Années de plomb (Maroc)
Les années de plomb, au Maroc, correspondent à une période de l'histoire contemporaine de ce pays qui s'est étendue des années 1970 jusqu'à 1999 sous le règne du roi Hassan II, et a été marquée par une violence et une répression contre les opposants politiques et les activistes démocrates.
La répression et ses victimes
Les années qui suivent l'indépendance du Maroc sont politiquement des années tendues entre le pouvoir et les oppositions. Elles sont marqués par les idées multiples, tiers-mondistes, volonté de maintien de l'ordre, et des secousses politiques, notamment des tentatives de coup d'états militaires. Peu après l'accession au trône du roi Hassan II, fin février 1961, l'étau se resserre autour des opposants et des mouvements de gauche. Le pouvoir privilégie le maintien de la monarchie, l'ordre, et le conservatisme[1]. La répression commence en par l'arrestation pour « complot » (connu sous le nom de complot de juillet[2]) de militants de l'Union nationale des forces populaires (UNFP) et de communistes. Elle se poursuit par les événements de militantisme de lycéens qui tourne à l’insurrection de mars 1965 à Casablanca, la liquidation de Ben Barka, la mise hors jeu de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et des organisations marxistes-léninistes (notamment le mouvement d'extrême gauche Ila Al Amame d'Abraham Serfaty et d'Abdellatif Laâbi), la contre-guérilla dans le Moyen Atlas : en 1973, événement insurrectionnel perpétré par le Tanzim à Khénifra, « affaire Moulay Bouazza », les procès de Kenitra (juin 1973 puis ceux de 1977) et la répression des émeutes de 1981 à Casablanca[1].
Ces trois décennies qui cadrent les années de plomb sont dominées par le règne de Hassan II et la succession de deux personnages à la tête du ministère de l'Intérieur : le général Mohamed Oufkir et l'ex-commissaire Driss Basri[1].
Un organisme gouvernemental, l'Instance équité et réconciliation (IER), est créé en 2004 pour enquêter sur le bilan humain des années de plomb[3],[4]. Il rend ses conclusion en 2005, indiquant notamment un total de 9 779 cas au moins d'atteintes aux droits de l'homme, dont 1 018 morts. L'Association marocaine des droits humains (AMDH) estime que ces années de répression ont fait des dizaines de milliers de victimes (tués, blessés, emprisonnés, disparus et exilés), dont au moins 3 000 morts[4].
Notes et références
- Zakya Daoud, Maroc: les années de plomb, 1958-1988 : chroniques d'une résistance, Manucius,
- Zakya Daoud, « Complot de juillet », dans Les années Lamalif: 1958-1988, trente ans de journalisme au Maroc, Tarik Éditions, , p. 108
- « Maroc, les années de plomb », Radio France internationale, (lire en ligne)
- José Garçon, « Années de plomb au Maroc: une page difficile à tourner », Liberation, (lire en ligne).
Voir aussi
Articles connexes
- Tanzim, branche radicale du parti de l'UNFP d'orientation révolutionnaire (créée en 1969-1970)
- Tentatives de coups d'État :
- Coup d'État de Skhirat (1971)
- Coup d'État des aviateurs (1972)
- Émeutes de 1981 à Casablanca
- Instance équité et réconciliation (créée en 2004 par le fils de Hassan II)
- « Années de plomb » dans le monde
Bibliographie
- « Années de plomb, années de complots », dans Michel Abitbol, Histoire du Maroc, Paris, Perrin, [détail de l’édition], p. 571-576
- « La monarchie de Hassan II à l'épreuve (1961-1975) », dans Pierre Vermeren, Histoire du Maroc depuis l'indépendance, Paris, La Découverte, coll. « Repères/Histoire » (no 346), (réimpr. 2006) (1re éd. 2002), 125 p. (ISBN 978-2-7071-6499-5 et 2707164992, OCLC 660132868, BNF 42274065, présentation en ligne), p. 33-70
- Bernard Lugan, « Le temps des crises », dans Histoire du Maroc : Des origines à nos jours, Ellipses, 2011 – éd. rev. et augm. (1re éd. 2000), 403 p. (ISBN 9782729863524 et 2729863524, OCLC 717543501), p. 322-333
Filmographie
- Nos lieux interdits de Leïla Kilani (2008)