Jules Grévy

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Jules Grévy
Illustration.
Portrait officiel du président Grévy.
Fonctions
4e président de la République française
Élection 30 janvier 1879
Réélection 28 décembre 1885
Président du Conseil Jules Dufaure
William Henry Waddington
Charles de Freycinet
Jules Ferry
Léon Gambetta
Charles de Freycinet
Charles Duclerc
Armand Fallières
Jules Ferry
Henri Brisson
Charles de Freycinet
René Goblet
Maurice Rouvier
Prédécesseur Patrice de Mac Mahon
Successeur Sadi Carnot
1er président de la Chambre des députés
Législature Ire
Prédécesseur Gaston d'Audiffret-Pasquier
(dernier président de l'Assemblée nationale)
Successeur Léon Gambetta
1er président de l'Assemblée nationale
Prédécesseur Eugène Schneider (dernier président du Corps législatif du Second Empire)
Successeur Louis Buffet
Biographie
Lieu de naissance Mont-sous-Vaudrey, Jura
Lieu de décès Mont-sous-Vaudrey, Jura
Nature du décès Congestion pulmonaire
Parti politique Républicain modéré
Conjoint Coralie Fraisse
Enfants Alice Grévy, épouse Wilson
Diplômé de Faculté de droit de l'université de Paris
Profession Avocat
Religion déisme

Jules Grévy
Présidents de la République française

Jules Grévy, né le [1] à Mont-sous-Vaudrey (Jura) et mort le dans la même commune, est un homme d'État français.

Avocat de profession, parlementaire engagé aux côtés des républicains, il est arrêté lors du coup d'État de 1851. À la tête de l'Assemblée nationale de 1871 à 1873, il préside ensuite la Chambre des députés. Quatrième président de la République française du au , il démissionne à la suite du scandale des décorations.

Famille

(Voir plus bas le paragraphe Généalogie).

Jules Grévy est né dans une famille aux convictions républicaines. Son idéal républicain repose sur un pouvoir impersonnel, exercé par une assemblée. Il est le frère d'Albert Grévy et de Paul Grévy.

Jules Grévy se marie le à Paris, avec Coralie Fraisse, fille d'un tanneur de Narbonne. Ils ont une fille : Alice (1849-1938). Jules Ferry fut plus tard, le témoin du mariage de sa fille avec Daniel Wilson, en 1881.

Jeunesse

Jules Grévy suit de brillantes études au collège de l'Arc à Dole. Mais lorsqu'en 1823 celui-ci est repris par les Jésuites, son père le retire et l'inscrit au collège de Poligny. Il obtient une licence de droit à Paris et devient avocat. Il publie, en 1836, un recueil général de formules pour tous les actes judiciaires, Le Procédurier.

Sous la monarchie de Juillet, il plaide lors de procès politiques contre les monarchistes[pas clair].

Débuts en politique

Sa carrière politique débute à la suite lors de la révolution de 1848 : il est alors nommé commissaire de la République dans le Jura par le gouvernement issu de la révolution, puis est élu député du Jura en avril de la même année, à l'Assemblée constituante. Lors des débats relatifs à l'élaboration de la Constitution, il propose « l'amendement Grévy », contre l'élection du président de la République au suffrage universel, qui est repoussé. Cet amendement montrait son refus de légitimer le pouvoir d'une seule personne au-dessus de tout.

En 1849, Jules Grévy est élu à l'Assemblée législative, puis vice-président de celle-ci. Le , lors du coup d'État, il est arrêté, puis libéré. Retourné au barreau, il est élu membre du conseil de l'ordre des avocats du Barreau de Paris en 1862, puis, en 1868, bâtonnier de l'ordre des avocats.

Vers la IIIe République

Jules Grévy revient en politique à la fin du Second Empire : élu député du Jura en 1868, il siège dans l'opposition. Il est hostile, avec Léon Gambetta et Adolphe Thiers, à la déclaration de guerre contre l'Allemagne, en 1870. En février de l'année suivante, il est élu président de l'Assemblée nationale, jusqu'à sa démission en avril 1873. Il confie le pouvoir à Thiers[réf. nécessaire] lors de l'insurrection de la Commune, qu'il réprouve.

Jules Grévy est président de la Chambre des députés à partir du 8 mars 1876 où il est élu président provisoire avec 414 voix. Son élection est confirmée le 13 mars avec 462 voix[2]. Républicain modéré, il est chargé de la direction du parti républicain à la mort de Thiers, en 1877. Il est une première fois candidat à l'élection présidentielle de 1873, sans succès, face au légitimiste Patrice de Mac Mahon.

Président de la République

Premier mandat

Caricature de Jules Grévy, en juillet 1879.

La République devient pérenne

Le , le président Mac Mahon démissionne, après avoir refusé de signer le décret révoquant certains généraux[3]. Le jour-même, les parlementaires élisent Jules Grévy à la présidence de la République, par 563 voix. Il annonce qu'il n'ira jamais à l'encontre de la volonté populaire, et de fait, abandonne l'exercice du droit de dissolution. Les prérogatives constitutionnelles sont mises à l'écart, pour préserver la séparation de la fonction de l'exécutif et du législatif. Léon Gambetta déclare le lendemain de l'élection : « Depuis hier, nous sommes en République »[4]. On parle alors de « Constitution Grévy » (l'expression est du constitutionnaliste Marcel Prélot), pour l'affaiblissement de l'exécutif (présidents de la République et du Conseil), au profit d'une république parlementaire : la révision de la Constitution a lieu du 19 au 21 juin. Elle porte notamment sur des mesures symboliques mais qui pérennisent les symboles de la République : le 14 juillet et La Marseillaise sont adoptés comme symboles, les chambres parlementaires sont transférées à Paris et le président de la République officiellement au sein du palais de l'Élysée.

Une politique anticléricale incarnée dans les réformes sur l'Éducation

Le 9 août est votée la « loi Paul Bert », qui crée des Écoles normales : elles forment désormais les professeurs dans un cadre et une idéologie républicaine. Le président soutient les mesures anticléricales de ses ministres, notamment contre les congrégations religieuses. Le président du Conseil Charles de Freycinet est ainsi fortement opposé à l'Église. Le passe la loi de Jules Ferry, qui réforme le Conseil supérieur de l'Instruction publique et qui exclut de fait les ecclésiastiques en ne réservant les places qu'à des professeurs. Trois jours plus tard, une autre loi retire le droit aux universités catholiques de porter le nom de « faculté », ceci dans le but d'attirer les étudiants dans les universités laïques. Mais le coup le plus important porté à l'influence de l'Église sur la religion a lieu le 29 mars, alors qu'une loi interdit aux congrégations non autorisées d'enseigner, en amenant certaines comme les Jésuites à quitter la France.

Le , des collèges et lycées pour filles sont créés, sous l'impulsion de Jules Ferry, à la fois président du Conseil et ministre de l'Instruction publique. Les lois Jules Ferry rendent progressivement l'école gratuite (1881), l'éducation obligatoire et l'enseignement public laïque (1882).

Politique générale

Jules Grévy célèbre la première fête nationale le à Longchamp, où il remet de nouveaux drapeaux aux armées françaises. Ses ministères doivent faire face au krach financier de l'Union générale, le . Gambetta, porté par le succès des élections législatives de 1881, doit pourtant démissionner l'année suivante en raison des oppositions à son projet de réforme de la Constitution. En 1881, la liberté de réunion sans autorisation est accordée et en 1884, les anciens membres de la famille royale déclarés inéligibles aux élections républicaines.

En politique extérieure, le président Grévy se montre très attaché à la paix, ce qui lui vaut un conflit avec le boulangisme naissant, revanchard contre l'Allemagne. Il s'oppose également à l'expansion coloniale, pourtant voulue par Gambetta ou encore Ferry. Ainsi en 1881, un protectorat sur la Tunisie est créé, entre 1883 et 1885 l'Annam et le Tonkin sont occupés et en 1885, un protectorat instauré sur le royaume de Madagascar. Dans L'Histoire des Présidents, les auteurs écrivent : « Grévy n'était pas un homme de premier plan mais il exerça une influence certaine quoique discrète. Malgré son autoritarisme il accepta de laisser gouverner ceux qu'il avait choisis. Mais il évita de confier le soin de former le gouvernement à une personnalité trop forte qui aurait pu lui porter ombrage »[5]. Ainsi, sa rivalité avec Léon Gambetta se manifeste dans la mesure où il s'efforce de l'écarter de la présidence du Conseil ; celui-ci ne siège ainsi que 73 jours au sein de son « Grand ministère ».

Dans les pages qu’il a consacrées à Grévy dans L'Élysée, histoire d'un palais (2010) Georges Poisson évoque le peu de prestige et la pingrerie du personnage : « Le président recevait, en plus de sa liste civile, 600 000 francs de frais de déplacement… sans se déplacer, et des frais de représentation, sans représenter ». Henri Rochefort racontait l’histoire d’un jeune homme en tenue de soirée qui avait été arrêté après avoir volé un petit pain et qui s’excusa en disant qu’il sortait d’un dîner chez le président de la République. « Il fut immédiatement relâché et les passants firent une collecte en sa faveur ».

Second mandat

Jules Grévy

Jules Grévy est facilement réélu à la présidence de la République, lors de l'élection présidentielle de décembre 1885.

C'est à l'occasion du décès de Victor Hugo, le , qu'il décide de rendre au Panthéon de Paris le statut de temple républicain, statut qu'il a conservé depuis lors. Des funérailles y seront organisées le 1er juin 1885.

En 1887, éclate le scandale des décorations : le gendre du président, Daniel Wilson, est accusé de trafic d'influence. Il mettait à profit sa situation familiale pour trafiquer, contre de l'argent, des nominations dans l'ordre national de la Légion d'honneur[6]. Les chambres appellent alors Grévy à la démission, qui dans un premier temps refuse. Cependant, tous les ministres pressentis se récusent l'un après l'autre et Henri Rochefort ironise férocement en écrivant : « Ceux qui sont résolus à ne pas devenir ministres feront sagement d'écrire sur la façade de leur maison : il est interdit de déposer des portefeuilles le long de ce mur ». Le peuple chante :

Son austère bienséant
À l’Élysée s’trouve à l’aise ;
Y colle au fond de la chaise,
Qui colle à l’appartement.
Afin d’chasser d’son repaire
L’vieux à son fauteuil ancré
Va falloir foutre par terre
Tout l’faubourg Saint-Honoré[7].

Il finit par se soumettre, le 2 décembre. Cette affaire a contribué à la décrédibilisation de la République et a alimenté la crise boulangiste[8].


Par aversion à l'égard de Gambetta, Jules Grévy a faussé le jeu parlementaire en écartant le chef de la majorité de la Chambre des députés et en confiant la présidence du Conseil à des personnalités plus proches de lui. Il est responsable de l'absence d'un pouvoir exécutif fort et, en conséquence, de l'instabilité des gouvernements successifs de la IIIe République[9].

Liste des gouvernements sous sa présidence

Dates Gouvernement
4 février 1879 - 21 décembre 1879 Gouvernement Waddington
28 décembre 1879 - 19 septembre 1880 Gouvernement Freycinet I
23 septembre 1880 - 10 novembre 1881 Gouvernement Ferry I
14 novembre 1881 - 26 janvier 1882 Gouvernement Gambetta
30 janvier 1882 - 29 juillet 1882 Gouvernement Freycinet II
7 août 1882 - 28 janvier 1883 Gouvernement Duclerc
29 janvier 1883 - 17 février 1883 Gouvernement Fallières
21 février 1883 - 30 mars 1885 Gouvernement Ferry II
6 avril 1885 - 29 décembre 1885 Gouvernement Brisson I
7 janvier 1886 - 3 décembre 1886 Gouvernement Freycinet III
11 décembre 1886 - 17 mai 1887 Gouvernement Goblet
30 mai 1887 - 4 décembre 1887 Gouvernement Rouvier I

Décès

Buste en marbre de Jules Grévy par Carrier-Belleuse, exposé au Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon.

Jules Grévy meurt le à Mont-sous-Vaudrey des suites d'une congestion pulmonaire[10]. Il reste le symbole de la mise en place des idées républicaines dans les institutions politiques. Il a imposé un style dans la manière d'exercer la fonction de président de la République.

Décorations

Iconographie

Une médaille à l'effigie de la République, œuvre du graveur Maximilien Louis Bourgeois, fut distribuée aux députés et aux sénateurs pour commémorer la réélection de Jules Grévy à la présidence de la République le 28 décembre 1885. L'exemplaire ayant appartenu à Henri Rochefort est conservé au musée Carnavalet (ND 5160).

Postérité

Ayant reçu un spécimen d'une nouvelle espèce de zèbre, en 1882, il en fit don au Jardin des plantes. On nomma alors cette espèce « zèbre de Grévy ».

Généalogie

Notes et références

  1. Sa date de naissance est incertaine, car les registres de l’État Civil ont été détruits vers 1812.
  2. Quid des présidents de la république et des candidats. Page 287. Édition de 1987
  3. Colling 1949, p. 294
  4. George et Janine Hémeret, L'Histoire des Présidents, éditions Morena, 1998, page 44.
  5. George et Janine Hémeret, L'Histoire des Présidents, éditions Morena, 1998, page 47.
  6. Alfred Colling, La Prodigieuse histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, , p. 310.
  7. On trouvera les anecdotes qui ont accompagné sa démission dans le livre L'Elysée, histoire d'un palais de Georges Poisson (Flammarion, 2010)
  8. Françoise Taliano-des-Garets, Histoire politique de la France, Éditions Ellipses 2012, p. 30
  9. Benoît Yvert, Premiers ministres et présidents du Conseil depuis 1815, Éditions Perrin 2002, p. 222
  10. La Presse, édition du 11 septembre 1891
  11. Généastar : Ascendants de Jules François Paul GREVY

Voir aussi

Bibliographie

  • Jérôme Grévy, La République des opportunistes, édition Perrin, 1998.

Articles connexes

Liens externes

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