Judicat de Logudoro

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Les Judicats de Sardaigne

Le judicat de Logudoro ou de Torres (en sarde, Giuigadu de Logudoro , en italien, Giudicato di Logudoro ou Torres) est un des quatre judicats qui naquirent en Sardaigne au VIIIe siècle pour remplacer un Empire romain devenu trop lointain (celui de Byzance) et pour se protéger notamment des razzias arabes.

Le Logudoro se développa dans la partie nord-occidentale de la Sardaigne comprenant les régions de Sassari, Nurra, Romangia (it), Anglona, Marghine, Planargia, Montiferru, Goceano et une partie de la Barbagia, aujourd'hui englobées dans les provinces de Sassari, Olbia-Tempio, Nuoro et Oristano.

Le Judicat de Logudoro, comme du reste les autres trois Judicats était un royaume souverain selon le principe juridique Superiorem non recognoscens, avec un territoire subdivisé en 20 Curatorie, des districts dirigés par un curateur et comprenant des centres habités appelés Ville (différent du mot français homonyme, du latin villa). Le Judicat avait son propre parlement, la Corona de Logu, composé des représentants des Curatorie. Il possédait son propre domaine public, le Rennu, votait les lois, avait des frontières et frappait monnaie.

Son chef était le Judex ius dicens (celui qui dit la loi), en sarde, Iudice ou Judice. Le Juge tirait son autorité non seulement de l'hérédité mais également par la reconnaissance de son Imperium par la Corona de Logu.

Histoire[modifier | modifier le code]

Naissance du Judicat[modifier | modifier le code]

Au IXe siècle, les arabes et les berbères ont suivi une politique agressive d'expansion et de piraterie en Méditerranée finissant avec la conquête de la Sicile en 827. Ces actions ont isolé la Sardaigne du gouvernement central de l'Empire byzantin. En l'absence d'instructions les responsables provinciaux Byzantins sardes, appelés judici (« juges ») ont commencé à gouverner de manière autonome.

Au Xe siècle l'île a été divisée en quatre « giudicati » ( « magistrature » ), dont deux, Logudoro et Arborée ont été regroupées au début du XIe siècle. Vers 900, ces territoires sont devenus de facto des États indépendants, leurs princes au pouvoir étant des judices (« juges » ) succédant à leurs prédécesseurs, de fonctionnaires impériaux.

La première capitale du Judicat de Logudoro était Torres (maintenant Porto Torres) Comme Torres par sa localisation au bord de mer était exposée aux attaques arabes, le siège de la magistrature a été transféré à l'intérieur des terres d'abord à Ardara et enfin à Sassari.

Le Judicat du Logudoro s'est fait connaître sous le règne de Barisone (1038 à 1073) qui a importé le monachisme occidental sur l'île en demandant des moines à Desiderius abbé du Mont-Cassin, soutenu par pape Alexandre II et Godfroy le Barbu, Margrave de Toscane, malgré l'opposition de l'archidiocèse de Pise, qui exerçait une forte influence religieuse sur l'île.

À la mort de Barisone, l'Arborée a choisi son propre juge en la personne de Mariano de Zori, tandis que le Logudorese a choisi Andrea Tanca.

Fin du judicat[modifier | modifier le code]

Le judicat de Logudoro a pris fin en 1259, quand le « giudicessa » Adelasia mourut sans héritier. Après cela, le Logudoro était effectivement dirigée par la famille génoise des Doria et Malaspina et la famille régnante d'Arborea, Sassari devenant entre-temps une cité-État autonome[1].

Juges de Torres (moitié années 1000 -1259 environ)[2][modifier | modifier le code]

Mariano II di Torres
Blason du Judicat
Titre Nom Du Au Conjoint et notes
1 Juge Costantin I di Torres, de Lacon-Gunale moitié XIe siècle
2 Juge Andrea Tanca moitié XIe siècle
3 Juge Comita I de Torres fin XIe siècle
4 Juge Gonnario Comita de Lacon-Gunale 1015 1038
5 Juge Torchitorio Barisone I de Lacon-Gunale 1038 1060 Maria de Serra
6 Juge Barisone Ier de Torres 1060 1073
7 Juge Mariano Ier de Torres fin 1100 Susanna de Zori
8 Juge Pietro I ? XIe siècle Giorgia de Zori, Anna de Zori
9 Juge Costantino II ? XIe siècle
10 Juge Pietro II  ? XIe siècle
11 Juge Costantino III 1113 1125 Marcusa de Gunale, Maria de Arrubu, Maria de Zori
12 Juge Gonario II de Torres 1127 1154 Maria de Parlascio Ebriaco
13 Juge Barisone II de Torres 1154 1190 Preziosa de Orrubu
14 Juge Costantino IV 1191 1198 Druda di Catalogna, Prunisinda de Catalogna
15 Juge Comita II de Torres 1210 1218 Sinispella d'Arborea (mère Mariano II), Agnese de Saluzzo
16 Juge Mariano II de Torres 1218 1233 Agnese de Massa-Cagliari
17 Juge Barisone III de Torres 1233 1236 régence de son oncle Orzocco
18 Judicessa Adelasia 1236 1259 Ubaldo Visconti de Gallura, Enzio de Sardaigne
19 Juge ou Roi Enzio de Sardaigne 1238 1243 Adelasia de Torres; titulaire 1243-1272

Après la mort d'Adelasia de Torres, vers 1259, sans héritier, le Judicat est partagé entre l'Arborée et les familles Doria et Malaspina.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ortu 2005, p. 67
  2. Carta Raspi 1935, p. 276-278

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) AA. VV., Genealogie medioevali di Sardegna, Cagliari 1984.
  • (it) AA. VV., Il Regno di Torres, Sassari 1996.
  • (it) R. Carta Raspi, La Sardegna nell'alto Medioevo, Cagliari, .
  • (it) G.G. Ortu, La Sardegna dei Giudici, lieu, .
  • (it) A. Boscolo, La Sardegna dei Giudicati, Cagliari, della Torre, 1979.
  • (it) G. Sanna, Invasioni degli Arabi e origine del Giudicato in Sardegna, Cagliari, Dessì, 1900.
  • (es) A. Arribas Palau, La conquista de Cerdeña por Jaime II de Aragon, Barcelone, 1952.
  • (es) C.E. Dufourcq, L'expansiò catalana a la Mediterrània occidental, Segles XIII e XIV, Barcelone, 1969.
  • (en)[PDF] Site de I. Mladjov Medieval Sardinia (Sardegna) Consulté le .

Articles connexes[modifier | modifier le code]