Al-Qaïda dans la péninsule Arabique
Al-Qaïda dans la péninsule Arabique تنظيم القاعدة في جزيرة العرب | |
Idéologie | Salafisme djihadiste, panislamisme |
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Objectifs | Établissement d'un califat islamique Instauration de la charia |
Statut | Actif |
Fondation | |
Date de formation | 1998 (AQY) (AQPA) |
Pays d'origine | Yémen |
Actions | |
Mode opératoire | Terrorisme, lutte armée, guérilla, attentat, attentat-suicide |
Zone d'opération | Yémen Arabie saoudite |
Organisation | |
Chefs principaux | Nasser Al-Wahishi (2009-2015) Qassem al-Rimi (en) (2015-2020) Khalid Batarfi (en) (2020-2024) Saad bin Atef al-Awlaki (depuis 2024) |
Membres | 1 000 (en 2014)[1] 4 000 (en 2016)[1] 3 000 (en 2021)[2] |
Allégeance | Al-Qaïda |
Sanctuaire | Yémen |
Répression | |
Considéré comme terroriste par | ONU, États-Unis |
Guerre civile yéménite |
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Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA), qui se fait appeler Ansar al-Charia à partir de 2011[3] pour ses activités au Yémen, est une organisation terroriste islamiste, d'idéologie salafiste djihadiste, active principalement au Yémen et ayant une forte influence en Europe.
Historique
[modifier | modifier le code]AQPA est issu de la fusion, en , des composantes saoudienne et yéménite d'Al-Qaïda et a réaffirmé son allégeance à Oussama ben Laden dont le père Mohamed, originaire du Yémen, avait émigré en Arabie saoudite[4].
Les militants d'Al-Qaïda en Arabie saoudite ayant été chassés du pays par le gouvernement, ils ont trouvé refuge au Yémen. AQPA est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis[5][source insuffisante] depuis le , et sur celle de l'ONU depuis le [6],[7].
Les objectifs d'AQPA sont similaires à ceux d'Al-Qaïda puisqu'il s'oppose à la dynastie Al Saoud qui est accusée d'avoir « autorisé les infidèles à souiller le sol sacré » de l'Arabie saoudite[8].
Le grand public découvre l'existence d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique le lorsqu'un Nigérian, Umar Farouk Abdulmutallab, ayant séjourné au Yémen tente de faire détoner des explosifs cachés dans ses sous-vêtements lors d'un vol entre Amsterdam et Détroit.
Le , deux colis piégés sont découverts dans des avions de fret avant leur arrivée aux États-Unis[9]. Les colis étaient en provenance du Yémen et le , AQPA revendique être à l'origine de ces envois[10].
Depuis , et après la révolution au Yémen qui a conduit au départ du président Saleh, l'armée yéménite a entamé des offensives (en) contre Al-Qaïda ayant entraîné environ 230 morts. Le groupe islamiste, qui prenait de l'ampleur depuis la révolution du fait de la fragilisation de l'État, avait promis de se venger. Le groupe est donc soupçonné d'avoir commis l'attentat-suicide du (en), perpétré par un soldat infiltré, et qui a causé la mort de près de 100 soldats et fait 300 blessés lors de la préparation d'un défilé militaire[11].
Le , l'organisation revendique l'attentat contre le journal Charlie Hebdo commis l'avant-veille[12],[13].
Le , un des cadres d'AQPA, Harith Al-Nadhari est abattu par un drone, dans la province de Chabwa, dans le sud-est du Yémen[14].
L'organisation publie le magazine Inspire et émet des conseils à l'intention de ses sympathisants en Europe[4]. Elle émet depuis le la revue Sada al-Malahim (qui signifie en arabe « L'écho des batailles »)[15],[16].
En 2015, le commandement d'AQPA est décimé par les frappes de drones, de nombreux chefs sont tués[17]. Le , Nasser Al-Wahishi, le chef d'AQPA, est tué à son tour par un drone. Sa mort est confirmée par al-Qaïda le et Qassem al-Rimi (en) est désigné pour lui succéder[18].
Au cours de la guerre civile yéménite, des centaines de membres d'AQPA ont été recrutés par des milices soutenues par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dans le but de les incorporer au front contre les Houthis[19].
Leur chef est tué par une frappe de drone américain le [20]. Sa mort est officialisée par l'organisation le et il est remplacé par Khalid Batarfi (en)[21].
À la mi-, AQPA sort un exemplaire de Sada al-Malahim, dans lequel elle menace de raser une « ambassade suédoise » et d'attaquer « un ministère à Paris », au motif que la Suède et la France sont à « la tête » de « la guerre contre l'islam et les musulmans parmi les pays de l'Union européenne »[22],[23]. Le gouvernement français ne réagit pas mais le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin fait savoir qu'il prend cette menace terroriste au sérieux[24].
Le , AQPA annonce la mort de son chef, Khalid Batarfi, sans en citer les causes[25],[26]. Saad bin Atef al-Awlaki est nommé à sa succession[27],[28].
Intrusion locale
[modifier | modifier le code]Par ailleurs, à la suite de leurs revers militaires, le groupe terroriste cherche à amadouer la population, en tissant des liens avec les tribus locales, en évitant les châtiments corporels publics, en tolérant la consommation de la drogue du khat, en payant des dédommagements aux membres des tribus tués par leurs membres et en se substituant aux services publics, comme les œuvres caritatives ou les constructions de routes[29].
Violations des droits de l'homme
[modifier | modifier le code]Le groupe terroriste a souvent enrôlé des enfants soldats[30].
Références
[modifier | modifier le code]- Georges Malbrunot, Au Yémen, al-Qaida a quadruplé ses effectifs, Le Figaro, 10 juin 2016.
- (en) « Letter dated 3 February 2022 from the Chair of the Security Council Committee pursuant to resolutions 1267 (1999), 1989 (2011) and 2253 (2015) concerning Islamic State in Iraq and the Levant (Da’esh), Al-Qaida and associated individuals, groups, undertakings and entities addressed to the President of the Security Council », Bibliothèque numérique des Nations unies (en), (consulté le )
- (en-US) « Terrorist Designations of Ansar al-Sharia as an Alias for Al-Qaida in the Arabian Peninsula » [archive du ], Département d'État des États-Unis,
- I.F.R.I. Institut français des Relations internationales, Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges, Ramses 2012 - Les États submergés ?, Dunod, (ISBN 978-2-10-057127-7, lire en ligne), p. 79–81
- (en) « Terrorist Exclusion list », Département d'État des États-Unis,
- « Résumé des motifs ayant présidé aux inscriptions de noms sur la liste des sanctions contre l' EIIL (Da'esh) et Al-Qaida », Conseil de sécurité des Nations unies, (consulté le )
- « AL-QAIDA IN THE ARABIAN PENINSULA (AQAP) », Conseil de sécurité des Nations unies, (consulté le )
- Paul Balta et Claudine Rulleau, Islam & Islamisme : Gare aux amalgames, Toulouse, Milan, , 188 p. (ISBN 978-2-7459-3208-2, OCLC 470590286), p. 110
- (en) « Mail bomb suspect in terror plot arrested in Yemen », CTV News, (consulté le )
- (en) « Al Qaeda affiliate claims cargo plane bomb plot », France 24, (consulté le )
- Le 21 mai 2012 à 12h09, « Yémen : un attentat suicide fait près de 100 morts », Le Parisien, (consulté le )
- « Charlie Hebdo: Aqpa revendique l'attaque », Le Figaro, (consulté le )
- Michel de Pracontal, « Le récit des trois journées d'attentats », sur Mediapart, (consulté le )
- François-Xavier Trégan, « Au Yémen, un chef d’AQPA tué par un drone », Le Monde, (consulté le )
- (en) Michael Scheuer (en), « Yemen still close to al-Qaeda's heart » [archive du ], sur Asia Times Online,
- « Portraits des chefs d'al Qaida au Yémen », sur Slate.fr, (consulté le )
- Wassim NASR, « Yémen : la stratégie d'élimination des chefs d'Al-Qaïda par drone ouvre-t-elle la voie à l’EI ? », France 24, (consulté le )
- « Wahishi, chef d'Al-Qaïda au Yémen, tué par un drone américain », L'Obs, (consulté le )
- (en-US) « AP Investigation: US allies, al-Qaida battle rebels in Yemen », AP News, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Michael Horton, « Whither al-Qaeda in the Arabian Peninsula? », Terrorism Monitor, The Jametown Foundation, vol. 18, no 4, (lire en ligne)
- « Al-Qaïda dans la péninsule arabique désigne un successeur à Qassem al-Rimi », Le Parisien, (consulté le )
- Steve Tenré, « Al-Qaida menace la France et la Suède d’une attaque terroriste », Le Figaro, (consulté le )
- Ümit Dönmez, « L'organisation terroriste Al Qaïda menace d'attaquer la France et la Suède (Médias) », Agence Anadolu, (consulté le )
- Baptiste Farge, « "Il faut faire très attention": Darmanin indique que la menace terroriste "a toujours été très prégnante" », BFM TV, (consulté le )
- « Yémen : la branche d'Al-Qaïda annonce la mort de son chef », Le Figaro, (consulté le )
- « La branche d’Al-Qaida au Yémen annonce la mort de son chef, Khalid Batarfi », Le Monde, (consulté le )
- « La branche d’Al-Qaïda au Yémen annonce la mort de son chef », Ouest-France, (consulté le )
- (ar) « من هو خالد باطرفي، زعيم القاعدة في اليمن الذي أعلن التنظيم وفاته؟ » [« Qui est Khalid Batarfi, le chef d'Al-Qaïda au Yémen dont la mort a été annoncée par l'organisation ? »], BBC, (consulté le )
- Arnaud GUITTARD, « El-Qaëda progresse dans l’ombre du conflit yéménite », L'Orient-Le Jour (consulté le )
- « Des enfants soldats en première ligne au Yémen », sur Les Observateurs de France 24, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « « Al Qaïda aujourd'hui », sur le blog GlobalAnalysis »
- « Al Qaïda au Yémen »
- Laurent Bonnefoy, « Appliquer le modèle de l’État islamique au Yémen ? », Orient XXI, .
- Laurent Bonnefoy, « Ben Laden, le Yémen et la stratégie d’Al-Qaida », Orient XXI,
- Jean-Pierre Perrin, « Aqpa, l’autre racine historique du jihad », Libération, .
- Sarah Halifa-Legrand, « Aqpa, la branche d'Al-Qaida au Yémen. Et la plus dangereuse », L'Obs, .