Calendrier aztèque

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Le calendrier aztèque était intimement lié à la mythologie des anciens peuples de la Mésoamérique, ceux qui jadis occupaient le plateau central du Mexique et qui ont formé, entre le XIVe et le XVIe siècle, la civilisation Aztèque. Exprimant un système de croyances chargé de représentations abstraites (divinités, symboles, numéros, couleurs, qui se combinent et se reflètent les uns sur les autres)[1], le temps mexicain ne se distinguait pas radicalement de l'espace conçu comme un milieu hétérogène et doué de propriétés singulières selon les orientations cardinales. De même, à la différence de nos habitudes mentales, il n’était pas perçu comme linéaire (compte long) mais s’appréhendait de manière cyclique à travers 3 systèmes comptables parallèles mettant en lumière des connaissances astronomiques élaborées[note 1]. On parlera donc à la suite du système calendaire aztèque et de ses cycles spatio-temporels divinatoire, solaire et vénusien[4].

En première lecture, le système calendaire aztèque peut nous paraître anarchique. Juste après la conquête espagnole, le missionnaire franciscain Bernardino de Sahagún avait du reste cédé à cet a priori en le décrivant comme une affaire de sorcellerie, plutôt qu'une chose quelconque, ingénieuse ou raisonnable[5]. Mais sa cohésion est faite des attitudes sentimentales et affectives codifiées en mythes et en rituels par le peuple qui l'a élaboré. En ce sens, il ne plonge pas ses racines dans des réflexions rationnelles fondées uniquement sur l'expérience. Son unité, sa solidité interne sont subjectives[1]. Finalement, il faut garder à l'esprit que le calendrier aztèque était issu des croyances anciennes (cosmogonie) de tribus diverses[6]. De ce fait, cette ensemble de computation du temps complexe et instable n'avait pas encore, au moment où les européens l'ont découvert, subi une rationalisation comparable à celui des Mayas[3].

L’espace

Selon Soustelle qui mentionne l'Historia de los Mexicanos por sus pinturas, les Aztèques imaginaient l’espace organisé en strates. Au-dessus de leur tête se trouvaient 13 cieux superposés, avec leur population bigarrée de monstres et de divinités, auxquels ils attribuaient des particularités. Par exemple, le 1er ciel était le séjour des étoiles, le 2e celui de démons squelettiques (Tzitzimime) qui menaçaient l'équilibre du monde. Les "oiseaux précieux" occupaient quant à eux le 4e ciel. Il faut entendre par là les âmes des guerriers sacrifiés qui après 4 ans revenaient sur terre peupler les campagnes du Mexique. Dans le 6e ciel, habité par Quetzalcoatl, ce trouvaient les 4 vents (un pour chaque point cardinal). Telle était en résumé la représentation mexicaine des cieux[7]. Par suite, plus bas, en dessous de la voûte céleste, venaient alors les 9 couches du monde terrestre s’étageant du sommet des montagnes (séjour de Tepeyollotl et des nuages) jusqu'aux profondeurs souterraines (pays de Mictlan), elles-mêmes parcourues par 9 rivières[8]. Hormis cet espace vertical, les anciens Mexicains reconnaissaient à chacune de ces strates une dimension horizontale à 4 directions. En voici une description succincte faisant principalement référence aux propositions de Durand-Forest[9].

Les 4 points cardinaux

Fig. 1 : Page 72 du codex Borgia montrant les 4 directions (l'Est en bas à gauche, le Nord à droite, l'Ouest au-dessus et le Sud en haut à gauche). Au Centre, on distingue la figure d'un Tzitzimime[10].

Symbolisés par des couleurs, chargés d’attributs divers et traversés par des phénomènes naturels[note 2], les 4 points cardinaux étaient représentés dans l’ordre suivant : l’Est en haut du plan horizontal, le Nord à gauche, l’Ouest en bas et le Sud à droite[13]. Ces espaces orientés jouaient un rôle fondamental dans les conceptions cosmologiques des anciens Mexicains. À l'image du Soleil qui monte dans le ciel, atteint son apogée avant de redescendre pour disparaître, ils fournissaient la représentation et les lieux de tout ce qui sur terre croît et décroît (végétation, vie humaine, astres, etc.)[14]. Plusieurs manuscrits représentent ces espaces et leurs associations avec des divinités qui y séjournaient[note 3], des arbres stylisés et des oiseaux comme le colibri, le quetzal, le perroquet, la chouette ou même le papillon (Fig. 5 et 7)[15].

  • L’Est était désigné par la couleur rouge et comme étant le "Côté de l'Aube" (Tlapcopa), car c’est à l’Est qu'apparaît le Soleil. Les Aztèques associaient à cet espace les notions de résurrection, de jeunesse et de fertilité. Le vent qui le traversait était doux, tiède et favorable. C’était un pays paisible, le paradis terrestre (Tlalocan). Les divinités résidentes étaient Tlaloc (Fig. 1) et Tonatiuh (Fig. 4).
  • Le Nord était évoqué par la couleur noire et comme étant le "Côté de la Nuit" (Mictlampa). C’est en ce lieu que se trouvait le séjour des morts. Mais le Nord était aussi le pays de la guerre, de la chasse. Il évoquait l’hiver, la saison sèche et les famines. Le vent qui s’y répandait était un souffle violent et glacial. Tlazolteotl (Fig. 1) et Tezcatlipoca (Fig. 4) demeuraient dans cette direction .
  • L’Ouest était figuré par la couleur blanche et comme étant le "Côté du Déclin" (Tamoanchan), là où disparaît le Soleil. C’était l’endroit où se retirait la végétation vielle et usée, le vieux maïs ainsi que les anciens dieux déchus. Mais l’Ouest était aussi le côté des femmes, des fleurs et de l'amour. Le vent qui le balayait était frais et humide. Avec le dieu Quetzalcoatl (Fig. 1), la déesse Centeotl (Fig. 4) y séjournait.
  • Le Sud quant à lui était symbolisé par la couleur bleue et comme étant le "Côté des Épines" (Huitzlampa). Ce lieu aride, où la végétation était maigre, asséchée par le Soleil du zénith et un vent brûlant, se transformait néanmoins à la saison des pluies en un pays tropical luxuriant. C'était aussi le lieu de résidence de Macuilxochitl (Fig. 1) et de Mictlantecuhtli (Fig. 4).

Aux yeux des Aztèques, le monde trouvait son équilibre au Centre, dans le "Nombril de la Terre" (Tlalxicco) qui conduisaient de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Pourtant, là encore, on est loin de se trouver devant une image homogène pour cette 5e direction cardinale. Car si le Centre était souvent considéré comme le point où les particularités attachées à chaque direction se totalisaient dans un dessein favorable ; parfois il n'était plus que le lieu inquiétant des apparitions et des mauvais présages[12]. Quoi qu'il en soit, même si les relations latérales et transversales opposaient les caractères antithétiques des divers espaces (directions et strates), elles les rapprochaient aussitôt à travers d'autres affinités ou particularités analogues. Cette association des contraires était familière à la pensée cosmologique mexicaine[16].

Le temps

De même que les espaces étaient foncièrement différents les uns des autres et constituaient des aires qualitativement singulières, de même les temps étaient profondément distincts, et chaque temps particulier (cours annuel, saisonnier ou journalier) était en rapport avec un espace déterminé[17]. En suivant Dehouve et Vié-Wohrer, cette conception provient de l'expérience fondamentale vécue par les prêtres aztèques observant, face à l'horizon et depuis un point fixe orienté, le lever du Soleil (cf. Note 1). De la sorte, le solstice d'hiver représentait pour eux une expérience à la fois temporelle et spatiale. Car à cette période de l'année, le Soleil apparaissait sur leur droite (le plus à l'Est). À l'inverse, au solstice d'été, il se levait sur leur gauche (le plus au Nord)[18]. En outre, au moment de l’équinoxe d'automne ou de printemps, l'Est n'était pas seulement face à l'observateur aztèque, il était aussi au-dessus puisque le Soleil montait au fil des heures dans le ciel comme s'il gravissait les degrés d'une pyramide[note 4]. Puis, lorsque l'astre redescendait pour disparaître à l'horizon, l'Ouest n'était pas seulement derrière lui, il était aussi au-dessous[14]. Ainsi, on l'a compris, les temps et les espaces étaient indubitablement imbriqués les uns dans les autres.

Les 20 signes temporels

Pour réaliser leurs mesures chronologiques, les prêtres aztèques, astronomes et astrologues, utilisaient une base arithmétique vigésimale[3] composée d’une série de 20 signes ou symboles dont l’origine remonte probablement à la période olmèque d’avant notre ère[21]. Ces signes journaliers, représentant des entités ou des phénomènes naturelles (animaux, végétaux, vent, eau, pluie) et des symboles religieux (temple, objets de culte, invocations spatiales, etc.), se succédaient indéfiniment, toujours dans le même ordre et sans interruption d'aucune sorte[17]. Rattachés au symbolisme de l’une ou l’autre des 4 directions cardinales et placés sous le patronage d'une divinité régente, ils revêtaient alors, selon une lecture magico-religieuse, des caractéristiques prophétiques[22]. En plus du 20, les nombres utilisés pour la computation du temps étaient le 13 relatif à la somme des strates de l’espace céleste, le 18 totalisant les 9 couches de l’espace terrestre et ses 9 rivières souterraines, le 4 et le 5 se rapportant aux 4 points cardinaux plus le Centre[note 5]. Voici à la suite la pictographie des 20 signes temporels. Ils sont accompagnés de leur nom en français traduit de la langue nahuatl, de l’influence spatiale et de la divinité dont ils étaient affectés. Leur numérotation est ici relative.

Fig. 2 : Sculptés sur la Pierre du Soleil dans une configuration circulaire, les 20 glyphes temporels (colorisation didactique). La lecture se fait de midi et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)
Cipactli Ehecatl Calli Cuetzpallin Coatl Miquiztli Mazatl Tochtli Atl Itzcuintli
Crocodile Vent Maison Lézard Serpent Mort Chevreuil Lapin Eau Chien
Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir
Tonacatecuhtli Quetzalcoatl Tepeyollotl Huehuecoyotl Chalchiuhtlicue Tecciztecatl Tlaloc Mayahuel Xiuhtecuhtli Mictlantecuhtli
(11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20)
Ozomahtli Malinalli
Acatl
Ocelotl
Cuauhtli
Cozcacuauhtli Ollin Tecpatl
Quiahuitl Xochitl
Singe Herbe Roseau Jaguar Aigle Vautour Mouvement Silex Pluie Fleur
Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu Est-rouge Nord-noir Ouest-blanc Sud-bleu
Xochipili Patecatl Tezcatlipoca Tlazolteotl Xipe Totec Itzpapalotl Xolotl Chalchiuhtotolin Tonatiuh Xochiquetzal
Fig. 3 : Pages 9 à 13 du Codex Borgia exposant en face à face la relation des 20 signes temporels avec leur divinité influente. La lecture ce fait de droite à gauche de la ligne du bas, puis de gauche à droite en suivant la ligne du haut[23].
Fig. 4 : Pages 12 et 13 du codex Cospi illustrant les 4 points cardinaux : l'Est en haut à gauche, le Nord en dessous, l'Ouest à droite et le Sud au-dessus. À gauche des divinités y séjournant, les 5 symboles temporels associés à chacune des 4 directions[24].

L'espace-temps divinatoire

Consacré essentiellement aux lectures prophétiques, l'espace-temps divinatoire remplissait des fonctions que l'on peut qualifier d'astrologiques (prédictions établies en considérant les influences des divinités sur les différentes subdivisions temporelles)[22]. Il comptait 260 jours et se déroulait en un cycle continu de 20 mois de 13 jours (260) que les Aztèques appelaient : Tonalpohualli (Compte des jours ou Compte des destins)[25]. Pour la datation, chaque symbole temporel était numéroté de 1 à 13 en fonction de la position qu'il occupait dans la série. Dans cette compréhension, si le 1er mois de l'année débutait logiquement par le 1er signe temporel, le 2e commençait quant à lui par le 14e symbole qui était alors affecté du chiffre 1 (1er jour du 2e mois). En sus, sur un plan plus large, le symbole du 1er jour de chaque mois donnait son nom à la série de 13 jours et revêtait une importance particulière qui s'étendait aux 13 jours suivants[22]. De même, en mentionnant Hamy[26] et en référence au tableau ci-dessous, chaque série ou treizaine était consacrée à une divinité (parfois deux) qui régentait toute la période en cours. En résumé, chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la treizaine, de la divinité associée à son signe, des attributs de sa direction et de son nombre. Cycle après cycle, cette association était stable, chaque jour conservait les mêmes patrons[27]. Pour aider à fixer les idées, voici un tableau synthétisant les grands principes énoncés. Par souci de clarté, toutes les divinités régissant les treizaines n'y figurent pas.

Fig. 5 : Page 13 du codex Borbonicus exposant la 13e treizaine du calendrier divinatoire qui était consacrée à la déesse Tlazolteotl et à Tezcatlipoca (grande case supérieure à gauche). La lecture des 13 signes journaliers (numérotés par des points rouges) se fait de gauche à droite, puis de bas en haut de la colonne de droite[note 6].
Nom du mois Suite des jours (treizaine) Divinité consacrée Nom du mois Suite des jours (treizaine) Divinité consacrée
1 Crocodile 1-Crocodile → 13-Roseau Tonacatecuhtli 11 Singe 1-Singe → 13-Maison Patecatl
2 Jaguar 1-Jaguar → 13-Mort Quetzalcóatl 12 Lézard 1-Lézard → 13-Vautour Itztlacoliuhqui
3 Cerf 1-Cerf → 13-Pluie Tepeyollotl 13 Mouvement 1-Mouvement → 13-Eau Tlazolteotl
4 Fleur 1-Fleur → 13-Herbe Huehuecoyotl 14 Chien 1-Chien → 13-Vent Xipe Totec
5 Roseau 1-Roseau → 13-Serpent Chalchiuhtlicue 15 Maison 1-Maison → 13-Aigle Itzpapalotl
6 Mort 1-Mort → 13-Silex Tonatiuh 16 Vautour 1-Vautour → 13-Lapin Xolotl
7 Pluie 1-Pluie → 13-Singe Tlaloc 17 Eau 1-Eau → 13-Crocodile Chalchiutotolin
8 Herbe 1-Herbe → 13-Lézard Mayahuel 18 Vent 1-Vent → 13-Jaguar Chantico
9 Serpent 1-Serpent → 13-Mouvement Xiuhtecuhtli 19 Aigle 1-Aigle → 13-Cerf Xochiquetzal
10 Silex 1-Silex → 13-Chien Mictlantecuhtli 20 Lapin 1-Lapin → 13-Fleur Xiuhtecuhtli
Fig. 6 : Pages 1 à 8 du codex Borgia figurant le Tonalamatl (Livre des destins)[29]. De droite à gauche et de bas en haut, les 20 treizaines du cycle divinatoire de 260 jours[30].

Le cycle divinatoire

Sur ces prémisses et en suivant principalement Soustelle, le cycle divinatoire commençait par le signe Crocodile dédié à L'Est[31]. Il était donc affecté du chiffre 1 et constituait ainsi la date univoque 1-Crocodile. Dans le prolongement de ce mouvement en treizaines, le 1er mois dominé par Tonacatecuhtli se terminait par le jour favorable 13-Roseau. Le second débutait à la suite, sous les auspices de Quetzalcóatl, par la date néfaste 1-Jaguar qui était rattachée au Nord. Par enchaînements successifs, le 19e mois consacré à Xochiquetzal s’achevait alors par le jour favorable 13-Chevreuil venu de l'Ouest. Finalement, la 20e et dernière treizaine dominée par Xiuhtecuhtli s’amorçait par le jour 1-Lapin associé au Sud, et se terminait à la date 13-Fleur. 20 n’étant pas divisible par 13, il en résulte que les symboles n’étaient jamais affectés du même numéro au cours du même cycle de 260 jours[32]. À la fin de la 20e et dernière treizaine, un nouveau cycle divinatoire de 260 jours recommençait à la position 1-Crocodile. Par ailleurs et comme esquissé, à l'intérieur de ces treizaines, les jours portant les chiffres 3, 7, 10, 11, 12 ou 13 passaient généralement pour favorables ; ceux qui portaient les numéros 4, 5, 6, 8 ou 9, pour néfastes[33]. Mais il y avait une multitude de cas particuliers[note 7] : par exemple, les hommes qui naissaient le jour 1-Mort étaient destinés à devenir sorciers, 7-Fleurs était favorable aux peintres, 1-Serpent aux négociants, 9-Chien à la magie noire et aux ciseleurs, 1-Maison aux médecins et aux sages-femmes[33].

L'espace-temps solaire

Rythmant les saisons et les activités agricoles[35], l'espace-temps solaire se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 4 années comptant 365 jours chacune[36]. Cela donnait une période de 52 ans (13X4) qui totalisait 18'980 jours (52X365) et que les Aztèques appelaient : Xiuhpohualli (Compte annuel)[37]. Tout comme notre calendrier grégorien, l’année Solaire aztèque se référait à l’orbite sidérale de la Terre autour du Soleil[3]. Mais ses 365 jours étaient eux subdivisés en 18 mois de 20 jours (360) plus 5 jours supplémentaires (Nemontemi) qui étaient tous perçus comme néfastes[note 8]. Pour figurer les jours, l'ensemble des symboles temporels était numéroté de 1 à 20[note 9]. Le comptage commençait toujours par le signe 1-Roseau, année de l'Est, jour initial du monde, de la naissance du Soleil après que Quetzalcoatl se soit sacrifié pour réapparaître à l'Est comme astre du jour[38]. Ce symbole donnait alors son nom à la 1re année qui se trouvait également placée sous l'influence de la déités associée[note 10]. La présence des 5 jours supplémentaires avait pour conséquence que le jour qui commençait et caractérisait l'année suivante était systématiquement décalé de 5 rangs par rapport à celui qui avait initié l'année précédente[40]. De la sorte, 20 étant divisible par 5, il n'y a que 4 symboles sur les 20 qui puissent marquer le début d'une année. Ce sont, dans l'ordre, les signes "porteurs d'années" Roseau, Silex, Maison et Lapin (un pour chacune des 4 directions)[36]. D'autre part, à l'intérieur de l'année, le nom des 18 mois évoquaient des fêtes ou des événements eux aussi affectés par une ou plusieurs divinités singulières[note 11]. En voici la distribution non exhaustive selon Sahagún[43].

Fig. 7 : Page 1 du codex Fejérváry-Mayer. Croix de Malte dont les 4 bras forment les directions cardinales. Du coin supérieur gauche et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre on remarque les 4 signes "porteurs d'années" du cycle solaire : Roseau (Est), Silex (Nord), Maison (Ouest) puis Lapin (Sud). Au centre, le dieu du Feu Xiuhtecuhtli, parce que le foyer se trouve au milieu de la maison aztèque[44].
Nom du mois Evocation festive Divinité consacrée Nom du mois Evocation festive Divinité consacrée
1 Atlacahualo "Arrêt de l'eau" Tlaloc 10 Xocotl Huetzi "Chute des fruits" Xiuhtecuhtli
2 Tlacaxipehualitzi "Écorchement des hommes" Xipe Totec 11 Ochpaniztli "Balayage des chemins" Tlazolteotl
3 Tozoztontli "Petite veille" Coatlicue 12 Teotleco "Retour des dieux" Tezcatlipoca
4 Huey Tozoztli "Grande veille" Chicomecoatl 13 Tepeilhuitl "Fête des montagnes" Tlaloc
5 Toxcatl "Sécheresse" Tezcatlipoca 14 Quecholli "Plume précieuse" Mixcoatl
6 Etzalcuauliztli "Repas de maïs et haricots" Tlaloque 15 Panquetzaliztli "Élévation des drapeaux" Huitzilopochtli
7 Tecuilhuitontli "Petite fête des dignitaires" Huixtocihuatl 16 Atemoztli "Descente de l'eau" Tlaloc
8 Huey Tecuilhuitl "Grande fête des dignitaires" Xilonen 17 Tititl "Resserrement" llamatecuhtli
9 Tlaxochimaco "Offrande de fleurs" Huitzilopochtli 18 Izcalli "Croissance" Xiuhtecuhtli
Division et distribution des 52 années solaires en 4 séries de 13 / Chaque signe "porteur d'années" domine 1 année sur 4
Série Nom du signe Direction 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1 Roseau → Est-rouge → 1 5 9 13 17 21 25 29 33 37 41 45 49
2 Silex → Nord-noir → 2 6 10 14 18 22 26 30 34 38 42 46 50
3 Maison → Ouest-blanc → 3 7 11 15 19 23 27 31 35 39 43 47 51
4 Lapin → Sud-bleu → 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52

Le cycle solaire

Considérant en abyme ces références complexes, le cycle solaire de 52 ans commençait donc par le jour 1-Roseau. Ce signe étant un "porteur d’année" venu de l’Est, les caractéristiques associées à cette direction et à Tezcatlipoca (divinité associée) marquait de son influence cette 1re année qui était affectée du chiffre 1. 19 jours plus tard, le 1er mois "Arrêt de l'eau" consacré à Tlaloc se terminait par le signe 20-Herbe. Par suite logique, le 2e mois "Écorchement des hommes" présidé par Xipe Totec débutait alors par la date 1-Roseau. Et il en allait de cette même dynamique continue pour les 16 mois suivants. À la fin de ce comptage de 360 jours, les Aztèques complétaient la série par 5 jours néfastes. Ainsi, le jour 5-Mouvement bouclait cette 1re année. La 2e année s’initiait alors par le symbole suivant dans la série des 20 signes temporels, c'est-à-dire : le "porteur d'années" 1-Silex caractérisant de ses attributs (Nord et Chalchiuhtotolin), comme par osmose, cette seconde période qui prenait fin par le jour néfaste 5-Vent. Suivant cette mécanique en cascade, la 3e année débutait avec le signe « porteur d’années » 1-Maison associé au champ de forces de l’Ouest et à Tepeyollotl, et s’achevait par le jour néfaste 5-Chevreuil. La 4e année commençait quant à elle par le jour "porteur d'années" 1-Lapin relié au Sud comme à la déesse Mayahuel, et se terminait 365 jours plus tard par le jour néfaste 5-Herbe. Au terme de ces 4 premières années, une nouvelle série s’amorçait jusqu’à ce que chaque symbole "porteur d’années" soit numéroté à 13 reprises. Ainsi, ce n'est qu'au terme de 52 ans qu'une même date se répétait, qu'un même signe "porteur d'années" était affecté du même chiffre[45].

L'espace-temps vénusien

Principalement mythologique, l'espace-temps vénusien se déroulait en un cycle continu de 13 séries de 5 années comptant 584 jours chacune. Cela donnait une période de 65 ans (13x5) qui totalisait 37'960 jours (65x584) et que les Aztèques appelaient : Ueuetiliztli (Vieillesse)[46]. Les 584 jours de l’année vénusienne correspondent à une période synodique de la planète Vénus par rapport à la Terre[47]. Cette période est égale au temps qui s’écoulent entre deux oppositions Terre/Vénus, entre deux alignements se réalisant sur le même axe intérieur au regard du Soleil. Les 584 jours de l’année vénusienne aztèque étaient subdivisées en 44 treizaines ou mois de 13 jours (572), plus 12 jours intercalaires (584)[48]. D'autre part, si l'on divise avec Soustelle 584 par 20, nombre de signes temporels, on obtient un reste de 4. Par déduction mathématique, il y a donc que 5 signes qui puissent être "porteurs d'années" (20/4). Ce sont, dans l'ordre : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement[49]. Sur le tableau des signes temporels donné plus haut, ces "porteurs d'années" sont tous dédiés à l’Est, là où se lève le Soleil et apparaît l’étoile du matin, la planète Vénus. Pourtant, certains auteurs, s'appuyant sur les travaux de Seller[50], redistribuent les influences cardinales de la manière suivante : Crocodile à l'Est, Serpent au Nord, Eau à l'Ouest, Roseau au Sud et Mouvement au Centre (Fig. 8). Comme dans le Tonalpohualli, chaque jour subissait l'influence conjuguée du dieu régent de la treizaine, de celui de son signe, des attributs de sa direction et de son nombre.

Fig. 7 : Pages 80 à 84 du codex Vaticanus B illustrant, de droite à gauche, les 5 X 13 signes "porteurs d'années" : Crocodile, Serpent, Eau, Roseau et Mouvement[51]. On voit aussi le dieu Tlahuizcalpantecuhtli en train de percer de ses flèches des catégories d'humains : les vieillards sous le signe Crocodile, les jeunes gens en Serpent. Ses flèches s'attaquent même à l'Eau (ce qui provoque la sécheresse), à un symbole (le trône) et au Jaguar[52]. Les points correspondent à la datation chronologique des 5 signes dans le Tonalamatl[48].
Fig. 8 : Page 25 du codex Borgia montrant les 5 directions du cycle vénusien, c'est-à-dire les 4 points cardinaux avec leur dieu régent plus le Centre. En partant d'en haut à droite et dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre, on a : à l'Est Quetzalcoatl, au Nord Mixcoatl, à l'Ouest Xipe Totec et au Sud Tlaloc. Le signe "porteur d'années" 10-Mouvement marque le Centre, point de rupture possible du monde[49].
Les 65 années vénusiennes en 5 séries de 13 / Distribution des dates auxquelles les signes devenaient "porteurs d'années"
Série Nom du signe Direction 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1 Crocodile → Est-rouge → 1 9 4 12 7 2 10 5 13 8 3 11 6
2 Serpent → Nord-noir → 13 8 3 11 6 1 9 4 12 7 2 10 5
3 Eau → Ouest-blanc → 12 7 2 10 5 13 8 3 11 6 1 9 4
4 Roseau → Sud-bleu → 11 6 1 9 4 12 7 2 10 5 13 8 3
5 Mouvement → Centre → 10 5 13 8 3 11 6 1 9 4 12 7 2

Le cycle vénusien

En suivant ce protocole, le cycle vénusien de 65 ans commençait par le jour 1-Crocodile. Ce signe étant aussi un "porteur d’années", le dieu régent Quetzalcoatl et les particularités de l'Est marquaient donc de leur influence cette 1re année. Elle était affectée du chiffre 1. Comme dans le cycle divinatoire, le 1er mois vénusien se terminait par le jour 13-Roseau. De même, le 2e débutait à la suite par la date 1-Jaguar, et ainsi de suite sans interruptions d’aucune sorte jusqu’à la fin de la 44e treizaine. Dans le prolongement de ce comptage de 572 jours, les anciens Mexicains ajoutaient 12 jours supplémentaires qui bouclaient cette 1re année par le jour 12-Lézard. La 2e année commençait alors par le jour 13-Serpent dédié au Nord (pour achever la treizaine). Et comme ce signe était aussi un "porteur d’années", le dieu influant Mixcoatl répandait à son tour ses présages sur cette période qui se terminait par le jour supplémentaire 11-Lapin. Suivant ce principe d’incrémentation decrescendo, la 3e année consacrée à l'Ouest et à Xipe Totec débutait avec le symbole "porteur d’années" 12-Eau, et prenait fin le jour supplémentaire 10-Herbe. À la suite, la 4e année commençait invariablement par le jour "porteur d'années" 11-Roseau associé au Sud et à Tlaloc, puis se terminait par le jour supplémentaire 9-Vautour. Finalement, la 5e année était "portée" par le jour 10-Mouvement lié au Centre et prenait fin le jour supplémentaire 8-Fleur. Au terme de ces 5 premières années, une nouvelle série s’amorçait jusqu’à ce que chaque signe "porteur d’années" soit numéroté 13 fois.

La cérémonie du Feu nouveau

À l'instar de bien d'autres peuples de la Mésoamérique, les Aztèques pensaient que de nombreuses forces divines se faisaient sentir sur le monde et qu'elles influaient sur les divers cycles du temps : jours, treizaines, vingtaines et années[45]. Selon qu’il s’agissait d’événements comme la naissance d’un enfant, le sort des moissons ou le début d’une campagne militaire, sans doute attribuait-on plus d’importance aux augures de l’un ou l’autre des 3 espaces-temps, aux influx qui régissaient les années qu’à ceux des mois ou des jours[53]. Mais il y avait cependant des dates anxiogènes qui conditionnaient les comportements du peuple tout entier et englobaient l’ensemble des 3 cycles spatio-temporels[note 12]. Ainsi, tous les 52 ans révolus et pas avant, la fin simultanée du cycle solaire et d’un cycle divinatoire (le 73e) avait lieu. On donnait à cette période le nom de Xiuhmolpilli (Ligature des années)[note 13]. À cette date, au cours d'une cérémonie probablement d'origine Toltèques, les prêtres aztèques tentaient à l’aide d’une torche d’allumer un feu sur la poitrine d’une victime[57]. Si le Feu nouveau (Mamalhuaztli) ne prenait pas, c’était le signe tant redouté que les Tzitzimime apparaîtraient sur terre pour anéantir toute l'humanité[56]. Mais si au contraire l’immolation réussissait, elle faisait charnière et un nouveau cycle temporel recommençait. Par suite, 52 ans plus tard, la fin simultanée d’un second cycle solaire et d’un 146e cycle divinatoire coïncidait cette fois-ci avec celle du cycle vénusien[note 14]. C’était alors l’accomplissement d’une Vieillesse (Huehuetiliztli)[55]. Et si le Feu nouveau s’allumait, les 3 espaces-temps s’ajustaient et recommençaient ensemble une nouvelle phase de 104 années[58]. Cette période est la plus longue que les anciens Mexicains aient traitée dans leurs calculs chronologiques[49].

Pour conclure avec Soustelle, la mission du peuple du Soleil consistait à repousser inlassablement l’assaut du néant. À cette fin, il fallait fournir au Soleil "l’eau précieuse" (le sang), sans quoi la machinerie du monde cesserait de fonctionner. C’est donc de cette croyance fondamentale que découlaient les pratiques aztèques de la guerre sacrée et des sacrifices humains. Puisque les dieux eux-mêmes avaient donné leur sang pour régénérer l’énergie cosmique, les hommes ne pouvaient en faire l'économie. Et si les victimes étaient le plus souvent des prisonniers de campagnes militaires, d’autres, désignées par les prêtres selon des méthodes mal connues, se prêtaient volontairement aux rites et à la mort qui les couronnait. Tel était le cas par exemple du jeune homme parfait en tous points que l'on sacrifiait chaque année à Tezcalipoca ou celui des femmes qui, personnifiant des déesses, dansaient et chantaient flegmatiquement en attendant le coup violant du silex[59].

Annexes

Notes

  1. L'astronomie aztèque était fondée sur l'observation "à l’œil nu". La méthode consistait à observer l'horizon et la voûte céleste à partir d'un point fixe convenablement orienté (depuis l'autel d'un temple) d'où l'observateur assistait tout au long de l'année aux phénomènes astraux[2]. Grâce à cette technique, les prêtres, astronomes et astrologues, détenaient des connaissances précises quant à la durée de l'année, à la détermination des solstices, aux phases de la Lune, à la révolution de la planète Vénus et à l’agencement des diverses constellations[3].
  2. On note une variabilité importante dans l'utilisation des couleurs d'un manuscrit à l'autre, et jusqu'à l'intérieur d'un même manuscrit. Le choix des couleurs indiquées pour marquer une direction paraît, le plus souvent, dicté par des considérations rituelles et circonstancielles qui nous échappes[11]. Les 4 vents distincts des anciens Mexicains caractérisaient chacune des 4 directions. Le culte du dieu du vent Quetzalcoatl était très répandu. On lui consacrait des temples circulaires lui offrant moins de résistance[12].
  3. Selon les auteurs, l'association des divinités avec les espaces varie sensiblement. Par exemple, si certains en proposent toute une liste, d'autre comme Durand-Forest se limite à deux entités principales (Tlaloc ou Tlazolteotl) qui, du fait de leur conception quadruple ou quintuple (croyance selon laquelle elles étaient susceptibles d'incarner d'autres divinités) pouvaient être assignées à l'ensemble des grandes directions[15]
  4. La cosmovision prenait également forme dans le tracé des cités. Les pyramides et les agglomérations aztèques s'intégraient dans le paysage selon un dessein délibéré fondé sur l'observation de la course du Soleil et des saisons de l'année[19]. Cette dimension de la cité méso-américaine avait totalement échappé aux premiers Espagnols, dont les chroniques ne soulèvent jamais cet aspect[20].
  5. Cette assertion s'appuie sur l'analyse objective du séquençage des 3 espaces-temps : les 20 mois de 13 jours du cycle divinatoire ; les 18 mois de 20 jours et les 4 signes "porteurs d'années" du cycle solaire ; les 13 jours mensuels et les 5 symboles "porteurs d'années" du cycle vénusien.
  6. A cet ensemble déjà fort complexe, viennent s'ajouter des paramètres qui ne sont pas moins riches symboliquement. Chaque jour était assigné, d'une part, à l'un des 13 seigneurs du jour, les Tonaltetecuhtin, qui se succédaient dans un ordre invariable, accompagnés chacun de son oiseau, et d'autre part, à l'un des 9 seigneurs de la nuit, les Yoaltetecuhtin, dont le règne bénéfique ou maléfique durait du coucher au lever du Soleil[28].
  7. Les prêtres spécialisés nommés, Tonalpouhque, interprétaient les signes dans des circonstances particulières comme la naissance, le mariage, le départ des marchands ou l’élection des chefs. Chaque jour ou chaque série de 13 jours étaient également apprécié, en plus des augures dictés par la numérologie, en fonction des divinités qui les régentaient[34].
  8. Un débat a eu lieu au sujet de la date exacte de l'intercalation des 5 jours Nemontemi qui, selon les sources, étaient placés après le 18e mois ou le 1er. D'autre part, et de façon plus cruciale, il existe de nombreuses interrogations sur la méthode utilisée par les Aztèques pour éviter le déphasage entre leur calendrier solaire (365 jours) et l'année tropique de 365,2422 jours. Tout au plus pouvons-nous dire ici que les Aztèques disposaient de moyens sûrs leur permettant de ne jamais perdre la corrélation avec les principaux phénomènes solaires[2].
  9. Si pour Dehouve et Vié-Wohrer le calendrier annuel (Xiuhpohualli) avait pour but de mettre la succession des fêtes en correspondance avec les cycles naturels du soleil, de la pluie et du maïs, il ne permettait pas pour autant de donner un nom aux jours. Selon eux, cette fonction revenait essentiellement au Tonalpohualli, le calendrier divinatoire[25].
  10. De la même façon que le signe du 1er jour de chaque mois du cycle divinatoire revêtait une importance particulière qui s'étendait aux 13 jours suivants, les 365 jours d'une année solaire subissait l'influence du signe porteur d'années - Roseau, Silex, Maison ou Lapin. Les années Roseau avaient une connotation favorable. Les années Silex risquaient d'apporter la sécheresse et divers malheurs. Les années Maison pouvaient être accompagnées d'inondations et les années Lapin exposaient à la famine[39].
  11. Ces mois de 20 jours portaient chacun plusieurs noms dont l'explication est malaisée. Pour s'y retrouver, les chercheurs ont pris l'habitude de les ordonner par numérotation. Pourtant, il ne s'agit guère plus que d'une convention car les avis divergent sur le mois par lequel commençait l'année. En réalité, il semble que les Aztèques aient accordé moins d'importance à la détermination d'un début d'année qu'à la rotation des mois[41]. Par ailleurs, parfois, certaines divinités se trouvaient associées à des fêtes qui ne leur étaient pas directement consacrées. Quoi qu'il en soit, presque toutes les fêtes comportaient des danses rituelles, donnaient lieu à des simulacres de combats et étaient l'occasion de sacrifices humains[42].
  12. Le calendrier de 260 jours, combiné à celui de 365 jours, permettait d'établir la chronologie des jours et des années. Il se combinait également avec d'autres cycles astraux, en particulier celui de Vénus, dont l'observation revêtait une grande importance[54].
  13. Le plus petit multiple commun de 260 et 365 est 18'980. Autrement dit, un cycle solaire de 52 ans renfermait 73 cycles divinatoires, de la façon suivante : 52X365 = 72X260 = 18'980 jours. Ce n'est donc que tous les 52 ans qu'un jour portera à nouveau le même nom dans les deux systèmes comptables. On donne à cette période le nom de siècle mexicain, appelé en nahuatl Xiuhmolpilli, "Ligature des années"[55]. Cette idée de ligature a pour contre-partie celle de rupture, de fissure. On ne lie que parce que l'on craint que la rupture n'amène la fin du monde[56].
  14. Le plus petit multiple commun de 260, 365 et 584 est 37'960. Il s'ensuit qu'après 104 ans, les 3 cycles spatio-temporels se réinitialisent simultanément de la manière suivante : 104X365 = 146X260 = 65X584 = 37'960 jours[54].

Références

  1. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 89-90
  2. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 95
  3. a b c et d Jacques Soustelle 2011, p. 63
  4. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 107
  5. Ernest Théodore Hamy 1899, p. 3
  6. Jacques Soustelle 1979, p. 57
  7. Jacques Soustelle 1979, p. 109-111
  8. Jacques Soustelle 1979, p. 46
  9. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 112 et 169
  10. Eduard Georg Seler 1905, p. 4
  11. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 169
  12. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 146-147
  13. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 238
  14. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 96
  15. a et b Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 112-113
  16. Jacques Soustelle 1979, p. 158
  17. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 159
  18. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 139
  19. Johanna Broda 2004, p. 86
  20. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 144
  21. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 133
  22. a b et c Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 125
  23. Eduard Georg Seler 1904, p. 16-20
  24. Eduard Georg Seler 1906, p. 109-113
  25. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 117
  26. Ernest Théodore Hamy 1899, p. 6-13
  27. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 128
  28. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 148-150
  29. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 151
  30. Eduard Seler 1904, p. 21-28
  31. Jacques Soustelle 2011, p. 64
  32. Jacques Soustelle 1979, p. 158-160
  33. a et b Jacques Soustelle 2011, p. 65-66
  34. Jacques Soustelle 1979, p. 50
  35. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 114
  36. a et b Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 119
  37. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 93
  38. Jacques Soustelle 1979, p. 164
  39. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 126
  40. Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 113
  41. Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 94
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  43. Bernardino de Sahagún 1985
  44. Eduard Georg Seler 1901, p. 1
  45. a et b Jacqueline de Durand-Forest 2010, p. 118
  46. Louis Cruchet 2009, p. 49
  47. Mireille Simoni 2002, p. 646
  48. a et b Eduard Georg Seler 1906, p. 137-138
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  50. Eduard Georg Seler 1904, p. 4
  51. Eduard Georg Seler 1902, p. 40-42
  52. Jacques Soustelle 1979, p. 71
  53. Jacques Soustelle 1979, p. 163
  54. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 136
  55. a et b Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer 2008, p. 119
  56. a et b Jacques Soustelle 1979, p. 156
  57. Jacques Soustelle 2011, p. 65
  58. Jacques Soustelle 1979, p. 108
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Bibliographie

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  • Jacques Soustelle, L'Univers des Aztèques, Paris, Hermann, coll. « Savoir », , 170 p. (ISBN 2-7056-5901-3).

Articles connexes

Liens externes