Prédestination

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La prédestination est un concept théologique chrétien selon lequel Dieu aurait choisi de toute éternité, dans le secret de la foi, ceux qui seront graciés et auront droit à la vie éternelle. L'idée de prédestination est étroitement associée aux débats philosophiques concernant le déterminisme et le nécessitarisme. La prédestination et les rapports entre la grâce et le libre arbitre ont été au cœur des débats entre le pélagianisme et l'augustinisme, controverse qui a repris lors de l'opposition entre les catholiques et les protestants, puis entre les réformateurs magistériels et les radicaux, et entre les calvinistes et les arminiens[1]. Plus tard, ce concept a aussi été repris lors de la controverse entre les jansénistes et les jésuites (qui soutenaient le molinisme).

On parle de « double prédestination » dans les doctrines, calviniste notamment, qui ajoutent que Dieu aurait choisi de toute éternité également ceux qui seront damnés. Ce concept est condamné par l'Église catholique.

Christianisme

Ce concept est axé sur une interprétation de certains passages des Écritures. Il a été mis en forme au Ve siècle, dans le christianisme occidental, par Augustin dans le conflit qui l'opposait au moine Pélage. Celui-ci soutenait que l’homme peut être sauvé par sa seule volonté. Dans la longue polémique menée avec les disciples de Pélage, « Augustin finit par élaborer un système antipélagien radical, où il réservait le salut à une communauté choisie par la grâce divine de toute éternité »[2]. Parmi les réformateurs protestants qui tous ont adopté la vision augustinienne de la grâce, Jean Calvin est celui qui pousse la logique à ses conclusions ultimes et qui formule la doctrine de la double prédestination. Cette position théologique fera cependant l'objet de nombreux débats et divisions au sein même du calvinisme, et n'est plus celle de la plupart des églises réformées.

Sources bibliques

De nombreux passages bibliques font allusion à l'appel des croyants à la foi par Dieu lui-même, par exemple[3] :

  • Jean 15:16[4] : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. »
  • Actes 13:48[5] : « Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. »
  • Romains 9:15-16[6] : « Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion. Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. »
  • Romains 9:22-24[7] : « Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s'il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu'il a d'avance préparés pour la gloire ? Ainsi nous a-t-il appelés, non seulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les païens, »
  • 1 Thessaloniciens 1:4-5[8] : « Nous savons, frères bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus, notre Évangile ne vous ayant pas été prêché en paroles seulement, mais avec puissance, avec l'Esprit Saint, et avec une pleine persuasion ; car vous n'ignorez pas que nous nous sommes montrés ainsi parmi vous, à cause de vous. »

Certains se font encore plus précis quant à la décision prise à l'avance, principe même de la prédestination :

  • Éphésiens 1:4-5[9] : « En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d'adoption par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, »
  • Éphésiens 1:11[10] : « En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses d'après le conseil de sa volonté, »
  • 2 Thessaloniciens 2:13[11] : « Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l'Esprit et par la foi en la vérité. »
  • 2 Timothée 1:9[12] : « par la puissance de Dieu qui nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation, non à cause de nos œuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels. »

Pères de l'Église

Augustin d'Hippone a formulé la doctrine de la prédestination, s'opposant à ce sujet au moine britannique Pélage[13],[2].

La prédestination dans l'Église latine

La double prédestination a toujours été rejetée par l’Église latine qui la condamna avec vigueur dès le concile d'Orange de 529 :

Nous croyons aussi, selon la foi catholique, qu'après avoir reçu la grâce par le baptême tous les baptisés peuvent et doivent accomplir, avec l'aide et la coopération du Christ, tout ce qui concerne le salut de leur âme, s'ils veulent fidèlement y travailler. Non seulement nous ne croyons pas que certains hommes soient prédestinés au mal par la puissance divine, mais s'il était des gens qui veuillent croire une telle horreur, nous leur disons avec toute notre réprobation : anathème !

Le pape Adrien Ier formula en 785 un avis très clair dans une lettre adressée aux évêques d'Espagne[14].

Au IXe siècle, Gottschalk d'Orbais, moine de Fulda, souleva à nouveau le problème. Le concile de Quierzy (Carisiacum) de 853 le condamna[15], condamnation réitérée au concile de Valence en 855[16],[17].

Ainsi, si la prédestination par décret positif au mal est condamnée, il est néanmoins de foi (de fide) que Dieu, par un décret éternel de sa volonté, a prédestiné certains hommes à la béatitude éternelle. Se pose alors le problème de savoir si cette résolution éternelle de Dieu a été prise avec ou sans la considération des mérites des hommes (post ou ante praevisa merita). Les Thomistes, les Augustiniens, la majorité des Scotistes ainsi que certains Molinistes comme Suarez ou Robert Bellarmin défendent la seconde alternative (la grâce produisant infailliblement les mérites); la plupart des Molinistes ainsi que François de Sales penchent pour la première (Dieu prévoit comment l'homme va réagir librement à la grâce)[18].

La querelle sur la prédestination s'enflamme à nouveau, au XVIIe siècle, avec le mouvement janséniste. Pour eux, la grâce n’est pas accordée à tous les hommes, et Dieu, dans sa toute-puissance, l’accorde à certains, la refuse à d’autres. Il peut même la refuser à celui qui désirant échapper au péché, se soumet totalement à la loi divine. Les jansénistes appelaient « le juste pécheur » cet exclu a priori de l’amour divin.[réf. nécessaire][19]. Le jansénisme fut condamné par la bulle Unigenitus.

Protestantisme

Martin Luther, dès son cours sur l'épître aux Romains de 1516, soulignait l'utilité spirituelle de la doctrine de la prédestination, qui conduit le chrétien à s'humilier devant Dieu, à renoncer à la prétention de ses propres mérites et à s'en remettre exclusivement à la grâce divine.

Calvin

Jean Calvin (15091564) fait ses premières allusions à la prédestination en 1536, l'année où la Réforme a gagné Genève avant de la développer plus longuement en 1562. Elle a été acceptée par une partie des calvinistes, mais a par la suite donné lieu à la longue division entre arminiens et gomariens. Au plan historique, elle apportait une cohérence face aux résistances auxquelles les réformateurs se heurtaient dans leur prédication de l'Évangile et face aux critiques qui s'opposent à la théologie de Calvin : dans la première édition de l'Institution de la religion chrétienne, parue en 1536, la question de la prédestination n'est guère développée ; en revanche, dans l'édition de 1539, Calvin consacre un plein chapitre à ce problème, qui s'étoffera au fil des éditions ultérieures, jusqu'en 1559. Ce texte est complété par deux traités spécifiques, De la prédestination éternelle de Dieu (1552) et La congrégation sur l'élection éternelle (1562).

Cette élaboration doctrinale intervient au moment où Calvin multiple les efforts pour unir les protestants français devant les menaces de guerre civile (la marche vers la première guerre de religion commence en France avec l'arrestation et l'exécution d'Anne du Bourg en 1559).

À ceux qui défendaient le mérite des œuvres et le purgatoire, ou qui payaient pour être pardonnés, Calvin opposait une autre conception du salut, le salut gratuit par la foi. Dans ce cadre, la prédestination témoigne que « Dieu choisit d'aimer l'homme, de l'appeler avant son savoir, de le sauver avant ses mérites, de le maintenir dans la fidélité de cet appel et de ce salut avant le terme de sa vie, de condenser ainsi dans un acte de libre amour ce qui se déroule dans la multiplicité variable du temps. La prédestination caractérise Dieu non comme un être immobile et général, mais comme une personne active et élective. (...) Elle détache du souci de conquérir un salut humainement toujours incertain et elle engage l'homme dans une permanente réponse de gratitude, de tremblement et d'espérance »[20].

Calvin insiste sur la notion de vocation « aveugle ». À un paroissien qui lui demandait s'il serait damné, Calvin répond : « Sur ton salut, je ne me fais pas de souci, c'est le mien qui me tourmente » (Correspondance).

Il ne faut toutefois pas exagérer l'importance de la doctrine de la prédestination dans la théologie calvinienne. Le théologien n'y consacre au total qu'un seul chapitre dans son ouvrage fondateur l’Institution de la religion chrétienne.

Confessions de foi réformées

  • Confession de la Rochelle : Calvin n'a jamais occupé dans les Églises réformées une position comparable à celle de Luther et encore moins celle d'une sorte de pape protestant. Il a souvent vu son autorité doctrinale remise en question, comme lors de la réécriture du projet de La confession de foi envoyé au premier synode clandestin des Églises réformées à Paris, en 1559, et qui fut adopté officiellement dans sa seconde version, lors du synode de La Rochelle de 1571, si bien que l'on parle depuis lors de confession de La Rochelle, texte fondamental des églises réformées françaises. Ce texte présente la prédestination comme un concept inséré dans celui du salut par la foi, radicalement opposé au salut par des « œuvres » : le salut revient à ceux que Dieu a élu « par sa seule bonté et miséricorde en Jésus-Christ notre seigneur, sans considération de leurs œuvres, laissant les autres en icelle, corruption et damnation pour démontrer en eux sa Justice comme ès premiers il fait luire les richesses de sa miséricorde ».
  • Les Canons de Dordrecht, adoptés en 1619 par le Synode de Dordrecht (voir ci-après sous le titre « les controverses »), forment une des normes confessionnelles de plusieurs Églises réformées dans le monde, y compris aux Pays-Bas, en Australie, et en Amérique du Nord. Une de leurs principales raisons d'être est de réaffirmer la doctrine de la prédestination contre les arminiens.
  • Confession de foi de Westminster : établie par l'assemblée de Westminster en 1646, largement adoptée par l'Église d'Angleterre, elle est la base de doctrine de l'Église d'Écosse et a eu une influence prépondérante sur les églises presbytériennes à travers le monde. Son contenu est des plus clairs quant à la double prédestination : dans son chapitre 3 (« le décret éternel de Dieu »), elle rappelle que : « par le décret de Dieu, pour la manifestation de sa gloire, certains hommes et certains anges (1 Tm 5.21; Mt 25.41) sont prédestinés à la vie éternelle; et d'autres pré-ordonnés à la mort éternelle (Rm 9.22,23; Ep 1.5,6) »[21].

Les controverses

La question de la double prédestination a profondément divisé les protestants : d'un côté les arminiens qui la remettent en cause, de l'autre les gomariens qui la défendent. En 1618-1619, le synode de Dordrecht, synode national de l’Église réformée néerlandaise auquel participent des représentants des Églises réformées de huit pays étrangers, tranche en faveur du maintien de la doctrine de la prédestination, et consigne la foi calviniste dans un texte dénommé les canons de Dordrecht[22].

De même, les conservateurs réformés suisses rédigent en 1675 le « Consensus helvétique » afin préserver les églises réformées suisses de l'influence des doctrines théologiques libérales enseignées à l'Académie de Saumur, notamment par Moïse Amyraut.

Karl Barth

Karl Barth, dans son commentaire de l'épître aux Romains, explique la prédestination.

Pour lui, le premier mouvement vient de Dieu, c'est la grâce qui vient sur l'homme, forcément pécheur. La réponse de l'homme est la Foi, elle vient forcément ensuite.

Point de vue évangélique

Les évangéliques réaffirment avec force la notion-clé du protestantisme de salut gratuit par la grâce et énoncent une totale compatibilité entre la possibilité restreinte pour l’homme de choisir son destin et la prédestination opérée par Dieu.

En effet, les évangéliques estiment que, du côté de l’homme, la réconciliation avec Dieu passe par un acte d’allégeance à Dieu, une déclaration de confiance formulée devant Dieu par le néophyte et proclamé publiquement devant les hommes, notamment par le baptême par immersion. Répondant comme dans un mariage par un « oui, je le veux », l’homme entre dans la communion de Dieu. Dieu n’impose donc pas son offre de salut, ouverte à tous, dont seuls ceux qui s'y engagent sont sauvés bénéficient. Le dogme de la prédestination repose, tout d’abord et à la fois, sur l’offre de salut de Dieu et sur la réponse de l’homme qui se l’approprie pour son compte. Les textes bibliques suivants sont avancés à l'appui de cette vision :

  • « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2/3-4)[23].
  • « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3/19)[24].

En second lieu, certains évangéliques affirment que, selon leur lecture de la Bible, Dieu est omniprésent, omniscient et hors du temps, et qu'Il a, bien avant la création de l’homme, vu par anticipation quelles seront les personnes qui, dans la suite des temps, saisiront son offre de salut et feront alliance avec Lui.

  • « Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils » (Romains 8/28-29)[25].
  • « […] qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père » (1 Pierre 1/2)[26].

Selon cette vision des choses, la notion de prédestination est alors réduite à la simple prescience de Dieu.

Analyses sociologiques

À l'époque où ce concept apparaît, il n'a aucune portée sociologique. Les notions de mobilité sociale n'ont pas la valeur d'aujourd'hui. Ce n'est qu'en 1905 que Max Weber, dans L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme s'interrogera sur son rôle dans l'essor de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle.

Max Weber montrera que les entrepreneurs protestants, pour la plupart « parvenus » de l'artisanat, ont inventé un « capitalisme moderne » et inventif, prenant de vitesse des banquiers plus riches qu'eux, par l'intériorisation des bénéfices, en baissant les prix pour gagner de nouveaux clients, en dépensant pour adapter les produits et en sélectionnant les meilleurs travailleurs, quitte à payer plus cher et sacrifier la rentabilité à court terme. Ce capitalisme de l'ascèse, vise la croissance, au détriment de la rente et des plaisirs matériels. Il dérive du Monachisme occidental, qui a pu rentrer dans le monde laïque grâce à la Réforme. Le protestant, ayant conquis le pouvoir politique notamment en Europe du Nord et dans les pays anglo-saxons, réinvestit ou intériorise ses bénéfices, pour donner à son peuple une place dans l'avenir et répondre à l'appel de Dieu à une vie éternelle, en espérant qu'il fait partie des élus secrets.

Max Weber cherchera dans la doctrine de la prédestination une des causes du dynamisme économique des États protestants et de la naissance du système capitaliste. En effet, cette doctrine pousse selon lui le croyant à tenter de deviner s'il est un élu. Le succès dans les affaires peuvent être considérés comme un signe de cette grâce, le croyant exprimant ainsi une vocation utile à sa communauté, le fruit du capital devant être réinvesti (du mot allemand de beruf, qui veut dire « vocation » plus que « prédestination »).

Weber remarque aussi que le protestantisme, celui de Luther, Calvin et des autres fondateurs de la Réforme est austère et s'oppose à toute recherche pour elles-mêmes des richesses, qui doivent être réinvesties, afin que l'argent circule et fructifie. Pour Weber, c'est dans cet esprit austère, ascétique qu'il faut chercher la source du capitalisme.

Emmanuel Todd, quant à lui, renverse la perspective wébérienne. Selon lui, certaines régions d'Europe ont été tentées par la doctrine de la prédestination parce que les structures familiales y valorisaient la valeur d'inégalité entre frères (dans sa typologie, il s'agit des familles nucléaire absolue et souche). Ces structures familiales ont ensuite influé sur le développement de ces régions (la famille nucléaire absolue est un terrain favorable à des innovations économiques réclamant le déplacement de nombreuses personnes des campagnes vers les villes, d'où l'industrialisation précoce des régions où cette famille est présente ; la famille souche possède le plus grand potentiel de développement culturel, d'où un succès économique à long terme grâce à une main-d'œuvre plus qualifiée).

Islam

Dans le Coran, Dieu a créé l'être humain libre de croire ou de ne pas croire :

  • (وَقُلِ ٱلْحَقُّ مِن رَّبِّكُمْ ۖ فَمَن شَآءَ فَلْيُؤْمِن وَمَن شَآءَ فَلْيَكْفُرْ)
  • « Et dis : “La vérité émane de votre Seigneur”. Quiconque le veut, qu’il croit, et quiconque le veut qu’il mécroie »

Coran Sourate 18 : La caverne (Al-Kahf), Verset 29 - Traduction de Muhammad Hamidullah (Wikisource & Wikilivres) : http://wikilivres.ca/wiki/Le_Coran/Sourate_18_:_La_caverne_(Al-Kahf)

Mais Dieu a aussi fait comprendre dans le Coran que le libre choix de l'être humain ne peut être total ou absolu comme les choix de Dieu Lui-même, car l'Homme en ses facultés et mérites ne peut pas être égal à Dieu. Ainsi, la volonté humaine (la faculté de vouloir, de se déterminer à quelque chose) n'est pas préalable, mais est toujours postérieure à la volonté divine d'Allah :

  • (وَمَا تَشَآءُونَ إِلَّآ أَن يَشَآءَ ٱللَّهُ رَبُّ ٱلْعَٰلَمِينَ)
  • « Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, [Lui], le Seigneur de l’Univers »

Coran Sourate 81 : L’obscurcissement (At-Takwir), Verset 29 - Traduction de Muhammad Hamidullah (Wikisource & Wikilivres) : http://wikilivres.ca/wiki/Le_Coran/Sourate_81_:_L’obscurcissement_(At-Takwir)

Doctrines ésotériques

Ce débat est sans objet dans les doctrines ésotériques (anthroposophie, rose-croix, fraternité blanche,...) plus ou moins dérivées du christianisme pour lesquelles le salut ne peut venir que d'un progrès spirituel acquis par une suite de réincarnations (la réincarnation étant elle-même une croyance totalement étrangère au christianisme). Même si le récit de l'Apocalypse de Jean enseigne que toute l'humanité ne sera pas sauvée, l'ésotérisme considère que nous ne pouvons pas juger par nous-même que nous faisons partie des élus[27].

Références

  1. Prédestination ou Libre arbitre ? sur christocrate.ch
  2. a et b Claude Lepelley, Saint Augustin et le rayonnement de sa pensée, in Histoire du Christianisme, Alain Corbin dir., 2013.
  3. Textes extraits de la Bible Louis Segond.
  4. Jn 15. 16
  5. Ac 13. 48
  6. Ro 9. 15-16
  7. Ro 9. 22-24
  8. 1Th 1. 4-5
  9. Ep 1. 4-5
  10. Ep 1. 11
  11. 2Th 2. 13
  12. 2Ti 1. 9
  13. Louis Cognet, Le Jansénisme, PUF, coll. « Que sais-je ? » (no 960), (ISBN 978-2130389002), p. 8
  14. « Dieu a préparé de toute éternité dans son immutabilité les œuvres de justice et de miséricorde. Il a donc préparé les mérites de ceux qui doivent être justifiés. Mais pour les méchants, il n'a pas préparé les œuvres mauvaises ni les volontés mauvaises, mais il leur a préparé de justes châtiments. Voilà en quoi consiste la prédestination éternelle des œuvres futures de Dieu. »

  15. « Le Dieu tout puissant créa l'homme sain, sans péché, avec le libre arbitre, et le posa dans le paradis. Il voulait qu'il demeurât toujours dans la sainteté de la justice. Mais l'homme pécha et déchut en se servant de sa liberté mal à propos, et tout le genre humain devint une masse de perdition. Dieu, dans sa bonté et sa justice, de cette masse de perdition, élut gratuitement dans sa prescience ceux qu'il a prédestinés à la vie éternelle. Les autres que par le décret de sa justice il a laissés dans la masse de perdition, il a prévu qu'ils périraient, mais ne les a pas prédestinés à périr. Dans sa justice, il leur a prédestiné une peine éternelle. Voilà pourquoi nous ne parlons que d'une seule prédestination qui a trait soit au don de la grâce, soit à la rétribution de sa justice. »

  16. « Nous croyons fermement en la prédestination des élus à la vie, et à la prédestination des impies à la mort. Dans l'élection de ceux qui doivent être sauvés, la miséricorde de Dieu précède le mérite des bonnes œuvres. Dans la condamnation de ceux qui périront, la culpabilité des mauvaises actions précède le juste jugement de Dieu. Par la prédestination, Dieu a déterminé uniquement ce qu'il ferait par sa miséricorde gratuite ou selon son juste jugement. Dans les méchants, Dieu n'a fait que prévoir leur malice en tant que procédant d'eux seuls. Il n'a pas prédestiné leur malice, parce qu'elle ne vient pas de lui. Mais la peine qui suit la faute, en tant que Dieu qui connaît tout à l'avance, il l'a prévue et prédestinée. Mais que quelques-uns aient été prédestinés au mal par la volonté divine de façon telle qu'il n'était pas en leur pouvoir de ne pas être mauvais, non seulement nous ne le croyons pas, mais s'il s'en trouve qui croient une telle énormité nous les rejetons et les anathématisons. »

  17. « Nous tenons fermement que Dieu prévoit et a prévu de toute éternité et les bonnes actions que les bons allaient faire dans le futur et les mauvaises actions que les mauvais allaient accomplir. Car, nous avons la parole de l'écriture qui en témoigne : « Dieu éternel, toi qui connais les choses cachées et qui connais toutes choses avant qu'elles n'arrivent ». Et il nous plaît de tenir que Dieu a prévu d'avance que les bons deviendraient bons par sa grâce et que, par la même grâce, ils recevraient des récompenses éternelles. Il a prévu que les mauvais seraient mauvais par leur propre malice et qu'ils devraient être condamnés par sa justice aux châtiments éternels. Mais la prescience de Dieu n'a rendu aucun mal nécessaire de façon telle que le mauvais ne pouvait qu'être mauvais. Dieu qui connaît tout avant qu'il n'arrive sut d'avance, par sa majesté toute puissante et immuable, ce que le méchant ferait par sa propre volonté. Nous croyons que personne n'est condamné sans motif, mais à cause de sa propre iniquité. Nous ne croyons pas non plus que les mauvais périssent parce qu'ils n'ont pas pu être bons, mais parce qu'ils ne voulurent pas devenir bons. Ils sont demeurés dans la masse de perdition par leur propre vice, par le péché originel et leurs péchés actuels. »

  18. Voir Ludwig Ott, Fundamentals of Catholic Dogma. 1955. Ed. James Bastible. Trans. Patrick Lynch. 2nd ed. St. Louis: B. Herder, 1957, pp. 242-244.
  19. C'est ainsi que l'on a vu le personnage de Phèdre, héroïne éponyme de la pièce de Racine, comme "une juste à qui la grâce a manqué."
  20. André Dumas, prédestination, article de l'Encyclopédia Universalis, consulté en ligne le 11 octobre 2017 [1]
  21. Texte en français de la confession de Westminster
  22. Texte des Canons de Dordrecht en français
  23. La Bible, traduction Louis Segond, 1 Timothée /3-4
  24. La Bible, traduction Louis Segond, Actes 3/19
  25. La Bible, traduction Louis Segond, épître aux Romains 8/28-29
  26. La Bible, traduction Louis Segond, 1 Pierre 1/2
  27. Rudolf Steiner, La Science de l'Occulte, 1910.

Bibliographie

Voir aussi