Conquête musulmane de la Sardaigne

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La conquête musulmane de la Sardaigne est l'invasion et l'occupation de la Sardaigne byzantine une première fois de 710 à 778, puis de 1015 à 1016.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le prophète Mahomet et ses sahabas (compagnons) émigrèrent (Hégire) de la ville de La Mecque en 622 puis commencèrent l'expansion de l'islam en conquérant l'Arabie (623-632). Le Califat des Rachidoune poursuit son expansion en conquérant le Machrek (634-638), l'Égypte (639-643), le Maghreb dès 647 et la Sicile dès 652 qui est victime d'attaques et de pillages tout au long de la première moitié du VIIIe siècle. Après la prise de la ville de Carthage en 698 par les musulmans, les Sarrasins effectuent leurs premiers raids contre la Corse dès 704[1] qui dureront plus de cinq siècles.

Première conquête musulmane de la Sardaigne (710-778)[modifier | modifier le code]

Carte médiévale arabe de la Sardaigne.

C’est durant la période iconoclaste de l'histoire byzantine, c’est-à-dire au cours du VIIIe siècle, que l’Empire byzantin entre en crise, et que les Sarrasins du califat omeyyade prennent, petit à petit, le contrôle de la mer Méditerranée. Ainsi la Sardaigne, alors partie intégrante de l'Empire byzantin ne bénéficie plus de la protection de Byzance et est donc forcée d’organiser sa défense contre les envahisseurs arabes, qui a commencé le [2].

Les attaques sur la Sardaigne bien que moins importantes qu'en Sicile coupent les liens de cette première avec l'empire byzantin et marquent de facto l’indépendance de l'île au profit des Omeyyades. Mais bien que les arabes restent pendant 68 ans en position de domination, une révolte populaire chasse rapidement les arabes de l’île en 778[3]

En 805, les Byzantins signent une trêve de dix ans avec Ibrahim I ibn Al-Aghlab, émir d'Ifriqiya de la dynastie royale des Aghlabides, alors vassaux des Abbassides. Mais cela n'empêche pas d'autres musulmans provenant d'autres régions hors d'Afrique et d'Espagne d'attaquer la Sardaigne et la Corse de 806 à 821 (échec lors de cette dernière année).

Au IXe siècle, les Arabes achèvent la conquête de la Méditerranée, du Nord de l'Afrique, de l'Espagne et de la Sicile, les côtes sardes sont soumises à leurs attaques incessantes et à leurs razzias[4].

Seconde conquête musulmane de la Sardaigne (1014-1017)[modifier | modifier le code]

Le désintérêt et le vide de pouvoir qui s'ensuit de la part de la lointaine Byzance pousse l'île à gérer elle-même son sort : ainsi, elle s'organise administrativement et militairement en 4 Giudicati (ou judicats) : ceux de l'Arborée, de Calaris (Cagliari), de la Gallura et du Logudoro (Torres), royaumes souverains et indépendants les uns des autres[5].

En 1014-1015, établi aux îles Baléares, l'émir Mujahid al-Amiri dit Musetto (ou Mugetto), prépare la conquête de la Sardaigne. Profitant qu'une grande partie de la flotte navale de Pise soit en mission de représailles contre des sarrasins en Calabre, Mujahid débarque à Torres avec une flotte de 125 navires transportant 1 000 chevaux pour tenter de conquérir l'île[6]. En une nuit, le judicat de Torres (Logudoro) devient, le nouveau royaume de Mujahid, qui à partir de ce territoire veut conquérir d'abord l'île de Sardaigne et ensuite Pise en Italie continentale.

Après avoir regroupé ses troupes, Mujahid se tourne rapidement vers Pise, qui était depuis le début son objectif. Ainsi Mujahid attaque Pise où le massacre est alors féroce : seules les femmes valides sont épargnées, mais uniquement pour être vendues sur les marchés aux esclaves. Cette vente aurait financé de façon très importante la flotte sarrasine. Des quartiers entiers de la ville toscane sont enflammés, et avant que les bateaux pisans retournent de leur incursion en Calabre, Mujahid al-Amiri est déjà reparti à Olbia (Sardaigne) avec ses prisonnières.

On ne sait pas si du Judicat de Logudoro, ses troupes se sont entre-temps déplacées à Olbia. De toute façon, peu après, les sarrasins contrôlaient tout le territoire compris entre les deux ports sardes septentrionaux. Sûrement l'archipel de la Maddalena était déjà entre les mains arabes, ainsi que la Corse méridionale.

Les Pisans poursuivent immédiatement Mujahid al-Amiri. C'est l'amiral Vittore Ricucchi (ou Ricucci) qui commande les opérations, et débarque à Sainte Lucia de Siniscola (ou plus probablement, dans le Portus Luguidonis de l'actuel San Giovanni de Posada) pour s'allier aux Sardes, qui organisent déjà leur résistance.

Ainsi, Sardes et Pisans, par la mer ainsi que par la terre, marchent ensemble vers Olbia. Mais Mujahid al-Amiri se replie à l'ouest, vers la Limbara, en direction de Tempio Pausania, et rejoint Torres. Ainsi protégé dans son nouveau quartier général fortifié (où il avait rassemblé le gros de ses navires), le sarrasin inquiète les Pisans, qui ont à nouveau laissés leur ville sans défense. Ainsi les Pisans auraient laissé les sardes seuls (et donc moins dangereux) face à l'envahisseur.

Ainsi, moins menacés, les pirates arabes mettent en place un réseau de patrouilles maritimes pour instaurer un blocus des eaux entre la Sardaigne et la Corse.

Peu après, l'activité pirate se déplace vers la mer Tyrrhénienne, où ils commencèrent à piller les bateaux des Génois et des Pisans.

Le pape sollicite une alliance de Gênes et de Pise pour former une puissante flotte chrétienne qui va chasser les troupes arabes de Sardaigne.

Les génois et pisans n'avaient pas seulement leur économie en suspens, mais également un désir de vengeance.

Apprenant l’arrivée de la flotte chrétienne menée par Pise et Gênes, le chef de guerre arabe Mujahid abandonne l'île en 1017[7].

Référencement[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

  • Charles Diehl, L'Afrique byzantine : histoire de la domination byzantine en Afrique (533–709), Paris, Ernest Leroux, , 644 p..

Références[modifier | modifier le code]

  1. [1] Colonna de Cesari Rocca in Histoire de Corse - Ancienne Librairie Furne - Boivin & Cie, Éditeurs Paris 1916 - p. 35
  2. (it) Pietro Martini, Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna, p. 60.
  3. Auguste Boullier, L’Île de Sardaigne : description, histoire, statistique, mœurs, état social, 1865, p. 52 [lire en ligne].
  4. (it) Alfonso Stiglitz, Giovanni Tore, Giuseppe Atzori et Salvatore Sebis, Un millennio di relazioni fra la Sardegna e i paesi del Mediterraneo (chapitre : La penisola del Sinis tra i bronzo finale e la prima età del ferro, Selargius Cagliari, .
  5. (it) Francesco Cesare Casula, La storia di Sardegna, Sassari, Delfino, , 1463 p. (ISBN 88-7138-063-0).
  6. (en) Richard Fletcher, Moorish Spain, nouv. éd., 1993, p. 84-85. (ISBN 0-520-08496-9)
  7. (it) Pietro Martini, Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna, A. Timon, 1861, p. 118.

Voir aussi[modifier | modifier le code]