, il n'y a là aucun fatalisme : « Dieu ne prédestine personne à l'enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu »[C 2] et seul un refus, volontaire, libre et pleinement conscient de Dieu et de l'amour du prochain amène en Enfer de même que seul le choix de Dieu, de l'amour du prochain mène au Paradis : « à la fin de votre vie, on vous demandera compte de votre volonté et de votre amour » (Saint Jean de la Croix, Sentences, no 50). C'est sur ce point, comme sur celui de l'incompatibilité entre faire le mal et déclarer choisir Dieu, qu'insiste le Catéchisme[C 3] :

« Nous ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes : “Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui” (1Jn 3,15). Notre Seigneur nous avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons de rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses frères (Mt 25,31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot “enfer”. »

La dernière phrase « c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot “enfer” » résume à elle seule la notion d'enfer dans le catholicisme. La doctrine catholique présente l'enfer comme un état et non un lieu, dans lequel se plonge automatiquement celui qui a choisi lui-même et en pleine connaissance de cause de ne pas être en communion avec Dieu et l'amour du prochain[12].

Pour la philosophie et la théologie catholiques, cela ne relève pas d'un côté vindicatif ou une jalousie (au sens moderne du terme) de Dieu, mais il s'agit de la conséquence de ce qu'il n'y a pas de biens indépendants mais une unicité du Bien. Le Bien et Dieu se confondent. Dieu est tout ; Dieu est Amour donc tout ce qui vient de l'Amour vient de Dieu[12]. Choisir l'un est choisir l'autre, même inconsciemment au départ : celui qui veut le Bien ne peut que le reconnaître dès qu'il comprend Dieu. Car cherchant le Bien véritable et absolu, il se réjouit de le trouver en Dieu, et court vers lui. Au contraire celui qui dit vouloir le bien mais ne se réjouit pas de le trouver en Dieu mais désire vivre séparé de lui en parallèle, s'intéresse davantage à lui qu'au bien et recherche sa propre gloire.

Ainsi, celui qui dit avoir cherché le bien mais refuse de reconnaître qu'il ne le trouvera qu'en Dieu se sépare de lui comme celui qui n'a recherché que le mal et a refusé Dieu, dès le départ[C 2].

« La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire. »[C 4].

Selon la Théologie catholique, Dieu étant l'Amour, la Vérité, la Vie, celui qui le rejette, rejette tout cela et se retrouve dans la Haine, le Mensonge et la Mort[12].

Enfin les catholiques de l'Antiquité en même temps qu'une grande majorité d'autres confessions chrétiennes distinguaient "l'enfer" des "enfers". « L'enfer » est le lieu de la damnation, le lieu éternel sans Dieu. Au contraire, « les enfers » sont le séjour des morts, qu'on appelle aussi les Limbes, où ceux qui sont décédés avant le Christ ont attendu sa venue[C 5]. L'expression « les enfers » n'est d'ailleurs plus usitée par le catholicisme contemporain afin d'éviter toute confusion à l'exception du Credo, qui a gardé la formulation antique. Ainsi selon les Credo orientaux et romains, dire que le Christ est descendu aux enfers, signifie qu'il est descendu libérer ceux qui avaient vécu avant lui dans la justice et qui l'attendaient[C 6].

Chez les Adventistes du septième jour

Les Adventistes du septième jour ne croient pas que les mauvais souffrent pour l'éternité dans l'enfer, mais enseigne que les morts sont inconscients et que l'âme humaine n'est pas immortelle. En acceptant la mort de Jésus-Christ, les individus sont reconnectés à Dieu et auront la vie éternelle. Ceux qui choisissent de ne pas être réconciliés avec Dieu, considéré comme la source de vie, ont choisi la mort par défaut. Les Adventistes du septième jour croient que les descriptions dans la Bible parlant d'une punition pour les méchants par le feu décrivent en fait le destin final des pécheurs après l'avènement du Christ.

Lors de l'avènement, le Christ ressuscitera les justes qui sont morts et les emmènera au ciel. Dieu détruira les mauvais, laissant seulement Satan et ses anges tombés sur terre. Après le millénium, le Christ reviendra encore sur terre. Puis, Dieu détruira de manière permanente Satan, ses anges, et les humains, après un temps de jugement durant lequel le chatiment à administrer pour chaque réprouvé est fixé [13]. Le point de vue des Adventistes sur l'enfer est désigné souvent sous le terme d'annihilationisme.

Chez les Témoins de Jéhovah

Les Témoins de Jéhovah rejettent l'idée d'un enfer de feu qui serait un lieu de souffrance éternelle après la mort. Pour eux, la Bible enseigne que les morts sont inconscients et que l'âme humaine n'est pas immortelle. Ils citent souvent à cet égard les passages d'Ecclésiaste 9 : 5, 10 et d'Ézékiel 18 : 4. Ainsi, dans leur doctrine, les méchants comme les bons vont dans le sheol. Ils seront dans le sheol jusqu'au jour du jugement divin (de Jéhovah). De plus, selon eux l'existence d'un enfer de feu où les humains seraient tourmentés après leur mort est incompatible avec la qualité dominante de Dieu : l'amour (1 Jean 4:8).

Selon l'islam

L'Enfer, appelé Jahannam, a sept portes et est destiné principalement aux mécréants comme châtiment suprême[14].

De nombreux passages du Coran décrivent l'enfer ; par exemple :

  • Sourate 78, versets 21 à 26 : « L'Enfer demeure aux aguets, refuge pour les transgresseurs. Ils y demeureront pendant des siècles successifs. Ils n'y goûteront ni fraîcheur ni breuvage, hormis une eau bouillante et un pus comme rétribution équitable. »
  • Sourate 15, versets 43 à 44 : (43. Et l'Enfer sera sûrement leur lieu de rendez-vous à tous [ceux qui ont commis l'injustice].)(44. Il a sept portes ; et chaque porte en a sa part déterminée.)
  • Sourate 39, verset 71 : « Et ceux qui avaient mécru seront conduits par groupes à l'Enfer. Puis quand ils y parviendront, ses portes s'ouvriront et ses gardiens leur diront: "Des messagers [choisis] parmi vous ne vous sont-ils pas venus vous récitant les versets de votre Seigneur et vous avertissant de la rencontre de votre jour que voici?" Ils diront: si, mais le décret du châtiment s'est avéré juste contre les mécréants. »

Les appellations des différents degrés de la demeure de la perdition sont tous citées dans le Coran mais dispersées dans plusieurs sourates et des dizaines de versets selon leur contenu. Leur ordre serait peut-être comme suit, du plus haut degré (châtiment moindre) au plus bas degré (châtiment énorme) selon Al-Dahhak[15] :

  1. le Feu de la Jahannam à destination provisoire des musulmans pécheurs,
  2. le Brasier à destination provisoire des chrétiens pécheurs,
  3. le Houtama à destination provisoire des juifs pécheurs ,
  4. le Feu ardent à destination des renégats, d'Iblis (Satan) et de ses partisans, et des djinns mécréants
  5. le Saqar à destination des mages, des sorciers et de ceux qui se prosternent devant les astres.
  6. la Fournaise à destination des mécréants,
  7. l'Abîme à destination des hypocrites, de Pharaon et de ses compagnons, et des gens qui ont mécru après le miracle de la table de Îsâ (Jésus).

Selon le bouddhisme

Dans la tradition bouddhiste transmise par les Tibétains, les enfers sont un des six modes de la sphère des passions. La cosmologie traditionnelle décrit 18 enfers : 8 enfers brûlants, 8 enfers glacés, des enfers périphériques et des enfers éphémères. Il est dit que des renaissances dans ces états infernaux sont induites par des actes négatifs produits sous l'influence de la colère.

Par qui et comment sont produites
Les armes des habitants des enfers ?
Qui fait leur sol de métal brûlant ?
Et d'où viennent leurs brasiers ?
Le bouddha enseigna que tous ces phénomènes
Sont la production d'un esprit en proie aux passions
Shantideva, Bodhicaryâvatâra [16].

Yanluowang (閻羅王) (le roi Yanluo) est un dieu chinois d'origine bouddhiste, gardien et juge de l'enfer. C'est une divinité secondaire également présente au Japon sous le nom de Enma.

Le maître bouddhiste zen Taisen Deshimaru a dit : « L'enfer ne se trouve pas dans un autre monde, il existe dans notre esprit.»[17]

Selon l'hindouisme

Selon Jean Herbert, indianiste français, « enfers et paradis ne sont considérés dans l’Inde que comme des lieux de résidence temporaire où nous allons dans certains cas recueillir la rétribution de nos bonnes et de nos mauvaises actions qui n’ont pas encore porté leurs fruits. "Un paradis qui serait éternel est une contradiction" [selon Vivekananda], et de même pour l’enfer. Certains textes, pris littéralement (par exemple la Bhagavad-Gita, I, 44), semblent indiquer le contraire, mais tous les commentateurs et, ce qui est plus important, tous les sages sont catégoriques. Ce caractère non éternel s’explique en particulier par deux considérations d’ordre logique. La première, c’est que puisque ces séjours ont un début, ils doivent, comme tout ce qui a un début, avoir aussi une fin. La seconde, c’est que les actions dont est capable l’homme étant nécessairement limitées, finies, et ne pouvant être infinies, leurs conséquences ne peuvent avoir le caractère d’infinité qu’elles n’ont pas elles-mêmes. La durée des châtiments et récompenses de ces actions humaines est donc forcément limitée et proportionnelle[18]. »

Selon l'ésotérisme moderne

D'après les ésotéristes modernes, à savoir la théosophie d'Helena Blavatsky, l'anthroposophie de Rudolf Steiner, Omraam Mikhaël Aïvanhov et tant d'autres, il y a, après la mort du corps physique, survivance de certains corps subtils, puis réincarnation après un temps plus ou moins long. L'enfer, ou plus précisément le purgatoire, serait une période de purification, après la mort, au cours de laquelle l'entité se débarrasserait de ce qui la retient encore au monde terrestre tout en prenant conscience des fautes qu'elle a commise au cours de sa vie sur terre[19].

Selon Aïvanhov

Aïvanhov écrit : à la mort, vous quittez « les différents corps dont vous devez vous libérer les uns après les autres : d'abord le corps physique, puis, quelque temps après, une semaine ou deux, le corps éthérique ; ensuite, le corps astral, et, là, c'est beaucoup plus long, parce que, dans le plan astral, sont entassés les passions, les convoitises, tous les sentiments inférieurs. Et c'est cela l'Enfer : le plan astral et le mental inférieur le corps mental où l'on doit rester quelque temps pour se purifier. Ensuite, vous vous libérez du corps mental, et c'est là que commence le Paradis, avec le premier ciel, le deuxième ciel, le troisième ciel. La tradition rapporte qu'il y en a sept. Et c'est le retour de l'homme sur la Terre, la naissance de l'enfant. »[20]

Selon Allan Kardec

Selon le fondateur du spiritisme, l'enfer n'est pas un lieu circonscrit. L'enfer désigne l'état de souffrance dans lequel les esprits imparfaits se trouvent en raison des défauts personnels qu'ils n'ont pas encore corrigés. Cet état n'est pas éternel et dépend de la volonté des esprits à progresser[21].

Philosophie

La kabbale juive

Quand une personne passe l'arbre de vie de la kabbale juive, il faut bien noter que ce n'est pas sans périls. Que ce soit à l'endroit ou à l'envers (les quilots) et plus particulièrement à l'envers, il y a dix enfers correspondant aux dix séphires de l'arbre de vie. De fait le premier enfer de l'arbre de vie se passe trois jours après que l'on ait passé l'inverse. Ces dix enfers sont décrits du mieux qu'il pût par Milosz, le poète et philosophe, dans son ouvrage, à la fin, "La berline arrêtée dans la nuit".

Sartre

« « L'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous[22]. »

— Jean-Paul Sartre, Commentaire sur le CD Huis Clos, 1964

Sagesse populaire

L'expression « L'enfer est pavé de bonnes intentions » signifie que la volonté de bien faire ou de faire le bien aboutit parfois au contraire du résultat espéré.

Références littéraires

Thème récurrent en littérature, l'enfer a inspiré de nombreux écrivains.

Notes et références

  1. Véronique Van der Stede, Mourir au Pays des deux Fleuves. L'au-delà mésopotamien d'après les sources sumériennes et akkadiennes, Ed. Peeter, 2007
  2. Par exemple dans le Livre d'Hénoch
  3. IV Livre des Maccabées
  4. Par exemple confondant les notions de la dernière bataille d'Isaïe 66:24 et Géhenne dans Marc 9:48, et souvent dans le Mishna.
  5. « Les enfants morts sans baptême eux aussi destinés au « paradis » », ZENIT, 23 avril 2007. Consulté le 3 octobre 2008.
  6. Sheol
  7. Hinnom
  8. ᾅδης Hadès
  9. γέεννα Géhenne
  10. Smith's Dictionary of the Bible, Tome 1.
  11. (pl) Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, p. 107, Éditions du dialogue / Stock, , 285 p., "L'amour a besoin de liberté [...] Ce qui n'a pas sa source dans la liberté, ce qui n'est pas engagement libre, étant déterminé ou effet de contrainte ne peut être reconnu comme amour."
  12. a b et c

    « Plus qu'un lieu, l'enfer indique la situation dans laquelle se trouve celui qui s'éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie. La "damnation" ne doit pas être attribuée à l'initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, il ne peut vouloir que le salut des êtres qu'il a créés. En réalité, c'est la créature qui se ferme à son amour. La "damnation" consiste précisément dans l'éloignement définitif de Dieu librement chois par l'homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état. La damnation demeure une possibilité réelle, mais il ne nous est pas donné de connaître, sans révélation divine particulière, quels êtres humains sont effectivement concernés. La pensée de l'enfer - et plus encore la mauvaise utilisation des images bibliques - ne doit pas créer de psychose ni d'angoisse, mais représente un avertissement nécessaire et salutaire à la liberté, au sein de l'annonce selon laquelle Jésus le Ressuscité a vaincu Satan, nous donnant l'Esprit de Dieu, qui nous fait invoquer "Abba, Père". »

    — Saint Jean-Paul II

    cité dans Magnificat : Juillet 2014 N°260, Magnificat, , p412-413 Méditation du jour, messe du 31 juillet. Voir aussi Jean-Paul II, « AUDIENCE GÉNÉRALE, Mercredi 28 juillet 1999, L'enfer comme refus définitif de Dieu », sur vatican.va, Vatican, (consulté le ).
  13. Ce que croient les adventistes 28 vérités bibliques fondamentales Ed. Vie & Santé p. 386
  14. Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éd. Albin Michel, 1995, p. 154
  15. AlQurtubi, Mémento d'eschatologie musulmane, éd. Dar al-kotob al-ilmiyah, 2002, p. 113
  16. Kyabdjé Kalou Rinpoché, La Voie du Bouddha, Éditions du Seuil, coll. « Points Sagesse », (ISBN 2-02-019877-0)
  17. L'anneau de la voie zen, Editions du Relié, 2006, p. 113
  18. Jean Herbert, Spiritualité hindoue, Albin Michel, , Pour afficher « p.  », veuillez utiliser le modèle {{p.}}108-109.
  19. Rudolf Steiner, La science de l'occulte, 1910, Éditions Triades, Paris.
  20. Aïvanhov, La réincarnation, 1966, in L'homme à la conquête de sa destinée, Éditions Prosveta, 1981, p. 161-162).
  21. "Un lieu circonscrit dans l'univers est-il affecté aux peines et aux jouissances des Esprits, selon leurs mérites ? Nous avons déjà répondu à cette question. Les peines et les jouissances sont inhérentes au degré de perfection des Esprits ; chacun puise en soi-même le principe de son propre bonheur ou malheur ; et comme ils sont partout, aucun lieu circonscrit ni fermé n'est affecté à l'un plutôt qu'à l'autre. Quant aux Esprits incarnés, ils sont plus ou moins heureux ou malheureux, selon que le monde qu'ils habitent est plus ou moins avancé. Le Livre des Esprits"
  22. CD Huis Clos
  23. « Peu de mots suffiront pour justifier physiologiquement la teinte presque infernale des figures parisiennes, car ce n’est pas seulement par plaisanterie que Paris a été nommé un enfer. Tenez ce mot pour vrai. Là, tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume. », Bibliothèque de la Pléiade, 1977, t.V, p. 1032 (ISBN 207010849X).
  24. « Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. À en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. »
  25. « Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres. », Poche no 1132, p. 75

« Catéchisme de l'Église Catholique », sur Vatican, vatican.va (consulté le ), p. 1e partie, 2e section, Chapitre 3, Article 12 " JE CROIS A LA VIE ETERNELLE "

  1. Numéros 1033 à 1037
  2. a et b paragraphe no 1 037
  3. Paragraphe no 1033
  4. paragraphe no 1035
  5. paragraph no 633
  6. paragraph no 632 à 635 (lire en ligne)


Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Article « Enfer » dans le Dictionnaire de théologie catholique, Paris, Letouzey, 1913.
  • Article « Enfer » dans le Dictionnaire de théologie chrétienne, Paris, Desclée de Brouwer, 1977.
  • Marcel Hulin, La Face cachée du temps. L'imaginaire de l'au-delà, Paris, Fayard, 1985.
  • Jean Delumeau, Le Péché et la Peur. La culpabilisation en Occident (XIIIe-XVIIe siècle), Paris, Fayard, 1983.
  • Jacques Le Goff, La Naissance du purgatoire, Paris, Gallimard, 1993.
  • Enfers et damnations dans le monde hispanique et hispano-américain, Actes du colloque international, 15-17 novembre 1994 (Université Paris IV-Sorbonne), publiés sous la direction de Jean-Paul Duviols et Anne Molinié-Bertrand, Paris, PUF, 552 p. (ISBN 2-13-047486-1)
  • Georges Minois, Histoire de l'enfer, Paris, PUF, Coll. Que sais-je ?, no 2823, 1994; Histoire des enfers, Paris, Fayard, 1991.
  • Xavier Kawa-Topor et Pierre Lançon (sous la direction de), "Enfer et Paradis : l'au-delà dans l'art et la littérature en Europe", Actes du colloque international de Conques, 22-23 avril 1994, Les cahiers de Conques n°1, édition CEACM, 1995, 426 p.(ISSN 1250-6168)
  • Giordano Berti, « Enfer », dans Les Mondes de l'Au-Delà, Paris, Gründ, 2000.

Liens externes