Éva Thomas

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Éva Thomas
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Institutrice, couturière, écrivaine, activiste, éducatriceVoir et modifier les données sur Wikidata
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Éva Thomas, née en 1942 dans l'Orne, est une défenseure des droits des femmes et des enfants. Elle est la première personne victime d'inceste à témoigner en France à visage découvert. Son témoignage bouleverse l'opinion publique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Éva Thomas est née dans l'Orne. Sa mère et sa grand-mère sont couturières. Éva Thomas veut devenir institutrice[1]. Elle entre dans une pension religieuse pour pouvoir s'instruire[2]. Elle sera institutrice, rééducatrice et psychopédagogue[3].

Éva Thomas publie en 1986, Le viol du silence[2]. Il s'agit du récit dans lequel elle raconte l'inceste qu'elle a subi à l'âge de 15 ans et le traumatisme qui s'est ensuivi[4]. Le , à l'occasion de la sortie de son livre, elle est invitée sur le plateau des Dossiers de l'écran. Le sujet abordé dans l'émission est l'inceste. Trois femmes victimes témoignent sur le plateau. Deux d'entre elles sont filmées de dos. Éva Thomas témoigne elle, à visage découvert. Son témoignage crée les conditions d'un débat public sur l'inceste et la pédocriminalité. D'autres témoignages de femmes ont suivi[5]. Le témoignage d'Éva Thomas et son livre ont été un déclencheur d'autres témoignages. Et de remettre en cause la tentative de 1977 de dépénaliser les rapports avec des adolescents soi-disant consentants. De fait en 1974 la majorité est abaissée de 21 à 18 ans, les rapports entre 18 et 21 ans sont dépénalisés. De plus le mariage et les relations qu'il induit sont à l'époque possibles dès 16 ans, et dès 12 ans dans les pays communistes qui inspirent une partie de la gauche dite révolutionnaire, anarchiste ou libertaire[6].

En 1985, Éva Thomas fonde l'association SOS inceste à Grenoble[7]. L'association tient une permanence téléphonique et se bat pour faire changer la loi et inscrire le non consentement d'une personne de moins de 15 ans[8].

En 1991, elle fait changer son prénom, et son nom de plume Éva Thomas devient son identité civile[9].

En 1992, Éva Thomas publie un ouvrage de référence, Le sang des mots, réédité en 2004, Le sang des mots. Les victimes, l'inceste et la loi.

Elle est membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants depuis sa création en mars 2021[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Prises de position concernant l'inceste[modifier | modifier le code]

Dans son ouvrage Le sang des mots, Éva Thomas souligne des facteurs qui contribuent à l'impunité des coupables d'inceste, et qui retardent ou empêchent la reconstruction des victimes. Elle estime que la théorie du complexe d'Œdipe, qu'elle qualifie de « mythologie freudienne », conduit à un harcèlement des victimes d'inceste, qui sont systématiquement soupçonnées d'avoir été complices de l'inceste paternel[12]. Elle souligne l'importance des travaux de Sándor Ferenczi en la matière, et le fait que Sigmund Freud ait au contraire renoncé à toute perspective de soin des victimes d'inceste[13] :

« Tandis qu'on s'extasie encore sur le courage de Freud, qui a osé théoriser sur la sexualité infantile à cette époque, je pense que le vrai courage était celui de Ferenczi qui, en 1932, à un congrès de psychanalyse, osa dénoncer les viols incestueux dans les bons milieux et l'hypocrisie professionnelle de ses collègues »

— Le sang des mots[14]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Eva Thomas, ou l'engagement permanent - Lemagazine‧info », sur lemagazine.info, Le magazine, (consulté le )
  2. a et b Emilie Brouze, « Eva Thomas : celle qui en 1986 a brisé le silence sur l'inceste », Nouvel Obs,‎ (lire en ligne)
  3. Eva Thomas : Notice de personne (lire en ligne)
  4. « Les pères incestueux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « L'échec d'une procédure judiciaire intentée par une victime Patricia à armes inégales contre son père », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « 1977-2017 : comment notre morale sexuelle a basculé sur la pédophilie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Christophe Abramowitz, « Portrait d'isère Eva Thomas », sur France Bleu, (consulté le )
  8. « Témoignage. A Grenoble, Eva Thomas et son association SOS Inceste mènent le combat contre les viols sur mineurs », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
  9. Dominique Perrin, « La femme qui brisa l'omerta de l'inceste », M, le magazine du Monde, no 487,‎ , p. 13 (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le )
  10. Sarah Brethes, « Eva Thomas, lanceuse d’alerte : « Il faut rendre les crimes de l’inceste imprescriptibles » », sur Mediapart, (consulté le )
  11. Décret du 31 décembre 2021 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur (lire en ligne)
  12. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 296Voir et modifier les données sur Wikidata.
  13. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 315-321Voir et modifier les données sur Wikidata.
  14. Éva Thomas, Le sang des mots : Les victimes, l'inceste et la loi, Éditions Desclée de Brouwer, (ISBN 978-2-220-09764-0), p. 292Voir et modifier les données sur Wikidata.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]