Quetzalcoatl
Quetzalcóatl | |
Dieu de la mythologie aztèque | |
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![]() Représentation de Quetzalcoatl (Codex Borbonicus, p.22) | |
Caractéristiques | |
Autre(s) nom(s) | « Serpent à plumes », Ehecatl-Quetzalcóatl |
Nom nahuatl | Quetzalcōātl |
Métamorphose(s) | Serpent à plumes |
Résidence | Ilhuicatl-Teteocan |
Période d'origine | Époque postclassique |
Région de culte | Empire aztèque |
Dieu de la sagesse et de l'intelligence | |
Père | Ometecuhtli |
Mère | Omecihuatl |
Fratrie | Tezcatlipoca, Huitzilopochtli, Xipe Totec |
Dieu de la renaissance et des prêtres | |
Père | Mixcoatl |
Mère | Chimalma |
Fratrie | Tlahuizcalpantecuhtli, Xolotl |
Symboles | |
Animal | Quetzal |
Tonalpohualli | |
![]() Jour aztèque : Ehecatl (vent) |
![]() Treizaine : 2e : Ocelotl (jaguar) |
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Quetzalcóatl[1] (littéralement « quetzal-serpent », c'est-à-dire « serpent à plumes de quetzal », en nahuatl), est le nom donné, dans le centre du Mexique, à l'une des incarnations du serpent à plumes, qui était une des principales divinités pan-mésoaméricaines. Au Mexique central, il est connu à l'époque postclassique sous la forme de Ehecatl-Quetzalcóatl[2].
Origine[modifier | modifier le code]
Le culte de Quetzalcóatl semble originaire de Teotihuacan. Un chef toltèque de la période post-classique était appelé Quetzalcóatl, il s'agit peut-être du même individu connu sous le nom de Kukulkán et qui aurait envahi le Yucatán à la même période. Les Mixtèques eurent aussi un chef nommé le serpent à plumes. Au Xe siècle, un chef étroitement associé à Quetzalcóatl, Ce Acatl Topiltzin Quetzalcoatl, régnait sur les Toltèques. On prétendait qu'il était le fils de Mixcoatl (un légendaire guerrier chichimèque divinisé) et de Chimalma (déesse de Culhuacan), ou un autre de leurs descendants.
Culte[modifier | modifier le code]
Quetzalcóatl se retrouve fréquemment dans la religion et l'art mésoaméricains pendant près de 2 000 ans jusqu'à la conquête espagnole de l'empire aztèque en 1521, chez les Mixtèques (qui le connaissent sous le nom de « 9-Vent »), les Aztèques, les Mayas et surtout les Toltèques. La vénération de Quetzalcóatl incluait parfois des sacrifices humains, bien que certaines traditions affirment qu'il était opposé à ces pratiques.
Prêtres et rois prenaient quelquefois le nom du dieu avec lequel ils étaient associés, ce qui fait que Quetzalcóatl ou Kukulkán est aussi le nom porté par des personnages historiques.
Ensuite, il existait une pratique assez répandue, commune au culte des autres divinités, celle de l’autosacrifice. Consistant en une saignée rituelle plus ou moins douloureuse exercée sur soi et parfois sur des prisonniers, cet acte, extrêmement codifié, était fréquent dans les sociétés précolombiennes ; cette pratique s'identifiait aux différentes formes de la mortification rituelle dans les religions où la notion d'expiation du mal est présente.
Mythologie[modifier | modifier le code]
Selon les Annales de Cuauhtitlan, Quetzalcóatl, souverain de Tula, la capitale des Toltèques, fut séduit par Tezcatlipoca, qui, jaloux de son rival, l'enivra et l'amena à rompre son vœu de chasteté. Chassé de Tula, Quetzalcóatl parvint au bord de la mer, où il s'immola par remords. Son cœur, qui s'était échappé des cendres, devint alors l'étoile du matin sous le nom de Tlahuizcalpantecuhtli[3].
Si Quetzalcóatl et Tezcatlipoca sont parfois ennemis, ils sont alliés à d'autres occasions. C'est le cas dans le mythe de la création de la terre, que nous connaissons par l'Histoire du Méchique. Ayant transporté la déesse de la terre, redoutable créature « qui était à toutes les jointures pleine d'yeux et de bouches avec lesquelles elle mordait comme une bête sauvage »[4], depuis les cieux « jusqu'en bas », où il n'y avait que de l'eau, les deux dieux se transformèrent en deux grands serpents. Ils saisirent la déesse et la déchirèrent en deux. De la première moitié ils firent la terre et l'autre, ils l'emportèrent au ciel, provoquant l'irritation des autres dieux. Pour dédommager la déesse, ils veillèrent à ce que sorte d'elle tout ce qui était nécessaire aux hommes : de ses cheveux les arbres, les fleurs et les herbes, de sa peau l'herbe menue et les petites fleurs, de ses yeux les fontaines les puits et les petites grottes, de ses bouches les rivières et les grandes grottes, de son nez et de ses épaules les vallées et les montagnes. Ce mythe se termine par une explication de l'origine du sacrifice humain : lorsque la déesse pleure et qu'elle ne veut pas dispenser aux hommes ses fruits, seul le sang humain peut l'apaiser.
Quetzalcóatl est un des protagonistes du mythe de la création des hommes, tel que rapporté de façon fort détaillée dans La Leyenda de los Soles qui fait partie du Codex Chimalpopoca.
Les dieux s'étant concertés, ils décidèrent de l'envoyer au Mictlan récupérer les os des humains des créations précédentes. Quetzalcóatl se présenta devant Mictlantecuhtli et lui demanda les « os précieux » pour « faire avec eux ceux qui habiteront sur la terre ». Mictlantecuhtli acquiesça à condition que Quetzalcóatl se soumette à une épreuve : il devait souffler dans une conque sans trous. Quetzalcóatl fit appel à des vers qui percèrent des trous dans la conque et à des abeilles qui la firent sonner. Mictlantecuhtli dit à Quetzalcóatl de prendre les os puis se ravisa. Quetzalcóatl s'étant enfui, Mictlantecuhtli ordonna à ses serviteurs d'aller creuser un trou dans lequel Quetzalcóatl tomba. Les os se brisèrent, mais Quetzalcóatl les ramassa et les ramena à Tamoanchan, où ils furent moulus. Quetzalcóatl fit ensuite couler sur eux le sang de son sexe. Les autres dieux présents firent de même et de cette « pénitence » naquirent « les serviteurs des dieux », c'est-à-dire l'humanité actuelle.
Selon la même source, Quetzalcóatl est également un protagoniste du mythe qui raconte l'acquisition de la nourriture destinée aux hommes. La Leyenda de los Soles rapporte que les dieux se demandèrent ce que mangeraient les hommes qu'ils venaient de créer. Quetzalcóatl, qui avait vu une fourmi rouge transporter du maïs, chercha à savoir d'où il provenait. La fourmi ne voulut d'abord pas répondre, puis finit par l'emmener à l'intérieur du mont Tonacatepetl. Quetzalcóatl, qui s'était métamorphosé en fourmi noire, en ramena le maïs. Les dieux, après l'avoir mâché, en nourrirent les premiers humains. Les dieux se demandèrent ensuite comment pénétrer dans le mont Tonacatepetl. Quetzalcóatl n'arriva pas à le déplacer en le tirant avec une corde. Oxomoco et Cipactonal prédirent alors que Nanahuatzin réussirait seulement à fendre la montagne. Ce qu'il fit[5]. Ensuite les Tlaloque dérobèrent toutes les nourritures.
Quetzalcóatl est également le protagoniste d'un mythe transmis par André Thevet dans son Histoire du Méchique et qui raconte les origines du pulque. Après avoir créé les hommes, les dieux se dirent : « voici que l'homme sera tout triste si nous ne faisons pas quelque chose pour le réjouir et afin qu'il prenne plaisir de vivre sur la terre, et qu'il nous loue et chante et danse ». Quetzalcóatl eut alors l'idée de procurer aux hommes une boisson alcoolisée. Il emmena avec lui Mayahuel, la petite-fille d'une tzitzimitl. Arrivés sur terre, ils se changèrent en un arbre ayant deux branches. Lorsque la grand-mère constata l'absence de Mayahuel, elle fut prise de fureur et se mit à sa recherche avec les autres tzitzimime. Alors qu'elles s'approchaient de l'arbre, celui-ci se fendit en deux. Reconnaissant sa petite-fille dans l'une des branches, la grand-mère s'en empara, la rompit et la fit dévorer par les autres tzitzimime. Après leur départ, Quetzalcóatl, rempli de chagrin, enterra les os de Mayahuel. Sur cette tombe poussa un agave, avec lequel on prépare le pulque (octli en nahuatl).
Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]
Films[modifier | modifier le code]
- Épouvante sur New York, 1982
- La Vengeance du serpent à plumes, 1984
- Dragon Fury : La Fureur du serpent ailé, 2007
- Sanctuary, saison 4 épisode 11
Comédie musicale[modifier | modifier le code]
Jeux vidéo[modifier | modifier le code]
- Les Chevaliers de Baphomet : Les Boucliers de Quetzalcoatl, 1997
- Sanitarium, 1998 (niveau 10-11)
- Final Fantasy 8 : l'invocation Golgotha se nomme Quetzalcóatl en version anglaise.
- Castlevania: Symphony of the Night, Castlevania: Aria of Sorrow et Castlevania: Dawn of Sorrow : monstre dragon squelette rebondissant sur tout ce qu'il touche.
- Atlantis 2 : la divinité elle-même apparaît alors que le joueur incarne un jeune aztèque.
- Indiana Jones et la Machine infernale : Indiana affronte le « serpent à plumes » à la fin du niveau de la Vallée Olmèque.
- Diablo 3 : masque vaudou pour la classe féticheur.
- Pokemon Émeraude : Rayquaza, Pokemon légendaire, en est inspiré
- Roblox : masque à acheter[6] pour en créer un habit.
- World of Warcraft : Hakkar l'écorcheur d'âmes est fortement inspiré de Quetzalcoatl
- Shin Megami Tensei : Persona 3 : Obtenu par fusion de persona dans la Velvet Room
- Final Fantasy XV : Le Boss du donjon "Bois de Steyliff" porte le nom de Quetzalcóatl et possède les caractéristiques physiques du serpent à plumes
- Fate/Grand Order : Servant disponible dans le jeu
Livres[modifier | modifier le code]
- Le Serpent à plumes (The Plumed Serpent), œuvre de D. H. Lawrence.
- La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière : la statue du Dieu est montré lors du débat
- Everworld : présence du dieu dans cette trilogie fantastique.
- Les Secrets de l'immortel Nicolas Flamel : présence du dieu à partir du quatrième tome
- Aztec de Colin Falconer : Légende de la princesse Malinali et du retour du dieu
- Le Trésor du serpent a plume
- Papillon d'Obsidienne, une aventure d'Anita Blake, tueuse de vampires
- Azteca de Gary Jennings : cité à plusieurs reprises dans le livre
- Un baiser pour la vie de Barbara Cartland : l'origine du culte Toltèque ainsi que de la mythologie aztèque
- Quetzalcóatl apparaît dans chaque tome de la bande dessinée Mytho de Rutile et Zimra
- Barthélémy Styx 2. La Terre des légendes de Anne Rossi est centré sur la mythologie aztèque
- Mû d'Hugo Pratt
- Destination Uruapan de Philippe Ébly : Quetzalcoatl vient sauver les héros mordus par un scorpion
- Le Jade et l'Obsidienne d'Alain Gerber (1981)
- Une statue de Quetzalcóatl se trouve sur la couverture de "1520-1522" par Le Chroniqueur de la Tour[7], et c'est un des principaux monstres que rencontre Hernan Cortés et sa troupe de conquistadors dans le roman
- Quetzalcóatl apparait dans le cinquième tome intitulé Miguel, de la série de bande dessinée française Mythics.
Manga et animation[modifier | modifier le code]
- Le personnage de Lucoa de Miss Kobayashi's Dragon Maid est inspiré de Quetzalcóatl
- Un personnage de Beelzebub est nommé Quetzalcóatl
- Le nom donné à une toupie dans la série animée Beyblade Metal Fury
- Le personnage Sassassul de A Centaur's Life est inspiré de Quetzalcóatl
- Trois statues du dieu apparaissent dans Les Mystérieuses Cités d'or. Quetzalcóatl n'est pas nommé et il est appelé Serpent à plumes
- L'une des 3 déesses dans Fate/Grand Order: Zettai Majuu Sensen Babylonia
- Huntik : Le Choc des Titans, 2010
- Voyage vers Agartha, 2011
- La version originale de Yu-Gi-Oh ! 5D's en fait référence. Le Dragon Cramoisi est appelé par Grieger Quetzalcoatl.
- Le personnage de Kashigami et de Nola dans One Piece sont inspirés du Quetzalcóatl
Wikipédia[modifier | modifier le code]
- Une des différentes catégories de wikipédien(ne)s classées par ancienneté : les Serpents à plumes sont ceux et celles qui se sont inscrit(e)s en 2018.
Anecdotes[modifier | modifier le code]
Quetzalcóatl a donné son nom au Quetzalcoatlus northropi, animal du Crétacé de la famille des ptérosaures[8].
Annexes[modifier | modifier le code]
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Larousse
- Mary Miller et Karl Taube, The gods and Symbols of Ancient Mexico and the Maya,Thames & Hudson, 1993, p. 142
- Danièle Dehouve et Anne-Marie Vié-Wohrer, Le monde des Aztèques, Riveneuve Éditions, 2008, p. 194
- La Légende des soleils. Mythes Aztèques des origines, traduit du nahuatl par Jean Rose, suivi de L'Histoire du Mexique d'André Thévet, mis en français moderne par Jean Rose, Anacharsis éditions, Toulouse, 2007, p. 93
- Une phrase du texte nahuatl de la Leyenda pose problème : « ca çan quihuitequiz in nanahuatl in tonacatepetl ». Michel Graulich — pour qui Nanahuatl est Quetzalcóatl — traduit le verbe « huitequi » par « fendre », voir Graulich 1987, p. 114, tandis que Jean Rose le traduit par «égrener avec un morceau de bois», voir Rose 2007, p. 43
- « Cursed Mask of Quetzalcoatl », sur ROBLOX (consulté le 16 septembre 2020).
- Le Chroniqueur de la Tour, 1520-1522, paru en 2019, 528 p. (ISBN 978-2-322-03601-1, lire en ligne)
- http://museumv1.toulouse.fr/explorer_3/les_collections_20/paleontologie_81/quetzalcoatlus_northropi_2170/index.html?lang=fr
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- (en) Pierre Honoré, In Search of Quetzalcoatl : The Mysterious Heritage of South American Civilization, Adventures Unlimited Press, , 228 p. (ISBN 978-1-931882-57-6 et 1-931882-57-6, lire en ligne)
- (en) Enrique Florescano, The myth of Quetzalcoatl, JHU Press, , 287 p. (ISBN 0-8018-7101-8, lire en ligne)
- (en) Henry B. Nicholson, Topiltzin Quetzalcoatl : the once and future lord of the Toltecs, Boulder, University Press of Colorado, , 360 p. (ISBN 0-87081-547-4)
- (en) Davíd Carrasco, Quetzalcoatl and the irony of empire : myths and prophecies in the Aztec tradition, University Press of Colorado, , 280 p. (ISBN 0-87081-558-X)
- (en) Jacques Lafaye, Quetzalcoatl and Guadalupe : The Formation of Mexican National Consciousness, 1531-1813, University of Chicago Press, , 336 p. (ISBN 0-226-46788-0, présentation en ligne, lire en ligne)
- (en) Laurette Séjourné (trad. Arnaldo Orfila Reynal), El universo de Quetzalcóatl, Fondo de Cultura Económica, , 205 p. (ISBN 968-16-1790-8, présentation en ligne)
- Michel Graulich, Mythes et rituels du Mexique ancien préhispanique, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, , 463 p. (ISBN 2-8031-0170-X)
- Jean Rose, La Légende des soleils. Mythes Aztèques des origines,
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Serpent à plumes
- Religions mésoaméricaines
- Histoire du Mexique
- Laurette Séjourné a fait une étude détaillée du dieu.