Miroirs (Ravel)

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Miroirs
Genre Œuvre pour piano
Nb. de mouvements 5 pièces
Musique Maurice Ravel
Dates de composition entre 1904 et 1906
Dédicataire Léon-Paul Fargue, Ricardo Viñes, Paul Sordes, Michel Dimitri Calvocoressi, Maurice Delage
Partition autographe Harry Ransom Center (en), Université du Texas à Austin
Création
Salle Érard pour la Société nationale, Paris
Interprètes Ricardo Viñes

Les Miroirs sont cinq pièces pour piano de Maurice Ravel composées entre 1904 et 1906, dont deux furent plus tard orchestrées par le compositeur (Une barque sur l'océan, 1906, et Alborada del gracioso, 1919). L'œuvre fut jouée pour la première fois par Ricardo Viñes le à la Salle Érard pour la Société nationale. L'œuvre a été éditée en 1906 par Demets.

L'intention de Ravel était de montrer les images visuelles et les ambiances de cinq personnages différents se regardant chacun dans un miroir. Elles participent du style impressionniste de Ravel, ce qui justifia le titre de ce recueil, citant Shakespeare : « La vue ne se connaît pas elle-même avant d'avoir voyagé et rencontré un miroir où elle peut se reconnaître. » (Jules César, acte I, scène 2)

L'œuvre porte la référence M.43, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par le musicologue Marcel Marnat.

Analyse[modifier | modifier le code]

Miroirs comporte cinq pièces. Chacune d’entre elles est dédiée à un membre du cercle des Apaches.

I. Noctuelles[modifier | modifier le code]

La première pièce est dédiée à Léon-Paul Fargue.

Ce mouvement très expressif débute par des séries chromatiques de milieu de clavier qui évoquent le vol des papillons (les noctuelles sont des papillons de nuit). La section centrale est plus calme avec des mélodies plus sombres, reflet de l'atmosphère nocturne du morceau.

II. Oiseaux tristes[modifier | modifier le code]

La deuxième pièce est dédiée à Ricardo Viñes.

Ce 2eme mouvement, le plus court du recueil, débute par l'évocation d'un oiseau solitaire sifflant un air triste, après quoi d'autres se joignent à lui en une véritable polyphonie d'oiseaux. La section centrale, très colorée harmoniquement, est plus exubérante, et se poursuit par une cadence solennelle qui ramène l'humeur mélancolique du début, comme si tous ces oiseaux chantaient, chacun de son côté, leur propre solitude. Ravel considérait ce morceau comme le plus significatif et déclarait qu'il avait voulu évoquer « des oiseaux perdus dans une sombre forêt aux heures les plus chaudes de l'été ».

III. Une barque sur l'océan[modifier | modifier le code]

La troisième pièce est dédiée à Paul Sordes (peintre, membre du groupe des Apaches).

Elle évoque un bateau naviguant sur les vagues de l'océan. Les sections en arpèges et un ondoiement continuel d'attractions tonales imitent le flux des courants océaniques. C'est le plus long morceau du cycle.

IV. Alborada del gracioso (Aubade du bouffon)[modifier | modifier le code]

La quatrième pièce, Alborada del gracioso, est dédiée à Michel Dimitri Calvocoressi (écrivain, auteur du texte des Cinq mélodies populaires grecques de Ravel).

L'Alborada est une pièce techniquement très difficile, sorte de caricature savante de l'ibérisme traditionnel, qui intègre des thèmes musicaux espagnols dans des mélodies complexes.

V. La vallée des cloches[modifier | modifier le code]

La cinquième pièce est dédiée à Maurice Delage (le premier élève de Ravel).

Cette dernière pièce, qui baigne dans un climat de rêverie à la fois mystique et voluptueux, évoque les sons et les échos de différentes cloches à travers une utilisation subtile des harmonies sonores.

V. La vallée des cloches
V. La vallée des cloches

Explications du compositeur[modifier | modifier le code]

« Les Miroirs forment un recueil de pièces pour le piano qui marquent dans mon évolution harmonique un changement assez considérable pour avoir décontenancé les musiciens les plus accoutumés jusqu'alors à ma manière. [...] Le titre des Miroirs a autorisé mes critiques à compter ce recueil parmi les ouvrages qui participent du mouvement dit impressionniste. Je n'y contredis point, si l'on entend parler par analogie. Analogie assez fugitive d'ailleurs, puisque l'impressionnisme ne semble avoir aucun sens précis en dehors de la peinture. Ce mot de miroir en tout état de cause ne doit pas laisser supposer chez moi la volonté d'affirmer une théorie subjectiviste de l'art. »

— Ravel, Esquisse autobiographique, 1928

Discographie sélective[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]