Aroffe (rivière)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Aroffe
Goulot de Meuse, Ruisseau de la Beaumelle
Illustration
L'Aroffe à Rigny-la-Salle.
Carte.
Cours de l'Aroffe.
Caractéristiques
Longueur 50,2 km [1]
Bassin 265 km2 [2]
Bassin collecteur Meuse
Débit moyen 0,825 m3/s (Rigny-la-Salle) [2]
Régime pluvial
Cours
Source près du lieu-dit Viermont
· Localisation Beuvezin
· Altitude 428 m
· Coordonnées 48° 23′ 12″ N, 5° 59′ 15″ E
Confluence Meuse
· Localisation Rigny-la-Salle
· Altitude 244 m
· Coordonnées 48° 37′ 44″ N, 5° 41′ 45″ E
Perte près de l'Éperon Barré
· Localisation Gémonville
· Altitude 332 m
· Coordonnées 48° 25′ 47″ N, 5° 52′ 37″ E
Résurgence Les Plisses
· Localisation Barisey
· Altitude 284 m
· Coordonnées 48° 30′ 41″ N, 5° 51′ 18″ E
Géographie
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges
Régions traversées Lorraine

Sources : SANDRE:« B20-0200 », Géoportail, Banque Hydro

L’Aroffe Écouter (/a.ʁɔf/), ou Goulot de Meuse Écouter, est une rivière du Nord-Est de la France qui coule en région Grand Est et qui présente la particularité d'appartenir à la fois au bassin versant de la Meuse et à celui du Rhin par la Moselle en raison de pertes importantes au niveau de son cours moyen.

Géographie[modifier | modifier le code]

D'une longueur de 50,2 km[1], l'Aroffe prend sa source dans le département de Meurthe-et-Moselle à l’est de Tramont-Lassus sur le territoire de la commune de Beuvezin et se dirige vers le nord-ouest pour atteindre Tramont-Émy où son cours s'infléchit vers l'ouest en direction de Tramont-Saint-André. Coulant toujours vers l'ouest, elle sert brièvement de frontière entre le département de Meurthe-et-Moselle et celui des Vosges avant de pénétrer dans ce dernier pour arroser Aroffe. Elle se dirige alors vers le nord et retrouve la Meurthe-et-Moselle où elle parvient à Gémonville, terme de son cours supérieur[3]. C'est au sortir de cette commune qu'elle s'assèche, sauf en période de crue, et que débute son cours moyen, intermittent. En effet dès la sortie de Gémonville, ses eaux disparaissent dans le sous-sol, plus ou moins totalement selon le débit. De très nombreuses autres pertes existent au long des treize kilomètres que parcourt son lit régulièrement à sec jusque Harmonville[3]. Le lit aérien de l'Aroffe passe ensuite à Autreville et gagne Barisey-au-Plain, en Meurthe-et-Moselle. La rivière ressurgit là de manière permanente[3] et coule ensuite vers le nord-ouest tout au long de son cours inférieur. Elle passe à Allamps, Vannes-le-Châtel, Uruffe, Gibeaumeix, pénètre dans le département de la Meuse, arrose Rigny-Saint-Martin et se jette dans la Meuse à Rigny-la-Salle.

Hydrologie[modifier | modifier le code]

L'Aroffe prend sa source sur des terrains constitués de marnes micacées imperméables du Toarcien et son cours s'oriente selon le pendage des couches géologiques du bassin parisien (type cataclinal). De ce fait, la rivière coupe la côte de Moselle au sud (cours supérieur) et la côte de Meuse au nord (cours inférieur)[3]. En arrivant à Gémonville, sur le revers de la côte de Moselle, elle atteint des calcaires à polypiers du Bajocien fortement diaclasés, donc perméables, et s'engouffre alors dans le réseau karstique du sous-sol qu'elle contribue à creuser avec d'autres cours d'eau de la région.

Une première perte se produisait, jusqu'au début du XXe siècle, au milieu du village de Gémonville, emplacement au-dessus duquel avait été construit un moulin, mais le gouffre ayant été comblé en 1901 pour des raisons de sécurité, l'Aroffe poursuit désormais son cours jusqu'à une centaine de mètres en aval où ses eaux sont, la plupart du temps, totalement englouties (pertes du Moche et du Haut du Moche)[3]. Cependant, en cas de crue importante, ces diaclases ne peuvent absorber la totalité des eaux de l'Aroffe dont l'excédent continue à couler en surface vers Harmonville mais finit par disparaître en fond de vallée, notamment à la Fosse des Soldats et dans le trou du Fond de la Souche[3],[4],[5],[6],[7]. Depuis 2021 l'Union spéléologique de l'agglomération nancéienne travaille en partenariat avec UniLaSalle Beauvais à déterminer le cours souterrain par des méthodes de tomographie électrique au niveau du Fond de la Souche[8].

À Autreville, le lit aérien de l'Aroffe passe au-dessus d'un site d’estavelle, les Fosses — fonctionne alternativement en perte ou en exsurgence —, qui sert d'exutoire lorsque le réseau karstique sous-jacent est plein[9].

Des expériences de coloration ont mis en évidence plusieurs points[9] suspectés depuis plusieurs siècles [3] :

  • Les pertes subies par l'Aroffe à Gémonville ressurgissent près de Toul à Pierre-la-Treiche (source de la Rochotte) et Bicqueley pour se jeter dans la Moselle à 30 kilomètres au nord de leur disparition.
  • Des communications souterraines existent avec les Fosses d'Autreville (à 9 km), avec les Deuilles (exsurgence) de Crézilles (19 km) et de Moutrot ainsi que le Trou des Glanes à Moutrot ou le Trou de Chahalot[10].

Ainsi, l'Aroffe présente la particularité d'avoir deux bassins versants : l'un, aérien et temporaire, qui s'écoule vers la Meuse, l'autre, souterrain et pérenne, vers la Moselle.

Le module de la rivière au confluent de la Meuse vaut 0,825 m3/s pour un bassin versant de 265,4 km2[2].

Lame d'eau et débit spécifique[modifier | modifier le code]

La lame d'eau écoulée dans le bassin est de seulement 98 millimètres par an[réf. nécessaire], ce qui est extrêmement bas pour la région et dû aux pertes importantes dans le sous-sol. Son débit spécifique ou Qsp se monte dès lors à un petit 3,11 litres par seconde et par kilomètre carré[réf. nécessaire].

L'Aroffe à Aroffe[modifier | modifier le code]

L'Aroffe a été observée à la station B2012010 L'Aroffe à Aroffe depuis 1979, pour un bassin versant de 38,5 km2, à 350 m d'altitude[11]

Le module ou moyenne annuelle de son débit y est de 0,372 m3/s[11].

Débit moyen mensuel (en l/s)
Station hydrologique : B2012010 - L'Aroffe à Aroffe pour un bassin versant de 38,5 km2 et à 350 m d'altitude[11]
(le 08-01-2016 - données calculées sur 27 ans de 1979 à 2015)
Source : Banque Hydro - Ministère de l'écologie et du développement durable

L'Aroffe à Vannes-le-Châtel[modifier | modifier le code]

L'Aroffe a été observée à la station B2042010 L'Aroffe à Vannes-le-Châtel depuis 1969, pour un bassin versant de 198 km2, à 266 m d'altitude[12]

Le module ou moyenne annuelle de son débit y est de 0,650 m3/s[12].

Débit moyen mensuel (en l/s)
Station hydrologique : B2042010 - L'Aroffe à Aroffe pour un bassin versant de 198 km2 et à 266 m d'altitude[12]
(le 08-01-2016 - données calculées sur 47 ans de 1969 à 2015)
Source : Banque Hydro - Ministère de l'écologie et du développement durable

Principaux affluents[modifier | modifier le code]

  • Le Vicherey ou ruisseau des Moulins.

Faune[modifier | modifier le code]

Un chevesne dans l'Aroffe à Gémonville.

Plusieurs espèces de poissons fréquentent le cours supérieur de l'Aroffe, notamment la truite fario, l'épinoche, le goujon, la loche franche, le chabot, le brochet, le gardon et la perche commune. Des écrevisses y étaient présentes jusque dans les années 1970. L'Aroffe est un cours d'eau de première catégorie piscicole et la pêche y est autorisée de mi-mars à fin septembre.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Deshaies et André Weisrock, « Les méandres encaissés de la Meuse et les captures dans le bassin de la Moselle : enseignements de l'étude morphométrique », Revue géographique de l'Est, Nancy, Association géographique de l'Est, vol. 35, nos 3-4,‎ , p. 241-254 (ISSN 2108-6478, lire en ligne)
  • Marc Durand, J.-C. Jouanneau et Hervé Soudet, « À propos d'une excursion sur le bassin de l'Aroffe ; Bajocien nancéien et karstification », Spéléo L, Nancy, Comité régional de spéléologie d'Alsace-Lorraine, no 4,‎ , p. 21-48 (ISSN 0758-3974)
  • Patrice Gamez, « Étude géochimique de hydrodynamique de l'Aroffe et de l'Aar (thèse de 3e cycle : Michèle Thillay) (résumé) », Spelunca mémoires, Fédération française de spéléologie - Ligue spéléologique lorraine - Universités de Metz et de Nancy - A.F.K., no 14,‎ , p. 79 (ISSN 0249-0544)
  • Patrice Gamez, F. Letouzé et M. Sary, « Le bassin karstique de l'Aroffe », Spelunca mémoires, Fédération française de spéléologie - Ligue spéléologique lorraine - Universités de Metz et de Nancy - A.F.K., no 14,‎ (ISSN 0249-0544)
  • Alain Kientz, « Les deuilles en pays de Colombey », Études touloises, Toul, Cercle d'études locales du toulois, no 135,‎ , p. 15-32 (lire en ligne)
  • Alain Kientz, « Les deuilles en pays de Colombey », Spéléo L, Tomblaine, Ligue spéléologique lorraine, no 20,‎ , p. 5-30 (ISSN 0758-3974) (en particulier et notamment « Complexe de l'Aroffe » p. 7-11)
  • F. Letouzé, « Contribution des données d'hydrologie de surface à l'étude du comportement du bassin karstique de l'Aroffe », Spelunca mémoires, Fédération française de spéléologie - Ligue spéléologique lorraine - Universités de Metz et de Nancy - A.F.K., no 14,‎ , p. 137-139 (ISSN 0249-0544)
  • Bernard Perrin, « Les problèmes de l'Aroffe », « Les deux cours de l'Aroffe » et « L'Aroffe et la spéléologie », Histoire méconnue de nos villages, Essey-lès-Nancy, t. IV - Haut-Saintois,‎ , p. 135-138, 138-139 et 139-141
  • Michèle Thillay, Étude géochimique et hydrodynamique de l'Aroffe et de l'Aar (Thèse doctorat 3e cycle de géologie), Université de Nancy I, , 141 p.
  • Agnès Wehrli, Les modalités de la circulation de l'eau dans le bassin-versant topographique et hydrogéologique de l'Aroffe (Mémoire de DEA de géographie), Université de Metz, , 87 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Sandre, « Fiche cours d'eau - Ruisseau L'Aroffe (B20-0200) » (consulté le )
  2. a b et c Débits caractéristiques de l'Aroffe [PDF]
  3. a b c d e f et g Pertes de l'Aroffe : 3. Description, Philippe Martin et Didier Zany, ac-nancy-metz.fr consulté le 28 juin 2017.
  4. Christian Barbier et Guy Vaucel, « Une nouvelle cavité en Lorraine : le Trou du Fond de la Souche à Harmonville (Vosges) », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Lunéville, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 3,‎ , p. 13-23 (ISSN 0181-1029)
  5. Philippe Vallet, « Le Trou du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 5-12 (ISSN 0181-1029) et plan annexe
  6. Philippe Vallet, « Petite histoire du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 13-16 (ISSN 0181-1029)
  7. Guy Vaucel, « Premières observations sur la faune du Trou du Fond de la Souche », Hadès, les cahiers spéléologiques de Lorraine, Nancy, Cercle lorrain de recherches spéléologiques, no 7,‎ , p. 17-18 (ISSN 0181-1029)
  8. Élise Chenot et Christophe Prévot, « À la recherche de la rivière disparue », The Conversation, Paris, The Conversation France,‎ 18 jenvier 2023 (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b Tertres d'Autreville (88) : 3. Description, Philippe Martin, ac-nancy-metz.fr, Géologie de la Lorraine, consulté le 28 juin 2017.
  10. Gamez, Letouzé et Sary, 1988, p. 79
  11. a b et c Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Aroffe à Aroffe (B2012010) » (consulté le )
  12. a b et c Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Aroffe à Aroffe (B2042010) » (consulté le )
Ressource relative à la géographieVoir et modifier les données sur Wikidata :