Pervez Musharraf

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Pervez Musharraf
پرويز مشرف
Illustration.
Pervez Musharraf en 2008.
Fonctions
10e président de la République islamique du Pakistan

(7 ans, 1 mois et 29 jours)
Élection
Réélection
Premier ministre Zafarullah Khan Jamali
Chaudhry Shujaat Hussain
Shaukat Aziz
Mian Muhammad Soomro
Youssouf Raza Gilani
Prédécesseur Muhammad Rafiq Tarar
Successeur Mian Muhammad Soomro (intérim)
Asif Ali Zardari
Chef de l'armée pakistanaise

(9 ans, 1 mois et 22 jours)
Prédécesseur Jehangir Karamat
Successeur Ashfaq Kayani
Biographie
Nom de naissance Pervez Musharraf
Date de naissance (80 ans)
Lieu de naissance Delhi (Inde britannique)
Nationalité Pakistanaise
Parti politique Ligue musulmane de tout le Pakistan (depuis 2010)
Conjoint Sehba Musharraf

Pervez Musharraf
Présidents de la République islamique du Pakistan

Pervez Musharraf ou Pervez Moucharraf (en ourdou : پرويز مشرف), né le à Delhi (Inde britannique), est un général et homme politique pakistanais. À la suite d'un coup d'État non-violent, il a été à la tête du Pakistan du au , mais officiellement président de la République seulement du au .

Après être entré dans l'armée pakistanaise en 1964, Pervez Musharraf ne cesse de progresser dans la hiérarchie, jusqu'à être nommé chef de l'armée par le Premier ministre Nawaz Sharif en octobre 1998. Le , il est l'instigateur du coup d’État militaire contre le gouvernement démocratique de Nawaz Sharif peu après le conflit du Kargil, dans un contexte tendu entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire et alors que Nawaz Sharif avait tenté de nommer un autre chef de l'armée. Pervez Musharraf devient ainsi le dirigeant du Pakistan alors que la loi martiale est instaurée et la Constitution suspendue.

En 2001, alors que la Constitution est rétablie, il devient officiellement président de la République. Il est confirmé dans sa position par la Cour suprême puis après la courte victoire aux élections législatives de 2002 du parti le soutenant, la Ligue musulmane du Pakistan (Q), il est élu président par le collège électoral en 2004. Son mandant coïncide avec un rapprochement entre son pays et les États-Unis, alors que Pervez Musharraf promet de lutter contre le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. D'un autre coté, il permet une libéralisation des médias et améliore relativement le droit des femmes. Il est réélu par le collège électoral en octobre 2007 alors que dans le même temps son pouvoir est de plus en plus contesté, notamment par le mouvement des avocats. Après la défaite du parti politique le soutenant aux élections législatives de 2008, il démissionne alors que la coalition au Parlement entendait entamer une procédure de destitution contre lui.

Il s'est exilé début 2009 à Dubaï puis Londres, et a lancé le 1er octobre 2010 à Londres un nouveau parti politique, la Ligue musulmane de tout le Pakistan. Évoquant plusieurs fois son retour pour participer aux futures élections, il rentre finalement le malgré les menaces de mort de talibans et les risques d'arrestation par la justice en raison de sa négligence supposée de la sécurité de Benazir Bhutto lorsqu'il était au pouvoir.

Jeunesse et famille

Les parents de Pervez Musharraf appartiennent à la classe moyenne et ont bénéficié d'un enseignement supérieur en Inde :

  • Son père, Syed Musharraf ud-Din, est diplômé de l'université d'Aligarh,
  • Sa mère, la begum Zehra Musharraf, est diplômée en littérature anglaise de l'université de Lucknow et a travaillé pour le Bureau international du travail (BIT) jusqu'en 1986.

Second de trois enfants, Pervez Musharraf est donc né en Inde à Daryaganj, près de Delhi. Après l'indépendance et la partition de l'Inde britannique (Empires des Indes) en 1947, sa famille de religion musulmane chiite[Information douteuse] émigre alors vers le nouvel état pakistanais et s'installe à Karachi, dans la province du Sind. Musharraf est ainsi un Muhadjir. Le frère de Musharraf est médecin à Chicago.

Pervez passa une partie de son enfance en Turquie où il apprend à parler couramment le turc, son père diplomate reste plusieurs années en poste à l'ambassade du Pakistan à Ankara. Par la suite, ce dernier intègre le ministère pakistanais des Affaires étrangères, progressant au fil de sa carrière jusqu'à la position de chef de section.

Pervez Musharraf est marié à la begum Sehba Musharraf, et ont deux enfants mariés (parents eux aussi de deux enfants chacun) :

En 2006, il écrit ses mémoires intitulés In the line of fire : a memoir. Ce qui lui a valu diverses controverses et polémiques dans son propre pays, mais aussi chez les plus hauts dirigeants politiques américains.

Carrière militaire

Carrière politique

Prise de pouvoir et coup d'État du 12 octobre 1999

Le conflit du Kargil précipite les événements : du 9 mai au , des combats ont lieu entre des troupes islamistes pakistanaises infiltrées en territoire indien et soutenues par le pouvoir, et l'Inde. Ce conflit se solde par une défaite du Pakistan, désavoué de surcroît par ses alliés traditionnels, comme les États-Unis.

Cette défaite débouche sur un coup d'État militaire au Pakistan le . L'armée renverse le gouvernement civil de Nawaz Sharif, qui est remplacé par le général Pervez Musharraf. Ce dernier devient officiellement président de la République le .

Présidence

Officialisation de ses fonctions

Composition de l'Assemblée nationale après les élections de 2002.

Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis le perçoivent comme un allié important dans la lutte qu'ils mènent contre le terrorisme[1].

Il est confirmé dans ses fonctions de président le , lors d'un référendum qui recueille 99,7 % de « oui » selon les chiffres officiels, avec une participation de 80 %, taux inhabituellement élevé dans le pays. Alors que des irrégularités sont dénoncées, Musharraf présente ses excuses lors d'une allocution télévisée concernant les irrégularités ayant entaché l'élection.

Lors des élections législatives de 2002, la Ligue musulmane du Pakistan (Q) remporte une majorité relative de sièges (126 sièges sur 442 et 25,7 % des voix). Il forme une coalition avec une alliance de partis religieux (Muttahida Majlis-e-Amal) lui permettant d'obtenir la majorité absolue. Le Premier ministre devient Zafarullah Khan Jamali.

Sa présidence est marquée, entre autres, par le vote par le Parlement, le , du Women's Protection Bill (Loi sur la protection des femmes), qui amende l'Ordonnance sur les hudud (en) promulguée en 1979 par le régime de Zia-ul-Haq. Il permet également en 2002 la libéralisation du secteur des médias, ce qui conduit à la multiplication du nombre de chaînes télévisées (plus de cent) dont de nombreuses chaines d'information en continu.

Président en civil

Le président Musharraf, en 2004.

Il abandonne le poste de chef des armées au lendemain de sa brillante réélection (671 voix contre 8) au poste de président, le . Alors que Benazir Bhutto et Nawaz Sharif rentrent au Pakistan à la fin de l'année 2007 en vue des élections législatives, ceux-ci se situent dans l'opposition à Musharraf et la popularité de Musharraf est alors en baisse.

Benazir Bhutto est assassinée le et des émeutes suivent l'annonce de sa mort. Les partisans de Bhutto accusent Musharraf d'être responsable de sa mort. Musharraf réunit alors son gouvernement en situation d'urgence et annonce trois jours de deuil national. Le , le parti soutenant Musharraf perd les élections législatives et le 25 mars, et un nouveau gouvernement, dirigé par Youssouf Raza Gilani, entre en fonction.

Le , les partis de coalition annoncent qu'ils sont parvenus à un accord de principe pour lancer une motion de destitution contre le président Musharraf[2]. Le 18 août suivant, Pervez Musharraf annonce sa démission lors d'une allocution télévisée[3].

Après la présidence

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Logo de son nouveau parti, la Ligue musulmane de tout le Pakistan.

Le , alors que Musharraf vit à Londres, le rapport d'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto le remet en cause son gouvernement en l'accusant d'avoir négligé la sécurité de l'ancien Premier ministre. Ce rapport est un coup dur pour l'ancien président, et le Royaume-Uni décide quelques jours plus tard de retirer le service de protection dont Musharraf bénéficiait jusqu'ici[4].

Le , il annonce sa volonté de revenir au Pakistan pour retourner sur la scène politique[5]. Il communique souvent via Facebook. Il a annoncé vouloir créer un nouveau parti politique, mais ne réussit pas à obtenir un soutien suffisant parmi les personnalités politiques de son pays. Il vivrait désormais la majeure partie de son temps aux Émirats arabes unis, refusant de retourner au Pakistan pour le moment[6]. Il dit ainsi attendre des « signes positifs », alors qu'il pourrait devoir affronter la justice s'il rentrait d'exil.

Le 1er octobre 2010, il lance à Londres son nouveau parti la « Ligue musulmane de tout le Pakistan ». Il a alors présenté ses excuses pour avoir commis des « erreurs » durant son mandat. Quelques jours auparavant, il a prévenu qu'un nouveau coup d'État militaire était probable au Pakistan et il a critiqué l'action du gouvernement pakistanais dans sa lutte contre les insurgés islamistes. Dans un entretien le au Spiegel, il déclare que « Le Pakistan a besoin de trouver une stratégie pour continuer à exister, pour faire face à la situation avec des gens comme Seraj Haqqani, Gulbuddin Hekmatyar (chefs de guerre afghans), les talibans pakistanais et Mollah Omar. Quand les Occidentaux partiront, nous nous retrouverons seuls », en clair, qu'une offensive généralisée n'est pas à l'ordre du jour selon lui[7].

Pervez Musharraf est cité à comparaître devant le Tribunal anti-terroriste de Rawalpindi le , dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Benazir Bhutto[8]. Il est accusé d'avoir négligé la sécurité de l'opposante, alors que cinq personnes sont également suspectées d'avoir joué un rôle dans l'assassinat, dont des membres du Tehrik-e-Taliban Pakistan et des officiels de la police.

En janvier 2012, il annonce son retour au Pakistan pour la fin du mois, entre le 27 et le 30 janvier. Face aux menaces des autorités civiles de l'arrêter dès son arrivée, il reporte ses projets.

Il rentre finalement au Pakistan le 24 mars 2013 pour conduire la campagne de son parti aux élections législatives du 11 mai 2013[9] alors qu'il est menacé de mort par les talibans.

Notes et références

  1. (en) « The trouble with Pakistan, », sur The Economist,, 2006-07-06.
  2. (fr) « Les partis de coalition veulent destituer Musharraf », sur afp.google.com.
  3. (fr) « Pervez Musharraf annonce sa démission », sur www.lefigaro.fr .,
  4. (fr) « L’avenir s’assombrit pour Musharraf », sur www.courrierinternational.com (consulté le )
  5. (fr) « L'ancien président Musharraf veut faire son retour politique au Pakistan », sur AFP.
  6. (en) Musharraf gets political advice but no real support, Dawn.com. Consulté le 16 juillet 2010.
  7. (fr) Marie-France Cécile, « Pervez Musharraf : aveux et démentis », sur Le Figaro - Blogs, Le Figaro, (consulté le )
  8. « Assassinat Bhutto : un mandat d'arrêt vise l'ex-président Musharraf », site de L'Express, 12 février 2011.
  9. « De retour à Karachi, l'ancien président Pervez Musharraf veut «sauver» le Pakistan », site de RFI, 24 mars 2013.

Voir aussi

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Article connexe

Liens externes