Élisabeth de France (1545-1568)

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Élisabeth de France
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Portrait d'Élisabeth de France, peinture à l'huile d'Antonio Moro, musée du Louvre, seconde moitié du XVIe siècle.

Titre

Reine consort d'Espagne, de Naples et de Sicile


(9 ans, 3 mois et 11 jours)

Prédécesseur Marie Ire d'Angleterre
Successeur Anne d'Autriche
Biographie
Titulature Fille de France
Reine d'Espagne
Reine de Naples
Reine de Sicile
Duchesse de Bourgogne
Duchesse de Milan
Duchesse de Brabant
Duchesse de Luxembourg
Duchesse de Limbourg
Comtesse palatine de Bourgogne
Dynastie Maison de Valois
Naissance
Fontainebleau (France)
Décès (à 23 ans)
Madrid (Espagne)
Sépulture Escurial
Père Henri II de France
Mère Catherine de Médicis
Conjoint Philippe II d'Espagne
Enfants Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche
Catherine-Michelle d'Autriche
Religion Catholicisme

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Élisabeth de France, également connue d'après son nom de reine d'Espagne comme Isabelle de Valois ou encore comme Isabel de La Paz (château de Fontainebleau, 2 avril 1545 – Madrid, ), fille de Henri II, roi de France, et de Catherine de Médicis, fut en tant qu'épouse de Philippe II d'Espagne, reine consort d'Espagne, de Sicile et de Naples, duchesse de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Luxembourg et de Limbourg, comtesse de Flandre, de Hainaut et comtesse palatine de Bourgogne.

Sous le nom d'Élisabeth de Valois, elle est un des personnages principaux du grand opéra Don Carlos de Giuseppe Verdi inspiré de la pièce de théâtre homonyme de Friedrich von Schiller.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Élisabeth est la première fille et le deuxième enfant du roi Henri II de France et de son épouse Catherine de Médicis. À sa naissance, portée dans ses bras par l'ambassadeur anglais Thomas Cheyney[1], son père était encore dauphin, et en conflit avec son propre père, François Ier.

Dans ce contexte, Henri fit donner un bal à Fontainebleau à l’occasion de son baptême, le . Il s'y montra sous le costume évocateur de Capitaine tenant le bâton de commandement, dessiné par Le Primatice (Nationalmuseum, Stockholm)[2].

François Ier meurt l'année suivante et le père de la petite Élisabeth devient roi de France sous le nom de Henri II laissant le titre de Dauphin à son fils aîné, François.

Élisabeth grandit à la cour des enfants de France au côté de la jeune reine d'Écosse Marie Stuart (fiancée du dauphin), dont elle partageait la chambre jusqu'au mariage de celle-ci en 1558, et de sa sœur cadette Claude qui épousera le duc Charles III de Lorraine, lui aussi élevé à la cour de France.

Élisabeth est baptisée dans la religion catholique et reçoit pour parrain le roi Henri VIII d'Angleterre (qui avait été également le parrain de son père), et pour marraines, la reine douairière de France Éléonore d'Autriche, seconde épouse de son grand-père François Ier, et la princesse de Viane Jeanne d'Albret (future reine de Navarre sous le nom de Jeanne III).

Très tôt, le mariage d'Élisabeth est un enjeu politique ; la jeune princesse est promise au roi Édouard VI d'Angleterre, mais le souverain meurt à l'âge de 16 ans en 1553 laissant le trône à sa demi-sœur Marie Ire d'Angleterre qui épouse le roi Philippe II d'Espagne, alors en guerre contre la France.

Le mariage espagnol, gage de paix[modifier | modifier le code]

Le roi Philippe II d'Espagne portraituré par Titien, 1554.

Le traité du Cateau-Cambrésis entre l'Espagne et la France stipule que le mariage de la jeune Élisabeth et du roi Philippe II d'Espagne, devenu veuf, doit sceller la réconciliation des deux royaumes. Le roi avait plus du double de l'âge d’Élisabeth et l'avait demandée en mariage auparavant pour don Carlos, son fils unique issu de son premier mariage avec sa cousine germaine Marie-Manuelle de Portugal. Mais le jeune prince était par trop fragile psychologiquement pour pouvoir prendre épouse, et le roi, qui venait de perdre sa seconde épouse la reine Marie Ire d'Angleterre, s'était résolu à épouser lui-même la jeune princesse française.

Le mariage par procuration eut lieu à Notre-Dame de Paris le , le duc d'Albe représentant Philippe II, peu après le mariage de Claude, sœur cadette d'Élisabeth, avec le duc Charles III de Lorraine. Ce fut durant les festivités de son mariage que mourut tragiquement son père Henri II, victime d'un éclat de lance dans l'œil. La princesse n'étant pas nubile, son départ pour l'Espagne fut repoussé jusqu'au . Elle ne rencontra le roi que le . Il se raconte que lors de cette première rencontre, Élisabeth aurait dévisagé longuement son mari et ce dernier lui aurait demandé avec humour : « Vous regardez si j'ai des cheveux blancs[3] ? »[4]. Le mariage — qui fut heureux — ne fut consommé que plus tard, en [5], en raison du jeune âge de la mariée (quatorze ans).

Lors du grand tour de France de Charles IX de 1564 à 1566 (un tour organisé par Catherine de Médicis pour son fils le jeune roi Charles IX afin de lui montrer son royaume et de rencontrer divers souverains étrangers), Élisabeth fut envoyée avec le duc d'Albe par son époux Philippe II à la rencontre de son frère Charles IX lors de l'entrevue de Bayonne. Sa mère, la régente Catherine, se serait écriée en la voyant : « Ma fille, vous êtes bien espagnole ! »[6]

Enfants[modifier | modifier le code]

Élisabeth, reine d'Espagne
(tableau attribué à Juan Pantoja de la Cruz, 1565).

Élisabeth fit une fausse couche de jumelles en 1564 puis donna au roi deux filles (en 1566 et 1567) et mourut alors qu'elle était enceinte de 5 mois (en 1568).

Les deux filles survivantes d’Élisabeth et de Philippe furent très proches de leur père. L'aînée, Isabelle-Claire-Eugénie, fut pressentie pour monter sur le trône de France à la mort de son oncle, le roi Henri III, décédé sans héritiers mâles (1589). Lorsque la Ligue convoqua les états généraux en 1593, le portrait d'Isabelle-Claire-Eugénie avait été installé au milieu de l'assemblée des députés réunis dans la grande salle du palais du Louvre.

Mort[modifier | modifier le code]

Élisabeth mourut le , 6 mois après son 23e anniversaire, alors qu'elle portait un fœtus de cinq mois de sexe féminin[7]. Elle laissa son mari inconsolable. Le besoin d'avoir un héritier et de conforter les relations avec l'Empire, amenèrent Philippe II à se remarier peu après avec l'archiduchesse Anne d'Autriche qui lui donna le fils tant espéré pour lui succéder.

Famille[modifier | modifier le code]

  • Parents, grands-parents et autres relations

Élisabeth de Valois était la fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis, princesse florentine de l'importante famille Médicis. Elle était la petite-fille du roi François Ier et de la reine Claude de France. Ses grands-parents maternels étaient Laurent II de Médicis et Madeleine de La Tour d'Auvergne, princesse française. Sa grand-tante, la princesse Renée de France, avait épousé le duc Hercule II d'Este, fils de Lucrèce Borgia.

  • Frères et sœurs

Élisabeth était la sœur des trois derniers rois de France de la dynastie Valois. Il s'agit de François II (1544-1560), Charles IX (1550-1574) et Henri III (1551-1589). François d'Alençon, duc d'Anjou, était également son frère cadet. Elle était aussi la sœur de Claude de France (1547-1575), duchesse de Lorraine, et de Marguerite de Valois, dite la Reine Margot, reine de Navarre.

  • Beaux-frères et belles-sœurs

Élisabeth avait comme beaux-frères Charles III de Lorraine (mari de Claude) et Henri de Navarre, futur Henri IV, premier roi de France de la dynastie Bourbon (mari de Marguerite). Ses belles-sœurs étaient Marie Stuart, reine d'Écosse (femme de François II), Élisabeth d'Autriche (femme de Charles) et Louise de Lorraine-Vaudémont (femme de Henri). Son frère cadet, François d'Alençon, avait pour projet d'épouser la reine Élisabeth Ire d'Angleterre mais le mariage n'eut jamais lieu.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Max Gallo, François Ier : Roi de France Roi-Chevalier Prince de la Renaissance française, Villeneuve d'Ascq & Mayenne, XO éditions, , 384 p. (ISBN 978-2-84563-681-1), 14 (1546-1547), « chapitre 84 (page 356) ».
  2. Dossier de presse de l'exposition L’Italie à la cour de France - Primatice, maître de Fontainebleau, 1504 -1570, Paris, musée du Louvre, 25 septembre 2004 - 3 janvier 2005).
  3. Brantôme dit tenir l'anecdote d'une dame de compagnie d'Élisabeth. La phrase est reprise par Saint-Réal dans Dom Carlos. Pierre de Bourdeille, abbé séculier de Brantôme et d'André, vicomte de Bourdeille, Œuvres complètes, sur books.google.fr, Paris, Société du Panthéon littéraire, 1842, t. II, p. 152. César Vichard de Saint-Réal, Dom Carlos : nouvelle historique, sur books.google.fr, in Les Œuvres de M. l'abbé de Saint-Réal, Le Mercier, 1745, t. II, p. 830.
  4. Ludwig Pfandl a remis en cause cette anecdote : « Il n'est pas une seule biographie de Philippe II qui n'ait consciencieusement ramené au jour une telle sottise, que son éternelle répétition ne rend pas plus vraisemblable ». Ludwig Pfandl, Philippe II d'Espagne, Paris, Tallandier, collection « Figures de proue », 1981, p. 371.
  5. Thierry Wanegffelen, Le Pouvoir contesté : souveraines d'Europe à la Renaissance, Payot, 2008, p. 68.
  6. Hortense Dufour, Margot la Reine Rebelle, Flammarion, 2010, page ?
  7. Ludwig Pfandl, Philippe II d'Espagne, Paris, Tallandier, collection « Figures de proue », 1981, p. 389.

Sources imprimées[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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