Yves Nidegger

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Yves Nidegger
Illustration.
Portrait officiel de Yves Nidegger, en 2015.
Fonctions
Conseiller national
Législature 48e à 51e
Groupe politique UDC (V)
Commission CAJ, CPE et CJ
Prédécesseur Jacques Pagan
Successeur Thomas Bläsi
Député au Grand Conseil genevois
En fonction depuis le
Législature 3e
Législature 56e, 57e
Biographie
Date de naissance (66 ans)
Lieu de naissance Zurich
Nationalité suisse et française
Parti politique UDC
Diplômé de Université de Genève
Profession Avocat

Yves Nidegger, né le à Zurich (originaire de Genève, binational franco-suisse), est un avocat et un homme politique suisse, membre de l'Union démocratique du centre (UDC).

Il est député du canton de Genève au Conseil national depuis .

Biographie[modifier | modifier le code]

Yves Nidegger naît le à Zurich, d'un père fonctionnaire fédéral et d'une mère cadre bancaire d'origine parisienne[1]. Il est originaire de Genève[2], où sa famille déménage en 1959[3], et possède également la nationalité française[4]. Il est élevé dans le catholicisme[5].

Après sa scolarité à Genève, notamment à l'École supérieure de commerce, il fait des études en Lettres (histoire, anglais et histoire du christianisme[6]), jusqu'à la demi-licence[5], et en droit à l'Université de Genève, puis travaille comme journaliste[1], notamment au début des années 1980 comme pigiste pour le magazine New York City Tribune (en)[3],[7] et le Washington Times[8], financés par la secte Moon[6], dont il est membre jusqu'en 1994[9] et porte-parole à Genève[10],[11]. Selon ses propres déclarations, il ne s'agissait d’un engagement anticommuniste. Il écrit également plus tard pour l'organe de presse de Vigilance[6].

Il travaille ensuite huit ans comme professeur dans le secteur privé, puis huit mois et demi comme juriste de l'Association des commis de Genève (aujourd'hui syndicat Unia)[3],[7],[12], dirigé par le futur conseiller d'État Charles Beer[13]. En 1992, il est professeur bénévole à l'Université de Tirana en Albanie[7]. Il est président suppléant au Tribunal des prud'hommes de 1993 à 2005[14],[15].

Il a longtemps participé à des concours équestres de saut d'obstacles[8].

Il acquiert en 2023 un domaine dans la campagne genevoise, où il produit des champignons[16].

Il est marié à une femme d'origine brésilienne[17],[18], qui travaille dans le social[19], et père de cinq enfants[3] issus d'une précédente union[6],[8]. Il habite dans le quartier du Petit-Saconnex et possède une résidence secondaire à Thoiry (Savoie)[5].

Avocat[modifier | modifier le code]

Admis au Barreau de Genève en 1998, il rejoint une étude d'avocats de la place genevoise, puis fonde sa propre étude en 2001[3].

Il défraie la chronique au début des années 2000 en raison d'un procès, avec recours jusqu'au Tribunal fédéral, contre le syndicat Unia, qui l'a licencié de son poste de juriste en raison des liens qu'il avait précédemment entretenus avec la secte Moon. Il porte également plainte contre plusieurs journaux pour diffamation. La justice confirme le bien-fondé du licenciement, mais condamne le syndicat pour son caractère immédiat et pour la publicité donnée à l'affaire[12],[20].

Il est spécialisé en droit du travail[8] et s'est fait connaître pour la défense des droits fondamentaux. En matière de liberté d'expression, il s'est signalé en intervenant devant la Grande chambre de la Cour européenne des droits de l'homme, dans l'affaire Perinçek c/ Suisse, où il représentait la Fédération des associations turques de Suisse romande[21]. En matière de liberté religieuse, il obtient en décembre 2020 l'annulation de la loi genevoise interdisant les cultes durant la crise de la maladie à coronavirus 2019 à la suite d'un recours de la Fraternité Saint-Pie-X et de l'UDC Éric Bertinat[22],[23].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Il participe au mouvement antinucléaire de 17 à 20 ans, notamment aux côtés de David Hiler[8]. Pendant ses études, il rejoint Causa, branche politique de la secte Moon, selon ses termes « pour bénéficier des moyens offerts par les diverses fondations que finançait Moon pour les recherches sur ces régions [l'Europe de l'Est] »[7].

Il adhère à l'UDC en 2002[8],[24] ou 2003[3],[25], pour lutter contre l'adhésion de la Suisse à l'Union européenne[6]. Il travaille au début comme assistant parlementaire de l'UDC Genève[7],[25]. Il devient vice-président de l'UDC Genève en 2004[7].

En 2005, il est élu député au Grand Conseil du canton de Genève[26], puis au Conseil national comme représentant du canton de Genève lors des élections fédérales d'octobre 2007, où il prend la place de Jacques Pagan, non réélu[8],[27]. Il est candidat la même année au Conseil d’État genevois, puis au Conseil administratif (exécutif) de la ville de Genève en 2007, mais n'est pas élu[6].

Le , il est réélu député au Grand Conseil du canton de Genève, avec le meilleur score de son parti[28] mais démissionne au pour privilégier sa carrière fédérale[29]. Il est à nouveau candidat au Conseil d'État en 2009[6]. Il est leader électoral de son parti aux élections communales du printemps 2011, ainsi qu'aux élections fédérales du [30]. Il est réélu en 2015[31] et 2019[32] au Conseil national pour un troisième et quatrième mandat. Il y siège à la Commission des affaires juridiques (CAJ), qu'il préside de 2011 à 2013, à la Commission de politique extérieure (CPE) et à la Commission judiciaire de l'Assemblée fédérale (CJ)[2].

En , il est candidat à l'élection complémentaire pour le Conseil d’État genevois[33] et finit 4e au second tour, Fabienne Fischer remportant l'élection.

Il démissionne du Conseil national début mai 2023[34], laissant la place à Thomas Bläsi : réélu le au Grand Conseil du canton de Genève[35], il déclare vouloir se consacrer à sa fonction de chef du groupe UDC au parlement cantonal[36].

Positionnement politique[modifier | modifier le code]

« Tenant de la ligne blochérienne sur le fond, Yves Nidegger se distingue par son style lettré et une indépendance de pensée » qui en fait un invité fréquent des débats radio et télévisés[8]. Selon Soli Pardo, interrogé en 2009 alors qu'il était président de l'UDC Genève, « il a des positions blochériennes sur l'économie, la sécurité et la souveraineté nationale, mais originales sur d'autres points ». Il condamne ainsi l'arrestation d'Hannibal Kadhafi à Genève à l'été 2018 et prend ses distances avec l'initiative populaire fédérale contre les minarets[6]. Il se qualifie lui-même en 2008 de « conservateur nuancé »[25].

Il est membre de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre[37].

En , lors de la pandémie de Covid-19 en Suisse, il s'est opposé à la « dictature sanitaire »[38]. Il fait partie la même année du comité référendaire contre le mariage entre personnes de même sexe[39], après s'être déjà opposé en 2001 au Pacs genevois[6].

« Ce que certains considèrent comme les derniers avancements de la civilisation occidentale des droits de l'Homme, je le considère souvent comme les signes d'une décadence d'une civilisation qui est en train de s'autodétruire. C'est ma grille d'analyse, et tous les phénomènes de société sont, à mon avis, les symptômes de cela. »[40]

De retour au Grand Conseil genevois en 2023, un glissement à droite de son positionnement est noté par les commentateurs et ses collègues de parti, Yves Nidegger semblant avoir fait de la lutte contre le wokisme[41] une de ses priorités.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Yves Nidegger - avocat en droit suisse et international - ancien juge du travail », sur www.nideggerlaw.ch (consulté le )
  2. a et b « Biographie de Yves Nidegger », sur le site de l'Assemblée fédérale suisse.
  3. a b c d e et f Éric Budry, « Yves Nidegger, 100 % UDC. Avec des nuances », Tribune de Genève,‎
  4. « 19h30 - Candidats au Conseil fédéral: la bi-nationalité fait débat - Play RTS », sur rts.ch, (consulté le )
  5. a b et c Jérôme Faas et Frédéric Julliard, « Yves Nidegger : "Il faut armer les agents de sécurité municipaux" », Tribune de Genève,‎ , p. 26
  6. a b c d e f g h et i Cynthia Gani, « Une tête froide chez les populistes », Le Temps,‎
  7. a b c d e et f Emmanuelle Drevon, « Yves Nidegger, le joker mystérieux de l'UDC », Tribune de Genève,‎ , p. 30
  8. a b c d e f g et h Julie Zaugg, « Yves Nidegger. Un franc-tireur chez les UDC romands », L'Hebdo,‎ , p. 58-59 (lire en ligne)
  9. Stéphane Bussard, « Yves Nidegger », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  10. Jacques Berset, « Genève : pas de participation de la secte Moon à la Conférence de la Ligue anticommuniste mondiale », sur Portail catholique suisse, (consulté le )
  11. Anne-Sylvie Sprenger, « La secte Moon est toujours présente en Suisse », Le temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. a et b Olivier Chavaz, « «Le Courrier» gagne une manche contre Yves Nidegger », Le Courrier,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Marc Bretton, « Beer et son avocat licencié se retrouvent face à face », Tribune de Genève,‎ , p. 25
  14. « Place publique - Lettre mensuelle », (consulté le )
  15. « Liste des intervenants du 6ème Colloque international de la Fondation universitaire Kurt Bösch. », (consulté le )
  16. Robert Habel, « Des Chambres fédérales à la terre villageoise », Le Journal de l'immobilier,‎ , p. 10 et 11 (lire en ligne)
  17. « Infrarouge - Naturalisation: facilitée ou bradée? », sur rts.ch, (consulté le ), 59 min 10 s.
  18. « Osez Nidegger, votez UDC ! », Vivre Carouge, Journal d’information de la Ville de Carouge,‎ , p. 14 (lire en ligne)
  19. Fabian Muhieddine, « Le nouvel UDC qui monte », Le Matin,‎ , p. 6-7 (lire en ligne)
  20. Olivier Chavaz, « Le responsable de Moon accusé de faux témoignage », LeCourrier,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Agence télégraphique suisse, « Les Suisses d'origine turque et l'UDC satisfaits », sur lematin.ch, (consulté le ).
  22. « La Fraternité Saint-Pie X obtient le rétablissement de la messe au pays de Calvin », sur FSSPX.Actualités / FSSPX.News, (consulté le )
  23. ATS, « Coronavirus – Recours contre l’interdiction des services religieux à Genève », sur Tribune de Genève, (consulté le )
  24. « Les espoirs », Le Temps,‎
  25. a b et c Julian Pidoux, « "On me dit que je peux être un leader de l'UDC" », Le Matin Dimanche,‎ , p. 16-17 (lire en ligne)
  26. Résultats sur le site du Grand Conseil
  27. « Élection du Conseil national 2007 - Canton de Genève - Liste 6: UDC Genève », sur Chancellerie fédérale, (consulté le )
  28. Élection du Grand Conseil du 11 octobre 2009, résultats pour l'UDC Genève « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  29. « Grand Conseil de Genève - Mémorial - Séance du vendredi 4 décembre 2009 à 17 h », sur Grand Conseil du canton de Genève, (consulté le )
  30. « Élection au conseil national du 23 Octobre 2011 », sur ge.ch via Wikiwix (consulté le ).
  31. « Élection du Conseil national 2015 - Canton de Genève - Liste 4: UDC Genève », sur Chancellerie fédérale, (consulté le )
  32. « Élection du Conseil national 2019 - Canton de Genève - Liste 1 UDC Genève », sur Chancellerie fédérale, (consulté le )
  33. Sylvia Revello, « A Genève, la gauche unie a réussi son pari », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne)
  34. Éric Felley, « Berne: Le National rend un vibrant hommage à Yves Nidegger », Le Matin,‎ (ISSN 1018-3736, lire en ligne, consulté le )
  35. « Résultats détaillés de NIDEGGER Yves - Élection du Grand Conseil du 2 avril 2023 », sur www.ge.ch (consulté le )
  36. Julien Pralong, « Yves Nidegger quittera Berne dès le 11 mai pour revenir au Grand Conseil genevois », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès payant, consulté le )
  37. « Élections fédérales 2015 : 43 membres de l'ASIN à Berne », ASIN Bulletin, no 178,‎ , p. 3.
  38. « Yves Nidegger souhaite reconstruire «Genève en ruine» », sur lemanbleu.ch (consulté le ).
  39. « À notre propos », sur Non au mariage pour tous (consulté le )
  40. David Berger, « Clap de fin à Berne pour plusieurs figures politiques romandes », sur rts.ch, (consulté le )
  41. « Politique genevoise – Yves Nidegger, pourquoi glissez-vous autant à droite? », sur Tribune de Genève, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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