Chemin de fer Toulon - Saint-Raphaël

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Ligne du littoral varois
Ligne de Toulon à Saint-Raphaël
Pays Drapeau de la France France
Villes desservies Toulon, Hyères, Saint-Tropez, Sainte-Maxime, Fréjus, Saint-Raphaël
Historique
Mise en service 1889 – 1905
Fermeture 1948
Concessionnaires Sud-France (1889 – 1923)
Chemins de fer de Provence (à partir de 1923)
Caractéristiques techniques
Longueur 110 km
Écartement Voie métrique
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique

La ligne de Toulon à Saint-Raphaël, aussi appelée ligne du littoral varois et dont le train est surnommé le Macaron, est une ancienne ligne de chemin de fer à voie métrique reliant Toulon à Saint-Raphaël (Var) en suivant la côte du massif des Maures. C'était la plus méridionale des trois lignes du réseau des Chemins de fer de Provence (CP).

La ligne, longue de 110 kilomètres, suivait la côte sur la plus grande partie de son parcours. Elle était établie le plus souvent en site propre, parfois en accotement de la route mais plateforme indépendante. Le tracé suivait à distance la route nationale 559 (Marseille - Nice par le bord de mer), et à défaut la route nationale 98 (Toulon - Mandelieu).

Histoire[modifier | modifier le code]

Mise en service[modifier | modifier le code]

La décision de créer une ligne d’intérêt local desservant le littoral varois fut prise en 1887. Le premier tronçon est inauguré le entre la gare de Saint-Raphaël et la gare de Cogolin Saint-Tropez (33 kilomètres), au lieu-dit de La Foux à équidistance du centre de ces deux communes. L'année suivante, le , la ligne est prolongée jusqu'à Hyères (+ 51 km).

Pour tenir compte de l'opposition du PLM, craignant la concurrence avec sa propre ligne de Toulon à Hyères, le terminus fut provisoirement fixé à Hyères. Ce n'est qu'en 1905 que la ligne fut prolongée à l'ouest jusqu'à Toulon.

L’inauguration de la section entre Hyères et Toulon (23 km) eut lieu le [1].

Entre-temps en 1904, la ligne est complétée d'une ligne de tramway reliant Cogolin à Saint-Tropez via la gare de Cogolin La Foux reliant ces deux localités directement à la ligne.

Cette ligne désenclavait plusieurs communes importantes de l'est de l'agglomération toulonnaise et de la corniche des Maures, et présentait un intérêt touristique important. Pourtant elle était fragile, et de nombreux travaux de confortement furent nécessaires.

Le second réseau[modifier | modifier le code]

La gare de Cogolin La Foux.

Une convention signée, le , entre le conseil général du Var et la Compagnie des chemins de fer du Sud de la France concède à cette dernière plusieurs lignes venant se greffer entre Toulon et Saint-Raphaël. La première est une ligne « de Salernes, par Brignoles, à un point de la ligne d'intérêt local d'Hyères à Toulon à déterminer aux abords du Pradet ». La seconde est une ligne « de Draguignan à Saint-Aygulf, raccordée à ses deux extrémités à la ligne d'intérêt général de Nice à Meyrargues, et à la ligne d'intérêt local de Saint-Raphaël à Hyères ». La convention est approuvée par une loi déclarant ces lignes d'utilité publique, à titre d'intérêt local, le [2]. Ce réseau complémentaire ne sera jamais réalisé ; la ligne de Draguignan à Saint-Aygulf aurait permis de relier entre elles les lignes déjà concédées à la compagnie, celle du littoral et celle du Central Var.

L'entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

La Première Guerre mondiale et la crise des années 1930 fragilisèrent l'exploitation, et la ligne ne dut son salut qu'à l'appui financier résolu du conseil général du Var. L'État ayant refusé son aide pour l'électrification, au prétexte que cela rendrait la ligne bénéficiaire, la mise en service de dix autorails diesel Brissonneau et Lotz à partir de 1935 eut un succès considérable.

La fermeture[modifier | modifier le code]

La Seconde Guerre mondiale fut cependant fatale à la ligne, qui, fortement dégradée par le débarquement du 15 août 1944, fut officiellement fermée en 1948, après l'incendie inexpliqué du dépôt de Fréjus. Néanmoins, fait incroyable, les autorails rescapés continuèrent à circuler pendant encore un an, en renfort des autobus insuffisants et moins appréciés du public. Mais sans soutien logistique, ils disparurent en juin 1949[3].

Exploitation routière[modifier | modifier le code]

Autocars des CP, Renault 215D et R4190 devant la gare de Toulon dans les années 1950.

Les autocars remplacent alors les autorails sur l'intégralité du parcours, le terminus est par la même occasion déplacé de la gare de Toulon Sud-France à la gare SNCF de Toulon (ex. PLM). Par la suite en 1952, à la suite d'un procès avec les autocars GABY de Hyères, la ligne abandonne le tracé par la côte entre Toulon et Hyères dont l'exploitation est intégralement cédée à l'autocariste, les autocars des CP empruntent alors la route de Toulon à Hyères par La Valette et La Crau. À la même époque, l'exploitation de la ligne est scindée en deux à Saint-Tropez, la section de Saint-Raphaël - Saint-Tropez reprennant la desserte de Cogolin de l'ancien tramway Cogolin - Saint-Tropez. Les deux lignes continueront d'être exploitées ainsi, leur exploitation sera reprise à la fin des années 1970 par la SODETRAV (fusion des autocars GABY et des CP), elles sont aujourd'hui intégrées au réseau d'autocar du var Zou ! :

Autocar sur la ligne 7601 vers Saint-Tropez à Saint-Aygulf au niveau de l'ancienne gare.

Deux autres lignes complétant ces dernières : 7802 Saint-Tropez - Toulon par l'intérieur via le village de La Môle et 7803 entre Saint-Tropez et l'aéroport de Toulon-Hyères.

Vestiges[modifier | modifier le code]

La plus grande partie du tracé a été, depuis le XXe siècle et comme ailleurs en France pour les lignes ferroviaires abandonnées, recouverte, après enlèvement des rails, des traverses, du ballast, de la signalisation et des barrières, par une piste cyclable intégrée à la « Voie 65 “Azur-Camargue” »[4]. Le long de cette voie, subsistent plusieurs anciennes gares ou abris, comme par exemple à Carqueiranne où l'ancienne gare abrite un bureau de la police municipale[5].

Exploitation[modifier | modifier le code]

Voiture B 506 des CP, préservée au chemin de fer du Vivarais

La ligne est exploitée par :

Infrastructure[modifier | modifier le code]

Gares[modifier | modifier le code]

Types de bâtiments voyageurs[modifier | modifier le code]

Type[note 1] Utilisation Description Illustration
Fréjus Section d'origine Hyères - Saint-Raphaël (1889-1890) Bâtiment en R+1 de trois travées.
Gare de Fréjus Sud-France
Cavalaire Pardigon Bâtiment en R+1 de deux travées, sans baies à l'étage côté voies et côté ville.
Façade côté voies de la gare de Cavalaire-sur-Mer Pardigon
Le Lavandou Bâtiment en R+1 de deux travées.
Gare du Lavandou
Bormes Bâtiment en R+1 de deux travées.
Gare de Bormes-les-Mimosas
La Londe-les-Maures Bâtiment en R+1 de deux travées.
Gare de La Londe-les-Maures
Hyères San Salvadour Extension Hyères - Toulon (1905) Bâtiment en R+1 de trois travées.
Gare de Hyères San Salvadour
Carqueiranne Bâtiment en R+1 de deux travées.
Gare de Carqueiranne
Toulon Les Ameniers Bâtiment sans étage de trois travées.
Gare de Toulon Saint-Jean-du-Var

Liste[modifier | modifier le code]

Type BV : type de bâtiment voyageur (voir la section ci-dessus) ; un type suivi d'un « + » signifie que des bâtiments hors-type lui sont accolés.

Illustration Nom Commune Localisation Type BV État Remarques
Bormes-les-Mimosas Bormes-les-Mimosas 43° 08′ 38″ N, 6° 20′ 26″ E Bormes Démolie.
Carqueiranne Carqueiranne 43° 05′ 35″ N, 6° 04′ 27″ E Carqueiranne Désaffectée.
Cavalaire-sur-Mer Cavalaire-sur-Mer 43° 10′ 22″ N, 6° 31′ 49″ E Bormes Désaffectée.
Cavalaire-sur-Mer Pardigon Cavalaire-sur-Mer, lieu-dit Pardigon 43° 11′ 08″ N, 6° 32′ 45″ E Cavalaire Pardigon Démolie.
Cogolin La Foux (à l'origine Cogolin Saint-Tropez) Cogolin 43° 15′ 52″ N, 6° 34′ 50″ E Cogolin La Foux Démolie.
Fréjus Sud-France Fréjus 43° 25′ 39″ N, 6° 44′ 09″ E Cogolin La Foux Démolie.
Fréjus Saint-Aygulf Fréjus, village de Saint-Aygulf 43° 23′ 07″ N, 6° 43′ 20″ E Cavalaire Pardigon Démolie.
Gassin Gassin 43° 13′ 48″ N, 6° 34′ 32″ E Bormes Désaffectée.
Grimaud Saint-Pons Grimaud 43° 16′ 46″ N, 6° 34′ 41″ E Bormes Démolie.
Hyères Saint-Nicolas-Mauvanne Hyères, lieu-dit Saint-Nicolas-Mauvanne 43° 07′ 32″ N, 6° 11′ 42″ E Cavalaire Pardigon Désaffectée.
Hyères San Salvadour Hyères, lieu-dit San Salvadour 43° 05′ 04″ N, 6° 06′ 39″ E Hyères San Salvadour Désaffectée.
Hyères Sud-France Hyères 43° 06′ 59″ N, 6° 07′ 54″ E unique Démolie.
La Croix-Valmer La Croix-Valmer 43° 12′ 26″ N, 6° 34′ 07″ E Cavalaire Pardigon+ Désaffectée.
La Londe-les-Maures La Londe-les-Maures 43° 08′ 22″ N, 6° 14′ 13″ E Bormes Désaffectée.
La Môle Le Canadel La Môle, lieu-dit Le Canadel Cavalaire Pardigon Aujourd'hui sur le territoire de Rayol-Canadel-sur-Mer.
Le Lavandou Le Lavandou 43° 08′ 17″ N, 6° 21′ 52″ E Bormes Gare routière.
Le Lavandou Cavalière Le Lavandou, lieu-dit Cavalière 43° 09′ 06″ N, 6° 25′ 33″ E Cavalaire Pardigon+ Désaffectée.
Le Lavandou La Fossette Le Lavandou, lieu-dit La Fossette 43° 08′ 48″ N, 6° 23′ 43″ E Cavalaire Pardigon+ Désaffectée.
Le Pradet Le Pradet 43° 06′ 24″ N, 6° 01′ 37″ E Carqueiranne Désaffectée.
Le Pradet Les Gravettes Le Pradet 43° 06′ 31″ N, 6° 00′ 43″ E Toulon Les Ameniers
Saint-Raphaël Saint-Raphaël 43° 25′ 22″ N, 6° 46′ 14″ E Cogolin La Foux Démolie (bâtiment propre à la ligne).
Sainte-Maxime Sainte-Maxime 43° 18′ 38″ N, 6° 38′ 09″ E Bormes+ Démolie.
Sainte-Maxime La Nartelle Sainte-Maxime 43° 19′ 31″ N, 6° 39′ 53″ E Cavalaire Pardigon Désaffectée.
Toulon Les Ameniers Toulon 43° 07′ 17″ N, 5° 58′ 03″ E Toulon Les Ameniers Désaffectée.
Toulon Pont du Suve Toulon 43° 06′ 55″ N, 5° 58′ 51″ E Toulon Les Ameniers Désaffectée.
Toulon Pont de la Clue Toulon 43° 06′ 34″ N, 6° 00′ 05″ E Toulon Les Ameniers Désaffectée.
Toulon Saint-Jean-du-Var Toulon 43° 07′ 19″ N, 5° 57′ 20″ E Toulon Les Ameniers Démolie.
Toulon Sainte-Marguerite Toulon 43° 06′ 42″ N, 5° 59′ 24″ E Toulon Les Ameniers Désaffectée.
Toulon Sud-France Toulon 43° 07′ 03″ N, 5° 56′ 17″ E unique Démolie.
Autres points d'arrêts :
  • Les Issambres
  • La Garonnette San Peire
  • La Garonnette Plage-Le Val d'Esquières
  • Guerrevieille Beauvallon
  • Le Dattier
  • Pramousquier
  • Cap Nègre
  • Aiguebelle plage
  • Saint-Clair
  • La Verrerie
  • La Pascalette
  • Riondet Golf
  • Hyères-ville
  • Hyères-Echanges
  • Le Palyvestre
  • Costebelle
  • L'Almanarre
  • Saint-Pierre-d'Almanarre
  • Font-Brun
  • Le Paradis
  • La Colle-Noire
  • La Moutonne
  • Les Abattoirs-Aguillon

Ouvrages d'art[modifier | modifier le code]

Ponts et viaducs[modifier | modifier le code]

  • viaduc du Batailler (Bormes)
  • pont de la Galiote à Saint-Aygulf (dont le tablier a été déposé après 1945)

Tunnels[modifier | modifier le code]

La lagune de Villepey et le pont ferroviaire de la Galiote à Saint-Aygulf, circa 1900

Matériel roulant[modifier | modifier le code]

Automotrices thermiques[modifier | modifier le code]

Automotrices Brissonneau et Lotz

Locomotives à vapeur[modifier | modifier le code]

Remorque d'autorail Brissonneau et Lotz préservée au musée de Gijon en Espagne

Locomotive [6]type 020-020 Mallet:

Voitures[modifier | modifier le code]

Voitures à bogies, 1re et 2e classe [7]

Vestiges[modifier | modifier le code]

Ancien pont de la ligne aux Issambres

La plateforme de la ligne disparue a été réutilisée en plusieurs lieux en tant que :

Les installations fixes ont pour la plupart disparu. Cependant certaines gares ont été conservées, notamment celle de Cavalière (commune du Lavandou), qui abrite un bureau de poste et une mairie annexe, celle de Carqueiranne qui abrite le bureau de police (la locomotive qui est à côté – voie normale – n'a pas circulé sur cette ligne en voie métrique), ou celle de La Croix Valmer qui abrite la bibliothèque municipale.

Une association propose de réutiliser une partie de la plate-forme de la ligne pour créer un tramway du littoral entre Sainte-Maxime et Saint-Tropez[8] pour un coût de 65 millions d'euros[9].


Notes et sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le nom attribué est purement indicatif, il correspond à la première gare dans l'ordre alphabétique correspondant au type. Le référencement ayant été fait en , il se peut que par la suite des gares soient ajoutées.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Henri Domengie, Les petits trains de jadis : Sud-Est de la France, vol. 1, Breil-sur-Roya, Ed. du Cabri, , 272 p., 24 x 32 cm, relié sous jaquette (ISBN 2-903310-34-3)
  • José Banaudo, Le train du littoral, Breil-sur-Roya, Ed. du Cabri, coll. « Histoire des Chemins de fer de Provence », , 239 p., 24 x 32 cm, relié (ISBN 2-908816-72-5)

Articles[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sources : site de la coordination des clients des chemins de fer de Provence (CCCP), et site de la Fédération des amis des chemins de fer secondaires (FACS)
  2. « Loi déclarant d'utilité publique l'établissement, dans le département du Var, d'un réseau de chemin de fer d'intérêt local, à voie étroite : 16 avril 1909 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, no 105,‎ , p. 3999 - 4010 (lire en ligne).
  3. Wyl Waechter, « CCCP - Information historique - les lignes : la Ligne du Littoral Toulon-Saint-Raphaël », sur www.traindespignes.com, (consulté le ).
  4. Jean-Paul Klein, « La piste cyclable du littoral », dans Noster PACA du 2 Novembre 2017 - [1].
  5. « Aujourd’hui subsistent encore sur le territoire de la commune quelques vestiges du chemin de fer du littoral. Le bureau de la Police Municipale est installé dans l’ancien bâtiment voyageurs de la gare de Carqueiranne. En face, une locomotive à vapeur […] construite en 1921 par la firme allemande Henschel de Kassel pour un usage industriel, évoque le chemin de fer du littoral. Rachetée par la Ville en 1980, elle a été placée sur un tronçon de voie normale (1,435m d’écartement). La piste cyclable occupe en partie l’ancien tracé de la voie ferrée qui avait un écartement d’un mètre » dans le site municipal de Carqueiranne - [2].
  6. « Portefeuille économique des machines, de l'outillage et du matériel », sur Gallica, (consulté le ).
  7. « Portefeuille économique des machines, de l'outillage et du matériel », sur Gallica, (consulté le ).
  8. tram du littoral, association Grimaud, golfe de st tropez, association environnement
  9. Var Matin

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]