Alexandre Mercereau

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Alexandre Mercereau
Portrait photographique (vers 1906).
Biographie
Naissance
Décès
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Gandelu (02810)
Nationalité
Activités
Autres informations
Religion
Membre de
Abbaye de Créteil
Salon d'automne
Salon des indépendants
Groupe de Puteaux
Cercle de Passy
Salon de Léone Ricou
Comité de la Délégation permanente des sociétés françaises de la paix
Honneur de la Ligue internationale contre l'antisémitisme
Ligue internationale contre la guerre des gaz
Grade militaire
Sergent, brancardier première ligne
Conflit
Titres honorifiques
Croix de guerre
Médaille militaire
Prix Balzac
Prix des Vacances du poète
Prix de la critique indépendante
Prix Maria Star
Grand Prix international de littérature de Genève
Ex-libris de la Société philotechnique

Alexandre Mercereau (né le à Paris et mort en 1945 à Gandelu) est un poète, homme de lettres, critique d'art, mécène, théoricien, marchand d'art, collectionneur, commissaire d'exposition, philosophe et journaliste français. Il fut étroitement lié au développement de l'art moderne[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Alexandre Noël est le fils de Pierre Hector Mercereau (1855-1928)[2], professeur, et de Marie Charlotte Lacour[3].

Il signe ses premiers textes « Eshmer-Valdor », pseudonyme qu'il abandonne rapidement. De 1907 à 1908, il participe à l'expérience de l'Abbaye de Créteil, villa communautaire en bord de Marne ouverte aux artistes, avec, entre autres, Albert Gleizes. Il est assez sévère sur cette expérience, qui, selon lui, tourna court, et publie après la Première Guerre mondiale un pamphlet, L'Abbaye et le bolchevisme (éd. Eugène Figuière), où il dénonce, entre autres, l'attitude de Charles Vildrac et de Georges Duhamel.

En 1910 c'est lui qui est chargé de choisir les œuvres de peintres français représentées à l'exposition le Valet de Carreau à Moscou. Il connaissait l'art russe étant correspondant de la revue la Toison d'or[4].

La même année, il fonde à Villepreux, une « villa Médicis libre », inspirée par son expérience de l'Abbaye, et sous le patronage de la fondation de Georges Bonjean. Y résident André Lhote, Raoul Dufy, Jean Marchand[5].

En 1911, il rencontre le sculpteur espagnol Julio González et devient dès lors son agent[6]. Jean Metzinger publie un ouvrage sur Mercereau[7].

Il est propriétaire du château de Gandelu (dans l'Aisne) et y reçoit en ami Fernand Pinal, peintre dont la vie est attachée à ce village[8].

Dans La Terrasse du Luxembourg (Fayard 1945), André Billy dresse, page 175, un intéressant portrait du jeune Alexandre Mercereau.[style à revoir]

En 1925, il épouse Alice Germaine Narbonne.

Le château de Gandelu, propriété d'Alexandre Mercereau jusqu'à sa mort en 1945.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Panceltique et profondément pacifiste, Alexandre Mercereau refuse de combattre. Au début du conflit de la première guerre mondiale, il explique à son état major, qu'il lui est impossible de tenir une arme, encore moins pour tuer un homme. Il reçoit alors le poste de brancardier sur le front de Verdun.

Ses faits d'armes, sans armes, lui octroient le grade de sergent, la Médaille militaire et la Croix de guerre. Ainsi que 40% d'invalidité, de longues années de convalescences, dues aux gaz, qui abîmèrent gravement ses poumons, ainsi qu'aux bombardements qui le rendirent à moitié sourd[réf. nécessaire].

Les Jardins de Jenny l'ouvrière[modifier | modifier le code]

Créée sous l'impulsion d'Eugène Figuière et d'Alexandre Mercereau en 1913, l'œuvre de charité Les Jardins de Jenny l’ouvrière est créée. Elle distribue aux femmes ouvrières des bas quartiers de Paris, des bulbes à fleurs, de la terre, des pots, des statuettes, des places de théâtre; afin de fleurir leur fenêtres et d'apporter un peu de joie en leur foyer. 5 défilés de chars sont organisés de 1910 à 1914.

Affaire Princesse X[modifier | modifier le code]

Princesse X est une sculpture en bronze poli réalisée par Brancusi en 1916 se présentant sous la forme d'un phallus stylisé à partir de plâtres conçus l'année précédente. Du fait de sa forme suggestive, elle fut refusée au Salon d'Antin organisé par André Salmon en 1916 et au Salon des indépendants en 1920.

Le scandale fut également du côté des artistes qui dénoncèrent cette censure. Une importante pétition fut lancée par Marcel Duchamp, Fernand Léger et Alexandre Mercereau.

Art pictural et sculptural[modifier | modifier le code]

Expositions de l'Abbaye de Créteil, 1907 1908[modifier | modifier le code]

Programme de la 1re exposition de l'Abbaye de Créteil.

Alexandre Mercereau est cofondateur de l’exposition qui ouvre dans le parc du phalanstère de l'Abbaye de Créteil, le .

Elle accueille des peintres et graveurs tels que Umberto Brunelleschi, Eugène Charvot, Henri Doucet, Albert Gleizes, Élisabeth Krouglikoff, Berthold Mahn, Jacques d'Otémar et Gabriel Pinta. Deux sculpteurs sont également présents: Maurice-Edme Drouard et Constantin Brancusi.

La seconde exposition de L'Abbaye de Créteil, qui aurait dû avoir lieu dans son parc, se déroule, à la suite de difficultés financières, dans une salle de location à Paris. Elle se tient du 15 janvier au 8 février 1908 et accueille à nouveau peintre et graveurs (Umberto Brunelleschi, Henri Doucet, Tigrane Essaïan, Albert Gleizes, Krouglikoff, Maurice Robin, Ory Robin et Louis Triquigneaux) ainsi que des sculpteurs (Naoum Aronson, Constantin Brancusi, Maurice-Edme Drouard, Jean de Sczezpkowski et Geo Printemps).

Exposition Valet de carreau, 1910[modifier | modifier le code]

Valet de carreau (en russe : Бубновый валет) est un mouvement pictural moscovite des années 1910-1913, dont les buts reposent sur l'interprétation des leçons de Paul Cézanne et du postimpressionnisme français, du fauvisme et de l'expressionnisme allemand du Blaue Reiter (Le Cavalier bleu). Il fut, pendant deux ans, le mouvement phare de l'avant-garde russe. C'est aussi le nom de l'exposition organisée par les aveniristes, Bourliouk et Larionov, en 1910, et qui fut à l'origine du mouvement. Elle fut suivie d'autres expositions du même nom jusqu'en 1916.

Alexandre Mercereau y fut chargé de sélectionner la section française[9].

L'Armory Show, The International Exhibition of Modern Art, 1913[modifier | modifier le code]

L'« Armory Show » (officiellement The International Exhibition of Modern Art) est une exposition internationale d'art moderne organisée par l'Association des peintres et sculpteurs américains (Association of American Painters and Sculptors), qui s'est tenue à New York du 17 février au 15 mars 1913.

Itinérante, cette grande exposition collective fut ensuite remontée dans un format réduit à l'Art Institute of Chicago, du 24 mars au 16 avril, en enfin à Boston, au siège de la Copley Society of Art, du 28 avril au 19 mai.

L'International Exhibition of Modern Art attire, au total, plus de 250 000 visiteurs. Elle fait date dans l'histoire américaine car elle est la première exposition de ce genre et permit l'affirmation d'un nouveau courant pictural, le réalisme américain.

Alexandre Mercereau y envoya le sculpteur Constantin Brancusi via son réseau outre atlantique[10].

Exposition de Prague, 45° Vystava Moderniho Umeni, 1914[modifier | modifier le code]

L'exposition tenue au Pavillon du jardin Kinsky de février à mars 1914 a marqué un moment important dans l'histoire de l'art moderne, avec Alexandre Mercereau en tant que commissaire d'exposition. Sa sélection d'artistes a contribué à présenter une gamme diversifiée de talents émergents et établis, offrant ainsi aux visiteurs une expérience artistique riche et stimulante.

Parmi les artistes sélectionnés par Mercereau pour cette exposition figurent des figures majeures de l'art moderne telles que Robert Delaunay, Raoul Dufy, Albert Gleizes, Jean Metzinger, Piet Mondrian, Diego Rivera et Constantin Brancusi, ainsi que d'autres talents prometteurs de l'époque. Cette liste impressionnante témoigne de la vision de Mercereau et de son engagement envers la promotion de l'avant-garde artistique.

La fin de l'exposition a été marquée par un geste généreux de la part de Constantin Brancusi envers Mercereau. Pour le remercier de son travail en tant que commissaire d'exposition, Brancusi lui a offert l'une de ses sculptures exposées, Le Baiser, en plâtre. Aujourd'hui, cette œuvre est une partie précieuse de la collection du Nasher Sculpture Center, témoignant de la reconnaissance et de l'estime que Mercereau a suscitées dans le monde de l'art moderne.

Cubisme[modifier | modifier le code]

Le cubisme est un mouvement artistique du début du XXe siècle, qui constitue une révolution dans la peinture et la sculpture, et influence également l'architecture, la littérature et la musique. Le rôle et l'influence d'Alexandre Mercereau concernant le cubisme peuvent se résumer par la constitution d'un réseau littéraire international englobant tous les arts novateurs, dont le cubisme, la promotion des nouvelles expressions artistiques par l'organisation d'expositions et de conférences à l'étranger, et sa participation à un occultisme ambiant qui imprégna l'approche que les cubistes avaient de l'art[11].

Le Futurisme[modifier | modifier le code]

Le futurisme est un mouvement littéraire et artistique européen du début du XXe siècle (de 1909 à 1920), qui rejette la tradition esthétique et exalte le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, les machines et la vitesse. Né en Italie autour du poète Filippo Tommaso Marinetti, un mouvement Valet de Carreau apparaît en Russie (appelé également cubo-futurisme) dans les années 1910-1917.

Camilla Gray signale que ce fut Alexandre Mercereau qui organisa la section française de la 1re exposition du Valet de Carreau[12], liant les futurismes italiens et russes.

À la suite des traités de Filippo Tommaso Marinetti de plus en plus antisémites, Alexandre Mercereau s'en éloigne.

Œuvres littéraires[modifier | modifier le code]

Poésies[modifier | modifier le code]

  • Les Thuribulums affaissés, 1905, Prix des Vacances du poète par référendum public, lire en ligne sur Gallica

Nouvelles, contes, légendes imaginaires[modifier | modifier le code]

  • Gens de là et d'ailleurs : gens de la terre, gens de la ville, gens de Paris, 1907, prix Balzac SGDL, lire en ligne sur Gallica
  • Contes des ténèbres, Paris, Eugène Figuière, 1911, couverture illustrée par Albert Gleizes
  • Séraphyma, 1922, bois de Gaspard Maillol
  • La Conque miraculeuse, 1922, bois d'Albert Gleizes
  • Une histoire merveilleuse, 1928, lire en ligne sur Gallica
  • Le Crime du parc Monceaux, 1930
  • Un saint au bagne

Études, critiques[modifier | modifier le code]

  • Fondation Franz-Jourdain
  • Société des gens de lettres France : Henri Matisse, Moscou, 1907
  • Société des gens de lettres France : Adolphe Monticelli, Moscou, 1908
  • La Littérature et les idées nouvelles, 1912, lire en ligne sur Gallica
  • [avec Philippe Norard et Marcel Laurent], La paix armée et le problème d'Alsace dans l'opinion des nouvelles générations françaises, 1912.
  • André Lhote , 1921
  • František Kupka, 1922
  • À propos de Salon d'automne : Toutes les écoles d'art moderne, 1922
  • L'Abbaye et le Bolchevisme, « Bibliothèque d'histoire littéraire », Collection « Créer », Paris, Eugène Figuière, 1922.

Essais[modifier | modifier le code]

  • Paroles devant la vie : la vie, le poète, la fiancée, la femme enceinte, la mère, soi-même, la demeure, la mort, 1913
  • Évangile de la bonne vie, 1919
  • Un petit Bréviaire des Fiancés , 1920
  • Un petit Bréviaire de la Mère , 1920
  • Les Pensées choisies d'Alexandre Mercereau, 1922

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Brigitte Leal, Le dictionnaire du Cubisme, Paris, Le centre Pompidou, , 851 p. (ISBN 978-2-221-21991-1), p. 478-479-480-481-482-483-484-485
  2. Archives de Paris, acte civil 12e, décès année 1928, n° 1086.
  3. Selon l'acte no 2767, dans l'état-civil de la ville de Paris 5e arrondissement, naissance de 1884.
  4. Camilla Gray, L'Avant-garde russe dans l'art moderne 1863-1922, Édition Thames et Hudson, 2003, p. 120 (ISBN 2-87811-218-0).
  5. Albert Gleizes, « Souvenirs : le Cubisme, 1908-1914 », in: Cahiers Albert Gleizes, Lyon, Association des Amis d'Albert Gleizes, 1957, p. 15.
  6. Julio González, collection du Musée national d'art moderne, sous la direction de Brigitte Léal, éditions MNAM, 2007, p. 307 (ISBN 978-2-84426-323-0).
  7. Jean Metzinger, Alexandre Mercereau, Vers et prose 27, Eugène Figuière Éditeurs, Octobre–novembre 1911.
  8. Noël Coret, Autour de l'Impressionnisme : les peintres de la Vallée de la Marne, La Renaissance du Livre, 2000.
  9. (it) Giovanni Lista, Futurestie
  10. (en) Walter Pach, Queer Thing, Painting : Forty Years in the World of Art, Read Books Ltd, , 380 p. (ISBN 978-1-4733-8759-1, lire en ligne)
  11. Le Dictionnaire du Cubisme, Groupe Robert Laffont, sous la direction de Brigitte Léal, éditions MNAM, 13 septembre 2018 - 852 pages, (ISBN 978-2-221-21991-1).
  12. "Futurestie" - Giovanni Lista - p. 45

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