André Courrèges
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André Courrèges, né le à Pau et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un couturier français, fondateur de la maison Courrèges. Promoteur de la minijupe et du pantalon pour les femmes, dès le début des années 1960 il crée une mode fonctionnelle, architecturée, symbole de son époque, et qui inspirera à la suite de nombreux stylistes par ses formes géométriques et l'omniprésence du blanc. Après avoir exercé chez Balenciaga dans les années 1950, il fonde sa maison en 1961. S'il rencontre le succès rapidement, ce n'est que réellement à l'automne 1964 qu'il connaît un retentissement mondial avec sa mode futuriste. Trop copié, il marque alors une pause dans son activité puis reprend par la suite pour finalement créer plusieurs lignes de produits. Il est surnommé « Le Corbusier » de la mode.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance, pilote de chasse, formation (1923 - 1945)
[modifier | modifier le code]À quinze ans, André Courrèges veut faire une école d'art. « Tu seras ingénieur[1] » lui dit son père, majordome, qui l’envoie effectuer des études de génie civil. André Courrèges effectue ses études à Pau et découvre dessin et architecture. Il est pilote de chasse dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) pendant la Seconde Guerre mondiale, à partir de 1941[2],[3]. À la Libération, il monte à Paris. En parallèle, il suit des cours à l'École de la chambre syndicale de la couture parisienne. Alors qu'il travaille à l'usine Blin de Elbeuf (Seine-Maritime), il intègre l'équipe locale de rugby de deuxième division des Touristes elbeuviens lors de la saison 1946-1947[4].
Débuts dans la mode (1950 - 1961)
[modifier | modifier le code]À partir des années 1950, il se forme à la couture : il travaille brièvement chez Jeanne Lafaurie comme dessinateur[5], puis, la même année[3], pendant dix ans chez Balenciaga, commençant comme coupeur[3], y apprenant le métier et ses techniques[6]. Il y travaille avec sa future femme, de douze ans sa cadette, Coqueline Barrière, qu'il surnomme sa « créativité complémentaire »[5]. Les cinq premières années, André Courrèges apprend une chose nouvelle chaque jour dit-il, les cinq années suivantes, il s'ennuie[1]. « Je suis à l’abri sous un grand chêne, mais le soleil ne passe pas. J’ai l’impression d’être comme un gland tombé au pied du tronc. Vous devez accepter mon départ »[7]. Ils quittent tous deux la maison du couturier espagnol. André Courrèges est remplacé chez Balenciaga par Emmanuel Ungaro[6]. Coqueline Courrèges précisera plus tard : « André et moi avions besoin de nous éloigner de l'influence de notre mentor, Balenciaga. L'objectif était de garder sa philosophie et son raisonnement mais de l'adapter dans quelque chose qui pouvait être accessible à la nouvelle et jeune génération[8]. » À son départ de Balenciaga, il se donne cinq ans pour réussir, il y arrivera en deux[1].
Création de la maison Courrèges (1961)
[modifier | modifier le code]Il fonde son entreprise en 1961, avenue Kléber, et rencontre très rapidement le succès. Les vêtements sont construits, bâtis et témoignent de sa passion pour l'architecture. Il veut habiller la jeunesse et libérer la femme : pour cela, il supprime toutes les entraves qui composaient précédemment les toilettes féminines, guêpière, soutien-gorge[N 1], talons hauts… à la place il crée des combi-shorts, de courts manteaux, des tailleurs à larges poches, des pantalons et des pantacourts, des bottes plates[N 2] et promeut la minijupe et la fait entrer en haute couture[11]. En quelques années, il s'oriente vers une mode futuriste rejoignant la tendance de l'époque[12],[7]. Alors que la transition entre les années 1950 et 60 voit une mode quotidienne assez classique[N 3], la « bombe Courrèges »[N 4], qui s'inspire et s'adresse à la jeunesse, se met en marche[13],[N 5].
Développement artistique et fin de carrière (1961 - 2002)
[modifier | modifier le code]André et Coqueline se marient en 1966 ; ils ont en 1970 une fille, prénommée Clafoutis (qui préférera utiliser, devenue adulte, son second prénom Marie[14],[15]). Ils s'installent rue François Ier[16] en mars 1967 ; il crée la même année son département de prêt-à-porter sous le nom de « Couture Future »[17],[18] et ouvre dans sa ville natale un atelier de création qu'il fera transformer en usine peu après[19]. Les magazines féminins disent alors d'André Courrèges qu'il a « retiré dix ans aux femmes[20] ». Mais milieu des années 1990, André Courrèges, malade[21], prend sa retraite ; sa femme reprend la direction artistique de l'entreprise. En 2002, après le dernier défilé haute couture, André Courrèges, déjà fatigué par la maladie de Parkinson, décide de se consacrer à d'autres projets, comme la peinture, la sculpture. Atteint de la maladie de Parkinson depuis la fin des années 1980, il meurt le [22],[23],[24]. Il est inhumé au cimetière urbain de Pau[25].
Héritage artistique
[modifier | modifier le code]Le travail d'André Courrèges est celui d'un visionnaire[7] : il installe un univers radical, personnel et polymorphe et adapte ses vêtements à l'évolution des mœurs, en regardant vers l'avenir, tout en restant en phase avec son époque. Architecte[26] du vêtement autant que couturier[27], il sera surnommé par WWD « Le Corbusier »[16] de la haute couture, refusant l'esthétisme pur du stylisme au profit de créations faciles à porter[6]. Durant toute sa carrière, il dira s'adresser avant tout aux femmes modernes, actives, désirant plus acheter « un mode de vie » que des vêtements. La « petite robe blanche » de Courrèges deviendra emblématique, telle la petite robe noire de Coco Chanel. En parlant des premières réalisations de Courrèges, Yves Saint Laurent dira que « sa collection est apparue comme une bombe, après, plus rien n'était comme avant[16]. »
Influence
[modifier | modifier le code]Il influencera plusieurs stylistes par la suite, et l'esprit épuré et graphique de Courrèges se retrouvera dans les collections de Thierry Mugler, Jil Sander, Chalayan, Stephen Sprouse (en), ou Nicolas Ghesquière[6],[28],[29],[30].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- La Gazette de Lausanne soulignera en 1967 : « Les mannequins sont de belles filles bien plantées. Elles ont cependant le signe particulier du dogme Courrèges. Pas de poitrine, le couturier condamnant le soutien-gorge[9]. »
- Au détriment des talons aiguille, les bottes plates deviennent un accessoire présent dans toute garde-robe. Celles-ci changent fondamentalement la silhouette et la démarche féminine[10].
- Balenciaga créé la robe « sac » en 1957 ; confortable, en trapèze, cachant les hanches et dissimulant la taille, cette forme, source d'inspiration déclinée dans de nombreuses créations, marque l'époque pendant plusieurs années.
- « Bombe Courrèges » fait référence à la phrase d'Yves Saint Laurent en 1965 : « Je m’enlisais dans l’élégance traditionnelle, Courrèges m’en a sorti. Sa collection est apparue comme une bombe ; après, plus rien n’était comme avant[7]. »
- Françoise Hardy devient l'incarnation de cette mode plus jeune.
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Nadine Liber, « The Lord of the Space Ladies », Life, vol. 58, no 20, , p. 47 à 57
- (en-US) Vanessa Friedman, « André Courrèges, Fashion Designer Who Redefined Couture, Dies at 92 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- « André Courrèges était un visionnaire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Le rugby elbeuvien perd son joueur le plus célèbre », sur actu.fr (consulté le )
- Örmen 2012, p. 74.
- Noël Palomo-Lovinski (trad. de l'anglais par Lise-Éliane Pomier), Les plus grands créateurs de mode : de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-55178-5), « André Courrèges », p. 128 à 129 « André Courrèges a conduit la haute couture vers l'âge de l'espace […] Alternativement admiré ou controversé dans les années 1960, Courrèges continue d'inspirer de nombreux stylistes contemporains. »
- Caroline Rousseau, « André Courrèges était un visionnaire », sur lemonde.fr,
- (en) Lisa Eisner, Roman Alonso, « The White House », Magazine, sur nytimes.com, The New York Times Magazine, (consulté le )
- C.S., « Des nouveautés dont on parle », La Gazette de Lausanne, , p. 13
- Örmen 2000, p. 413.
- Örmen 2012, p. 74 à 75.
- Örmen 2012, p. 75.
- Örmen 2000, p. 410 à 412.
- « Clafoutis, Sue-Ellen ou Couille: Les prénoms qui font mal », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « Le clafoutis », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Marine De La Horie, « Courrèges, retour vers le futur », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le )
- « André Courrèges, éloge d'une mode moderne », sur Libération,
- « André Courrèges, couturier de l'ère moderne est mort », sur Le Figaro,
- Örmen 2012, p. 75 à 76.
- Florence Müller et Eric Reinhardt (Conception éditoriale), Élégances aériennes : une histoire des uniformes d'Air France, Paris, Air France, , 136 p., chap. 6 (« Les uniformes « futuristes » de Cardin, Courrèges, Esterel et Carven »)
- Nicole Vulser, « La renaissance de Courrèges passe par Internet et par la parfumerie », Économie, sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
- Laurène Saby, « Mort d'André Courrèges: ce qu'il faut retenir du créateur de mode », Styles, sur lexpress.fr,
- « Mort du couturier André Courrèges », sur lefigaro.fr,
- « Le couturier André Courrèges est mort à 92 ans », sur RTL.fr (consulté le )
- Sud Ouest, article du 11 janvier 2016
- « Signé Courrèges », L'Officiel de la mode, Éditions Jalou, nos 517-518, , p. 42 (ISSN 0030-0403) « Courrèges ce jeune et déjà très grand couturier fait beaucoup parler de lui car son style si singulier attire et intrigue tout à la fois. Sa conception de la femme est particulière ; il la voit tel un architecte et la traite en masse et en volume. »
- Michèle leloup, « Il faut rendre à Courrèges… », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
- (en) Constance C. R. White, « Courreges, Once Again », Style, sur nytimes.com, The New York Times, (consulté le ) : « This season, looks inspired by Andre Courreges, […] were all over Milan's runways […] This is not the first revival of the Courreges style. The late 1980's also saw a resurgence of interest, as designers plundered the 1960's for inspiration. »
- Hélène Guillaume, « Un printemps sous le signe des sixties », Style, sur lefigaro.fr, Madame Figaro, (consulté le ) : « Revival Courrèges, silhouette trapèze et longueur mini, les créateurs puisent dans l’esthétique des années yé-yé. […] chez Balenciaga ou Hussein Chalayan, dont les collections évoquent le mouvement futuriste d’André Courrèges, Pierre Cardin et Paco Rabanne. Comme Mugler et Montana dans les années 1980, cette référence est en fait une projection dans le futur […] fuselée et androgyne chez Nicolas Ghesquière pour Balenciaga ; expérimentale chez Hussein Chalayan »
- Héloïse Gray, « Retour vers le futur », Styles, sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Erik Orsenna, Courrèges : édition limitée à 3000 exemplaires numérotés, Paris, Xavier Barral, , 224 p. (ISBN 978-2-915173-27-7)
- Catherine Örmen (préf. Inès de La Fressange), Un siècle de mode, Paris, Éditions Larousse, coll. « Les documents de l'Histoire », , 128 p. (ISBN 978-2-03-587455-9), « Courrèges, en marche vers le futur », p. 74 à 77
- Catherine Örmen, Modes XIXe et XXe siècles, Paris, Éditions Hazan, , 575 p. (ISBN 2-85025-730-3), p. 410 et sv.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives à la mode :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- [image] « André Courrèges - Designer » par dovima_is_devine_II sur Flickr.com