Marie-Amélie d'Autriche (1746-1804)

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Marie-Amélie de Habsbourg-Lorraine, duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla

Marie-Amélie de Habsbourg-Lorraine (Vienne, - Prague, ).

Archiduchesse d'Autriche et princesse de Bohême et de Hongrie, en 1769, elle épouse Ferdinand Ier, duc de Parme et de Plaisance et Guastalla...

Archiduchesse d'Autriche

Marie-Amélie et trois de ses sœurs incarnant des muses par Greipel, (1765)

Son Altesse Impériale l'archiduchesse Marie-Amélie est le huitième enfant de l'empereur du Saint-Empire François Ier , duc de Lorraine et de Bar (1729/1737), puis grand-duc de Toscane (1737+1765), duc de Parme (1738/1748) enfin empereur élu en 1745 et de Marie-Thérèse de Habsbourg, « roi » de Hongrie et de Bohême, archiduchesse d'Autriche.

Elle grandit à la cour viennoise des Habsbourg-Lorraine entre le Hofburg et le château de Schönbrunn. Durant sa jeunesse, elle est très appréciée par le peuple et considérée comme séduisante. Elle est un peintre de talent, possède une jolie voix de soprano léger et écrit de charmants poèmes.

Née à la fin de la guerre de Succession d'Autriche, alors que le pouvoir de Marie-Thérèse est affermi, son prestige affirmé et qu'enfin son père a été couronné Empereur, elle est élevée dans l'ombre de ses sœurs promises à de plus brillants destins. L'impératrice commet cependant l'erreur de comparer sans cesse Marie-Amélie à ses aînées (née entre 1738 et 1743) notamment Marie-Christine surnommée Mimi à laquelle l'impératrice montre ouvertement sa préférence et Marie-Élisabeth dont la beauté est célèbre ce qui générera des relations difficiles entre l'archiduchesse et sa mère.

Marie-Amélie trouve un réconfort affectif dans la présence de ses sœurs cadettes bien plus jeunes qu'elles puisque née entre 1750 et 1755, ce qui l'empêchera d'acquérir une véritable maturité.

De plus, elle est parvenue à l'âge du mariage pendant la guerre de Sept Ans, ce qui, réduisant ses chances de trouver un époux, lui apporte de nouvelles frustrations.

La mort du père

Elle perd son père en 1765. Celui-ci s'éteint brusquement à Innsbruck au cours des fêtes célébrant le mariage de son fils cadet Pierre-Léopold avec Marie-Louise d'Espagne.

En effet, le Renversement des Alliances de 1756 a amorcé la réconciliation entre les Maisons d'Autriche et de France, entre Habsbourg et Bourbon. Déjà en 1760, le frère d'Amélie; l'archiduc héritier Joseph, le successeur de leur père François Ier, avait épousé Isabelle de Parme, petite-fille de Louis XV de France et de Philippe V d'Espagne. En 1768, sa cadette l' archiduchesse Marie-Caroline, 15 ans, est devenue l'épouse de Ferdinand IV, roi de Naples (et de Sicile) tandis que la benjamine Marie-Antoinette, 13 ans, est promise à l'héritier du trône de France.

Tandis que Marie-Christine, profitant du désarroi de sa mère lui a arraché la promesse de ne pas la marier contre son gré et épouse l'homme qu'elle aime, un prince cadet et sans avenir de la Maison de Saxe, à 22 ans, Marie-Amélie semble destinée à l'état ingrat de vieille fille.

L'alliance avec les Bourbon

En 1762 mourut l'archiduchesse Marie-Jeanne Gabrielle, sœur cadette de Marie-Amélie. Âgée de 12 ans, celle-ci était promise au fils cadet du roi Charles III d'Espagne, Ferdinand IV, roi de Naples et de Sicile qui en avait alors 11.

L'impératrice, toute à son alliance avec les Bourbon, souhaitait que Marie-Amélie prisse la place de sa sœur mais le roi d'Espagne trouva la différence d'âge entre son fils et l'archiduchesse trop importante. En effet, Marie-Amélie avait 5 ans de plus que le jeune souverain napolitain.

L'impératrice proposa alors l'archiduchesse Marie-Josèphe, du même âge que Ferdinand IV, mais la jeune fille contracta la variole et décéda peu avant son départ.

L'impératrice ne s'étant jamais laissée abattre par les coups du sort, maria dès l'année suivante, 1768, l'archiduchesse Marie-Caroline, autre sœur cadette de Marie-Amélie au souverain napolitain.

En 1769 fût conclu l'accord qui devait marier la plus jeune des filles de l'impératrice Marie-Antoinette à l'héritier du trône de France.

Le beau Charles-Auguste

Marie-Amélie

Ses sœurs - hors Mimi - ayant été mariée à l'âge de 15 ans, Marie-Amélie reste la seule des filles de l'impératrice encore célibataire à l'âge de 22 ans. Faute d'un époux, Marie-Amélie devra-t-elle comme sa tante Anne-Charlotte de Lorraine ou ses sœurs aînées Marie-Anne, légèrement handicapée ou Marie-Élisabeth, enlaidie par la variole, devenir abbesse d'un chapitre de chanoinesses nobles?

Cependant, considérée comme une jolie femme pleine de vivacité et très appréciée des Viennois, l'archiduchesse a rencontré un homme de son âge avec qui elle vit un amour partagé : le jeune et attrayant Charles-Auguste, prince héritier du duché de Deux-Ponts.

Pourra-t-elle comme sa sœur Marie-Christine épouser l'homme qu'elle aime plutôt qu'une tête couronnée ?

Si Marie-Thérèse et son fils apprécient le jeune prince, ils considèrent avec leur principal ministre, le chancelier Kaunitz qu'une telle union serait indigne d'une archiduchesse : e prince est destiné à régner sur une minuscule principauté rhénane aux confins de l'Empire et de la France. Il ne fait même partie du Collège Électoral et n'est même pas catholique. Ses espérances de succéder à son lointain cousin l'électeur de Bavière ne sont pas établies. Le mariage est donc refusé. Les deux jeunes gens en garderont une profonde rancune envers l'impératrice et son fils. Rancune qui ne sera pas sans conséquence politique.

Le sacrifice d'état

Cependant, il reste un souverain Bourbon à marier Ferdinand Ier de Parme. Agé de 17 ans, le jeune duc est le petit-fils du roi de France et la neveu du roi d'Espagne. Orphelin de bonne heure, il règne sous la tutelle de ministres imposés par son grand-père et son oncle.

Sa sœur aînée Isabelle, qui lui a servi de mère, a épousé en 1760 Joseph II, le frère de Marie-Amélie. Décédée prématurément, elle laisse le jeune empereur Joseph II, inconsolable. N'ayant pu épouser en secondes noces, la sœur cadette d'Isabelle et Ferdinand, l'empereur serait heureux de voir un nouveau mariage resserrer les liens unissant Parme et Vienne. De plus, veillant aux intérêts de ses États, il sait que si le duché reste sans héritier, celui-ci reviendra à l'Autriche. L'impératrice reste fidèle à sa politique d'alliance avec les Bourbon...

Ferdinand Ier de Parme

Du côté Parmesan, Ferdinand est plus jeune que Marie-Amélie de six ans et, d'une grande piété confinant parfois à la bigoterie - il aurait aimé être moine - il apparaît aux yeux de l'Europe des Lumières comme présentant quelques signes de déséquilibre mental. Guillaume du Tillot, premier ministre de Ferdinand, mis en place par la France et l'Espagne et protégé par le duc de Choiseul, exprime sa préférence pour Marie-Béatrice d'Este, fille du duc de Modène Hercule III d'Este : à la mort de celui-ci, les deux duchés auraient fusionné entre les mains de Ferdinand donnant à Parme un accès à la mer et renforçant son indépendance. Le duc de Choiseul, lui, propose une cousine de Louis XV, Bathilde d'Orléans, particulièrement riche mais l'Espagne repousse cette proposition.

Le consensus se fait donc autour de Marie-Amélie.

Contre sa volonté, mais toujours dans le cadre de la politique de réconciliation entre Maison de Habsbourg-Lorraine et Maison de Bourbon, Marie-Amélie est fiancée puis mariée au duc Ferdinand Ier de Parme, petit-fils de Louis XV par sa mère et de Philippe V d'Espagne par son père.

Duchesse de Parme

Le couple ducal en 1769

Le mariage est célébré à Vienne par procuration le 27 juin 1769. Marie-Amélie quitte l'Autriche le et arrive à Mantoue le 16 juillet accompagnée de son frère l'empereur Joseph. Ferdinand se rend à leur encontre accompagné du duc Sforza Cesarini et du duc Grillo. Au cours d'une cérémonie, l'évêque confirme le mariage le 19 juillet dans le Palazzo Ducale de Colorno, qui est suivi de fêtes et spectacles. Le couple ducal rejoint Parme le 24 au matin.

Devenue duchesse de Parme, ne subissant plus la tutelle de l'impératrice, Marie-Amélie ne suit pas les recommandations de sa mère de se désintéresser de la politique et de suivre les conseils de du Tillot, le premier ministre imposé par la France. En fait, étant autrichienne, elle veut substituer l'influence autrichienne à celle française et espagnole, ce qui inquiète toutes les cours européennes.

Rapidement et en raison de son style de vie qui néglige le protocole ducal, le comportement de Marie-Amélie suscite des scandales dans l'aristocratie européenne : elle emprunte de l'argent à n'importe quel usurier, les gardes du corps participent aux bals et aux jeux.

Marie Thérèse invite Marie-Amélie à réguler ses dépenses et elle insiste pour ne plus donner de fonds à la cour de Parme, mais son fils Joseph s'y opposant, elle convainc les cours royales française et espagnole. Marie-Amélie s'oppose au premier ministre Guillaume du Tillot - que le jeune duc également n'apprécie guère - qui est, peu après, destitué ; le duc de Choiseul, son soutien en France, est exilé le 27 janvier 1771[1][réf. nécessaire].

La rupture politique et familiale

Marie-Amélie par Roslin

Le nouveau ministre, nommé par Charles III d'Espagne, est l'espagnol José Augustin de Llano. Celui-ci ne parvient pas à résoudre les désordres de la cour, ce qui finit par mettre fin aux relations entre Parme, Charles III et Marie-Thérèse. Cette dernière essaie de se réconcilier avec sa fille en 1773 à l'occasion de la naissance du prince héritier de Parme mais sans résultat durable.

Lorsqu'en 1775 l'archiduchesse Marie-Christine visite Parme, elle écrit à leur mère que sa sœur a perdu sa beauté et sa joie de vivre et qu'elle est impopulaire, mais Marie-Christine, fille préférée de Marie-Thérèse et dont la seule enfant est morte au berceau alors que ses sœurs –- dont Marie-Amélie – sont mères de famille nombreuse, est connue pour sa langue acérée, ses médisances et pour semer le trouble dans sa fratrie. Il semble au contraire, que les Parmesans appréciaient beaucoup leur souveraine.

En revanche Marie-Amélie reste très proche de ses sœurs cadettes, Marie-Caroline, reine consort de Naples et de Sicile et Marie-Antoinette, reine de France. Elle échangera avec cette dernière une importante correspondance et la dernière lettre écrite par Marie-Antoinette depuis sa prison –- et transmise secrètement – sera pour Marie-Amélie. D'ailleurs Marie-Amélie, contrairement à ses frères et sœurs qui baptisèrent leurs premiers nés des prénoms du couple impérial, affirmant toujours son indépendance vis-à-vis de Vienne, elle prénommera ses aînés comme ses sœurs et beau-frère, Caroline, Louis et Marie-Antoinette.

La Révolution française et la fin du duché de Parme

Louis Ier d'Étrurie

Il est facilement concevable que le sort tragique du couple royal de France ait fait de Marie-Amélie, à l'instar de sa sœur, Marie-Caroline, une adversaire acharnée des révolutionnaires français.

En 1792, Marie-Amélie et Ferdinand avait marié leur fille aînée à un prince de Saxe. En 1795, leur fils épousera sa cousine l'infante Marie-Louise d'Espagne (1782-1824). Bien qu'ayant gardé la neutralité dans la guerre opposant la France à l'Autriche, le duché est occupé par les troupes de Napoléon Bonaparte en 1796 puis en 1801.

Tandis qu'un royaume d'Étrurie est créé de toute pièce par le futur Napoléon pour le prince héritier de Parme alors en Espagne, Ferdinand meurt en laissant la présidence du conseil de régence à sa femme; On soupçonnera un ministre francophile d'avoir empoisonné le duc. La régence dure peu. Quelques jours plus tard, le 22 octobre 1802, le conseil de régence est dispersé par les troupes Françaises et le duché annexé.

Marie-Amélie et sa famille partent pour l'Autriche. Elle meurt en 1804 à Prague quelques mois après sa fille aînée et son fils, le roi d'Étrurie.

Ascendance

Enfants

De son union, le couple ducal a neuf enfants dont quatre survivent à l'enfance:

Les princes de Parme vers 1780

Notes et références

  1. Différentes dates sont évoqués, le 24 décembre 1770, parfois 1770, parfois 1771.

Sources

  • Tableau généalogique de la Maison de Bourbon de Bernard Mathieu et d'André Devèche, édit. de La Tourelle (1984)
  • Parma e Vienna, Adele Vittoria Marchi, édition Artegrafica Silva Parma 1988
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Articles connexes