Hermaphrodite

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Hermaphrodite
Ermafrodito - sec. III a.C. - da Pergamo. Istanbul. Museo archeol..jpg
Statue d'Hermaphrodite, marbre, Pergame, style hellénistique, milieu du IIe siècle av. J.-C., musée archéologique d'Istanbul, inv. n° 363 T (Mendel 624)[1].
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Hermaphrodite (en grec ancien Ἑρμαφρόδιτος / Hermaphróditos) est un personnage de la mythologie grecque. Son nom a été utilisé pour créer le terme hermaphrodisme, qui désigne ce qui réunit les caractéristiques des deux sexes.

À l'origine, c'est une forme masculine d'Aphrodite, qui s'appelait Aphroditos, qui était vénérée en tant que divinité à Chypre. La forme du nom Hermaphróditos remonte à la représentation d'Aphrodite comme un hermès et signifie initialement seulement « hermès d'Aphrodite ». Son nom est documenté pour la première fois dans la littérature dans Les Caractères de Théophraste.

Mythe[modifier | modifier le code]

Hermaphrodite endormi, copie romaine d'époque impériale (IIe siècle apr. J.-C.), d'après un original hellénistique du IIe siècle avant. Musée du Louvre (Ma 231)[2]
Le nom Hermaphróditos remonte à la représentation d'Aphrodite comme un hermès : Hermès d'Aphroditos au Nationalmuseum à Stockholm.
Gravure d'Hermaphrodite, copie d'une fresque d'Herculanum, XIXe siècle.

Fils de Hermès et d'Aphrodite, comme son nom l'indique, Hermaphrodite hérite à sa naissance, sur le mont Ida de Troade, de la beauté de ses parents. Un jour qu'il se baigne dans le lac de Carie habité par la naïade Salmacis, celle-ci s'éprend du bel adolescent. Comme Hermaphrodite repousse ses avances, Salmacis l'étreint de force et supplie les dieux d'être unie à lui pour toujours. Le vœu est exaucé et ils ne forment plus qu'un seul être bisexué, à la fois mâle et femelle. Hermaphrodite fait alors un vœu à ses parents, que tout homme se baignant dans le lac de la nymphe en sortirait lui aussi doté d'attributs féminins.

Le mythe d'Hermaphrodite peut être rapproché de celui des androgynes évoqué dans Le Banquet de Platon : à l'origine, certains humains (hermaphrodites) possédaient à la fois les caractères féminins et masculins, et Zeus, s'alarmant de leur potentiel, les sépara brutalement en deux moitiés.

Culte[modifier | modifier le code]

Détail de la fresque du Vieux satyre et Hermaphrodite, musée archéologique de Naples.

Les plus anciennes traces du culte dans les pays grecs se trouvent à Chypre. Ici, selon Macrobe (Saturnales, iii. 8), il y avait une statue barbue d'un Aphrodite mâle, appelé Aphroditos par Aristophane. Philochore dans son Atthis (ap. Macrobe loc. cit.) a identifié cette divinité, au sacrifice de laquelle hommes et femmes échangeaient des vêtements, avec la Lune. Une plaque en terre cuite du VIIe siècle av. J.-C. représentant Aphroditos a été trouvée à Perachora, ce qui suggère qu'il s'agissait d'un culte grec archaïque[3].

Cette Aphrodite chypriote est la même que l'Hermaphrodite ultérieur, qui signifie simplement Aphroditos sous la forme d'un hermès, un buste surmontant un bloc quadrangulaire, et apparaît d'abord dans les Caractères (XVI) de Théophraste[4]. Après son introduction à Athènes (probablement au Ve siècle av. J.-C.), l'importance de cette divinité semble avoir diminué. Il n'apparaît plus comme l'objet d'un culte particulier, mais limité à l'hommage de certaines sectes, exprimé par des rites superstitieux de signification obscure[5].

Littérature[modifier | modifier le code]

La première mention d'Hermaphrodite dans la littérature grecque en est faite par le philosophe Théophraste (IIIe siècle av. J.-C.), dans son livre les Caractères, XVI L'homme superstitieux, dans lequel il dépeint divers types de personnes excentriques.

« Aussi, les quatrième et septième jours de chaque mois, il ordonnera à ses serviteurs de préparer du vin et d'aller acheter des couronnes de myrte, de l'encens et du smilax ; et, en entrant, passera la journée à couronner les Hermaphrodites. »

La première mention d'Hermès et d'Aphrodite comme parents d'Hermaphrodite a été faite par l'historien grec Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.), dans son livre la Bibliothèque historique, livre IV, 4.6.5.

La seule narration complète de son mythe est celle des Métamorphoses d'Ovide, IV.274-388 (8 AD), où l'accent est mis sur les pièges féminins de la nymphe aquatique lascive Salmacis et sa compromission de la force virile naissante d'Hermaphrodite, sa timidité et la greffe de leurs corps.

Représentations artistiques[modifier | modifier le code]

La vetta, 1912, une œuvre symboliste de Cesare Saccaggi
La vetta, 1912, une œuvre symboliste de Cesare Saccaggi, dans laquelle le sommet de la montagne est représenté par cette figure hermaphrodite, qui si elle est observée d'en bas semble être une femme, tandis que si elle est observée de face, semble être un homme.

Hermaphrodite a été un fréquent sujet d'inspiration. En sculpture, la représentation la plus célèbre est celle de l'Hermaphrodite endormi, statue de l'époque hellénistique dont des copies figurent au Palais Massimo alle Terme, à la Galerie Borghèse à Rome, à la Galerie des Offices à Florence (salle 38 dite « de l'Hermaphrodite »[6]) ainsi qu'au musée du Louvre à Paris et au Musée des Beaux-Arts de Lille. De dos, Hermaphrodite montre un corps à la grâce et aux courbes féminines, de l'autre, le spectateur aperçoit la particularité anatomique du personnage. Lady Charlotte Townshend, qui la vit au milieu du XVIIIe siècle, la décrit comme « le seul couple heureux que j'aie jamais rencontré »[7].

Les représentations d'Hermaphrodite sont répandues dans les peintures mythologiques à sujet érotique prisées par la société romaine et découvertes au XVIIIe siècle dans les cités du Vésuve, en particulier à Pompéi. Le Cabinet secret du Musée archéologique national de Naples en conserve cinq : Hermaphrodite (inv. 9224), Pan et Hermaphrodite (inv. 27700), Vieux satyre et Hermaphrodite (inv. 27875), Satyre et Hermaphrodite (inv. 27701), Satyre tentant de s'unir à Hermaphrodite (inv. 110878).

Le morceau “Foutain of Salmacis” de l’album “Nursery Cryme” (1971) par le groupe de rock britannique Genesis se base sur le récit du mythe de Hermaphrodite.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Queyrel, La sculpture hellénistique. Formes, thèmes et fonctions, Picard, , 427 p., 29 cm (ISBN 978-2-7084-1007-7, SUDOC 192160273), p. 301-302.
  2. François Queyrel, 2016, p. 303.
  3. (en) Yulia Ustinova, The Supreme Gods of the Bosporan Kingdom: Celestial Aphrodite and the Most High God, BRILL, (ISBN 90-04-11231-6, lire en ligne), p. 106
  4. (en) Encyclopaedia of the Hellenistic World, Asia Minor: Hermaphroditus – Literary sources, asiaminor.ehw.gr
  5. (en) Encyclopaedia of the Hellenistic World, Asia Minor: Hermaphroditus – Cult, asiaminor.ehw.gr
  6. [1], sur virtualuffizi.com
  7. (en) « Seduced: Embracing the erotic », Richard Dorment, Daily Telegraph, 16 octobre 2007

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]