Utilisateur:Epicas/Conquête Ouest modif

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Paul Kane, Camping on the prairie, huile sur papier, imprimée en 1846. La scène montre Paul Kane (1810-1871) accompagné de son guide dans les Grande Plaines du Dakota

Au XIXe siècle, la Conquête de l'Ouest désigne le processus d'appropriation par la force d'un territoire gigantesque, qui s'étend en Amérique du Nord, entre le Mississippi et l'Océan Pacifique. Cette région, qui correspond à l'Ouest sauvage dans l'historiographie américaine, tombe progressivement sous la souveraineté américaine après de nombreuses guerres.

Le concept de conquête de l'Ouest fut élaboré pour le grand public essentiellement à l'époque de John Ford pendant les années 1950 à l'aide d'un grand nombre de films de westerns réalisés à Hollywood.


Approche historique[modifier | modifier le code]

"American Progress". Représentation de la conquête de l'Ouest américain en 1872 par John Gast.

Causes principales[modifier | modifier le code]

La conquête de l'ouest a concerné des milliers d'individus qui se sont déplacés vers l'Ouest du continent nord-américain pour des raisons diverses :

  • Certains allaient chercher fortune, ou tout au moins espéraient-ils trouver de meilleures conditions d'existence.
  • Les brochures des compagnies ferroviaires vantaient la fertilité et l'immensité des terres de l'Ouest.
  • La hausse des prix agricoles poussait les jeunes couples à émigrer.
  • Les épidémies des vallées de l'est et la malaria dans le sud des États-Unis s'opposaient au climat sain de la côte ouest.

Chronologie de la conquête[modifier | modifier le code]

Carte des acquisitions territoriales des États-Unis d'Amérique

.

Après leur indépendance, acquise en 1783 par le traité de Paris, les États-Unis s'étendirent vers l'ouest. Cette évolution térritoriale s'est déroulé durant tout le 19ème siècle. Il y eut deux extensions majeures avec tout d'abord l'achat de la Louisiane en 1803 puis l'annexion de la République du Texas en 1845 qui déclencha la guerre contre le Mexique. Celle-ci se termina en 1848 sur une victoire des États-unis et une cession mexicaine (voir animation).

L'union des treize États originaux crût pour finir par comprendre cinquante États, dont la plupart débutèrent comme territoires. De façon générale, après une expansion territoriale, de territoires organisés étaient créés à partir des zones nouvellement acquises, et les frontières de ces territoires étaient éventuellement modifiées avant qu'ils accèdent au statut d'État.

Les acteurs et les moyens de la conquête[modifier | modifier le code]

La conquête vue de la côte Est[modifier | modifier le code]

La conquête sur les Amérindiens ne fait pas l'unanimité parmi les Américains : certains partisans de la Destinée manifeste veulent imposer par la force l'américanisme : mise sous tutelle dans des réserves, tactique de la terre brûlée, guerres, répressions. Des généraux tels que Philip Sheridan ou William Tecumseh Sherman étaient favorables à ces méthodes violentes. Mais « ce sentiment n'est pas partagé par le gouvernement fédéral, par l'ensemble des officiers et par l'opinion publique de l'Est »[1]. D'autres souhaitent en effet que l'acculturation se fasse sans violence, par la négociation, l'éducation et l'évangélisation. Certains philanthropes, journalistes et ethnologues militent pour le respect des Amérindiens et pour l'arrêt des massacres, après la Guerre de Sécession.

Les pionniers (ou les colons)[modifier | modifier le code]

La colonisation de l'Ouest sauvage est encouragée par le gouvernement fédéral. Au cours du XIXe siècle, le congrès américain vote des lois favorisant l'implantation des fermiers à l'ouest du Mississippi. En 1790, on recensait environ 100 000 Américains à l'ouest des Appalaches, ils sont près de 7 millions en 1840[2]. Entre 1840 et 1860, 360 000 personnes se lancent sur les pistes du Far West[3].

Les colons n'étaient pas des miséreux : il s'agissait pour la plupart d'agriculteurs américains disposant d'un capital de départ pour refaire leur vie dans l'Ouest. Les richesses et la mise en valeur de l'ouest américain attiraient également des étrangers : la ruée vers l'or fit venir des Européens, des Latino-Américains et des Chinois en Californie.

Mise en oeuvre[modifier | modifier le code]

Les colons américains empruntent les pistes de l'Oregon (Oregon Trail) ou de Californie, dans des charriots bâchés et surchargés, immortalisés par la littérature et plus tard par le cinéma (westerns). Ils sont souvent escortés ou protégés par la cavalerie américaine. La traversée du continent est une véritable aventure pleine de dangers : blizzard dans les Montagnes Rocheuses, attaques des Indiens attendant les pionniers. Les convois avancent à la vitesse d'une vingtaine de kilomètres par jour. Ils s'arrêtent à des points d'étape connus dans les Grandes Plaines (Chimney Rock, Scott's Bluff, Ash Hollow ...). Devant leur avancée, les bisons fuient et le mode de vie des Amérindiens s'en trouve bouleversé. Le long des pistes sont érigés des forts qui se transforment rapidement en marchés. On voit même apparaître, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les premiers hôtels le long des routes. L'écrivain américain Mark Twain a décrit ces convois de pionniers dans son roman intitulé Mes folles années.

La pénétration des Américains suit la piste de Santa Fe, qui dès le début du XIXe siècle est parcourue par des liaisons régulières sur 1 000 Km. À Santa Fe, les Américains vendent des armes et de la pacotille ; ils remportent avec eux des peaux de bisons achetées aux commancheros et des blocs d'argent de l'Arizona. En 1858, les lignes de diligences assurent des liaisons régulières entre San Francisco et Saint-Louis. Les pistes sont progressivement abandonnées avec le développement des liaisons ferroviaires, surtout après l'achèvement du premier chemin de fer transcontinental le 10 mai 1869. La conquète de l'ouest fut effectivement accompagnée d'une révolution des transports.

Un cavalier du Pony Express, vers 1861

La maîtrise du territoire américain passe aussi par la mise en place du Pony Express, le premier service postal qui allait du Missouri à la côte ouest (1860-1861). Le courrier était alors acheminé à dos de cheval. Mais en 1861, le télégraphe transcontinental permet une liaison instantanée entre les deux extrémités du pays.

Les Améridiens[modifier | modifier le code]

Le gouvernement américain n'a jamais déclaré la guerre aux Amérindiens qu'il a quasiment exterminés, d'ailleurs cet épisode historique n'a jamais été vraiment classé officiellement comme un génocide. Le déclin des tribus amérindiennes fut la continuité en Amérique du Nord de la disparition des civilisations précolombiennes d'Amérique du Sud, perpétrées par les Espagnols.


L'armée américaine 

L'armée américaine participe à la déportation et au massacre des indiens, et protège les convois de chariots traversant les grandes plaines. Les « tuniques bleues » se sont souvent conduites de la pire des façons, massacrant, pillant, volant et brûlant des villages entiers d'Amérindiens, notamment à Wounded Knee en 1890, et à Sand Creek. La principale défaite des soldats américains eut lieu en 1876 à Little Big Horn, dans un affrontement entre le septième de cavalerie et une union de tribus sioux et cheyennes. Les Indiens perdirent 26 hommes, contre plus de 200 pour les tuniques bleues. Le général George Armstrong Custer, commandant le régiment, y trouva également la mort. Ce fut la dernière victoire des cavaliers de la plaine.

Le Mythe de l'Ouest sauvage[modifier | modifier le code]

La Frontière et l'esprit pionnier[modifier | modifier le code]

Piste de l'Oregon. Chariot bâché de pionniers américains


? Rajout destinée manifeste ?


La Frontière désigne une limite mouvante entre les États en structuration de la colonisation du continent américain par les États-Unis et le Canada d'une part, et les peuplades indigènes. Cette frontière ne cessa d'être repoussée vers l'Ouest, ce qui donna l'expression « Go West, young man, Go West ! » largement reprise par les Américains.

Le Far West représentait alors des milliers d'hectares de terres et des opportunités de réussite. Lorsque se termina la guerre contre le Mexique, la Californie s'ajouta aux États de l'Union, et la Frontière cessa d'être une limite au-delà de laquelle les ressources en bisons et terres étaient supposées inépuisables. La Californie se développa ensuite par le biais de l'interface pacifique, attirant Chinois et Européens qui avaient fait le voyage par bateau. Ce fut ensuite la Ruée vers l'or, fièvre qui fit pousser certaines villes comme des champignons.

Il fut ensuite traversé par le cheval de fer, comme les peuplades aborigènes l'appelaient, ce qui supprima définivement sa connotation aventuresque : le territoire passait dans l'ère des transports modernes, et la compagnie de diligences Wells Fargo devenait une institution financière.

Au sortir de cette époque, la seconde moitié du XIXe siècle laissait encore des espaces à coloniser, la Frontière ne disparut pas physiquement : ainsi la structuration de l'État de l'Oregon au nord de la Californie, continuant des forêts de Redwoods dont certains à la taille légendaire, fut-elle un passage obligé pour les trappeurs et aventuriers qui achèveraient l'aventure des colonies d'Amérique du Nord en Alaska, notamment dans le Klondike. Les conditions météorologiques allaient laisser cet espace acheté à la Russie tsariste encore longtemps un sanctuaire pour la Nature.

La Frontière ? Métaphoriquement, elle n'a jamais disparu de la mentalité américaine ; les hommes médiatiques s'y réfèrent comme les Européens à leur passé médiéval.

  • exemple : to circle the wagons lorsqu'une entreprise connaît des difficultés, est une invitation pour ses salariés à se « serrer les coudes » et prendre la tempête à bras le corps ; l'expression fait bien entendu référence aux chariots des colons qui empruntaient les pistes menant vers la Californie. D'autres expressions renvoient à l'esprit pionnier qui caractérise la mentalité américaine.

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Les grands classiques de la littérature américaine du XIXème siècle et des premières décennies du XXè siècle sont parsemés de références aux vastes contrées de l'Ouest américain, à l'époque de la Frontière.

La majeure partie des romans de James Fenimore Cooper, l'un des écrivains les plus populaires du XIXè siècle, prend pour cadre les vastes territoires de l'Ouest américain. La célèbre série des Leatherstocking Tales (Bas de cuir), regroupe cinq romans de James Fenimore Cooper, dont Les Pionniers (1823), Le Dernier des Mohicans (1826), ou encore La Prairie (1827). Cooper connaissait bien la vie dans l'Ouest pour y avoir vécu. Son père William Cooper avait acheté une vaste parcelle de terre pour y créer la ville de "Cooperstown" dont il était juge et administrateur.

La saga des Bas de cuir retrace la destinée de Natty (Nathanaël) Bumppo, surnommé "Bas de cuir" par les colons et "Tueur de daims" ou "Œil de Faucon" par ses amis indiens qui l'ont recueilli dès l'enfance. Les romans de Cooper évoquent l'amitié entre le protagoniste et les derniers Indiens Mohicans, menacés de disparition par le développement de la "civilisation" qui envahit peu à peu les territoires de l'Ouest. Les romans de Cooper évoquent aussi les luttes franco-britanniques en Amérique au XVIIIe siècle. Le personnage de Natty Bumppo incarne l'archétype de l'homme de la Frontière ("Frontiersman") et se distingue par son respect de la nature, son attachement à l'Ouest et aux Indiens, sa loyauté, son esprit d'aventure et sa bravoure lors des guerres coloniales.

Les romans de Mark Twain (1835-1910), et notamment, Les Aventures de Tom Sawyer (1876) ou Les Aventures de Huckleberry Finn (1885) plongent le lecteur au cœur de l'Amérique du XIXè siècle, et retracent les aventures riches en actions et rebondissements des protagonistes le long du Mississipi. De même, le célèbre roman d' Herman Melville (1819-1891), Moby-Dick, ou encore les romans de Jack London (1876-1916), tels L'Appel de la forêt (1903) et Croc-Blanc (1906), constituent des œuvres majeures de la littérature américaine. Fondées sur le thème de la quête, du voyage à travers les terres ou les océans, ces romans sont fortement imprégnés de l'esprit de conquête, d'apprentissage et d'aventure, inspiré de l'expérience de la Frontière.

Dans un autre registre, les romans de Willa Cather (1873-1947) offrent une vision plus réaliste et nuancée de la vie des pionniers partis à la conquête des vastes terres du Midwest et de la prairie du Nebraska. Les principaux romans de Cather, tels Pionniers (1913), Le Chant de l'alouette (1915) ou Mon Antonia (1918), évoquent le face à face parfois hostile, parfois fructueux de l'homme et de la terre. Ses romans recréent la lente transformation de l'Ouest sous l'effet de l'industrialisation, de l'essor du capitalisme et du développement des voies de chemins de fer qui modifient irrémédiablement le paysage de la Prairie.

En outre, la série de romans écrits par Laura Ingalls Wilder (1867–1957), retrace la vie d'une famille de pionniers américains au XIXè siècle, parcourant les territoires de l'Ouest du Missouri au Dakota, afin de s'y installer et de tenter de subvenir aux besoins de la famille. Les écrits de Laura Ingalls Wilder furent popularisés à la télévision par la série américaine intitulée La Petite maison dans la prairie (1974-1983).

Au cinéma[modifier | modifier le code]

Les idéalistes[modifier | modifier le code]

L'acteur John Wayne dans une scène du film La Prisonnière du désert" (1956).

John Wayne se joint au lyrisme des films de John Ford pour légitimer la conquête de l'Ouest aux yeux d'un public américain pour lequel seulement deux générations s'étaient écoulées depuis les dernières charges de la cavalerie américaine sur les camps situés dans les territoires remis aux Indiens par les derniers traités.

Le premier s'y attelle en 1961 avec le film Les Comanches (The Comancheros) réalisé par Michael Curtiz ; on y voit des Peaux-rouges développer des techniques de combat observées chez l'armée Việt Cộng qui résiste obstinément au moment de la sortie du film à la théorie des dominos : ils pillent un fort de l'armée et lancent des raids avec les carabines de l'armée américaine qu'ils ont volées.

Les deux sont réunis, Wayne comme acteur, et Ford comme réalisateur, dans le film, sorti en 1962 : La Conquête de l'Ouest (How The West Was Won), coréalisé avec Henry Hathaway et George Marshall. Il est remarquable que la traduction française choisie donne Conquête de l'Ouest, alors que la mémoire américaine conserve l'idée toute faite d'un « Ouest sauvage » (Wild West).

La production des western lyriques légitimant le mythe du blanc agressé qui protège son lopin de terre alloué par les autorités fédérales (three acres and a mule) est tellement fleuve qu'elle occulte toute forme de remise en question : c'est une succession de légendes bravaches et d'aventuriers violents, obsédés par la gagne.

La guérilla menée par Geronimo au Nouveau-Mexique, sa reddition, puis le spectacle du Magic Circus de transforma l'idée d'Ouest sauvage en champ de foire, guère plus différent d'une fête foraine en Europe.

Le cinéma achèvera cette identification avec le film traité sur le mode de l'ironie Wild Wild West, "parodie d'une parodie" des sixties (Les Mystères de l'Ouest).

Les réalistes[modifier | modifier le code]

Little Big Man, film d'Arthur Penn protagonisant Dustin Hoffman avec une scène-clé lors de bataille de Little Big Horn, n'avait pas eu un succès mobilisant les masses populaires pour reconnaître l'injustice des massacres perpétrés. Et ce malgré une scène de fin d'une cruauté extrême pour l'époque, montrant la brutalité de la cavalerie, qui arrive toujours juste au bon moment pour en finir avec l'orphelin et la jeune mère dans l'attaque du dernier camp indépendant de la nation indienne.

Le genre était tombé en désuétude, balayé par la fin du lyrisme des années soixante qu'un personnage cynique et désabusé joué magistralement par Clint Eastwood avait achevé d'enterrer par le Western spaghetti, la production était orientée vers le film de science-fiction tentant de reproduire le phénomène La Guerre des étoiles ; c'est alors que sortit sur les écrans un film fleuve, d'une durée de deux heures quarante en version cinéma et plus de trois heures en version longue, qui réhabilitait devant le public américain ébahi la cause des Indiens des grandes plaines : Kevin Costner fit un carton au box-office avec Danse avec les loups.

  • Les Sioux y parlaient en langue lakota sous-titrée à l'écran, ce que les critiques avaient prophétisé comme l'échec assuré auprès de spectateurs peu habitués à lire les sous-titres au cinéma.
  • La cavalerie américaine était un ramassis de voyous illettrés et remplis de poncifs vis-à-vis des peuplades indigènes.
  • Le portrait des Amérindiens, cette fois lyrique de leur côté, ne tombait pas non plus dans l'hagiographie fascinée (scène de la vengeance suite au massacre gratuit des troupeaux de bisons par les trappeurs).

En 1995, le film Dead Man donne une version ultra-réaliste de l'ouest américain à l'époque des pionniers.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! [...], page 103
  2. Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! , page 80
  3. Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! [...], p. 124

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Claval, La conquête de l'espace américain, Paris, Flammarion, 1989
  • David Cornut, Little Big Horn, autopsie d'une bataille légendaire, Parçay-sur-Vienne, Anovi, 2006, (ISBN 21914818106[à vérifier : ISBN invalide])
  • Robert V. Hine, John Mack Faragher, The American West: A New Interpretive History, New Haven and London: Yale University Press, 2000
  • Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris, Flammarion, 2002, (ISBN 2-08-211809-6)
  • André Kaspi, Les Américains, Paris, Seuil, 1989
  • Marie-Christine Pauwels, Civilisation des Etats-Unis, Paris, Hachette supérieur, 1995-1998


Modèle:Lien AdQ