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Samba jazz

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Samba jazz
Origines stylistiques Samba et jazz (plus particulièrement le bebop et le hard bop)
Origines culturelles De la fin des années 1950 au milieu des années 1960
Instruments typiques Piano, contrebasse et batterie ; dans une moindre mesure, des instruments à vent comme le saxophone et la trompette

La[a] samba jazz (ou samba-jazz), également connue sous le nom de jazz samba (surtout aux États-Unis) ou hard bossa nova, est un sous-genre musical largement instrumental de la samba qui a émergé au sein de la bossa nova entre la fin des années 1950 et le début des années 1960[5],[6].

Caractéristiques

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Le style a consolidé le rapprochement entre la samba brésilienne et le jazz américain[7], en particulier le bebop et le hard bop, des styles de jazz largement expérimentés par les musiciens brésiliens dans les gafieiras[b] et les boîtes de nuit, notamment à Rio de Janeiro[6],[8]. Ayant sa formation initiale basée sur le piano, la contrebasse et la batterie, la samba jazz a progressivement absorbé des ensembles instrumentaux plus larges[6].

Contrairement à la bossa nova, qui est un style de samba caractérisé par son esprit intimiste, sa sonorité douce et la retenue des éléments sonores, la samba-jazz possède de nombreuses composantes présentes dans l'improvisation et la stridence[9]. Cependant, à mesure que la bossa nova se faisait connaître, la samba jazz fut favorisée par le répertoire bossa-novista[10] et par toute une génération d'instrumentistes influencés par le jazz américain, comme Dom Salvador, Sérgio Mendes, J. T. Meirelles, Edison Machado, Dom Um Romão, Manfredo Fest, Zimbo Trio, Tamba Trio (pt), Milton Banana Trio, Jongo Trio (pt), entre autres, ont commencé à s'impliquer dans la nouvelle façon de faire de la samba avec João Gilberto en tête de proue[11],[12].

Durant sa jeunesse, le guitariste brésilien Laurindo Almeida est convaincu que les musiciens ne doivent pas rester dans leur propre pays[13]. En 1936, à l'âge de 19 ans, il décroche un emploi dans l'orchestre d'un bateau de croisière qui accoste au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne, ce qui lui permet d'aller à Paris voir Django Reinhardt et Stéphane Grappelli jouer avec le Quintet du Hot Club de France[14],[15],[13],[16].

Laurindo Almeida vers 1947-1948.

Possédant une collection de disques de jazz américains, Almeida rêve cependant de s'installer aux États-Unis : il choisit la Californie parce qu'il sait qu'il y a là beaucoup de travail en studio[13]. Il débarque donc en 1947 à l'âge de 30 ans en Californie et, étant déjà un artiste bien établi au Brésil, il décroche un job dans un studio d'Hollywood, où il collabore au film A Song is Born de Danny Kaye[14],[17]. Mais le musicien Joe Riddle est frappé par le fait qu'Almeida joue de la guitare avec les doigts, alors que l'habitude aux États-Unis était d'utiliser un plectre[13]. Riddle le recommande à Stan Kenton, qui est à l'époque à la recherche d'un nouveau son acoustique à la guitare et apprécie le fait qu'Almeida joue avec les doigts[17],[13]. Kenton lui dit « Je ne veux plus de plectre ou de guitare électrique, je veux quelque chose de vraiment pur et clair »[13]. Almeida quitte donc les studios d'Hollywood et intègre l'orchestre de Kenton, dont il reste le guitariste durant trois ans, de 1947 à 1950[18],[13],[19]. Il y joue le rôle de guitariste / arrangeur / compositeur, un rôle inédit aux États-Unis à l'époque[15],[16].

En 1950, Stan Kenton tombe malade et il dissout son big band[13] : Almeida se lie alors avec le saxophoniste Bud Shank, le bassiste Harry Babasin et le batteur Roy Harte[17]. Le jeune producteur Richard Bock, fondateur du label Pacific Jazz Records, leur demande d'enregistrer un disque[17],[13]. Shank est enthousiaste mais ne sait trop que faire[17],[13]. Almeida suggère alors « Et bien, marions nos musiques et voyons ce qui se passe »[17],[13]. Shank et Babasin jouent tous deux un rôle très important dans l'élaboration de l'aspect jazz de l'album[17],[13] et en le quatuor enregistre ce disque innovant dans lequel il mélange le jazz et la samba brésilienne[14],[18],[20].

Almeida baptise ce nouveau style « samba-jazz »[15].

Deux disques vinyle de format 10 pouces intitulés Laurindo Almeida Quartet featuring Bud Shank et Laurindo Almeida Quartet, featuring Bud Shank Vol. 2 sont publiés en 1954, combinés en 1961 en un album de format douze pouces intitulé Brazilliance publié sur le label Pacific Jazz Records[18],[17].

Sivuca en 1972.

Avec leurs albums Turma da Gafieira (1957), Samba Em Hi-Fi (1958) et Melodia Ritmo Alegria (1962), le groupe Turma da Gafieira, composé de plusieurs artistes de renom de l'époque, tels que Baden Powell, Sivuca et le batteur Edison Machado, est également considéré comme précurseur du genre[9],[21].

Almeida et Shank reprendront leur collaboration samba-jazz en enregistrant en Holiday in Brazil, un album qui est légèrement antérieur à la fondation de la bossa nova par Antônio Carlos Jobim, Vinícius de Moraes et João Gilberto, marquée officieusement par l'album Canção do amor demais composé par Jobim et de Moraes et enregistré par la chanteuse Elizeth Cardoso en , et officiellement par la chanson Chega de Saudade et l'album du même nom de João Gilberto paru en 1959[22],[23],[24],[25],[26],[27]. Holiday in Brazil précède par ailleurs de plus de trois ans les premiers morceaux de bossa nova américaine enregistrés par Dizzy Gillespie et Herb Ellis à l'automne 1961, et le fameux album au succès planétaire Jazz Samba enregistré en par Charlie Byrd avec l'aide de Stan Getz[17],[28],[29],[30].

Après Holiday in Brazil, rebaptisé plus tard Brazilliance Volume 2, viendra enfin en 1959 Latin Contrasts[18],[31], parfois appelé Brazilliance Volume 3.

Notes et références

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  1. En portugais, le terme samba est un nom masculin, et ses sous-genres sont également accordés au masculin. Néanmoins, la samba s'est fait connaître en France — et donc en français — comme danse avant d'être reconnue comme un genre musical à part entière[1]. Même si certains puristes[2],[3] préfèrent conserver le masculin, l'usage général[1] ainsi que les définitions des dictionnaires français[4] privilégient l'utilisation du genre féminin. C'est ce genre qui a donc été privilégié dans cet article.
  2. Les gafieiras sont des lieux de danse où les classes populaires brésiliennes pratiquaient les danses de couples ou danses de salon, au début du XXe siècle.

Références

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  1. a et b (pt) Carlos Sandroni, « La samba à Rio de Janeiro et le paradigme de l’Estácio », Cahiers d’ethnomusicologie, no 10,‎ , note 1 (lire en ligne).
  2. « Définition de Samba », sur musicmot.com (consulté le ).
  3. « Genre grammatical du mot samba », sur sambistas.online.fr (consulté le ).
  4. Voir les définitions de la « samba » du Larousse, du Robert, du Centre national de ressources textuelles et lexicales et de l'Académie française.
  5. Silva 2017, p. 91, 94.
  6. a b et c Lopes et Simas 2015, p. 268.
  7. Silva 2017, p. 94.
  8. Silva 2017, p. 92.
  9. a et b Barsalini 2014, p. 7.
  10. Silva 2017, p. 92, 95.
  11. Silva 2017, p. 98.
  12. (pt) Ronaldo Evangelista, « Relançamento de CD reaviva samba-jazz », sur folha.uol.com.br, Folha de S. Paulo, (consulté le ).
  13. a b c d e f g h i j k et l (en) Les Tomkins, « Laurindo Almeida - The Brazil–born classical/jazz guitar virtuoso (interview de Laurindo Almeida par Les Tomkins en 1979) », sur Jazz Professional,
  14. a b et c (en) Ron Purcell, The Complete Laurindo Almeida Anthology of Guitar Solos, Mel Bay Publications, , p. 7.
  15. a b et c (en) Tim Brookes, Guitar: An American Life, New York, Grove Press, , p. 164.
  16. a et b (en) Myrna Oliver, « Laurindo Almeida, 77; Classical, Jazz Guitarist », sur latimes.com, Los Angeles Times, (consulté le ).
  17. a b c d e f g h et i (en) S. Duncan Reid, Cal Tjader : The Life and Recordings of the Man Who Revolutionized Latin Jazz, Mc Farland & Company, , p. 118-119.
  18. a b c et d McGowan et Pessanha 1998, p. 165.
  19. (en) Leonard Feather et Ira Gitler, The Biographical Encyclopedia of Jazz, Oxford University Press, .
  20. (en) Peter Watrous, « Obituaries : Laurindo Almeida, Guitarist », sur The New York Times, (consulté le ).
  21. (pt) Bernadete Siqueira, « Turma da Gafieira », Panorama da música brasileira do século XX, sur cidadaoereporter.com.br, (consulté le ).
  22. (en) Ruy Castro, Bossa Nova : The Story of the Brazilian Music That Seduced the World, A Capella Books, , p. 126.
  23. (en) « João Gilberto, father of bossa nova, dies aged 88 », The Irish Times, (consulté le )
  24. (en) Michael J. West, « João Gilberto 1931-2019 », jazztimes.com, (consulté le ).
  25. (en) Steve Sullivan, Encyclopedia of Great Popular Song Recordings, Volume 1, The Scarecrow Press, , p. 620.
  26. (en) Richie Unterberger, « Chega de Saudade », sur allmusic.com (consulté le ).
  27. (en) Ben Ratliff, « João Gilberto, a father of bossa nova », sur pressreader.com, Albany Times Union, .
  28. (en) Morris B. Holbrook, Playing the Changes on the Jazz Metaphor, Now Publishers, , p. 186.
  29. (en) Lewis Porter, Michael Ullman et Ed Hazell, Jazz : from its origins to the present, Prentice Hall, , p. 366.
  30. Pierre Breton, « Charlie Byrd », dans Dictionnaire du Jazz: Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, .
  31. (en) « Latin Contrasts », sur discogs.com (consulté le ).

Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (pt)  Cléber Alves,  A Bossa Nova Instrumental : O Samba Jazz pelo Olhar de Paulo Moura,  ,  Editora Appris,  2021 (ISBN 9786525019673).
  • (pt) Lorenzo Barsalini, « A Turma da Gafieira: os conflitos entre a tradição e a modernidade nos precursores do samba jazz », ANAIS do XXIV Congresso da ANPPOM, São Paulo, XXIV Congresso da ANPPOM, vol. 1,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (pt) José Domingos, « A história do samba jazz », Músicos do Brasil, Uma Enciclopédia Instrumental,‎ (ISSN 0740-1558, OCLC 905304591, lire en ligne).
  • (pt) Márcio da Costa Ferreira Pinto, No olho da rua: bossa nova, samba-jazz e a paisagem musical carioca (Thèse de maîtrise), Florianópolis, UDESC, .
  • Isabelle Leymarie, Le jazz brésilien, France,  Éditions du Jasmin, (ISBN 9782352840985).
  • (pt) Marcelo Silva Gomes, Samba-Jazz aquém e além da Bossa Nova : três arranjos para Céu e Mar de Johnny Alf (thèse de doctorat), Campinas, Universidade Estadual de Campinas, (DOI 10.47749/T/UNICAMP.2010.774057, lire en ligne).
  • (en) Chris McGowan et Ricardo Pessanha, The Brazilian Sound: Samba, Bossa Nova, and the Popular Music of Brazil, Temple University Press, (ISBN 9781566395458).
  • (pt) Nei Lopes et Luiz Antonio Simas, Dicionário da História Social do Samba, Rio de Janeiro, Civilização Brasileira, (ISBN 9788520012581). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (pt) Rafael Mariano Camilo da Silva, Desafinado: dissonâncias nos discursos acerca da influência do Jazz na Bossa Nova (Thèse de maîtrise), Uberlândia, Federal University of Uberlândia, (lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (pt) Lúcio Rangel, Samba, jazz & outras notas, Brésil,  Agir,  2007 (ISBN 9788522007639).
  • (en) Claus Schreiner (trad. de l'allemand par Mark Weinstein), Música brasileira : a history of popular music and the people of Brazil, New York, M. Boyars, (ISBN 071452946X, BNF 37441005).
  • (pt) Tárik de Souza, Tem mais samba : das raízes à eletrônica, São Paulo, Editora 34, (ISBN 9788573262872).

Liens externes

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Articles connexes

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