Art égyptien de la Basse Époque jusqu'au royaume lagide

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Temple d'Isis (Philæ). L'un des sanctuaires majeurs de la déesse Isis. Souverains lagides, XXXe dynastie hellénistique, 380 - 341 AEC. Chapiteaux composites ouverts. Île d'Aguilkia (temples déplacés de Philæ)

L'art égyptien de la Basse Époque jusqu'au royaume lagide, de 664 à 30 avant l'ère commune, est marqué par une intense production, profondément respectueuse des traditions égyptiennes. Nombre des bâtiments de cette époque sont plus modestes mais, aujourd'hui, en meilleur état que les plus anciens.

Au début de ce que les égyptologues appellent la Basse Époque, la XXVIe dynastie, originaire de Saïs, dans le Delta, poursuit le retour aux sources entrepris par la XXVe dynastie, nubienne, dans l'art de la Troisième Période intermédiaire. Mais les références vont maintenant, de l'Ancien Empire, aux formes massives, jusqu'à des éléments bien plus graciles, inspirés de la fin du Nouvel Empire. Les puissances étrangères qui viennent ensuite, perse et hellénistique, loin d'imposer leurs propres traditions, vont adapter leurs commandes aux pratiques habituelles en Égypte, et faire édifier à leurs frais temples et monuments suivant les traditions égyptiennes. Mais les pratiques indigènes changent au contact des peuples nombreux qui vivent ensemble. Le champ des références s'élargit considérablement. Les artistes associent les unes aux autres des formes égyptiennes de toutes époques et d'autres issues du Bassin Levantin. Et cela produit un riche style éclectique, d'une inventivité toute nouvelle.

C'est aussi dans ce contexte que les Grecs de l'époque archaïque, présents sur place à Naucratis, vont s'inspirer et s'écarter du modèle égyptien, et diffuser dans la Grèce de l'Est, en passant par Chypre, un nouveau type de statue, le kouros, qui est destiné à une longue descendance, de Phidias à Michel-Ange en passant par Rome.

Plus tard, après la conquête d'Alexandre le Grand, un de ses généraux, Ptolémée s'empare de cette partie de l'empire d'Alexandre et fonde la dynastie lagide ou ptolémaïque. L'art hellénistique va se manifester principalement dans l'art du portrait, héritier du portrait grec de la fin de l'époque classique. L'architecture suit les principes de tradition en Égypte.

Basse Époque[modifier | modifier le code]

XXVIe dynastie égyptienne (664-525)[modifier | modifier le code]

Styles archaïsants, éclectiques...[modifier | modifier le code]

La renaissance culturelle entreprise par la XXVe dynastie nubienne (kouchite, dite « éthiopienne ») s'amplifie avec la dynastie saïte, XXVIe dynastie. Confrontée de plus en plus aux apports étrangers, mais aussi après avoir subi le raid dévastateur des Assyriens (664) la population aisée égyptienne, et non seulement l'élite, se tourne vers le monde ancien, dont les réalisations admirées de tous servent de modèles aux artisans.

800 statues et 17000 statuettes en bronze de cette époque et des précédentes ont été découvertes en 1903, en bon état, dans « la cour de la Cachette »[1] de Karnak, enfouies à la suite d'un "nettoyage" antique du temple. Ce qui a permis, non seulement d'enrichir considérablement le musée du Caire mais aussi de favoriser des comparaisons et de déceler ainsi les emprunts aux époques précédentes, ou les permanences d'une époque à l'autre.

Depuis la XXVe dynastie kouchite (780-715/656), la référence aux temps très anciens ancre le présent dans la continuité d'un passé prestigieux. Les statues de l'époque kouchite font référence au Moyen et à l'Ancien Empire, tout en intégrant des éléments beaucoup plus récents. On peut donc parler d'éclectisme. La statue d'un dignitaire saïte, Nakhthorheb (Louvre), le montre bien : on retrouve les épaules larges caractéristiques de l'Ancien Empire ; ce style archaïsant avait été celui du roi kouchite Taharqa de la XXVe dynastie[6]. Ici, les volumes sont encore plus simples, il n'y a plus guère de détail. À une exception près cependant : les masses musculaires du torse distinguent la poitrine, la cage thoracique et l'abdomen, mais cette distinction existait à toutes les époques, quoique de manière inconstante. Les genoux ne sont qu'indiqués. Le goût de l'époque est à la rondeur. Ainsi la coiffure n'est plus qu'une masse adoucie. Il s'agit d'une perruque-sac ((en) bag wig : Ouchebti d'Akhenaton), semblable au khat qui était porté dans les familles royales de la XVIIIe dynastie[7], et que l'on rencontre souvent à cette époque. Nombre de sculptures sont renforcées par un pilier auquel elles s'adossent. Le pilier porte habituellement des inscriptions[8].

La statue cube d'un gouverneur de Saïs, sous Psammétique Ier, devient un joli jeu de courbes sur lequel flotte un doux sourire.

... voire quasi néoclassiques[modifier | modifier le code]

Autre effet archaïsant : des bras très courts, comme ceux des débuts du Moyen Empire, en particulier pour certaines figures de scribe. Ceci ne doit pas surprendre, car pour le reste, la physionomie de tous ces visages ne ressemble plus à ce qu'était un portrait individualisé à l'époque précédente (les portraits de Taharqa, aux traits caractéristiques affirmés). Une douce idéalisation s'applique partout, et va parfois jusqu'à un « néo-classicisme froid et rigide »[9]. Mais, en général, c'est bien la douceur qui règne, jusque dans les ouchebtis, élancés et finement détaillés, comme des portraits en miniature.

Ces nouvelles conventions, toutes en simplifications et rondeur, s'appliquent très souvent au traitement du visage d'une élite bien nourrie, comme on peut le constater sur le visage du roi Amasis : même menton arrondi, même sourire impersonnel. Cette rondeur « néoclassique » persiste au moins jusqu'à la XXXe dynastie, le portrait de Nectanébo II du musée des Beaux-Arts de Lyon présente la même bonhomie souriante. Une stylisation similaire s'applique à la statue de la déesse hippopotame Taouret : formes simples et courbes, qui conviennent au corps de la déesse. La pierre grauwacke, soigneusement polie, et utilisée depuis l'Ancien Empire, est bienvenue pour accentuer ce traitement tout en courbes luisantes. Le bronze subit le même polissage sur le corps souple du chat, image de la déesse Bastet, et qui devait reluire comme de l'or, dans l'Antiquité. La déesse-chat avait son plus grand et plus ancien temple dans la ville de Bubastis, dont étaient issus des rois saïtes (début de la Troisième Période intermédiaire et Basse Époque), ville qui atteint alors son apogée. Un culte de Bastet s’installe aussi, à la Basse Époque, à Saqqarah. La déesse a donc été particulièrement entourée d'attentions dans le Delta et sa silhouette ronde et souple a fait l'objet d'une multitude de variations jusqu'à la dynastie lagide ou ptolémaïque (323/305-30) [ptolémaïque: relatif à Ptolémée Ier et à sa dynastie (les Lagides)].

Figures élancées[modifier | modifier le code]

La mode du corps élancé persiste depuis la XXIIe dynastie, au moins. La coutume de dessiner des épaules larges en renforce l'effet. Les statuettes préservées intégralement le montrent clairement. La déesse Neth, du Louvre et la reine en argent du Met, mais aussi la famille de Psammétique Ier, du Neues Museum, en bois, tous ont cette pose altière, puissante.

Le modèle d'homme jeune et aux épaules larges, à l'ancienne, une jambe en avant a servi de référence aux sculpteurs grecs contemporains. La statue du kouros, qui apparait en Grèce, précisément à cette époque, est d'ailleurs associée à la fondation de la colonie grecque de Naucratis, dans le delta, un port au commerce intense avec les Grecs de l'Est, et avec Chypre[13]. Les sculpteurs égyptiens, sur pierre, assuraient la stabilité de leurs statues debout en adossant leur figure sur un pilier, ce qui n'était pas d'usage constant dans la sculpture sur bois. Les grecs montrent fièrement, alors, qu'ils peuvent se passer de pilier, ce qui est une prouesse. Par ailleurs, les sculpteurs grecs élèvent la beauté parfaite de ces hommes jeunes, aux volumes athlétiques, par le Nu, propre à la Grèce antique, en Égypte, seuls les enfants et parfois les paysans étaient représentés nus. Les sculpteurs grecs se distinguaient ainsi très clairement de leurs modèles égyptiens et de leurs voisins orientaux. Ils en tiraient certainement la gloire recherchée. Le travail sur statuette en bronze, comme celles que pratiquaient les égyptiens, leur offrirent très vite, dès le VIe siècle, encore plus de liberté.

Bas-reliefs naturalistes héritiers de l'Ancien Empire[modifier | modifier le code]

Les sculpteurs de bas-reliefs taillent encore une multitude de bas-reliefs véritables (Femme et enfant à la corbeille de fruits, Brooklyn Museum), dans le droit fil de l'Ancien Empire, avec des détails bien observées, sur les animaux en particulier, et avec des corps humains bien stylisés, naturalistes mais simplifiés. L'exemple des scènes de travaux agricoles, dans le bas-relief du Lirinon[14], va dans le même sens. La perruque ronde « nubienne » et l'apparence corporelle bien en chair semble aussi être celui de nubiennes que l'on reconnait, d'ailleurs, à leur visage. Le costume simple qu'elles portent serait une adaptation de la tunique portée par les Saïtes, comme sous-vêtement[15]. Ce bas-relief véritable est exécuté avec un soin remarquable, et une très grande attention à l'action, et aux détails physiques, vestimentaires, une attention qui rappelle la qualité des bas-reliefs de l'Ancien Empire. Mais à côté de cela, les sculpteurs poursuivent la tradition du bas-relief « en creux » (Artisans au travail, Florence) qui rappelle les corps du Nouvel Empire, souples, et d'un naturalisme précis.

Peintures funéraires[modifier | modifier le code]

Dynasties perses, XXXe dynastie et royaume lagide[modifier | modifier le code]

Sculptures[modifier | modifier le code]

L'art du portrait[modifier | modifier le code]

L'art du portrait poursuit les traditions antérieures. Un type de grès à structure très fine, le grauwacke, permet ce travail en souplesse qui plaît, surtout depuis la XXVIe dynastie, saïte. Il s'offre aussi à un travail de polissage méticuleux qui donne à ces sculptures un aspect métallique et quasi lumineux. La statue d'un dignitaire de l'époque saïtico-perse, du Louvre, et la célèbre tête d'homme du musée de Berlin présentent des caractères similaires. Tous deux portent des rides et un double menton. Les rides sont bien un signe qui marque un homme âgé, et cela se rencontre depuis les portraits de Sésostris III, comme un indice des qualités que l'on attribue à l'âge, l'expérience, voire la sagesse qui impose le respect. La jeunesse étant signe de force, pour ce type d'image. Le portrait de Berlin, montre, par ailleurs, des rides curieusement symétriques, ce qui pourrait bien indiquer que l'on est dans le registre des signes, plus que dans celui du « réalisme »[19]. La symétrie indique qu'il s'agit d'un portrait idéalisé. La symétrie, a d'ailleurs été relevée sur un autre portrait célèbre du musée de Berlin, celui de Néfertiti, en calcaire peint et qui pourrait être, selon les spécialistes, un « modèle » de sculpteur. Le musée de Milan conserve, lui aussi, un modèle de sculpteur, mais en plâtre, le bas-relief d'un roi lagide. Dans tous ces exemples l'idéalisation est d'autant plus efficace qu'elle est discrète, et ces portraits semblent quasi vivants tant ils portent des signes individuels qui donnent l'impression d'être parfaitement reproduits[20]. Le modèle de sculpteur permettait la mise au point d'une « image type » pouvant être reproduite en différents lieux.

Les costumes, celui du prêtre d'Atoum du musée de Brooklyn et celui de l'égyptien en costume perse, respectivement des XXXe et XXXIe dynasties, sont des indicateurs du degré d'attention que l'art égyptien attache aux signes permettant d'identifier clairement et rapidement chaque « personne » par sa fonction, sa place, son statut, avec des attributs clairement visibles. Le prêtre reprend la pose et les attributs d'un prêtre de l'Ancien Empire, avec un corps plus svelte, qui est dans l'esprit de cette époque « tardive ». Quant à l'égyptien de la XXXIe dynastie, le costume perse était peut-être, tout simplement, un geste de loyauté envers le pouvoir en place[21].

L'image du pouvoir[modifier | modifier le code]

Réalisée en Égypte, la statue de Darius Ier[22] reprend, en partie, la pose égyptienne, le pied gauche en avant. Pour le reste, le drapé aux grands plis raides couverts de signes cunéiformes, le poignard à la ceinture, on est dans la rhétorique du pouvoir telle qu'elle s'exprime dans l'empire Perse. Il est d'ailleurs assez remarquable que la grande statue d'un haut dignitaire et prêtre du Musée grégorien égyptien, porte un vêtement couvert de textes hiéroglyphiques. Dans ce texte, les perses sont décrits comme respectant les traditions de l'Égypte[23]. Il y a là comme une proximité entre les deux statues, dans la pose et le traitement du drapé, qui semblent significatifs de stratégies.
À l'époque du royaume lagide, pour les statues officielles, les souverains adoptent leur politique iconographique en fonction de la destination de leur image. Dans une ville à majorité grecque, l'effigie relève de la tradition hellénistique, et dans des villes majoritairement égyptiennes, on reprend des schémas classiques, de la XVIIIe dynastie, mis au goût de l'époque aux proportions élancées.

Stèles[modifier | modifier le code]

La stèle taillée sous Psammétique Ier reflète cependant le style de l'Ancien Empire, suivant le mouvement de la Renaissance égyptienne initiée sous Taharqa. Les deux hommes aux carrures d'athlètes sont issus du même prototype aux épaules larges selon le code en usage dans l'Ancien Empire. À l'opposé de ce style ancien, les stèles à l'enfant Horus, cent ans plus tard, sous les Nectanébo, ont un tout autre style. L'enfant, représenté selon les codes en usage, est nu, mais son corps est ici tout en rondeurs. Il est représenté en très haut relief dans la stèle du Walters Art Museum. L'attention à l'anatomie du corps potelé de l'enfant est manifeste, quasi « hellénistique ». Pour symboliser ses pouvoirs magiques, Horus tient des serpents et des scorpions ainsi qu'une antilope (par ses cornes) et un lion (par sa queue) dans ses poings fermés. La figure du dieu Bès est aussi présente en tant que protection. L'eau qui était versée sur la stèle était un remède magique, elle s'imprégnait des formules magiques inscrites, ruisselant sur elles[24]. Le motif de l'enfant Horus sur les crocodiles indique l'engouement pour la théologie des dieux-enfants au cours de la Basse Époque. Peut-être est-ce dû à la vitalité que l'on espère toujours pour ses enfants.

La stèle à l'inscription araméenne participe de ces formes hybrides où se rencontrent des personnages du Levant dans une structure de tradition égyptienne. Le rôle essentiel de la Méditerranée à cette époque, entraînait définitivement l'Égypte à la rencontre des peuples du Nord.

Architectures[modifier | modifier le code]

Attentifs à respecter les pratiques religieuses locales, les souverains perses, et, à leur suite, les souverains lagides ont favorisé sinon commandité la construction de nouveaux temples comme celui d'Hibis dans l'oasis de Kharga (Darius Ier) et le temple d'Horus à Edfou (Ptolémée VI et Ptolémée VIII). Dans le même temps, les derniers souverains d'origine locale poursuivent cette tradition constructrice. Trois kiosques-propylées, sinon quatre ont été construits sous la XXXe dynastie, à Kharga, à Philæ et à Hermopolis[25]. Le dernier a été détruit en 1826. Les deux premiers sont des œuvres originales d'architectes qui bénéficient de la petite échelle pour expérimenter de nouvelles solutions. Ces temples sont, dorénavant, consacrés bien plus au service des dieux qu'à la gloire des souverains[26]. Ces temples kiosques reprennent, en beaucoup plus petit, celui, gigantesque, réalisé à Karnak par Taharqa, souverain kouchite, ou nubien, de la XXVe dynastie. La grande qualité des reliefs bénéficie de la longue tradition sculpturale et des nombreux chantiers qui maintiennent des équipes de haut niveau depuis longtemps. Elles savent s'appuyer sur les meilleurs modèles anciens avec quelques nuances plus rondes, plus douces. Les chapiteaux se juxtaposent en de subtiles variantes de formes, où les références diverses deviennent l'occasion d'inventions élégantes et particulièrement colorées dans l'oasis de Kharga. Les plus singuliers sont ces chapiteaux composites[27] sur plusieurs étages (Temple d'Isis (Philæ) : vestibule de Nectanébo Ier).

Mur d'enceinte à El Kab, de Nectanébo II

Les douces ondulations qui parcourent le mur de la grande enceinte du temple d'Amon Rê à Karnak ont fait d'abord coulé beaucoup d'encre. Elles ont fait, plus récemment, l'objet d'une étude approfondie portant sur la structure même de cet édifice[28]. Réalisée sous Nectanébo Ier, cette méthode de construction a été appliquée ailleurs : à El Kab, les murailles du roi Nectanébo II et aussi à Dendérah. Elle est très différente de ce qui se faisait auparavant, au Nouvel Empire (Medinet Habou et Ramesseum), en lits de briques horizontaux. Ici, les lits de briques, posés en chaînette, y font preuve d'une solidité remarquable. Et le mur, construit sur ce principe, en courbes alternées, prend un curieux rythme de vagues, en surface comme en épaisseur. Ce n'est pas un effet décoratif mais structurel, pour assurer une résistance optimale de l'ensemble. D'une douzaine de mètres à la base, à Karnak, le mur s'élevait en effet à 21 m. au dessus du seuil[29].

En ce qui concerne le temple d'Isis à Philæ, celui-ci a été le dernier à résister à la montée du christianisme, jusqu'en 536 de l'ère commune, grâce à la popularité de ce culte au-delà de la frontière, auprès de Nubiens du royaume de Méroé qui obtiennent, malgré les difficultés, la possibilité d'y venir en pèlerinage encore à cette date tardive[30]. Dans les fondations du temple, on a mis au jour des blocs rattachés au règne de Taharqa. Le temple d'Isis a donc été totalement reconstruit par Nectanébo Ier. Il sera, d'ailleurs, constamment remodelé par les souverains ptolémaïques qui n'ont pas hésité à démonter et remonter, en le déplaçant, le bâtiment originel. Les chapiteaux campaniformes qui subsistent sont couronnés d'un bloc quasi cubique dont chacune des quatre faces représente la tête d'Hathor.

Les investissements dans ces temples d'Isis sont révélateurs de la restructuration du panthéon au profit des divinités féminines, avec les nouveaux développements de la théologie osirienne[31]. La religion égyptienne n'est pas restée inamovible, l'architecture en témoigne.

Au cours de la période ptolémaïque de nouvelles constructions sont édifiées en Haute Égypte, comme le temple d'Hathor à Dendérah et le Temple de Sobek et Haroëris à Kôm Ombo. Pour autant, les rois n'oublient pas de veiller aux restaurations nécessaires, et parmi elles le kiosque de Taharqa et la porte du 2e pylône, dans le temple d'Amon à Karnak. Quant à l'état de conservation de ces édifices, dans certaines constructions ptolémaïques, comme la porte du 2e pylône au temple d'Amon à Karnak, « à certains endroits, particulièrement aux registres supérieurs, l’enduit est relativement bien conservé. Cet enduit cache en grande partie la grande qualité des figures gravées dans la pierre mais présente l’avantage de conserver les couleurs et les détails figuratifs tels le décor des habits et des trônes »[36]. Ces enduits peints sont de plus en plus restaurés, aujourd'hui, comme justement, à Dendérah.

Plafond à bas-relief peint, restauré. Pronaos, Temple d'Hathor (Dendérah). Ptolémée XII

Arts funéraires[modifier | modifier le code]

L'usage des ouchebti devient, depuis l'époque saïte, une pratique massive, produite par milliers[37]. Un très grand nombre est réalisé en fritte glaçurée (faïence égyptienne). La plupart ne sont que de petites effigies moulées approximativement, mais certaines ont les caractères de portraits du défunt, car les ouchebtis sont censés effectuer les travaux commandés par Osiris à la place du défunt.

Livre des morts de Harimouthes. Papyrus. Dynasties perse - époque ptolémaïque. Turin[39]

Formes hybrides[modifier | modifier le code]

Le tombeau de Pétosiris, vers 340, est celui d'un prêtre du dieu Thot qui a l'aspect architectural d'un tombeau classique de la Renaissance saïte, avec de superbes chapiteaux composites et une chapelle ornée de tableaux rituels conventionnels, mais où les « scènes de la vie quotidienne » du vestibule mêlent allègrement des personnages typiquement hellénistiques à des scènes typiquement égyptiennes, comme venues de l'Ancien Empire[40].

Le traitement du corps humain voit se rencontrer différentes traditions du monde méditerranéen d'alors. Pour un portrait de reine lagide le sculpteur a employé du marbre, matière jamais utilisée en Égypte, surtout pour un portrait royal. Le marbre étant, à cette époque, la pierre que les sculpteurs Grecs utilisent presque exclusivement pour la statuaire. Certains portraits peuvent être alors d'un style et d'origine indécidables, où plusieurs cultures se mêlent, fusionnent.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. L. Coulon, « KIU 3312 / Cour du VIIe pylône - « Cachette de Karnak » », sur SITH Projet Karnak (consulté le ).
  2. Musée du Louvre, notice : Statue de Nakhthorheb en prière
  3. « Sur le pectoral de ce haut personnage de la cour du roi Amasis, ce roi est représenté entre deux déesses attachées à l’exercice du pouvoir : Maât, déesse de la justice et de l’ordre social, et Neith, déesse guerrière de Saïs et patronne de la dynastie. »: notice du musée.
  4. Statue cube similaire au Louvre : notice du musée
  5. Cachette de Karnak sur IFAO.
  6. Vue de face Nakhthorheb en prière, sur RMN images d'art, à comparer avec la statue colossale de Taharqa.
  7. Hatchepsout (r. 1479–1458) (Met) et Akhenaton, v. 1340. (Neues Museum)
  8. Vue de dos : Cartel du Louvre Statue du chef de la cour de justice Iahmès-sa-Neith
  9. S. Aufrère, 2011, p. 206-207
  10. Isis-Hathor allaitant Horus : page du musée des Beaux-Arts de Lyon
  11. Musée du Louvre : cartel de la statuette.
  12. Metropolitan Museum of Art : Notice du musée. Traduction partielle : « Cette figure féminine sensuelle nue a le cartouche de Néchao II sur ses bras. [...] Les cartouches du roi sont normalement un signe d'affiliation pour des courtisans masculins ; il est étrange de les voir sur une figure féminine nue, alors qu'elle portait apparemment aussi l'uraeus. Bien que les figurines féminines nues aient été pendant un certain temps comprises comme des demandes de naissance et de renaissance [...], de nouveaux indices ont élargi notre compréhension, reliant les exemples trouvés dans les temples à l'efficacité des rituels et des cures magiques et indiquant leur probable identification avec des déesses. Cette magnifique figure pourrait être mieux comprise en relation avec le rôle important de la divine adoratrice d'Amon à Thèbes. À l'époque saïte, elle était la fille d'un roi établi en tant qu'épouse du dieu, et chargée de stimuler ses pouvoirs générateurs pour le bien de tous. »
  13. Voir l'article kouros, et la partie Le modèle égyptien.
  14. « Le bas-relief du Lirinon» in C. Ziegler et J-L. Bovot, 2011, p. 268-269 reproduction, cartel du Louvre. Voir aussi : Geneviève Pierrat-Bonnefois, Louvre : linteau sculpté en bas-relief du tombeau de Pairkep : la préparation du parfum de lis, notice du musée avec commentaire détaillé.
  15. C. Ziegler et J-L. Bovot, 2011, p. 268-269.
  16. Guillemette Andreu-Lanoë dans Andreu-Lanoë dir., 2013, p. 120
  17. Metropolitan Museum of Art : notice du musée.
  18. Metropolitan Museum of Art : notice du musée. Contrairement aux stèles de la Troisième Période intermédiaire, les couleurs douces et des formes standardisées sont privilégiées à cette époque. Ici, le serviteur du temple d'Amon Irtihareru, héritier de la fonction par son père, adore Osiris sur le côté droit et Atoum sur le côté gauche.
  19. C. Ziegler et J-L. Bovot, 2011, p. 280-281
  20. Dimitri Laboury, « Réflexions sur le portrait royal et son fonctionnement dans l’Égypte pharaonique », sur Université de Liège, (consulté le )
  21. Égyptien en costume perse : notice du musée.
  22. Statue de Darius Ier. Musée national d'Iran. La statue a été réalisée sur ordre de Darius pour être placée dans Héliopolis (dans le temple d'Atoum) pour montrer à l'homme qui la voit que « l'homme perse a pris l'Égypte ». Xerxès Ier l'a ramenée à Suse après qu'une émeute ait éclaté en Égypte. Le roi porte une robe persane avec un poignard dans la ceinture. Les plis de la robe sont gravés en cunéiformes dans les trois langues officielles de l’empire : vieux Perse, Elamite et BabyIonien - et à gauche en hiéroglyphes égyptiens. Ces inscriptions donnent les titres du roi et indiquent que la statue a été fabriquée en Égypte sur les ordres de Darius.
  23. Statue de prêtre. Musée grégorien égyptien. Ce haut dignitaire a été trésorier du roi de Basse Égypte, a dirigé la flotte royale avant que l'Égypte ne devienne une satrapie perse. Le texte présente les occupants comme respectueux des traditions à la différence des textes grecs qui sont clairement anti-perses. (Référence : cartel du musée)
  24. Annie Forgeau, 2018, p. 265-272
  25. Annie Forgeau, 2018, p. 196-199
  26. A. Forgeau, 1997, p. 127
  27. Chapiteau composite égyptien : réalisé en montant ensemble plusieurs types de chapiteaux égyptiens d'une manière créative, sans reproduire les modèles mais en s'en inspirant.
  28. Jean-Claude Golvin, Olivier Jaubert, El Sayed Hegazy, Daniel Lefur et Marc Gabolde, « Essai d'explication des murs « à assises courbes », à propos de l'étude de l'enceinte du grand temple d'Amon-Rê à Karnak », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, nos 134-4,‎ , p. 905-946 (lire en ligne, consulté le ).
  29. Golvin (et al.), 1990, p. 913.
  30. Annie Forgeau, 2018, p. 184-187
  31. Annie Forgeau, 2018, p. 177
  32. Temple d'Hibis dédié à Amon d'Hibis, une forme locale d'Amon d'Ouaset (Thèbes) : porte intérieure de Darius Ier, 27e dyn., puis portique du kiosque des Nectanébo, Oasis de Kharga. 27e-30e dyn.. C'est le seul grand temple perse d'Égypte. Sources : François Tonic, Temple d'Hibis dans l'Oasis de Kharga.
  33. Metropolitan Museum of Art : notice du musée.
  34. Dromos rectiligne de 2,5 km reliant le temple de Louxor au premier pylône du Grand temple d'Amon à Karnak, bordé de plus de 700 sphinx.
  35. Extrait de l'article « Philæ » sur Encyclopaedia Universalis en ligne : « au-dessus des murs d'entrecolonnement, les colonnes dressent leurs chapiteaux, aux thèmes floraux très variés, que surmontent les têtes hathoriques coiffées d'une sorte de naos : la protection de la déesse de l'amour convenait particulièrement à ce sanctuaire. »
  36. Centre franco-égyptien d'étude des temples de Karnak CSA-CNRS USR 3172, « Rapport d'activité 2009 », sur CNRS (consulté le ).
  37. S. Aufrère, 2011, p. 207
  38. Voir détails sur : Notice du Louvre
  39. (it) « Corso di papiriologia », « Papiro geroglifico funerario per il dignitario Harimuthes (Ḥr-ỉj-m-ḥtp) », sur Universita di Parma (consulté le ).
  40. A. Forgeau, 1997, p. 131-133

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guillemette Andreu-Lanoë (dir.), Sophie Labbé-Toutée, Patricia Rigault et al., L'art du contour : le dessin dans l'Égypte ancienne, Musée du Louvre : Somogy, , 350 p., 31 cm (ISBN 978-2-35031-429-7 et 978-2-7572-0634-8), Chronologie in Annexes (non paginé).
  • Joël Cornette (dir.), Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien 3150 av. J.-C. - 284 apr. J.-C., Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (réimpr. 2018), 847 p., 24 cm (ISBN 978-2-7011-6491-5).
  • Annie Caubet (dir.) et Geneviève Pierrat-Bonnefois (Accompagne l'exposition, Louvre Juin-septembre 2005), Faïences de l'Antiquité : De l'Égypte à l'Iran, Paris/Milan, Louvre, 5 Continents, , 206 p., 28 cm (ISBN 2-35031-019-1 et 88-7439-238-9).
  • Sophie Desplancques, L'Égypte ancienne, PUF, coll. « Que sais-je ? », (1re éd. 2005), 127 p., 18 cm (ISBN 978-2-7154-0255-3).
  • Annie Forgeau in Bernard Holtzmann (dir.) et al., L'art de l'Antiquité : 2. L'Égypte et le Proche-Orient, Paris, Gallimard, Réunion de musées nationaux, coll. « Manuels d'histoire de l'art », , 461 p., 23 cm (ISBN 2-07-074341-1 et 2-7118-3396-8), « L'Égypte pharaonique : Annie Forgeau », p. 18-133.
  • Annie Forgeau, Nectanébo : La dernière dynastie égyptienne, Paris/29-Saint-Thonan, Éditions Khéops, , 408 p., 21 cm (ISBN 978-2-916142-11-1).
  • Florence Gombert-Meurice et Frédéric Payraudeau (exposition : musée de Grenoble, 2018-2019), Servir les dieux d'Égypte : Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d'Amon à Thèbes, Paris/impr. en Slovénie, Somogy éditions d'art, Musée de Grenoble, , 415 p., 29 cm (ISBN 978-2-7572-1480-0).
  • Dimitri Meeks, Les Égyptiens et leurs mythes : Appréhender un polythéisme, Paris/58-Clamecy, Hazan et Louvre éditions, coll. « La chaire du Louvre », , 271 p., 20 cm (ISBN 978-2-7541-1482-0)
  • Franck Monnier, Vocabulaire d'architecture égyptienne, Bruxelles, Éditions Safran, coll. « Précisions », , 303 p., 30 cm (ISBN 978-2-87457-053-7 et 2-87457-053-2).
  • Alain Schnapp (dir.) et al., Préhistoire et Antiquité : Des origines de l'humanité au monde classique, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », , 591 p., 26 cm (ISBN 978-2-08-124425-2), « Le monde égyptien : Sydney Aufrère », p. 124-217.
  • Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, L'Égypte ancienne : Art et archéologie, Paris, La Documentation française, École du Louvre, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, coll. « Petits manuels de l'École du Louvre », (1re éd. 2001), 511 p., 20,5 cm (ISBN 978-2-11-004264-4, 2-7118-4281-9 et 978-2-7118-5906-1).

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