Cabanes du Breuil

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Cabanes du Breuil
Image illustrative de l’article Cabanes du Breuil
Les « Cabanes du Breuil » à Saint-André-d'Allas.
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1991, Maison d'habitation)
Logo monument historique Classé MH (1995, Cabanes)
Coordonnées 44° 55′ 19″ nord, 1° 07′ 34″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Cabanes du Breuil
Cabanes du Breuil

L'appellation « Cabanes du Breuil » est celle d'anciennes annexes agricoles d'une ferme située au lieudit Calpalmas à Saint-André-d'Allas en Dordogne et érigée en musée privé. Datant du XIXe siècle, voire du tout début du XXe siècle, ces bâtiments ont pour particularité d'être couverts d'une voûte encorbellée en pierre sèche revêtue d'une toiture de lauses et de s'agglutiner les uns aux autres.

Situation[modifier | modifier le code]

Les « Cabanes du Breuil » se situent à 9 km de Sarlat et à 12 km des Eyzies, au lieudit Calpalmas. Ce sont des dépendances d'une ancienne ferme constituée d'une part d'une maison et d'un fournil couverts chacun d'une bâtière de lauses sur charpente (comme on en rencontre dans le Sarladais) et d'autre part d'une grange disposée en vis-à-vis, le porche d'entrée de la cour entre maison et grange portant la date de 1841.

Origines de l'appellation[modifier | modifier le code]

D'après les cadastres, le lieudit est non pas Le Breuil mais Calpalmas. Le Breuil (orthographié aussi Breuilh)[1] est à proprement parler le nom d'un hameau voisin situé 500 m plus à l'ouest.

L'appellation « Cabanes du Breuil » a été popularisée, soit sous sa forme première, soit sous la variante « Bories du Breuil »[2], par la revue Périgord Magazine dans les années 1970 et plus généralement par la littérature touristique régionale, sans oublier les cartes postales à partir des années 1980[3].

Le monument historique[modifier | modifier le code]

C'est à la suite de la proposition d'un visiteur, frappé par la beauté et l'originalité de l'ensemble des cabanes, que celles-ci ont fait l'objet d'une mesure de protection. D'abord protégées au titre des sites à partir de 1968, elles devaient être classées monuments historiques le (ainsi que les façades et toitures en lauses de la maison d'habitation et de son fournil), la grange étant pour sa part déjà inscrite depuis 1991[4].

Restaurations[modifier | modifier le code]

Les cabanes ont fait l'objet, à diverses reprises (au tournant des années 1970 puis à celui des années 1990), d'importantes restaurations[5]. Certaines modifications ont été apportées aux faîtages : les toitures indépendantes des cabanes du groupe 2 (cf, infra, Disposition des bâtiments) ont été reliées entre elles sur deux tiers de leur hauteur pour faire pendant à la ligne de faîtage ondulée du groupe 1 (cf, infra, Disposition des bâtiments); de même, le faîtage de la cabane contre le pignon du fournil, est passé d'une ligne en courbe et contrecourbe à une ligne horizontale bien droite, comme celle du faîtage du fournil[6].

Date de construction[modifier | modifier le code]

Toiture et lucarne du bâtiment adossé au pignon du fournil de l'ancienne maison de ferme.

Selon le site Internet qui leur est consacré (cf. Liens externes), « Au Moyen Âge, les cabanes du Breuil étaient habitées par les Bénédictins de Sarlat ». La preuve en serait un acte de vente de « 1449, date de la plus vieille trace écrite affirmant leur existence ». Cependant ce document n'a jamais été publié et ses coordonnées comme sa teneur sont tenues sous le boisseau. De plus, Calpalmas n'est pas Le Breuil. Dans son livre, Les cabanes en pierre sèche du Périgord, paru en 2002 (cf. Bibliographie), François Poujardieu écrit que « Le Breuil était un des domaines des Bénédictins du Chapitre de l'Évêché de Sarlat, mais il est écrit nulle part qu'existaient les cabanes que nous voyons aujourd'hui ». Il ajoute : « La propriétaire affirmait, il y a vingt ans, que les cabanes auraient été construites ou entièrement remaniées par son grand-père, au début du XXe siècle ».

Toujours selon le site Internet, des artisans ruraux (un forgeron, un bourrelier et un tisserand) auraient loué certaines des cabanes pour y exercer leur activité mais aucun élément textuel n'est apporté qui corroborerait la chose. Dans la cabane qui aurait servi au forgeron, trône un gros soufflet devant un renfoncement de maçonnerie servant d'âtre. Une carte postale des années 1970 montre cette même cabane servant de bergerie : une dizaine de brebis en sort, sous la houlette des agriculteurs de l'époque[7].

Disposition des bâtiments[modifier | modifier le code]

Les deux premières cabanes du groupe 1.
La cabane avant du groupe 2 et les cabanes 4 et 5 contre le fournil.
Les deux cabanes du groupe 2.

Un premier groupe de cinq cabanes forme un arc de cercle bornant le côté amont de la ferme :

  • les deux premières constituent en fait une seule et même bâtisse (vraisemblablement un fenil), de plan au sol en forme de rectangle arrondi aux angles ; contre son extrémité arrière s'accole une cabane plus petite, de plan circulaire; les toitures des trois cabanes étant reliées entre elles par un faîtage concave, on a l'impression d'une seule et même bâtisse à triple toiture ;
  • les deux cabanes suivantes sont disposées à angle droit et adossées, la première au pignon du fournil, la deuxième au gouttereau de ce même fournil, petit bâtiment à bâtière de lauses dressé contre le pignon de la maison.

Un groupe de deux autres cabanes, elles aussi accolées entre elles et reliées par la toiture, se dresse parallèlement au premier groupe quelques mètres plus haut sur la pente.

Enfin, plus en amont, se dressent, isolées, une petite et une grande cabane, plus une petite à l'entrée du site.

Architecture[modifier | modifier le code]

Aux plans de l'architecture et de la morphologie, chaque cabane se décompose en trois éléments distincts :

Du fait de la déclivité du terrain, la rive des toitures rase le sol en amont.

Les entrées, disposées en aval, font toute la hauteur du corps de base. Elles ont pour piédroits des pierres taillées en parement et disposées plus ou moins en alternance de boutisses et de panneresses. Elles sont couvertes d'un linteau et d'arrière-linteaux en bois, juste sous la rive de la toiture. Une porte en bois les ferme.

Dans chaque toiture, s'ouvre une large lucarne gerbière[8], dont les montants sont maçonnés et couverts d'une avancée de lauses reposant sur un linteau et des arrière-linteaux en bois. La rive de la toiture s'interrompt à leur niveau. Certaines lucarnes sont accessibles (pour la volaille ?) par une volée de trois ou quatre dalles laissées en saillie sur le nu du mur inférieur.

Chaque toiture est coiffée d'une grande dalle circulaire, taillée à la courbe.

À l'intérieur, à l'amorce de l'encorbellement, des poutrelles en bois forment le rudiment d'un plancher.

Les cabanes présentent, dans leurs formes et leurs procédés, une remarquable unité architecturale, signe qu'elles relèvent d'une même époque ou qu'elles ont eu le même constructeur. Leur architecture renvoie à celle des cabanes de pierre à toiture conique ou campaniforme[9] visibles en d'autres points du Sarladais[10] et dont le mouvement de construction va du milieu du XVIIIe à la fin du XIXe siècle[11].

Muséographie[modifier | modifier le code]

Dans une des cabanes, on trouve une fausse cheminée, édifiée en 1988 afin de « mettre en valeur les objets des grands-parents » de l'exploitant actuel. Il s'agit d'un couple d'agriculteurs ayant exploité la ferme du début des années 1950 à la fin des années 1990.

Le décor de films[modifier | modifier le code]

Outre les cartes postales, le cinéma et la télévision ont popularisé les lieux : ils auraient en effet servi de décor (avant 1990) aux films La Belle au bois dormant, Jacquou le Croquant (de Stellio Lorenzi), D'Artagnan et Les Misérables (de Robert Hossein).

Visite[modifier | modifier le code]

Les cabanes sont visitables[12] toute l'année (de 10h à 19h), sur réservation de novembre à mars hors vacances scolaires et weekends (de 14h à 18h).

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur Cabanes du Breuil.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il s'agit de la francisation de l'occitan brueilh désignant un bouquet d'arbres, un jeune taillis, un bord de rivière boisé.
  2. « Le nom de cabanes n'était pas porteur en termes touristiques », précise le site de l'Office de tourisme de Sarlat.
  3. Curieusement, le site n'a fait l'objet d'aucune carte postale à l'âge d'or de ces dernières, fin XIXe - début XXe siècle.
  4. « Maison d'habitation et cabanes en pierre sèche du Breuilh », notice no PA00083093, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  5. Jean-Pierre Chavent, « Les bories du Périgord », dans Quercy-Magazine, n° 18, décembre 1971, p. 25-29 : « À Marquay, on m'a dit que les cabanes avaient été fort coûteusement restaurées par les Monuments historiques ».
  6. Heurs et malheurs des édifices en pierre sèche, rubrique : Transformation en fabrique architecturale, pierreseche.com, 25 décembre 2003 - 22 septembre 2010.
  7. Carte postale éditée par Pierre Artaud & Cie, Les Editions du Gabier, BP 61, 27190 Conches. La légende dit : « En Quercy comme en Périgord, abondent pigeonniers et bergeries d'architecture variée, cadrant joliment avec l'ensemble d'un paysage à la fois sauvage et apaisant ».
  8. Sur une photo prise en 1971, on aperçoit un peu de foin sortant d'une des gerbières.
  9. En forme de cloche.
  10. Cf. Les cabanes de Calpalmas, alias « les Cabanes du Breuil », à Saint-André-d’Allas (Dordogne), in revue L'Architecture vernaculaire, tome 38-39 (2014-2015).
  11. Cf. Christian Lassure (texte), Dominique Repérant (photos), Cabanes en pierre sèche de France, Edisud, 2004, en part. chap. « La tradition constructive ».
  12. À l'exception de l'intérieur de celles qui bordent la cour de la ferme.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Dechère, Les huttes du Périgord — de la préhistoire à nos jours, l'auteur, Saint-Cyprien, 1981, 88 p.
  • Jean-Claude Carrère, « Cabanes du Périgord, mythes et réalités », dans Périgord-Magazine, n° 190, , p. 17-19.
  • « Des “bories” pour mémoire », dans La France agricole, .
  • François Poujardieu, Les cabanes en pierre sèche du Périgord, Éditions du Roc de Bourzac, 2002, 107 p., en part. p. 43-44.
  • Jean-Marc Caron, Cabanes paysannes en Périgord. Architecture paysanne de pierre sèche au XIXe siècle, La Geste, collection « Beau petit pays », 2022, 295 p.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]